mercredi 30 mai 2018

L'armée libanaise accroit ses capacités militaires n'en déplaise aux Hezbollahi-compatibles (Art.532)


L'info n'a pas fait beaucoup de bruit et pourtant c'est un petit événement! L'armée libanaise a reçu hier quatre avions militaires Super Tucano (A-29). Commandés par le Liban, fabriqués par le Brésil, financés par l'Arabie saoudite, ils ont été livrés par les Etats-Unis. Rien que pour ça, l'info vaut le détour. Les Hawker Hunter sont morts, vive les Super Tucano! Enfin, les avions anglais resteront en service pour être utilisés lors de certaines opérations militaires de temps à autre et amuser la galerie les 22 novembre, bien évidemment.

Base aérienne de la Lebanese Air Force, Hamatt, lundi 28 mai
Livraison des quatre avions d'attaque Super Tucano (A-29)

Beaucoup d'hypocrites soutiens de l'armée libanaise, les Hezbollahi-compatibles et des idiots utiles du Hezbollah à leurs heures perdues, se moqueront de la nouvelle. Ils broderont encore autour des thèmes récurrents : l'armée libanaise est faible, elle manque d'équipements sophistiqués, l'Occident ne veut pas nous donner de l'armement moderne à cause d'Israël, ce ne sont pad des avions de chasse, nous manquons de missiles téléguidés, et patati et patata et blablabla. Mais voyons! Un tel radotage n'a qu'un objectif : perpétuer l'anomalie que constitue la situation milicienne du Hezbollah au Liban.

Ce radotage me rappelle par ailleurs une anecdote que beaucoup de gens ont oubliée. C'était à la fin de l'année 2008, quand Poutine a tenté de nous embobiner en nous fourguant 10 Mig-29, avec une livraison par Chronopost pour 2009! C'est véridique, vous pouvez le vérifier. Mamma mia! Pour une fois, les dirigeants libanais ont eu la lucidité de rejeter l'offre de Vlad.

Non seulement ce sont de vieux avions soviétiques des années 1970, mais en plus, ils étaient complètement inadaptés aux besoins du Liban.

. Sur le plan militaire, on ne peut pas faire le poids contre l'armée de l'air syrienne. Avec des milliers de barils d'explosifs largués sur la tête des gens, les chasseurs d'Assad sont de redoutables terroristes volants. Contre l'armée de l'air israélienne, he he he, faut pas rêver, même Lapin Ier du Golan, n'a rien pu faire en 1982. Le 9 juin et les jours suivants, Israël lui a infligé l'humiliation la plus cinglante de l'Histoire depuis la Seconde guerre mondiale. On a assisté à des batailles aériennes mémorables. Au total, Tsahal a abattu 86 avions syriens sur 100 avions engagés dans les batailles au dessus de la vallée de la Békaa, détruisant au passage les 19 batteries SAM (missiles anti-aériens) que la Syrie avait installé. Du côté israélien, on n'a dénombré que deux avions touchés. C'est l'équivalent du match 7-1, Allemagne-Brésil, du Mondial de foot 2014!

. Sur le plan financier, l'affaire des Mig était une folie : 18 millions $/pièce quand même, un coût de maintenance élevé et un armement cher.

. Sur le plan géographique, une pure aberration, satlané bala 7oudoud. Le Mig-29 peut voler à 2 500 km/h et le Liban ne fait que 200 km de long sur 50 km de large. En gros, le pilote aurait été obligé de passer son temps à inverser la poussée et de tourner en rond comme un lion dans une cage, puisque la traversée nord-sud se fait en moins de 5 minutes, l'ouest-est en un peu plus de 1 minute.

Notre Lebanese Air Force possédait une soixantaine d'hélicoptères (d'attaque, de transport de troupes, de surveillance, d'entrainement, etc.), une quinzaine d'avions d'entrainement, une douzaine de drones et seulement une demi-dizaine d'avions d'attaque, dont les fameux Hawker Hunter anglais. Il est donc évident que les quatre nouveaux Super Tucano, sur un total de six appareils acquis par le Liban, accroitront d'une manière significative les capacités militaires de l'armée libanaise. Cet avion a été mis en service en 2003. Il équipe principalement l'armée de l'air brésilienne et de nombreuses armées en Amérique latine et en Afrique, ainsi que l'Indonésie et l'Afghanistan, des pays confrontées à des situations de rébellion et de guérilla. Sa vitesse maximale est de 600 km/h, parfaitement adaptée à la petite superficie du Liban, avec un rayon d'action de 5 000 km, largement suffisant pour couvrir le territoire libanais. Il embarque des mitrailleuses de calibre 12.7 mm, un canon de 20 mm, des lance-roquettes de 70 mm, des bombes conventionnelles et guidées, ainsi que des missiles air-air, tout ce qu'il faut pour assurer la défense du pays du Cèdre.

Il est évident que cet accroissement des capacités militaires de l'armée libanaise n'est pas destiné à combattre les armées régulières d'Israël et de la Syrie, mais pour mener des attaques légères anti-guérilla, comme ce fut le cas contre les groupes terroristes syriens Daech et Nosra, qui s'étaient installés sur les versants ouest de l'Anti-Liban (2013-2017) et contre le groupe terroriste palestinien Fateh el-Islam installé dans le camp palestinien de Nahr el-Bared (2007).

Pour faire face à nos encombrants voisins, il ne faut pas rêver ni s'abreuver de légendes, seules la distanciation par rapport aux problèmes régionaux et une politique diplomatique arabo-occidentale protégeront le Liban et les Libanais d'une manière efficace. Tout autre discours relève de la propagande, de la poudre aux yeux et de la mythologie. La milice chiite libanaise est une guérilla qui n'a connu son heure de gloire que dans un contexte de guérilla justement, lors de la lutte contre l'occupation israélienne du Liban. Depuis la libération du pays du Cèdre de l'occupation palestinienne (1982), israélienne (2000), syrienne (2005) et islamique (2017), le Hezbollah est non seulement incapable de protéger le Liban de quoi que ce soit, il représente même un grand danger pour les Libanais, comme l'a prouvé la désastreuse guerre de Juillet (2006), qui nous a coûté très chère : des milliers de morts et de blessés, des centaines de milliers de déplacés et une dizaine de milliards de dollars de dégâts et de pertes économiques, soit l'équivalent de 50% de notre PIB de l'époque, pour libérer un dénommé Samir Kuntar, condamné pour une action terroriste palestinienne menée en Israël et qui est allé mourir dans les bras de Bachar el-Assad il n'y a pas si longtemps. Cette guerre n'a coûté à Israël que moins de 4% de son PIB.

Alors, il ne faut pas s'emmêler les pinceaux, les mots et les lettres, ce n'est pas la S-S qui protègera le Liban, la stupide entente entre la Syrie et l'Arabie Saoudite avant le déclenchement de la révolte syrienne, ni le triptyque cha3eb-jaïych-mouqawamé, l'équation hérétique du "peuple-armée-hezbollah", mais c'est bien la D-D qui le fera, une politique basée sur la distanciation et la diplomatie. En pleine période de formation d'un nouveau gouvernement au Liban, le Premier ministre désigné, Saad Hariri, ferait bien de s'en souvenir. 

samedi 26 mai 2018

A Beyrouth, Paula Yacoubian prend une « position pour l'Histoire » en votant Nadine Labaki. A Jérusalem, la Cour suprême légalise les « tirs mortels » de l'armée israélienne (Art.530)


Dans la série Escales, deux actualités moyen-orientales retiennent l'attention en cette fin de semaine, l'une à Beyrouth, l'autre à Jérusalem-Ouest, avec un point commun. Leurs auteurs respectifs croient avoir pris des décisions historiques, ce qui est d'ailleurs le cas, mais pas du tout dans le sens qu'ils l'entendent.


