vendredi 28 septembre 2012

Les musulmans, les potes de Charlie et les topless de Paris ! (Art.77)


Les adeptes de la théorie du complot ne chôment pas. Ils ne sont jamais à court d'idées. Selon ces illuminés, L'Innocence des musulmans serait une œuvre sioniste, véhiculée par un Occident athée et sans valeur, champion aveugle de la liberté d’expression, pour salir la « civilisation du sacré » du monde arabo-musulman, embraser le Moyen-Orient et ternir le Printemps arabe. C’est la sale contre-révolution occidentale contre les nobles révolutions arabes. Mais bien sûr voyons, elle pourrait même déclencher la 3e guerre mondiale et décider George Lucas de relancer les Star Wars, de ramener les chevaliers Jedi parmi nous et même de faire renaître le Nouvel Empire galactique de ses cendres ! Mais pour l’instant, attardons-nous un peu sur les tribulations de la Planète bleue de ces derniers temps.



Les caricatures de Charlie Hebdo

Commençons d’abord par les caricatures de Charlie Hebdo. Que l’hebdomadaire satirique fasse de la provocation, on s’y attend tout de même, c’est son job. Il n’est pas à son premier coup et ne se limite pas à la religion musulmane. Après le scandale du Piss Christ d’Avignon au printemps 2011 (j’y reviendrai), l’hebdo affichait sur sa première de couverture, trois rouleaux de papier-cul déroulés, avec une inscription sur chacun d’eux, Bible, Coran et Torah, et le titre général « Aux chiottes toutes les religions ». Qu’il le fasse puérilement, on s’y attendait aussi. Les caricaturistes de Charlie Hebdo n’ont pas la prétention de se prendre ni pour des artistes ni pour des philosophes ni pour des historiens ni pour des révolutionnaires. Qu’il réponde avec suffisance et islamophobie sur un ton hautain à une soi-disant lettre envoyée par le président du Conseil français du culte musulman à l’hebdomadaire, mélangeant les arguments comme les pinceaux, là encore rien d’étonnant quand on sait que l’auteur de la réponse, Caroline Alamachère, est une militante d’extrême droite, partisane de Marine Le Pen, islamophobe notoire, n’ayant jamais travaillé à Charlie Hebdo et n’est pas à sa première usurpation d’identité ! Qu’il le fasse pour des raisons mercantiles, là réside le fond du problème et ce n’est pas très glorieux.

Quand on a des ventes qui stagnent, rien de mieux qu’une belle provocation pour faire du bénef ! Alors que la diffusion de l’hebdomadaire tournait entre 100 000 et 140 000 exemplaires en 2006, la publication des caricatures de Mahomet du journal danois Jyllands-Posten, multipliera les ventes par quatre. Depuis, les ventes étaient en chute libre. 60 000 à 75 000 exemplaires seulement en 2011. Alors rebelote. Charia Hebdo, un numéro spécial avec comme rédacteur en chef Mahomet, pour dénoncer l’arrivée des islamistes au pouvoir en Tunisie, multipliera les ventes par trois. Bingo, on encaisse. Rechute des ventes en 2012, jusqu’à 45 000 exemplaires. Qu’est-ce qu’on fait ? Rebelote et rebelote. De nouvelles caricatures pour surfer sur la vague Innocence of Muslims. Dans ce numéro du 19 septembre, on retrouve entre autres, le dessin d’un fidèle, peut-être de Mahomet lui-même, agenouillé avec le cul en l’air caché par une étoile jaune et le titre Mahomet : une étoile est née ! Eh oui, ça vole au ras des pâquerettes mais ça renfloue les caisses tout de même. Et comme prévu les badauds se sont rués dans les kiosques, multipliant les ventes de ce numéro d’enfantillage par trois, six ou dix, on saura plus dans quelques jours. Alors franchement, au lieu d’attaquer Charlie Hebdo en justice pour insulte faite au Prophète, la Grande Mosquée de Paris ferait mieux de réclamer un intéressement sur les ventes d’un hebdomadaire, qui est en survie dans cette seconde vie (disparu des kiosques entre 1981 et 1992) et qui fait ses choux gras régulièrement sur l’Islam, ses provocations chrétiennes aussi violentes soient-elles, n’étant pas très lucratives par défaut d’amplification de la part des intégristes chrétiens !


