Partant
du principe qu’à chaque année civile est associée un endettement, ainsi qu’un
gouvernement et un Parlement, de la même famille politique, en charge des
pouvoirs exécutif et législatif, donc du contrôle de cet endettement, et face à
l'autisme aussi bien à droite qu'à gauche concernant le gouffre financier des
comptes nationaux, j'ai voulu connaître précisément les augmentations de la
dette publique de la France sous les différents gouvernements qui se sont
succédés entre 1978 et 2012. Cela m'a permis de savoir qu'elles étaient ces
augmentations par clivage politique, sous les gouvernements de gauche et sous
les gouvernements de droite, avec ou sans les gouvernements de Nicolas Sarkozy.
II.
Précisions utiles concernant les résultats (tableaux 1 et 2)
-
Couleurs des lignes et des colonnes. Bleu pour la « droite » ; rose pour la «
gauche » ; gris pour la cohabitation sous un mandat présidentiel ou une
transition parlementaire gauche/droite ou droite/gauche en cours d’année.
-
Colonne des gouvernements. Cette colonne ne tient compte que du changement de
Premier ministre et non des remaniements ministériels. Par exemple, sous le
mandat de Nicolas Sarkozy la France n’a eu que François Fillon comme Premier
ministre mais a connu trois remaniements.
-
Colonne de l’augmentation de la dette « Par an ajustée en cas d’alternance ».
Dans le cas d’un changement de gouvernement en cours d’année, j'ai réparti
l’augmentation de la dette au prorata temporis de chaque gouvernement. Par
exemple, en 2007, la France a connu un changement de gouvernement à la mi-mai,
j'ai considéré donc que 4,5/12 de l’augmentation de la dette est liée au
gouvernement de Villepin et 7,5/12 au gouvernement Fillon.
-
Colonne « Par an actualisée au 1er janvier 2012 ». Afin de rendre la
comparaison des chiffres possibles, alors qu’ils s’étalent sur 33 ans (396
mois), tous les montants ont été actualisés au 1er janvier 2012, tenant compte
des effets de l’inflation. Ainsi les 10 milliards d’euros des années 70 valent aujourd’hui
30 milliards. Cette démarche est capitale, sans laquelle aucune comparaison
n’est possible.
III.
Avertissements
-
Pourquoi partir de 1978 ? Pour deux raisons principales: jusque-là, le montant
de la dette était raisonnable (enfin, surtout par rapport à aujourd'hui ; près
de 73 Mds €, 21% du PIB) ; à partir des années 80 les comptes publics étaient
en déficit chronique. L’année 2012 (Sarkozy-Fillon) n’est pas comptabilisée
puisque les chiffres officiels n’ont pas encore été publiés. Les chiffres ont
été arrondis (montants et durées). Pour les calculs, j'ai considéré que le mois
est composé de 30 jours.
- Entre
1978 et 2012, il y a eu six alternances entre les deux camps (droite et gauche) :
1981, 1986, 1988, 1993, 1997, 2002. Si chaque gouvernement a pu subir les
conséquences de la politique de celui qui l’a précédé, il avait aussi la
possibilité de revenir sur certaines réformes jugées défavorables pour
l’économie du pays.
-
L’augmentation de la dette est constante depuis 1978 mais elle se fait à un
rythme variable selon les gouvernements. Il faut bien reconnaître que la dette
n’a jamais était « l’obsession » des gouvernements qui se sont succédés entre
1978 et 2012, aussi bien de gauche que de droite.
- Les
critères de Maastricht, introduits par l’Union européenne en 1992, pour éviter
d’avoir des économies malsaines au sein de la zone euro et garantir à tous les
membres de cette zone d’emprunter à des taux d’intérêt faibles, n’ont pas
toujours été respectés. A partir de 2003, le critère principal, être
impérativement en dessous des 60 % du PIB, était dépassé. Quant à celui sur le
déficit budgétaire, qui doit rester inférieur à 3 % du PIB, il n’a pu être
respecté qu’entre 1998 et 2001, puis entre 2005 et 2007.