• BEYROUTH. Awwal dkhoula, cham3a 3a toula! Non seulement elle a osé le faire, mais en plus, elle en est fière, considérant son geste comme une « position pour l'Histoire ». Finalement, c'est un pschitt. A la sortie de la séance, comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, elle a motivé son geste devant les caméras par le fait que « l'Etat libanais ne veut pas l'honorer (Nadine Labaki) »Ya yesou3 dakhil esmak, et l'on reproche encore à Manar Sabbagh de faire un mélange des genres déplacé. Wlak chou khas toz bé mar7aba? Aucun lien, de son propre avis, puisqu'elle nous explique dans cette courte interview décousue comment « ils » ont commencé leur complot « la veille », concernant les bulletins non conformes aux règlements, et de quelle manière ils ont empêché mercredi les Arméniens catholiques de prendre leur part du gâteau dans l'élection du bureau du Parlement. La 7awla wala qowata ella bellah! Quelqu'un devrait informer cette jeune parlementaire que le parti des Forces libanaises toulo wou 3ardo avec une quinzaine de députés, a été écarté du même bureau sans état d'âme et sans show médiatique.

Glisser le nom de Nadine Labaki dans l'urne, pour la présidence et vice-présidence du Parlement (acte stérile puisque la réalisatrice de Capharnaüm n'est ni élue ni de confession chiite), comme l'a fait Paulette Yaghobian, dite Paula Yacoubian, (fraichement élue au Parlement pour le siège arménien orthodoxe de Beyrouth), reflète le moins qu'on puisse dire de l'immaturité politique. Il y a un mot bel 3arabé elmchabra7 pour qualifier ce qu'elle a fait : satlané. Elle ne se rend pas compte ou peut être qu'elle est déjà déconnectée de la réalité : beaucoup de Libanais-es aimeraient être payés 16 000 $/mois, salaire de base et avantages à gogo, grâce au dur labeur du peuple libanais, pour aller de temps à autre faire leur cirque dans l'hémicycle. On attendait de celle qui a mené campagne sous le slogan « Pour un Etat fort » vraiment autre chose. Un Etat fort commence déjà par le respect de la Constitution, des lois, des règles et des règlements par ceux qui sont censés codifier la vie des Libanais.

Depuis le 7 mai, les Hezbollahi-compatibles peuvent avoir sans problème la majorité relative et facilement la majorité absolue, au Parlement comme au prochain Conseil des ministres (qui sera calqué sur son profil), pour changer la Constitution, légiférer, mener une politique 8-Marsienne et élire qui ils veulent, à Baabda comme au perchoir, et Paula Yacoubian n'a pensé en s'habillant le matin avant-hier qu'à son coup d'éclat nombriliste à 5 piastres de la matinée. Pour aggraver son cas, elle s'est abstenue de nommer Saad Hariri, pour former le prochain gouvernement, parce qu'elle est anti-système, oubliant que c'est le système qui l'a fait, le Courant du Futur en particulier. De ce fait, elle s'est montrée ingrate à l'égard de son chef, à qui elle doit une notoriété médiatique, sur Futur TV, savamment convertie pour décrocher un siège dans une circonscription où 2/3 des électeurs ne se sont pas donnés la peine de s'exprimer.

Le comble c'est que lors des consultations parlementaires chez le président de la République, Paula Yacoubian n'a pas fait la maligne, en nommant Nadine Labaki pour présider le Conseil des ministres. Il faut dire qu'à Baabda le public était restreint et le show était écourté. Elle s'est contentée de nommer personne! Du coup, elle s'est retrouvée dans le même camp que les députés du Hezbollah, la seule formation politique qui s'est abstenue de nommer qui que ce soit, exactement dans le même cas que Jamil el-Sayyed. Je ne dirai rien de plus et ne me faites pas dire ce que je n'ai pas encore dit. Mais beaucoup se demandent comment se traduira au juste cette soi-disant volonté d'incarner une « opposition constructive ». Une chose est sûre, ça commence mal.


Cela étant dit, il ne faut pas prendre Paula Yacoubian pour un bouc-émissaire, comme le font par exemple certains leaders du CPL pour faire oublier à leurs électeurs qu'ils ont voté pour Elie Ferzli, un fossile de la tyrannie des Assad, ramené à la vie parlementaire libanaise grâce au Hezbollah, et qu'ils se sont eux aussi montrés ingrats avec le parti des FL, qui a soutenu l'arrivée de Michel Aoun au palais de Baabda. C'est trop tôt pour juger les nouveaux parlementaires. Mais s'ils sont à l'image de leurs collègues sortants, les pires seront légions et les meilleurs se compteront sur les doigts.

Soyez assurés, avec ou sans elle, ça sera le cirque dans l'hémicycle. Avec 2 022 400 $/mois, sans compter tous les avantages clair-obscurs!, les 128 députés libanais seront surpayés par rapport à ce qu'ils produiront, comme le prouve justement la médiocre performance du Parlement sortant. Et dire que ce sont ces députés dont le mandat accordé par le peuple libanais en 2009 était expiré, qui se sont octroyés des augmentations de salaires conséquentes, avant la fin de leur mandat bonus. Mais bon, c'est la faute à des électeurs passifs et aliénés, incapables de juger et sanctionner la performance de leurs représentants. Nous avons espéré avec la seule députée de la société civile, un nivellement de la prestation politique par le haut. Le début est marqué par le nombrilisme, l'immaturité, la théorie du complot, le communautarisme, l'ingratitude et la hezbollahi-compatibilité. C'est donc raté. Espérons que la suite sera d'une meilleure qualité. Les Libanais méritent mieux d'un-e représentant-e de la nation : une prestance, du sérieux, de l'intelligence, de l'efficacité, de la transparence et un dévouement pour la patrie. 


• JERUSALEM-OUEST. Ça passe comme une information banale, pratiquement pas évoquée dans la presse internationale. Et pourtant, elle nécessite une réunion d'urgence à la fois du Conseil de sécurité de l'ONU, du Conseil européen et de la Ligue arabe. La Cour suprême de l'Etat d'Israël, qui constitue la plus haute juridiction du pays, vient de légaliser le recours aux tirs mortels par l'armée israélienne contre les Palestiniens qui manifestent le long de la frontière israélo-palestinienne à Gaza : les manifestants de Gaza ne seraient pas des manifestants civils pacifiques, mais des acteurs d’un conflit armé entre Israël et le groupe islamiste Hamas, qui contrôle Gaza. C'est immonde.

Dans mon dernier article sur le sujet, j'ai parfaitement démontré que viser massivement des Palestiniens désarmés, 1 sur 14 (du jamais vu dans le monde contemporain, ou presque, à part à Damas en 2011 et à Tienanman en 1989!), qui manifestent pacifiquement en territoire palestinien, sous blocus depuis une douzaine d'années, alors que personne d'entre eux n'avait franchi la frontière palestino-israélienne, comme l'a fait l'Etat hébreux à Gaza au cours de la Grande marche du retour, 30 mars-15 mai, constitue des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité, qui relèvent bel et bien de la compétence de la Cour pénale internationale. 119 Palestiniens ont été exécutés par l'armée israélienne, 59 pour la seule journée du 14 mai, où 2 400 personnes ont été blessés, par des tirs à balles réelles dans la majorité des cas.

