
Pour le résumer, rien de mieux qu’une prose.
Mais, pour aller plus loin, sept réflexions s’imposent.
*
Si Hillary Clinton est plus sérieuse,
Si Hillary Clinton est plus sérieuse,
Elle n’en est pas moins hypocrite pour autant.
Et si Donald Trump est moins sérieux,
Il est plus sincère pourtant.
Un débat de plus ou de moins n’y changera
rien,
La démocratie est parfois un exercice périlleux.
Quel dilemme de n’avoir que ce choix
cornélien,
L’Amérique et le monde méritaient mieux.
*
1. Si nous voulons nous concentrer sur ce qui nous concerne au Moyen-Orient, disons d'emblée que les deux candidats présidentiels ont bel et bien soutenu
l’invasion américaine de l’Irak (2003), l’élément déclencheur de la descente en
enfer du Moyen-Orient, qui a instauré le chaos en Irak (provoquant des
centaines de milliers de morts) et a permis à Al-Qaeda de créer l’Etat islamique d’Irak
(2006), qui deviendra quelques années plus tard, l’Etat islamique d’Irak et du
Levant (2013), la sinistre organisation terroriste Daech. Néanmoins, il existe
une petite nuance dans cet énoncé, que la plupart des médias zappent allégrement, Trump, un homme d'affaires qui n'avait aucun mandat ou fonction politique, a soutenu la guerre mollement et a rapidement changé d’avis,
alors que Clinton, sénatrice de l'Etat de New York (2001-2009) et ex-Première dame des Etats-Unis (1993-2001), a carrément voté l’invasion de l’Irak (elle a donc une responsabilité
directe !) et a mis du temps à prendre conscience de l’ampleur du désastre
et de la stupidité de son vote. A l'actif de cette politicienne qui se veut chevronnée, âgée de 68 ans, le désastre libyen, fruit d’un
aveuglement et d’un amateurisme consternants, et d'un travail collectif ayant impliqué Nicolas Sarkozy,
candidat à la primaire de la droite en France, David Cameron, responsable du
référendum qui a conduit au Brexit et Bernard-Henri Lévy, l'ex-mari d’Arielle
Dombasle.
2. Les deux candidats sont des soutiens
indéfectibles d’Israël. Comme l'a précisé la campagne du candidat républicain dans un communiqué publié la veille du débat, « M. Trump a reconnu que Jérusalem est la capitale éternelle du peuple
juif depuis plus de 3 000 ans, et que les Etats-Unis, sous une
administration Trump, accepteront finalement le mandat de longue date du
Congrès de reconnaître Jérusalem comme la capitale indivisible de
l'Etat d'Israël », au mépris du droit international, soit dit au passage. Clinton de son côté a affirmé au printemps dernier « Oui, nous avons besoin de constance,
pas d’un président qui dit qu’il est neutre le lundi, pro-Israël le
mardi et on ne sait pas quoi d’autre le mercredi parce que tout est
négociable (...) La sécurité d’Israël n’est pas négociable ». Et qu'en est-il des droits de la Palestine et des Palestiniens bafoués depuis 68 ans ? Alors, elle n'est pas belle la constance ?
Donc, sans prendre trop de risques, disons qu’en cas de conflit armé entre le Liban et Israël, le futur président américian se rangera du côté de l’Etat hébreux, les négociations israélo-palestiniennes resteront au point mort jusqu'en 2020 et nos 500 000 hôtes palestiniens, réfugiés au Liban depuis 1948 svp, ne sont pas prêts de voir la Terre promise.
Donc, sans prendre trop de risques, disons qu’en cas de conflit armé entre le Liban et Israël, le futur président américian se rangera du côté de l’Etat hébreux, les négociations israélo-palestiniennes resteront au point mort jusqu'en 2020 et nos 500 000 hôtes palestiniens, réfugiés au Liban depuis 1948 svp, ne sont pas prêts de voir la Terre promise.