L’Innocence des musulmans (Innocence of Muslims)

Passons maintenant au plat de résistance, le film Innocence of Muslims. Le pitch ? Une biographie libre de la vie de Mahomet. Le scénario ? Le film s’ouvre sur un massacre perpétué par des extrémistes musulmans dans un quartier copte, sous les yeux passifs de la police égyptienne. Que la scène soit de la pure fiction ou inspirée par de faits divers, il n’empêche que la séquence filmée est trop caricaturale. Les chemises au blanc éclatant et flambant neuves des policiers égyptiens, l’air vraiment méchant des sales islamistes, l’air de sainteté qui se dégage des visages coptes, des gens propres sur eux, la chute en slow motion d'une ravissante copte après le coup de sabre d'un islamiste en folie, etc. Ceci étant, le tournage est d’une qualité plutôt professionnelle. C’est la suite qui pose vraiment problème. Pour expliquer un certain extrémisme anti-copte dans l'Egypte d’aujourd’hui le réalisateur remonte aux sources et pédale dans la choucroute. Mahomet est présenté comme un bâtard, pas très futé dans sa jeunesse, avide de sexe et d’argent, coureur de jupons, homosexuel, pédophile, intolérant, assoiffé de pouvoir et de sang et j’en passe et des meilleures. Les disciples, une bande d’abrutis, amoraux, sanguinaires et j’en passe et des meilleures également. Contrairement aux premières minutes, la réalisation de la suite est bâclée avec un amateurisme affligeant. Des images fixes comme arrière-plans, c’est pour dire ! Il ne fait aucun doute, la volonté de diffamer est manifeste. D’ailleurs l’auteur du film n’a pas caché son islamophobie au début de la polémique. Sans scrupule, il a affirmé au Wall Street Journal, que l’« Islam est un cancer » et qu’il projette « faire une série de 200h sur le sujet ». Il prétendit avoir voulu défendre Israël son pays d’origine, en montrant au monde les défauts de l’islam. Voilà pour la présentation de surface.

Est-ce que ce film méritait tout ce tintouin ? Non. Est-ce que ça valait la peine de mettre à feu et à sang les symboles américains ? Absolument pas. Il faut tout de même rappeler à tous les offensés sincères et les endoctrinés sectaires qu’Innocence of Muslims, le film de Sam Bacile, un prétendu agent immobilier américano-israélien de 54 ans, à soi-disant 5 millions de dollars de budget financé par des donateurs juifs, n’est en réalité qu’un film nase à très petit budget réalisé par un escroc égyptien copte minable, Nakoula Basseley Nakoula, vivant en Californie, condamné pour fraude à la Sécurité sociale, interdit d’usage d’internet, même sous pseudonymes, en liberté conditionnelle avec une mise à l’épreuve jusqu’en 2017 !

En faisant une petite enquête sur le sujet, on apprend qu’un grand nombre de ceux qui sont impliqués dans le film viennent d’Egypte, de Syrie, de Turquie et du Pakistan. Certains affirment avoir été trompés. Ils croyaient participer à un drame historique bizarroïde sur les aventures guerrières d’un dénommé George, qui se déroule au Moyen-Orient il y a 2000 ans, sous le titre de Desert Warrior. On apprend également par d’autres qu’il n’était nullement question « de Mahomet, du Coran et des musulmans » dans le film, des mots qui ne figuraient pas dans le script original et même lors du tournage. Une écoute minutieuse de la bande sonore permet de s’apercevoir aisément de la supercherie ! Ce n’est qu’après le tournage, lors du montage, que ces mots ainsi que les propos anti-islam ont été insérés et superposés aux dialogues d’origine, un doublage grotesque, qui lorsqu’il dépasse les 3 mots, ne colle absolument pas avec le mouvement des lèvres. Je vous l’ai déjà dit, un escroc minable. D’ailleurs, l’annonce pour le recrutement des acteurs du film publié en juillet 2011 confirme les dires et l’analyse sonore. Il est question de George, acteur principal, un homme entre 40 et 50 ans, typé du Moyen-Orient, chef guerrier, romantique et charismatique. Après le montage George est devenu Mahomet ! Il était question aussi et entre autres, de Dr Matthew, Condalisa, Hillary et Youstina et non d’Abou Bakr, Khadija, Aicha ou Fatima. Les femmes postulant pour les rôles féminins devaient selon le cas, apparaître jeune, innocente, attrayante, exotique ou fougueuse !