Je ne suis pas le seul à le répéter, de nombreuses ONG internationales, palestiniennes et même israéliennes le disent aussi. Ce sont ces dernières qui avaient saisi la Cour suprême. Or, ce qui empêche dans l'état actuel des choses que la CPI ne soit saisi des crimes israéliens, c'est l'absence d'une autorisation du Conseil de sécurité, impossible à obtenir à cause du blocage potentiel par les Etats-Unis. Même cas de figure en ce qui concerne le jugement par la CPI des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité commis par la Syrie des Assad, la Russie bloquant toute résolution dans ce sens.

Aujourd'hui est un jour de honte de plus pour les Israéliens. Leur pays ne cesse de partir à la dérive. Il ne respecte ni les résolutions de l'ONU ni le droit international ni les droits de l'homme. Pire encore, la plus haute autorité judiciaire du pays vient d'octroyer aux dirigeants politiques israéliens, l'autorisation de donner leur feu vert à l'armée israélienne de commettre en toute impunité ce qui pourrait constituer des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité à Gaza, contres des civils palestiniens. C'est du jamais vu, c'est odieux.

Jusqu'à quand le monde peut encore tolérer l'arrogance israélienne? Combien doivent encore endurer les Palestiniens? Non mais, qu'est-ce qui va sortir de ce mépris flagrant des vies palestiniennes? Sans l'ombre d'un doute, plus de haine, plus d'extrémisme, plus d'antisémitisme et plus d'antiaméricanisme dans le monde en général et au Moyen-Orient en particulier. Comme l'a si bien résumé Roger Waters, fondateur des Pink Floyd: « Israël, comment tu as pu oublier? »

#PalestinianLivesMatter

lundi 21 mai 2018

Même si le Moyen-Orient tout entier n'est qu'un immense capharnaüm, Palestinian Lives Matter (Art.528)


Le hasard fait très bien les choses. Une virée à Cannes et à Paris m'a permis de mieux saisir ce qui s'est passé à Gaza il y a quelque jours. Qui l'aurait cru? Pour y parvenir, il m'a fallu remonter le temps. Du Festival de Cannes à la Grande marche du retour, en passant par la Fête du travail, il faut comprendre que même si le Moyen-Orient tout entier n'est qu'un immense capharnaüm, Palestinian Lives Matter.


 I  Pour le capharnaüm, tout a commencé en Galilée il y a 2 000 ans


Jadis, c'était un village de pêcheurs, d'agriculteurs et de commerçants de la Galilée, situé sur la rive nord-ouest du lac de Tibériade, à une vingtaine de kilomètres du Liban et à un jet de pierre du plateau du Golan, territoire syrien, conquis par Israël en 1967 et annexé en 1981. Capharnaüm occupe une place très importante dans les Evangiles, après Jérusalem bien entendu. Saint Matthieu l'évangéliste y travaillait, saint Pierre l'apôtre y résidait, Jésus de Nazareth, fils de Dieu pour les Chrétiens et prophète pour les Musulmans, y a séjourné. C'est dans ce village qu'il accomplit de nombreux miracles. C'est de ce village qu'il annonça aux Juifs rassemblés dans la synagogue qu'il est « le pain de vie » qui donnera la vie éternelle à ceux qui croiront en lui. C'est sur ce village que s'est abattue sa malédiction : « Et toi, Capharnaüm, seras-tu donc élevée jusqu'au ciel ? Non, tu descendras jusqu'au séjour des morts. »

De nos jours, Capharnaüm est le titre du dernier film de Nadine Labaki, présenté en grande pompe au Festival de Cannes de 2018. Il vient de décrocher le Prix du Jury, décerné à un film particulièrement apprécié du jury, et le Prix du jury œcuménique, attribué par "l'Association catholique mondiale pour la Communication" pour le message qu'il véhicule. Dans cette œuvre de fiction, on trouve tout ce qu'il faut pour faire pleurer dans les chaumières, même les aficionados des paillettes et les coeurs feutrés de la Croisette, la maltraitance de certaines êtres par la vie. Capharnaüm fait la fierté du tout Liban, à l'exception justement, de ceux qui oeuvrent à capharnaümiser le Moyen-Orient, le Hezbollah, Daech et Bachar el-Assad, entre autres.

Avec le temps, « capharnaüm » qualifie tout lieu de désordre, de malédiction et de maltraitance. San Francisco par exemple, d'après les aventures de Fogg et Passepartout telles qu'elles ont été relatées par Jules Vernes en 1872, dans Le Tour du monde en 80 jours, était au milieu du 19e siècle « un immense capharnaüm de tous les déclassés ». Aujourd'hui, s'il y a un endroit sur Terre qui mérite ce substantif, c'est bien Gaza, après la Syrie, cela va sans dire.

A un spermatozoïde près et une ovule de surcroit, on peut naitre sous une bonne étoile ou dormir à la belle étoile, grandir au sein d'une famille aisée ou être élevé dans un foyer démunie, avoir une patrie ou en être dépossédé, devenir du jour au lendemain un colon israélien ou rester toute sa vie un réfugié palestinien. Ainsi, selon que vous voyez le jour à Tel-Aviv ou à Gaza, toute votre vie est bouclée et votre destin tout tracé. Il sera souvent très difficile d'y échapper.


 II  Paris, le 1er mai : on s'était cru un instant à Gaza le 30 mars


Trois semaines plus tôt, à 3 301 km des côtes orientales de la Méditerranée. « Malgré la désunion syndicale, ce 1er-Mai s’annonçait sous de bons auspices dans la capitale. Place de la Bastille, l’ambiance était bon enfant. Le soleil était au rendez-vous et les manifestants étaient venus en famille. » On s'était cru à Gaza le 30 mars 2018, un peu pour l'ambiance, mais aussi pour la désunion des Palestiniens également, tiraillés entre le Hamas et le Fatah.

- D'après le journal Le Monde, « les chiffres publiés (par la préfecture) recensent 20 000 personnes dans le cortège (syndical, "pacifique, qui n'a évidemment posé aucune difficulté" selon le préfet de police), et 14 500 hors cortège ("personnes dites radicales, animées de la volonté d'user de la violence de toute manière"), dont 1 200 Black blocs (des protestataires radicaux pour qui l'usage de la violence contre les symboles de l'Etat et du capitalisme est justifié ; dans la manif parisienne certains d'entre eux portaient des armes prohibées et des projectiles). » C'est à peine croyable, la préfecture de police a estimé le nombre de manifestants à Paris le 1er mai à 34 500 personnes (Français dans leur majorité, a priori), et de l'autre côté de la Méditerranée, l'armée israélienne a estimé le nombre de manifestants du 14 mai, à 35 000 Palestiniens. Deux échantillons de la même taille, rien de mieux pour comparer les situations.

