L'actualité a propulsé ces deux photos sur le devant de la
scène. Deux types d'uniformes dans deux univers différents que rien
ne permet d'associer à première vue. Et pourtant, comme l'histoire,
l'actualité peut se montrer d'une ironie implacable.


Mais au lieu que la styliste syrienne ne se limite à la création artistique, allez savoir quelle mouche l'a piqué pour qu'elle décide de gâcher tout son travail en faisant un mélange des genres qui n'a vraiment pas lieu d'être, sauf en Orient où l'on doit politiser tout, absolument tout. Et dire que rien ne l'y obligeait! Pour le bouquet final à la fin du défilé, au moment fatidique où la créatrice est montée sur scène pour communier avec le public, Manal Ajaj, la poule mouillée éprise de Bachar el-Assad a osé faire défiler en plein cœur de Beyrouth, des mannequins syriens dans des uniformes de l'armée syrienne, celle de la tyrannie des Assad! Elle reviendra sur ce choix dans un post sur sa page Facebook et son compte perso, deux jours plus tard, parlant d'elle à la troisième personne, comme si elle était étrangère à tout ce cirque. "Le plus beau message (de ce défilé) c'est lorsque Manal Ajaj est entrée avec l'armée syrienne (elle ne se donne même pas la peine de parler de mannequins!) pour dire au monde entier qu'à l'origine de l'existence et du succès de tout être humain (en Syrie, dans le monde ou partout dans la Voie lactée, on n'a pas bien su?) se trouve l'armée arabe syrienne, notre espoir et notre fierté aux quatre coins de la terre... c'était le message le plus important du défilé pour que le monde entier sache que l'armée (syrienne de Bachar el-Assad) est source de sécurité, de liberté et de dignité. Ils (les soldats) se sacrifient pour qu'on continue à vivre". Même en abusant de l'omelette aux champignons hallucinogènes, il est difficile d'être aussi aliénée.
Non mais, imagine-t-on la moitié d'un quart de seconde une styliste allemande faisant défiler des mannequins germaniques à Paris dans des uniformes de la Wehrmacht et se vantant ensuite sur les réseaux sociaux de son choix stupide avec cette solennité grotesque ? Non mais, imagine-t-on ne serait-ce que des mannequins libanais défilant à Damas, dans les uniformes des Forces libanaises, l'armée ou la milice? Inconcevable dans les deux cas, sauf dans un pays qui ne sait pas se faire respecter car ses leaders sont aux abonnés absents.
Cette création nauséabonde n'avait évidemment rien à voir ni avec la mode ni avec l'art. C'est un acte de propagande politique abjecte qui aurait nécessité l'intervention des autorités libanaises, au moins une mobilisation des ministres libanais de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, et des Affaires étrangères, Gebran Bassil. Après tout ce qu'on a enduré de la part du père et du fils, et de leurs vassaux, le peuple libanais a espéré ne plus jamais revoir ce sinistre uniforme défilé sur le territoire du pays du Cèdre avant que le dernier soldat syrien ayant servi à occuper le Liban et à terroriser les Libanais ne soit aller revoir ses aïeux.
La styliste syrienne aurait dû avoir une once de scrupule et un chouïa de compassion, pour les victimes de la tyrannie des Assad, de son pays d'origine et de son pays hôte. Trois quarts des Syriens et la moitié des Libanais sont allergiques à l'uniforme de l'armée syrienne de Bachar el-Assad. C'est la première chose à changer le jour où le régime syrien tombera. En attendant, Manal Ajaj a raté une belle occasion de montrer au Liban et au monde, qu'elle était mûre et qu'elle ne faisait pas partie de ces artistes corrompus qui oeuvrent à diffuser la propagande officielle d'une des pires dynastie tyrannique du 20e siècle. En tout cas, maintenant qu'elle est libérée, l'artiste-militante pourrait se rattraper la prochaine fois, en faisant défiler ses coqs dans la même tenue, celle de l'armée syrienne du régime, sur les trottoirs de Raqqa ou de les refaire défiler encore à Beyrouth, mais dans des uniformes des Forces démocratiques syriennes, pour prouver aux peuples libanais et syrien, que son défilé « Jasmin Goddess » (la déesse du jasmin) n'était pas une mascarade politique à la gloire d'un tyran épinglé à de nombreuses reprises pour ses crimes de guerre et ses crimes contre l'humanité, la dernière fois au début du mois de septembre, pour le gazage de la population syrienne de Khan Cheikhoun au gaz sarin.
Et pour bien aggraver son cas, dans ses interviews comme dans ses posts sur Facebook, Manal Ajaj considèrent Europa et Elyssa, des princesses phéniciennes originaires de Tyr, comme des "dames syriennes"! Décidément, la styliste de Damas ne semble pas être très douée pour se faire aimer par les Libanais. Dommage.