3. Une des différences notables entre la candidate
démocrate (qui incarne merveilleusement bien le « système », comme
Obama d’ailleurs) et le candidat républicain (« l’anti-système », comme Sanders en quelque sorte) :
elle n’a pas une bonne opinion de Poutine, lui, si. Qu’est-ce que cela changera
concernant la politique américaine en Syrie ? Rien, absolument rien. La
realpolitik dominera. D’ailleurs, aucun des deux n’a évoqué l’avenir de la
Syrie proprement dit, encore moins le devenir de la tyrannie des Assad, alors que la barre des 300 000 morts a été franchie et Alep n'en finit pas d'être martyrisée par les forces de l'axe Damas-Téhéran-Moscou.
Comprenne qui voudra.
4. Inutile de perdre votre temps à
visionner le débat, rien de bien passionnant n’a été dit. Je ne m’arrêterai longuement que sur un seul point, qui nous intéressera au Moyen-Orient, la lutte contre Daech.
C’est Hillary Clinton qui ouvre le feu (VO-fr/1:08:20). « Nous devons intensifier les frappes aériennes contre l’Etat islamique et soutenir nos partenaires arabes et kurdes pour qu’ils puissent éliminer Daech à Raqqa ». Mais voyons, pourquoi vous vous pressez très chère ? Est-ce un aveu qu'Obama ne fait pas assez ? Comme si de rien n’était, l’ancienne Secrétaire d’Etat enchaine (VO-fr/1:12:55). « Nous travaillons avec nos amis au Moyen-Orient. Pour la plupart ce sont des nations à majorité musulmane. Donald a systématiquement insulté les Musulmans à l’étranger et dans notre pays, alors que nous devons coopérer avec les pays musulmans (...) Nous devons avoir une coopération très étroite entre ces pays et les forces de l’ordre ici, plutôt que de les aliéner en raison de la rhétorique de Donald Trump ». Bon, en dehors des formulations politiciennes creuses, elle n’a pas complétement tort. Mais étrangement, la candidate américaine parle comme les dirigeants libanais, comme si elle n’a jamais été au pouvoir !
En tout cas, si les défauts du candidat républicain sont innombrables, sa tirade sur Daech est sans l’ombre d’un doute, beaucoup plus convaincante que celle de la candidate démocrate (VO-fr/1:13:50). « Secrétaire Clinton dit qu’il faudrait travailler avec eux (les pays arabo-musulmans). Mais, on travaille avec eux depuis de nombreuses années et regardez dans quel désastre nous sommes aujourd’hui ! Regardez le Moyen-Orient, c’est une catastrophe, sous votre leadership en grande partie ». Il respire à fond et reprend : « Vous êtes responsables également de l’accord avec l’Iran, un pays qui était au bord de l’effondrement tellement il suffoquait sous les sanctions. A présent, ce pays est en passe de devenir une grande puissance très rapidement ». En pratique, Donald Trump souhaite « que (tous les pays de) l’OTAN aille au Moyen-Orient avec nous, en plus des pays voisins, pour botter les fesses de l’Etat islamique rapidement ». Et la vérité tombera comme un couperet de la bouche de Trump svp. « Le groupe Etat islamique n’a vu le jour qu’à cause de ce vide créé par Barack Obama et Hillary Clinton (...) Ceci n’aurait jamais dû se produire. Vous parlez de vaincre le groupe EI. Vous étiez là, vous étiez Secrétaire d’Etat lorsque ce groupe était en sa période balbutiante. Maintenant, il est présent dans 30 pays. Vous allez le vaincre ? Je ne crois pas. » Et la discussion se termine là, comme un fleuve au beau milieu d’un désert. Au lieu que le tric chic modérateur du débat, Lester Holt, 35 ans de carrière svp, ne saisisse l’opportunité pour interroger l’accusée, qui affichait un grand sourire jaune et gêné, soit dit au passage, il dévie la discussion sur le soutien de Trump à la guerre en Irak, il y a treize ans. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?
C’est Hillary Clinton qui ouvre le feu (VO-fr/1:08:20). « Nous devons intensifier les frappes aériennes contre l’Etat islamique et soutenir nos partenaires arabes et kurdes pour qu’ils puissent éliminer Daech à Raqqa ». Mais voyons, pourquoi vous vous pressez très chère ? Est-ce un aveu qu'Obama ne fait pas assez ? Comme si de rien n’était, l’ancienne Secrétaire d’Etat enchaine (VO-fr/1:12:55). « Nous travaillons avec nos amis au Moyen-Orient. Pour la plupart ce sont des nations à majorité musulmane. Donald a systématiquement insulté les Musulmans à l’étranger et dans notre pays, alors que nous devons coopérer avec les pays musulmans (...) Nous devons avoir une coopération très étroite entre ces pays et les forces de l’ordre ici, plutôt que de les aliéner en raison de la rhétorique de Donald Trump ». Bon, en dehors des formulations politiciennes creuses, elle n’a pas complétement tort. Mais étrangement, la candidate américaine parle comme les dirigeants libanais, comme si elle n’a jamais été au pouvoir !