- « Le cortège n’a pas fait 500 mètres. La manifestation a été stoppée au milieu du pont d’Austerlitz et n’a jamais pu le franchir, repoussée par un nuage de gaz lacrymogène des forces de l’ordre tentant de contrer les assauts de plus de 1 200 individus encagoulés déployés devant la manifestation parisienne. » On se croirait à Gaza plus que jamais. Dès la première heure du 30 mars, Israël a pulvérisé les manifestants de gaz lacrymogène. Il voulait étouffer dans l'oeuf les revendications pacifiques palestiniennes. Deux différences majeures entre Paris et Gaza : l'armée israélienne a utilisé des balles réelles contre les manifestants palestiniens et il n'y a jamais eu autant de « black blocs » palestiniens.

 III  L'armée israélienne vs. la police française : qui est la plus morale du monde ?


- « A la question de savoir pourquoi les black blocs, facilement identifiables à leur tenue et à leurs cagoules, n'avaient pas été interpellés en amont, le préfet a répondu que les actions de la police avaient été rendues difficiles par le fait que le groupe de 1 200 black blocs se trouvait "intégré" au cortège de 14 500 personnes, et qu'il existait donc des risques de blesser d'autres personnes en les interpellant. » Waouh, il est indéniable que BHL & Co ont usurpé le titre de « l'armée la morale du monde » à la préfecture de police de Paris. Tsahal est plutôt l'armée la plus lâche du monde, surtout pour son œuvre à Gaza : pour disperser les manifestants et étouffer leurs revendications, elle s'est contentée de poster ses snipers sur les collines artificielles surplombant Gaza, en leur donnant le feu vert pour s'amuser avec les vies comme dans un jeu vidéo.


- « Michel Delpuech a déclaré que la manifestation de ce 1er mai avait été marquée par des "incidents d'une particulière violence". » Il faut dire que certaines manifestants parisiens étaient déterminés à en découvre. Pas seulement en s'attaquant aux McDo & Co et autres commerces, aux mobiliers urbains, stations Autolib et Abribus. On pouvait lire sur les murs ici et là des slogans très explicites : « Tues un keuf (flic, policier) » et « Lapidons la police ». Si si, la preuve en images. Selon la préfecture de police « des personnes masquées et cagoulées ont commencé à ramasser des projectiles et à les jeter contre les forces de police, manifestant ainsi la volonté de porter atteinte à l'ordre et à la sécurité publics ». Et comme par hasard, après le passage des black blocs, des pavés des rues de Paris s'étaient volatilisés, laissant des trous étranges dans la chaussée.


 IV  Blacks blocs dans le défilé des syndicats à Paris vs. Hamas dans la Grande marche du retour à Gaza


- Si je m'étale un peu, c'est parce que je les vois venir les pro-Israéliens: hey hoo el-Baalbaki, tu compares des choses incomparables. la manif à Paris n'était pas hostile aux forces de l'ordre, comme à Gaza. et combien bien même, l'hostilité de ces Français était bon enfant, pas comme celles de ces sauvageons palestiniens. et puis il n'y a pas une volonté de casser du flic chez les ultras de gauche, comme chez les manifestants terroristes de Gaza. et combien même, c'est au sens figuré bordel. Et patati et patata et blablabla. Foutaises.

- « Dans le cortège, des gens de tous les âges, pas mal de jeunes, d'étudiants, de trentenaires, des parents avec leurs enfants en bas âges, et des retraités ». Dans un autre post: « Des enfants, encore, qui ont carrément pris cette fois les commandes de la camionnette de la CGT com'. » Parce que là aussi je les vois venir les aficionados d'Israël : non mais el-baalbaki, depuis quand on emmène des enfants à une manif! Depuis toujours ignares, à Gaza comme à Paris. Okay, ok, et la fumée noire el baalbaki, tu peux nous expliquer pourquoi les sauvageons palestiniens ont brulé des pneus à Gaza lundi ? Et pourquoi bande d'ignares, parce qu'à Paris en ce 1er mai, on s'est contentés de manger de la barbe à papa en tenant gentiment des ballons où on avait griffonné au bic Méchant Macron, on t'aime pas? Comme le prouve le reportage de la journaliste du Monde, Cécile Bouanchaud, les photos manif du 1er mai ont été aussi entachées par la fumée noire et des actes violents. « A Paris, des cocktails Molotov ont été tirés sur un McDonald's à Austerlitz, des voitures et des poubelles sont incendiées en marge du cortège. »


 V  Les snipers de l'armée israélienne ont visé 1 manifestant sur 14, les CRS de la police française, seulement 1 manifestant sur 8 750


- Alors, à votre avis, quel est le bilan humain de la journée de manifestation du 1er mai à Paris? Hein? Combien? Quoi? Non, vous avez tout faux. Quatre blessés légers! Les dégâts se chiffrent en centaines de milliers d'euros. Maintenant, à votre avis, quel est le bilan humain de la journée de manifestation du 14 mai à Gaza? Hein? Non. Combien? Plus. Quoi? Beaucoup plus. 59 morts et 2 400 blessés. Il y avait exactement autant de manifestants à Paris qu'à Gaza. Des manifestants paisibles? Il y avait des deux côtés de la Méditerranée : une petite majorité à Paris, l'écrasante majorité à Gaza. Des manifestants violents ? Il y avait dans les deux cas : une importante minorité à Paris, une petite minorité à Gaza. Le dossier est accablant pour Israël : jusqu'à 1 manifestant sur 14 a été visé par les snipers de l'armée israélienne à Gaza, seulement 1 manifestant sur 8 750 l'a été par les CRS à Paris. Et pourtant, les policiers français chargés d'assurer l'ordre à Paris, en pleine capitale, en ce 1er mai, étaient dix, cent, mille fois plus menacés que les lâches soldats de l'armée israélienne bien planqués derrière leurs collines, loin de la frontière et têtes bien enfoncées dans leurs casques. Cherchez l'erreur. Il n'y a pas de doute, les forces françaises de l'ordre constitue « l'armée la plus morale du monde » et les soldats de l'armée israélienne, « l'armée la plus immonde du monde ».


- On voit bien de cette comparaison, Paris 1er mai vs. Gaza 14 mai, qu'aucun élément sérieux n'est en mesure de justifier le bain de sang commis par les Israéliens ou d'excuser les leaders occidentaux pour la tiédeur de leurs réactions, à part le fait, que la vie d'un Palestinien ne vaut toujours pas, en l'an de grâce 2018, celle d'un Israélien, d'un Français, d'un Européen ou d'un Américain.

 VI  Nikki Haley, la bouffonne du bouffon à l'ONU


L'info est passée quasi inaperçue, alors que c'est un scandale inouï. Nikki Haley, la bouffonne ambassadrice du bouffon de la Maison Blanche, Donald Trump, à l'ONU, représentante de la première puissance mondiale qui fait la pluie et le beau temps dans le monde et qui détient le droit de bloquer un consensus international rien que pour les beaux yeux d'Israël, s'est permise de se retirer mardi d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité consacrée à la situation à Gaza, à l'instant même où le représentant de l'Etat observateur de la Palestine, Riyad Mansour, avait pris un grand souffle et s'apprêtait à prononcer son discours. Il n'avait même pas dit son premier mot, que Nikki Haley était déjà à la porte, postérieur face à la caméra. Avant de partir, elle avait justifier le massacre israélien par la rhétorique rachitique selon laquelle « aucun pays dans cette salle n'aurait agi avec autant de retenue que ne l'a fait Israël ».