- La
dette de la France dépassera les 1800 Mds € (milliards d’euros) au cours de
cette année. Il est difficile d’établir avec précision la responsabilité des
uns et des autres. Mais une chose est sûre : à chaque année civile est associée
une augmentation de la dette, ainsi qu’un gouvernement et un Parlement en
charge des pouvoirs exécutif et législatif.
- Pour
expliquer le dérapage de la dette publique, la droite invoquera les grands
projets de François Mitterrand, les 35 heures, la retraite à 60 ans, la crise
financière, le gaspillage de la gauche; etc. Et la gauche évoquera les
avantages fiscaux accordés aux plus favorisés, l’indiscipline budgétaire, le
libéralisme, le sauvetage irraisonné des banques ; le gaspillage de la droite ;
etc.
- Ma
démarche a toutefois des limites. D’abord, il existe un décalage entre les
mesures gouvernementales et parlementaires données et leurs effets sur la dette. Cela
peut poser un problème en cas d’alternance. Mais trois éléments atténuent les
effets.
Le premier : rarement il y a changement de gouvernement le lendemain d’une décision importante (ex. les 35 heures, réforme des retraites…). Ces réformes ont été adoptées à distance des changements de gouvernements. Donc, le gouvernement qui les a pris assume pleinement les conséquences de ces décisions sur la dette puisqu’il en est l’auteur. Quant au gouvernement qui le remplace, il doit assumer aussi, puisqu’il a la possibilité de revenir sur les décisions du gouvernement précédent. Ex. Cela fait 12 ans que la réforme des 35 heures est mise en place, 10 ans que la « droite » est au pouvoir, et pourtant aucun gouvernement de droite ne les a les remis en question. On peut donc avancer que ces gouvernements assument aussi une part de responsabilité dans les conséquences des 35 heures sur la dette publique. Idem pour la réforme des retraites. La gauche s’engage à revenir sur la retraite à 60 ans pour certaines catégories. De retour au pouvoir en juin prochain, le gouvernement de gauche assumera donc les conséquences financières de ce retour à la retraite à 60 ans sur la dette publique.
Le second, c’est la valeur de l’argent qui nécessite une actualisation de la dette au 1er janvier 2012, pour pouvoir effectuer une comparaison digne de ce nom en tenant compte de l’inflation au sens courant. Cette actualisation suit donc l’évolution du prix des biens de consommation courante du panier représentatif établit par l’INSEE.
Enfin, c’est celle de la continuité du pouvoir. Il est évident qu’un nouveau gouvernement quel que soit sa couleur et la politique de celui qui l’a précédé, est obligé d’emprunter pour assurer le bon fonctionnement de l’Etat et honorer la dette de la France tout en bouclant son budget et en mettant en œuvre sa propre politique, qui mettra du temps à produire les effets escomptés. Sauf qu’un gouvernement et un Parlement sont dans la durée, et peuvent par conséquent prendre les mesures qui s’imposent pour maîtriser la dette publique.
Le premier : rarement il y a changement de gouvernement le lendemain d’une décision importante (ex. les 35 heures, réforme des retraites…). Ces réformes ont été adoptées à distance des changements de gouvernements. Donc, le gouvernement qui les a pris assume pleinement les conséquences de ces décisions sur la dette puisqu’il en est l’auteur. Quant au gouvernement qui le remplace, il doit assumer aussi, puisqu’il a la possibilité de revenir sur les décisions du gouvernement précédent. Ex. Cela fait 12 ans que la réforme des 35 heures est mise en place, 10 ans que la « droite » est au pouvoir, et pourtant aucun gouvernement de droite ne les a les remis en question. On peut donc avancer que ces gouvernements assument aussi une part de responsabilité dans les conséquences des 35 heures sur la dette publique. Idem pour la réforme des retraites. La gauche s’engage à revenir sur la retraite à 60 ans pour certaines catégories. De retour au pouvoir en juin prochain, le gouvernement de gauche assumera donc les conséquences financières de ce retour à la retraite à 60 ans sur la dette publique.
