mercredi 30 mai 2018

L'armée libanaise accroit ses capacités militaires n'en déplaise aux Hezbollahi-compatibles (Art.532)


L'info n'a pas fait beaucoup de bruit et pourtant c'est un petit événement! L'armée libanaise a reçu hier quatre avions militaires Super Tucano (A-29). Commandés par le Liban, fabriqués par le Brésil, financés par l'Arabie saoudite, ils ont été livrés par les Etats-Unis. Rien que pour ça, l'info vaut le détour. Les Hawker Hunter sont morts, vive les Super Tucano! Enfin, les avions anglais resteront en service pour être utilisés lors de certaines opérations militaires de temps à autre et amuser la galerie les 22 novembre, bien évidemment.

Base aérienne de la Lebanese Air Force, Hamatt, lundi 28 mai
Livraison des quatre avions d'attaque Super Tucano (A-29)

Beaucoup d'hypocrites soutiens de l'armée libanaise, les Hezbollahi-compatibles et des idiots utiles du Hezbollah à leurs heures perdues, se moqueront de la nouvelle. Ils broderont encore autour des thèmes récurrents : l'armée libanaise est faible, elle manque d'équipements sophistiqués, l'Occident ne veut pas nous donner de l'armement moderne à cause d'Israël, ce ne sont pad des avions de chasse, nous manquons de missiles téléguidés, et patati et patata et blablabla. Mais voyons! Un tel radotage n'a qu'un objectif : perpétuer l'anomalie que constitue la situation milicienne du Hezbollah au Liban.

Ce radotage me rappelle par ailleurs une anecdote que beaucoup de gens ont oubliée. C'était à la fin de l'année 2008, quand Poutine a tenté de nous embobiner en nous fourguant 10 Mig-29, avec une livraison par Chronopost pour 2009! C'est véridique, vous pouvez le vérifier. Mamma mia! Pour une fois, les dirigeants libanais ont eu la lucidité de rejeter l'offre de Vlad.

Non seulement ce sont de vieux avions soviétiques des années 1970, mais en plus, ils étaient complètement inadaptés aux besoins du Liban.

. Sur le plan militaire, on ne peut pas faire le poids contre l'armée de l'air syrienne. Avec des milliers de barils d'explosifs largués sur la tête des gens, les chasseurs d'Assad sont de redoutables terroristes volants. Contre l'armée de l'air israélienne, he he he, faut pas rêver, même Lapin Ier du Golan, n'a rien pu faire en 1982. Le 9 juin et les jours suivants, Israël lui a infligé l'humiliation la plus cinglante de l'Histoire depuis la Seconde guerre mondiale. On a assisté à des batailles aériennes mémorables. Au total, Tsahal a abattu 86 avions syriens sur 100 avions engagés dans les batailles au dessus de la vallée de la Békaa, détruisant au passage les 19 batteries SAM (missiles anti-aériens) que la Syrie avait installé. Du côté israélien, on n'a dénombré que deux avions touchés. C'est l'équivalent du match 7-1, Allemagne-Brésil, du Mondial de foot 2014!

. Sur le plan financier, l'affaire des Mig était une folie : 18 millions $/pièce quand même, un coût de maintenance élevé et un armement cher.

. Sur le plan géographique, une pure aberration, satlané bala 7oudoud. Le Mig-29 peut voler à 2 500 km/h et le Liban ne fait que 200 km de long sur 50 km de large. En gros, le pilote aurait été obligé de passer son temps à inverser la poussée et de tourner en rond comme un lion dans une cage, puisque la traversée nord-sud se fait en moins de 5 minutes, l'ouest-est en un peu plus de 1 minute.

Notre Lebanese Air Force possédait une soixantaine d'hélicoptères (d'attaque, de transport de troupes, de surveillance, d'entrainement, etc.), une quinzaine d'avions d'entrainement, une douzaine de drones et seulement une demi-dizaine d'avions d'attaque, dont les fameux Hawker Hunter anglais. Il est donc évident que les quatre nouveaux Super Tucano, sur un total de six appareils acquis par le Liban, accroitront d'une manière significative les capacités militaires de l'armée libanaise. Cet avion a été mis en service en 2003. Il équipe principalement l'armée de l'air brésilienne et de nombreuses armées en Amérique latine et en Afrique, ainsi que l'Indonésie et l'Afghanistan, des pays confrontées à des situations de rébellion et de guérilla. Sa vitesse maximale est de 600 km/h, parfaitement adaptée à la petite superficie du Liban, avec un rayon d'action de 5 000 km, largement suffisant pour couvrir le territoire libanais. Il embarque des mitrailleuses de calibre 12.7 mm, un canon de 20 mm, des lance-roquettes de 70 mm, des bombes conventionnelles et guidées, ainsi que des missiles air-air, tout ce qu'il faut pour assurer la défense du pays du Cèdre.

Il est évident que cet accroissement des capacités militaires de l'armée libanaise n'est pas destiné à combattre les armées régulières d'Israël et de la Syrie, mais pour mener des attaques légères anti-guérilla, comme ce fut le cas contre les groupes terroristes syriens Daech et Nosra, qui s'étaient installés sur les versants ouest de l'Anti-Liban (2013-2017) et contre le groupe terroriste palestinien Fateh el-Islam installé dans le camp palestinien de Nahr el-Bared (2007).

Pour faire face à nos encombrants voisins, il ne faut pas rêver ni s'abreuver de légendes, seules la distanciation par rapport aux problèmes régionaux et une politique diplomatique arabo-occidentale protégeront le Liban et les Libanais d'une manière efficace. Tout autre discours relève de la propagande, de la poudre aux yeux et de la mythologie. La milice chiite libanaise est une guérilla qui n'a connu son heure de gloire que dans un contexte de guérilla justement, lors de la lutte contre l'occupation israélienne du Liban. Depuis la libération du pays du Cèdre de l'occupation palestinienne (1982), israélienne (2000), syrienne (2005) et islamique (2017), le Hezbollah est non seulement incapable de protéger le Liban de quoi que ce soit, il représente même un grand danger pour les Libanais, comme l'a prouvé la désastreuse guerre de Juillet (2006), qui nous a coûté très chère : des milliers de morts et de blessés, des centaines de milliers de déplacés et une dizaine de milliards de dollars de dégâts et de pertes économiques, soit l'équivalent de 50% de notre PIB de l'époque, pour libérer un dénommé Samir Kuntar, condamné pour une action terroriste palestinienne menée en Israël et qui est allé mourir dans les bras de Bachar el-Assad il n'y a pas si longtemps. Cette guerre n'a coûté à Israël que moins de 4% de son PIB.

Alors, il ne faut pas s'emmêler les pinceaux, les mots et les lettres, ce n'est pas la S-S qui protègera le Liban, la stupide entente entre la Syrie et l'Arabie Saoudite avant le déclenchement de la révolte syrienne, ni le triptyque cha3eb-jaïych-mouqawamé, l'équation hérétique du "peuple-armée-hezbollah", mais c'est bien la D-D qui le fera, une politique basée sur la distanciation et la diplomatie. En pleine période de formation d'un nouveau gouvernement au Liban, le Premier ministre désigné, Saad Hariri, ferait bien de s'en souvenir.