 VII  La répression à Gaza vs. Mai 68 et les émeutes de Paris, de Londres et de Los Angeles


Admettons l'hypothèse et voyons ce qu'il en est pour les quinze membres du Conseil de sécurité. Pour la Chine, affirmatif sans le moindre doute, Tienanmen et ses milliers de morts écrasés par les chars, est encore dans toutes les mémoires. Pour la Russie, c'est plus que probable aussi. Pour la Bolivie, la Côte d'Ivoire, l'Éthiopie, la Guinée, le Kazakhstan, le Koweït et le Pérou, ce n'est pas du tout exclu. Par contre pour les Pays-Bas, la Pologne et la Suède, Nikki Haley divague. Pour la France et le Royaume-Uni, elle délire complètement. La tristement célèbre tuerie du métro Charonne à Paris, n'avait fait que 9 morts (parmi les manifestants) et 150 blessés (dont 1/3 des forces de l'ordre). On était en plus, en pleine guerre d'Algérie et c'était en 1962 ! La tuerie du Bloody Sunday en Irlande du Nord, n'avait fait que 14 morts et 27 blessés, on était en pleine conflit communautaire et c'était en 1972. La petite révolution de Mai 68, qui façonnera à jamais la société française, qui a vu les mondes étudiant et ouvrier affronter les forces de l'ordre et qui s'est déroulée sur plusieurs semaines, a fait 2 000 blessés, avec 0 mort à Paris et 7 morts en France. Et là aussi, nous étions en 1968.

Non seulement, les bilans des répressions française et anglaise ne sont pas comparables à la répression israélienne des manifestants palestiniens, mais il est sûr et certain que le bilan des exactions israéliennes ne peut absolument pas se produire sur le sol européen de nos jours, impossible. Les émeutes survenues dans les banlieues en France à l'automne 2005, sans équivalent en Europe, n'ont fait en trois semaines d'affrontements que 5 morts (217 policiers blessés ; pas de chiffre particulier pour les blessés civils), alors que l'état d'urgence était décrété, plus de 9 000 véhicules avaient été incendiées, 144 bus caillassés, 307 bâtiments dégradés. Les assurances ont estimé les dégradations à 250 millions d'euros. Idem, les émeutes survenues à Londres et dans d'autres villes anglaises à l'été 2011, comparables à celles de la France où des voitures et des bâtiments ont été incendiés et de nombreux commerces pillés, n'ont fait en cinq jours d'affrontement là aussi que 5 morts (186 policiers blessés ; pas de chiffres du côté civil). Dans ce sillage, même s'il ne s'agit pas d'un pays occidental, on peut évoquer la manifestation historique du 14 mars 2005 organisée au Liban, quelques semaines après l'attentat terroriste qui a visé l'ancien Premier ministre libanais, Rafic Hariri. En dépit du contexte explosif et du fait que le pays était alors occupé par les troupes syriennes, un million de personnes ont pu se rassembler place des Martyrs, sans incident, ni morts et ni blessés.


Nikki Haley peut fumer sa moquette si elle veut pour l'aider à broder autour de la grande « retenue » de l'Etat hébreux, elle ne convaincra personne de censé sur le Vieux continent et aux quatre coins du monde que ce qui s'est passé à Gaza peut survenir en Europe de nos jours. La seule contrée du monde occidental où ça peut encore arriver, c'est justement dans son propre pays, aux Etats-Unis d'Amérique. C'est peut être ce qui explique la solidarité inconditionnelle de Trump et Haley avec Netanyahou et Liberman, et la minimisation des crimes commis par Israël. Le 29 avril 1992, des émeutes ont éclaté à Los Angeles, après l'acquittement de quatre policiers blancs qui ont passé à tabac un citoyen afro-américain, Rodney King, le tout étant filmé par un vidéaste amateur. Elles vont durer sept jours. Elles provoqueront des dégâts estimés à un milliard de dollars. Elles feront 55 morts et 2 300 blessés, pratiquement le même bilan que celui de Gaza, le 14 mai 2018.

 VIII  Benjamin Netanyahou partage plus de choses avec Bachar el-Assad qu'il ne le pense


Il faut se rendre à l'évidence, le crime odieux commis par Israël lundi dernier ne peut pas survenir dans un pays occidental de nos jours, à part les Etats-Unis, éventuellement, un pays où circulent 300 millions d'armes, soit 89 armes à feu pour 100 habitants. Et s'il a pu se produire au Moyen-Orient, c'est parce que d'une part, Israël n'est pas si occidental que ça, et d'autre part, parce que Benjamin Netanyahou s'est comporté exactement comme Bachar el-Assad.

Si loin, si proche! Les deux leaders ont ça en commun, ils ne veulent voir dans les populations qui contestent leur régime et qu'ils répriment depuis des décennies, qu'un vivier de terroristes. Comme c'est commode, pour balayer d'un revers de main les revendications légitimes des populations syriens et palestiniennes. La principale différence entre Assad et Netanyahou réside dans le fait que le premier massacre son peuple, le dernier massacre un autre peuple, ce n'est pas dans la même proportion, cela va de soi.

Et justement, c'est parce que c'est un autre peuple, que la répression sanglante israélienne à Gaza ne pose aucun problème particulier à la démocratie israélienne ni de problème de conscience collective à la majorité des électeurs israéliens. Les leaders de l'Etat hébreux peuvent continuer leur politique de répression à l'égard des Palestiniens, celle-ci n'est remise en cause sérieusement ni par l'intérieur, la population israélienne, ni par l'extérieur, la communauté internationale, seule une minorité dans les deux cas s'y opposent farouchement.

 IX  Israel a commis des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité à Gaza, qui relèvent de la Cour pénale internationale


Vu que les Territoires palestiniens sont toujours occupés par Israël depuis 1967 en violation de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU,
Vu que Gaza est soumise à un sévère blocus par Israël depuis 2007,
Vu que la motivation d'Israël est de briser la Grande marche du retour des réfugiés palestiniens vers leurs terres et la terre de leurs ancêtres, situées actuellement à l'intérieur de l'Etat d'Israël,
Vu que ce qui s'est passé le 14 mai 2018 à Gaza constitue clairement un « homicide intentionnel »,
Vu que les snipers de l'armée israélienne souhaitaient « causer intentionnellement de grandes souffrances » et « porter gravement atteinte à l’intégrité physique ou à la santé » des manifestants palestiniens,
Vu que l'armée de défense d'Israël a « dirigé intentionnellement des attaques contre la population civile » de Gaza, sachant bien que ça « causera incidemment des pertes en vies humaines dans la population civile et des blessures aux personnes civiles »,
Vu que Tsahal voulait clairement « tuer (et) blesser (des) combattant(s) ayant déposé les armes ou n’ayant plus de moyens de se défendre », sachant qu'aucun Palestinien n'avait franchi la frontière israélo-palestinienne,
Vu que « ces crimes s’inscrivent dans le cadre d’un plan » et de la « politique » de Benjamin Netanyahou,
Les crimes commis par l'armée israélienne à Gaza le 14 mai 2018 sont des « crimes de guerre » telles qu'ils sont définis dans le droit international, notamment le Statut de Rome, le traité international qui a créé la Cour pénale internationale, entré en vigueur en 2002.