Le second, c’est la valeur de l’argent qui nécessite une actualisation de la dette au 1er janvier 2012, pour pouvoir effectuer une comparaison digne de ce nom en tenant compte de l’inflation au sens courant. Cette actualisation suit donc l’évolution du prix des biens de consommation courante du panier représentatif établit par l’INSEE.
Enfin, c’est celle de la continuité du pouvoir. Il est évident qu’un nouveau gouvernement quel que soit sa couleur et la politique de celui qui l’a précédé, est obligé d’emprunter pour assurer le bon fonctionnement de l’Etat et honorer la dette de la France tout en bouclant son budget et en mettant en œuvre sa propre politique, qui mettra du temps à produire les effets escomptés. Sauf qu’un gouvernement et un Parlement sont dans la durée, et peuvent par conséquent prendre les mesures qui s’imposent pour maîtriser la dette publique.
- Il
convient d’attirer l’attention du lecteur que même si Nicolas Sarkozy était le
ministre du Budget dans le gouvernement Balladur (2003-2005), je n'ai pas
tenu compte dans le calcul de la dette par clivage politique, gauche vs droite
avec ou sans Sarkozy, puisque j'ai décidé d’associer la dette au
gouvernement et à la majorité parlementaire qui lui a assuré la confiance et
non aux ministres et aux présidents de la République seuls.
1. La
dette de la France a augmenté de 2079 milliards d’euros entre 1978 et 2012,
montants cumulés et actualisés au 1er janvier 2012 : 1/3 sous des gouvernements
de gauche (au pouvoir 14,6 ans sur les 33 ans) et 2/3 sous des gouvernements de
droite (au pouvoir 18,4 ans sur les 33 ans).
2. La
dette de la France a augmenté de 1470 €/s (euros par seconde) sous les
gouvernements de gauche et 2467 €/s sous des gouvernements de droite.
3. Si
on sépare les années Sarkozy, du reste de la droite, nous constatons que :
- 32 %
de la dette a augmenté sous les gouvernements de gauche, qui sont restés au
pouvoir 14,6 ans sur 33 ans ;
- 41 %
de la dette a augmenté sous les gouvernements de droite, qui sont restés au
pouvoir 13,75 ans sur 33 ans ;
- 27 %
de la dette a augmenté sous les gouvernements Sarkozy, qui sont restés au
pouvoir 4,6 ans sur 33 ans.
4. La
dette de la France a augmenté de 1470 €/s sous les gouvernements de gauche, et
1993 €/s sous des gouvernements de droite sans Sarkozy et 3877 €/s sous les
gouvernements Sarkozy.
V.
Conclusion
Il
n'est plus permis à l'heure de la libre circulation de l’information qu’on
continue à prendre les vessies des électeurs pour des lanternes. Dans cette étude, je ne
cherche pas à dédouaner un camp pour accabler l'autre, puisque je montre
clairement que la gauche et la droite, ont aggravé conjointement l’endettement
de la France. Mais en cherchant à en savoir plus sur un sujet aussi fondamental
que la dette publique, je me suis rendu compte à quel point la
désinformation et la propagande sont répandues et qu’il était
plus que jamais nécessaire de mettre les points sur les i. Ces chiffres battent
en brèche certaines « idées reçues » selon lesquelles la droite est une « bonne
gestionnaire de l’argent public », « garante de l’équilibre des comptes
nationaux » et « économe », alors que la gauche est une « mauvaise gestionnaire
de l’argent public », « irresponsable concernant l’équilibre des comptes
nationaux » et « dépensière ».
VI.
Références
Dette
des administrations publiques au sens de Maastricht
Calculateur
d’inflation