En tout cas, si les défauts du candidat républicain sont innombrables, sa tirade sur Daech est sans l’ombre d’un doute, beaucoup plus convaincante que celle de la candidate démocrate (VO-fr/1:13:50). « Secrétaire Clinton dit qu’il faudrait travailler avec eux (les pays arabo-musulmans). Mais, on travaille avec eux depuis de nombreuses années et regardez dans quel désastre nous sommes aujourd’hui ! Regardez le Moyen-Orient, c’est une catastrophe, sous votre leadership en grande partie ». Il respire à fond et reprend : « Vous êtes responsables également de l’accord avec l’Iran, un pays qui était au bord de l’effondrement tellement il suffoquait sous les sanctions. A présent, ce pays est en passe de devenir une grande puissance très rapidement ». En pratique, Donald Trump souhaite « que (tous les pays de) l’OTAN aille au Moyen-Orient avec nous, en plus des pays voisins, pour botter les fesses de l’Etat islamique rapidement ». Et la vérité tombera comme un couperet de la bouche de Trump svp. « Le groupe Etat islamique n’a vu le jour qu’à cause de ce vide créé par Barack Obama et Hillary Clinton (...) Ceci n’aurait jamais dû se produire. Vous parlez de vaincre le groupe EI. Vous étiez là, vous étiez Secrétaire d’Etat lorsque ce groupe était en sa période balbutiante. Maintenant, il est présent dans 30 pays. Vous allez le vaincre ? Je ne crois pas. » Et la discussion se termine là, comme un fleuve au beau milieu d’un désert. Au lieu que le tric chic modérateur du débat, Lester Holt, 35 ans de carrière svp, ne saisisse l’opportunité pour interroger l’accusée, qui affichait un grand sourire jaune et gêné, soit dit au passage, il dévie la discussion sur le soutien de Trump à la guerre en Irak, il y a treize ans. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?
5. L’enthousiasme excessif d'une grande partie des médias internationaux, pour faire absolument comprendre au vulgum pecus du Texas et des contrées lointaines,
que Clinton a terrassé Trump, relève de l'activisme journalistique. C'est d'un parti pris inouï ! « Il y avait une asymétrie fondamentale en raison de la terrible vérité qui veut que l'un des participants n'a rien de véridique à offrir », The New York Times. « Dès la première minute, le débat a rappelé que l'on ne devrait pas confier la présidence à Donald Trump », The Washington Post. « Clinton-Trump, l'expérience face à l'incohérence », Le Monde. « Cinq moments où Hillary Clinton a détruit Donald Trump lors du débat présidentiel », Les Inrocks. Eh bien, on dirait que nous n'étions vraiment pas sur le même canal à regarder le même match !

Toujours est-il que Donald Trump est apparu
serein et imperturbable, alors qu’Hillary Clinton en arrière-plan, tirait la
tronche la plupart du temps, quand elle ne riait pas jaune. Il était naturel,
elle était artificielle. Il avait de l’humour, elle était tendue. Il
improvisait, elle récitait un texte appris par cœur. Chacun peut s’en rendre
compte lui-même. Les débats télévisés ne révèlent rien sur le fond, mais tout des personnalités des candidats. Vu de l’œil du peuple, et non des intellectuels, c'est Trump qui aurait emporté ce premier débat.
6. Enfin, le débat influencera
peut-être une frange des électeurs américains le 8 novembre, mais pas la
majorité d’entre eux. Comme l’a titré le Washington Post il y a trois jours, « Debates don’t often change
presidential races. Is 2016 the exception? » J’en doute. Le suspense reste
entier.
7. Par conséquent, pour nous autres pays arabes du
Moyen-Orient, mieux vaut ne pas tirer des plans sur la comète. Enfin, pas trop.