Vu que les crimes d'Israël constituent des « meurtres commis dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique lancée contre (la) population civile » palestinienne venant manifester, en territoire palestinien (on a tendance à l'oublier!),
Vu que les « actes inhumains » commis par les snipers de l'armée israélienne « causent intentionnellement de grandes souffrances », mais aussi « des atteintes graves à l’intégrité physique », ainsi qu'à « la santé physique » et « mentale » d'une population palestinienne, essentiellement pacifique et désarmée,
Les crimes commis par l'armée israélienne à Gaza le 14 mai 2018 sont des « crimes contre l'humanité » telles qu'ils sont définis dans le droit international, notamment le Statut de Rome, le traité international qui a créé la Cour pénale internationale, entré en vigueur en 2002.


 X  Seules des sanctions appropriées permettront de faire comprendre à Israël que « Palestinian Lives Matter » et que sa sécurité ne passe pas par le « capharnaüm » chez ses voisins


Lundi, Israël n'était pas en état de légitime défense, comme veut le faire croire la propagande israélienne. Foutaises. Aucun manifestant n'avait franchi la frontière israélienne ou ne constituait un quelconque danger pour l'Etat hébreux. Le 14 mai, les 59 morts et 2 400 blessés n'appartenaient pas au Hamas comme se complaisent à le répéter les dirigeants d'Israël. Il faut avoir le courage de dénoncer clairement les crimes d'Israël. A Gaza, les Israéliens avaient la ferme intention de tuer et de blesser le maximum de manifestants palestiniens. Il n'y a pas d'autres explications plausibles de ce terrible bilan, qui ne peut pas se produire dans un pays européen dont les standards en matière de droits de l'Homme sont à un niveau élevé. Et si Israël a réagi avec un tel esprit criminel et une telle hystérie c'est parce qu'il veut en finir le plus vite avec cette histoire dangereuse du « grand retour » des Palestiniens sur les terres desquelles ils ont été chassés par les nouveaux colons juifs venus des quatre coins d'Europe. Par des manifestations pacifiques, les Palestiniens rappellent au monde entier qu'il est grand temps de mettre un terme à cette injustice qui dure depuis 70 ans.

Israël n'aurait pas pu voir le jour en 1948 dans des conditions qui relèvent du « terrorisme » et du « nettoyage ethnique » à l'encontre de la population palestinienne de la Palestine mandataire, de l'aveu même d'historiens israéliens, et resté impuni depuis 70 malgré tous les crimes et violations qu'il commet, sans la persécution et l'extermination des Juifs en Europe au cours de la Seconde guerre mondiale. Depuis 70 ans, nous passons au Moyen-Orient de guerre en guerre et d'opération en opération, avec toujours le même bilan, pour 1 Israélien mort ou blessé, on compte 5, 10, 100 Arabes morts et blessés ; de résolution en résolution, toutes restées lettre morte ; d'intifada en intifada, toutes réprimés dans le sang ; de plan de paix en plan de paix, tous morts prématurément ; d'occupation en colonisation des Territoires palestiniens et en violation du droit international ; d'espoir en désespoir et de mal en pis.

L'histoire commence à prendre des tournures dangereuses. Dans le contraste nauséabond des images de ce « Lundi noir », la joie indécente des politicards israéliens et américains lors de l'inauguration de l'ambassade des Etats-Unis à Jérusalem vs. la noble tristesse des familles palestiniennes touchées par l'interminable répression sanglante à Gaza, certains trouveront tout ce qu'il faut pour nourrir l'islamisme, l'antisémitisme et l'antiaméricanisme, d'autres auront beaucoup de mal à sortir des éléments en faveur d'une paix juste et durable.

L'Amérique étant gouverné par un bouffon qui constitue un « désastre » pour le monde et l'humanité, seule l'Europe détient le pouvoir aujourd'hui, d'inverser cette tendance inéluctable. Elle doit agir via la Cour pénale internationale (CPI) pour sanctionner sur le plan judiciaire les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité commis le 14 mai 2018 à Gaza, et ceux à venir. Mais cette voie est rendue à l'heure actuelle impossible.

Pour que la CPI engage des poursuites judiciaires envers un pays, il faut que le pays coupable de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité ait ratifié le Statut du Rome, ce qui n'est pas le cas d'Israël. La situation est identique pour les crimes de Bachar el-Assad. Ils restent hors de la portée de la CPI car la Syrie n'a pas ratifié le Statut de Rome. L'autre alternatif dans de telles situations, c'est de passer par le Conseil de sécurité pour autoriser la CPI à se saisir des cas d'Israël et de la Syrie. Mais là aussi, nous sommes dans l'impasse car les parrains des deux coupables, les Etats-Unis et la Russie, n'ayant pas ratifié eux-mêmes le Statut de Rome, ils auront une double raison pour bloquer de telles résolutions. Il faut savoir dans ce sillage que c'est également le cas de la Chine, de l'Inde, de la majorité des pays arabes (à part la Tunisie, de la Jordanie et de la Palestine svp!), de l'Iran, de la Turquie et du Liban svp. Tous les pays européens, et d'Amérique latine, une majorité des pays d'Afrique, ainsi que le Canada, le Japon et l'Australie, ont signé et ratifié le traité.

Pour sortir de l'impasse judiciaire, dans laquelle nous sommes par la faute principale des Etats-Unis, et de l'impunité d'Israël qui en découle, il n'y a qu'une voie. Elle passe par les institutions de l'Union européenne qui doivent prendre des sanctions politiques et économiques appropriées contre Israël. Il est temps de mettre un terme à l'immunité dont bénéficie l'Etat hébreux depuis sa création et à l'injustice qui frappe la Palestine depuis 70 ans.  Aujourd'hui, Israël transforme les Territoires palestiniens en un immense capharnaüm. Faute de sanctions judiciaires, au moins pour l'instant, seules des sanctions économiques et politiques permettront de faire comprendre aux Israéliens que « Palestinian Lives Matter », les vies des Palestiniens comptent aussi, et que leur sécurité ne passe pas par le « capharnaüm » chez leurs voisins. L'Europe ne peut plus tolérer qu'un pays rattaché au continent sur les plans sportif et culturel, continue à commettre des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité en toute impunité. Basta cosi.

Défilé des syndicats à Paris, 1er mai
vs. Grande marche du retour à Gaza, 14 mai

mardi 15 mai 2018

La politique d'Israël et des Etats-Unis au Moyen-Orient nourrit l'antisémitisme et l'antiaméricanisme dans le monde (Art.527)


La « Grande marche du retour » est une édition spéciale de la « Marche du retour », une manifestation palestinienne organisée le 15 mai de chaque année pour commémorer la Nakba, la catastrophe qui a frappé les Palestiniens de la Palestine, au lendemain de la création par des Juifs venus des quatre coins d'Europe de l'Etat d'Israël au Proche-Orient.


Pour 2018, les organisateurs avaient prévu des rassemblements quotidiens frontaliers étalés sur six semaines. La célébration a commencé le 30 mars dans un bain de sang qui a fait 17 morts et 1 400 blessés. Elle s'est terminée le 14 mai par un massacre, 59 morts, dont 7 enfants et 1 bébé de huit mois, tous exécutés par l'armée israélienne, et 2 400 blessés, la majorité avec des balles réelles. C'est un crime odieux. Aucun autre mot ne peut décrire le comportement abjecte de l'Etat hébreux, au nom de sa sacro-sainte sécurité, comme le prétend l'actuel Premier ministre israélien, Benjamin Netanhayou, avec indécence : « Tout pays a l'obligation de défendre son territoire ».

L'armée israélienne a estimé le nombre de manifestants palestiniens de la journée de lundi à 35 000 personnes, chiffre gonflé volontairement afin de cacher une réalité sordide. Disons que 25 000 Palestiniens ont répondu à l'appel hier. Cela signifie que la soi-disant « armée la plus morale du monde » a visé à balles réelles, 1 manifestant sur 10. Si on se base sur le chiffre de Tsahal, c'est 1 manifestant sur 14. C'est hallucinant.

Du premier jour au dernier jour, Israël s'est permis une répression sanglante des Palestiniens qui manifestaient près de sa frontière. On compte plus d'une centaine de morts au total et plusieurs milliers de blessés. L'Etat hébreux est d'autant plus coupable que les manifestants protestaient en territoire palestinien, ils étaient essentiellement pacifiques et désarmés, personne n'avait franchi la frontière israélo-palestinienne. C'est le triptyque qui bat en brèche toute la propagande israélienne pour justifier le massacre.


Si les pays occidentaux devaient suivre la logique de l'Etat d'Israël, en appliquant les règles d'engagement urbain de l'armée israélienne, toutes les manifestations occidentales se termineraient dans un bain de sang. Quel leader occidental peut se permettre une telle dérive fasciste sur son sol? Aucun. Les gouvernements occidentaux vacillent avec quelques blessés graves. Alors pourquoi une telle modération pour condamner les crimes d'Israël contre les manifestants palestiniens, quand on ne les justifie pas carrément? « La France appelle de nouveau les autorités israéliennes à faire preuve de discernement et de retenue dans l’usage de la force », ministère français des Affaires étrangères de Jean-Yves Le Drian. « Nous attendons de tous qu'ils agissent avec la plus grande retenue pour éviter de nouvelles pertes de vie », Federica Mogherini, haute représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères, poste qui ne sert à pas grand-chose à part gaspiller l'argent des contribuables européens. « La responsabilité de ces morts tragiques repose entièrement sur le Hamas », Raj Shah, porte-parole adjoint de la Maison Blanche. Le pyromane du Bureau ovale, Donald Trump lui-même, s'est contenté en ce 14 mai d'un « Grand jour pour Israël. Félicitations! ». Quant au secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, il était « particulièrement inquiet » hier. C'est tout simplement consternant. La question aujourd'hui est celle de savoir pourquoi en l'an de grâce 2018, la vie d'un Palestinien ne vaut toujours pas celle d'un Européen ou d'un Américain?

Plus grave encore, imaginons pour le besoin du débat et ne serait-ce qu'un instant seulement, la situation inverse. Ce sont des soldats palestiniens qui tirent et tuent en l'espace de quelques heures des dizaines de manifestants israéliens désarmés, et blessent plus ou moins gravement des milliers d'autres. Alors, est-ce nous aurions les mêmes réactions tièdes de la France, de l'Europe, de l'Amérique et de l'ONU, pour éviter de condamner sans ambiguité les crimes palestiniens? Non, indiscutablement. C'est qu'apparemment la vie d'un Israélien vaut toujours plus que celle d'un Palestinien. Cherchez l'erreur. Tout aussi consternant.

Dans ce contexte, la réaction courageuse d'Emmanuel Macron ne peut qu'être saluée. Il a clairement condamné « les violences des forces armées israéliennes contre les manifestants ». Voilà une déclaration qui a le grand mérite de désigner qui sont les coupables et qui sont les victimes. La gauche française, de Jean-Luc Mélenchon à Benoit Hamon, a elle aussi dénoncé les coupables, la droite française s'enferme dans le silence.


Plus que le retour proprement dit, les Palestiniens veulent surtout rappeler au monde l'injustice qui les frappe depuis 70 ans càd depuis la création de l'Etat d'Israël par la force des armes, avec la bénédiction du monde occidental. Certains ont tendance à l'oublier avec les années, mais aujourd'hui, on dénombre 5 millions de « réfugiés palestiniens » dans le monde, descendants inclus. Pour mieux comprendre la tragédie et l'injustice des plus vieux réfugiés du monde, il faut imaginer deux cas de figure.

. Si le projet juif d'implanter Israël au Moyen-Orient avait échoué, et que le « foyer national pour le peuple juif » s'était implanté au Kenya ou en Argentine comme c'était aussi envisagé par les premiers sionistes à la fin du 19e siècle, 3 millions de Palestiniens de Cisjordanie (2,07 millions), de Syrie (517 000) et du Liban (447 000), mèneraient une vie paisible en Palestine, au lieu de vivre dans des conditions misérables dans 31 « camps », installés depuis 70 ans pour certains.

. Si Israël n'avait pas vu le jour en ce 14 mai 1948 et que les milices juives n'avaient pas tout fait pour expulser les autochtones palestiniens de leurs terres (via les massacres et le nettoyage ethnique) et rendre leur retour impossible (via la contrainte, la terreur et la destruction systématique de leurs villages), 2 millions de Palestiniens de Cisjordanie (754 000) et de Gaza (1,2 million) mèneraient eux aussi une vie paisible en Palestine, loin de des 27 « camps » qui leur sont réservés, dont huit sont situés justement dans cette minuscule bande de terre de 6 km sur 12 km, 5 398 habitants par km2, soumise à un embargo décrété par les Israéliens depuis une douzaine d'années.

Au même moment où les snipers de l'armée israélienne tiraient lâchement sur les manifestants palestiniens, un incontestable crime de guerre, Israéliens et Américains étaient rassemblés pour célébrer le transfert de l'ambassade américaine à Jérusalem-Ouest et la reconnaissance de la ville comme capitale d'Israël, une énième violation des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU. Dans une déclaration schizophrénique inouïe, le nouveau secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, a le culot d'affirmer « l’engagement américain pour une paix globale et durable entre Israël et les Palestiniens ». Non mais, quel paix peut sortir de ce chaos ? Dans ce contraste nauséabond des images, Jérusalem vs. Gaza, certains trouveront tout ce qu'il faut pour nourrir l'islamisme, l'antisémitisme et l'antiaméricanisme, d'autres auront beaucoup de mal à trouver des éléments en faveur d'une paix juste et durable.


Il y a plus de sept ans une révolte a éclaté en Syrie, contre la tyrannie des Assad. Pour diverses raisons, elle s'est transformée en guerre civile. Pour d'autres raisons, celle-ci a permis à l'Etat islamique d'Irak de muer en Etat islamique en Irak et au Levant, Daech. Aujourd'hui, la tragédie est immense : des centaines de milliers de morts en Syrie, des centaines de morts dans le monde, de millions de réfugiés syriens dans les pays limitrophes et en Europe, une menace terroriste mondiale permanente, etc. Il y a un facteur qui aurait pu changer toute la donne et qui nous aurait permis d'écrire l'histoire différemment : la Russie. Si Vladimir Poutine n'avait montré un soutien infaillible au régime syrien et n'avait pas opposé son veto à une douzaine de projets de résolutions sur la Syrie au Conseil de sécurité de l'ONU, depuis octobre 2011, on ne serait probablement pas là -ni en Syrie, ni au Liban, ni en Europe- pour une simple raison, Bachar el-Assad aurait été contraint de réagir différemment.

Une trentaine d'années après la mise en œuvre du projet sioniste de colonisation de la Palestine à la fin du 19e siècle, Arthur Balfour, Secrétaire d'Etat des Affaires étrangères, a fait savoir à Walter Rothschild, banquier britannique et financier du mouvement sioniste, il y a 100 ans exactement, que « le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif ». Comme l'a bien résumé avec sarcasme l'ancien député arabophone et arabophile britannique, George Galloway: c'est l'histoire d'un premier peuple qui promet à un deuxième peuple la terre d'un troisième peuple! Tout le monde connait la suite : immigration juive d'Europe vers la Palestine, colonisation massive de la Palestine, tension communautaire entre les Juifs et les Arabes, conflit armé, guerre civile, plan de partage de la Palestine, retrait britannique, proclamation de l'Etat d'Israël, al-Nakba. Le conflit israélo-palestinien est né officiellement en 1948 et depuis, il ne cesse de se compliquer. Aujourd'hui, la tragédie est immense.

Depuis 70 ans, nous passons au Moyen-Orient :
. de guerre en guerre, des Six Jours (1967) au Kippour (1973), de Suez (1956) à Juillet (2006) ;
. d'opération en opération, de la Paix en Galilée (1982) aux Raisins de la colère (1996) et aux Pluies d'été (2006), avec toujours le même bilan, 1 contre 10 (1 mort israélien contre 10 morts arabes, 1 blessé israélien contre 10 blessés arabes); 100, 10, 7 ou 5, c'est selon les conflits armés, il n'y a aucune exception à cette règle, le nombre de victimes arabes est toujours un multiple du nombre de victimes juives ;
. de résolution en résolution, toutes restées lettre morte ;
. d'intifada en intifada, toutes réprimés dans le sang ;
. de plan de paix en plan de paix, tous morts prématurément ;
. d'occupation en colonisation des Territoires palestiniens et en violation du droit international ;
. d'espoir en désespoir et de mal en pis.

Et pourtant, là aussi, il y a un facteur qui aurait pu changer toute la donne et qui nous aurait permis d'écrire l'histoire différemment : les Etats-Unis. Si les différents présidents américains en place depuis 1967, Nixon, Ford, Carter, Reagan, Bush père, Clinton, Bush fils, Obama et Trump, n'avaient pas montré un soutien politico-militaire infaillible à l'Etat d'Israël, opposant leur veto à plusieurs projets de résolutions sur le conflit israélo-arabe, nous ne serions probablement pas là -ni en Palestine, ni en Israël, ni au Liban, ni au Moyen-Orient- pour une simple raison, Israël aurait été contraint de réagir différemment.

Pour se faire une idée, il faut savoir que la première fois que les Américains ont bloqué une résolution concernant Israël, c'était en 1972 sous Nixon. La dernière fois c'était en 2017 sous Trump, justement pour éviter la condamnation de la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël. Sans remonter à Mathusalem, depuis la signature des Accords de paix israélo-palestiniens d'Oslo en 1993, les Etats-Unis ont utilisé leur droit de veto au Conseil de sécurité pour bloquer 14 résolutions sur le conflit israélo-palestinien, dont le seul but de protéger Israël : trois fois sous Clinton (en 1995 et 1997), neuf fois sous W. Bush (2001, 2002, 2003, 2004 et 2006 ; le plus grand imbécile de l'histoire contemporaine, principal responsable du chaos qui règne au Moyen-Orient depuis l'invasion américaine de l'Irak en 2003; aujourd'hui, il coule des jours heureux dans son ranch du Texas, s'adonnant à sa passion, la peinture!) et une seule fois sous Obama (2011).


Il est clair que l'immunité accordée à Israël par les pays occidentaux en général, et les Etats-Unis en particulier, est responsable du pourrissement de la situation dans le conflit israélo-palestinien en général, et du massacre qui endeuille la « Grande marche du retour » des Palestiniens vers la terre de leurs ancêtres en particulier.

Le transfert de l'ambassade américaine à Jérusalem est un non-événement en soi, car il constitue une violation flagrante du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU. Or, comme une loi nationale ne peut être annulée que par une autre loi nationale, une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU ne peut être annulée que par une autre résolution du Conseil de sécurité de l'ONU. D'ici là, la décision du bouffon de la Maison Blanche, Donald Trump, ne changera rien à la donne : Israël est une puissante occupante des Territoires palestiniens occupés en 1967 et Jérusalem ne peut pas être la capitale éternelle d'Israël, elle appartient aux deux peuples, son statut devant être décidé d'un commun accord.

Le risque de la reconnaissance par les Etats-Unis de Jérusalem comme capitale d'Israël et du transfert effectif de l'ambassade américaine, réside ailleurs. Il est de deux ordres.

. D'une part, cette double décision est une confirmation de l'immunité accordée à l'Etat d'Israël, et même, une sorte de récompense pour l'ensemble de son œuvre : l'occupation, la colonisation et la répression. C'est comme si les Américains disaient aux Israéliens: bravo, continuez comme ça.

. D'autre part, il faut être sacrément naïf, voire un idiot utile de Trump et de Netanyahu, pour ne pas comprendre que cette double décision, et l'immunité accordée systématiquement à Israël depuis des décennies, quelle que soit la nature des crimes qu'il commet, de guerre ou contre l'humanité, ne fera que nourrir la haine, l'extrémisme, l'islamisme, l'antisémitisme et l'antiaméricanisme, aux quatre coins du monde.

Donald Trump, 14 mai. Très bavard dès 2h du matin sur l'attaque terroriste au couteau, survenue à Paris le 12 mai, et qui a fait 1 mort et 4 blessés : "Très triste... A un moment donné, les pays doivent ouvrir les yeux et voir ce qui se passe réellement." Très solennel en milieu d'après-midi sur l'ouverture de l'ambassade américaine à Jérusalem : "Un grand jour pour Israël. Félicitations!" Rien de rien, pas un seul mot, ni avant ni après ni entre ces deux tweets, sur le bilan terrible de la journée à Gaza : 59 Palestiniens tués et 2 400 blessés par des snipers de l'armée israélienne. Non mais, qu'est-ce que l'humanité a fait au bon Dieu pour mériter ça? Quel bouffon!



Pour limiter ces risques et circonscrire les conséquences des décisions irresponsables de Donald Trump et de Benjamin Netanyahou, il n'y a qu'une option: l'Union européenne doit reconnaître la Palestine et commencer à prendre des sanctions appropriées contre Israël. Des pays arabes, il n'y a rien à espérer, leur léthargie légendaire est désespérante. En tout cas, le temps de l'immmunité et de l'impunité doit cesser. Israël doit être traiter comme il se doit : un pays qui viole allègrement une dizaine de résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, le droit international et les droits de l'Homme. Et de ce fait, il doit répondre de ses actes devant la communauté internationale comme les autres pays du monde. Comme l'Iran et la Corée du Nord par exemple.

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Post scriptum

Roger Waters (16 mai, 2:34): "Israël, comment tu as pu oublier?"


Réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU (15 mai). Pour l'ambassadrice des Etats-Unis, Nikki Haley, "Israël a fait preuve de retenue" la veille. On la voit sur cette photo quittant la salle au moment où le représentant de la Palestine prend la parole. Une image très forte qui reflète bien le grand mépris de l'administration américaine de Donald Trump pour les victimes palestiniennes