On dit que le film fait à peu près deux heures, mais personne ne l’a vu en entier. On dit aussi qu’il n’aurait été projeté qu’une fois, au début de l’année, dans une salle obscure à Hollywood, dans l’indifférence générale. Information invérifiable. Certains affirment même qu’aucun long métrage n’existe en réalité. Seule certitude, une bande-annonce de près de 14 minutes mise en ligne sur YouTube le 2 juillet 2012. Elle n’a attiré que 23 000 visiteurs en 2 mois. Devant ce fiasco, une version arabisée, avec un dialecte égyptien, est mise sur YouTube le 4 septembre. Dès le 5 septembre, Morris Sadek, un intégriste égypto-américain copte vivant aux Etats-Unis, à la tête de « L’Assemblée nationale copte américaine », aidé par l’intégriste américain protestant Terry Jones (un islamophobe notoire, qui a jugé le Coran « coupable » des attentats du 11 septembre avant de le brûler en public au printemps 2011), déclenchent l’amplification de masse via les réseaux sociaux. Ce dernier prévoyait même la diffusion du film à l’occasion de sa « Journée internationale du jugement de Mahomet » prévu pour commémorer à sa manière la tragédie du 11 septembre.

Dans cette volonté farouche de diffuser massivement le film, en vain tout de même, les intégristes américano-égyptiens furent aidés, la bêtise humaine ne connaissant aucune limite et aucune frontière, par les intégristes sunnites égyptiens ! L’Internationale Intégriste est née, alléluia ! Dans une démarche volontaire et irresponsable, alors que personne n’avait encore entendu parler de cette niaiserie aux bords du Nil, la chaine islamiste al-Nas (fondée en 2006 par un saoudien pour diffuser de la pop arabe, puis muter en l’espace de quelques mois en une chaine religieuse !), et d’autres chaines égyptiennes, ont décidé de passer des extraits du film en boucle à partir du 8 septembre. La machine s’est emballée, déclenchant la colère du monde arabo-musulman. De quelques milliers de vues on est passé aux dizaines de millions de vues ! Le zénith de la protestation est atteint le 11 septembre avec la mort de l’ambassadeur américain à Benghazi, Christopher Stevens, lors d'une opération milicienne préméditée qui n’avait rien de spontané.

Aujourd’hui le film est bloqué dans certains pays, à l’initiative de YouTube (Egypte, Libye), par YouTube à la demande des gouvernements (Malaisie, Indonésie, Inde), par les gouvernements eux-mêmes (Arabie saoudite, Pakistan, Afghanistan) et par décision de justice (Liban... à la demande d’une avocate activiste proche du Hezbollah, May el-Khansa). Le site de partage de vidéos en ligne a refusé la demande du gouvernement américain de retirer le film d’internet, puisque selon YouTube ce dernier répond clairement au règlement fixé par la société californienne.


Réactions dans le monde

Christopher Stevens
Si on survole l’ensemble des réactions qui ont accompagné ce film, ainsi que celles sur les caricatures de Charlie Hebdo, les musulmans du monde ont montré globalement une attitude remarquable et raisonnable qu’il faut saluer. Les protestations le jour de prière le vendredi 21 septembre, contre le film et les caricatures, tant redoutées dans le monde arabo-musulman, allant jusqu’au délire de la fermeture des écoles françaises à l’étranger, n’ont pas réussi à rassembler plus de quelque milliers de personnes au total et n’ont pu occuper les antennes télés plus de quelques minutes en tout et pour tout. Même en Egypte où les extrémistes sunnites ont tenté d’exploiter le fait que ceux qui sont impliqués dans la réalisation et la promotion du film sont coptes, l’embrasement de la rue n’a pas eu lieu. Dans les pays occidentaux, les réactions furent insignifiantes. Il faut dire que les autorités musulmanes ont très vite circonscrit le feu, notamment dans les pays concernés par les polémiques. En France, le Conseil français du culte musulman a demandé aux fidèles « de ne pas manifester car les manifestations peuvent faire l’objet de manipulations, de prendre de la hauteur et d’emprunter les voies légales et uniquement ces voies pour défendre la dignité et les intérêts de leur religion. » Même son de cloche de l’autre côté de l’atlantique pour l’Islamic Society of North American, « notre grand pays garantit à tous ses citoyens le droit à la liberté d’expression, et malheureusement, certains l’utilisent simplement pour perpétrer le sectarisme et la haine, créer des tensions et solliciter des réactions violentes de la part des musulmans. Il est essentiel que personne ne les aident dans cette tâche. »

Disons que paradoxalement, ce film et ces caricatures, ont eu le mérite, le grand mérite même, de montrer au monde entier un certain degré de maturité des communautés musulmanes. Exemplaire à tout égard à ne pas en douter. Il n’empêche que les êtres humains ont toujours tendance à se rappeler les mauvais souvenirs, plutôt que les bons. L’assassinat de l’ambassadeur américain en Libye, Christopher Stevens, qui était pourtant un ami du peuple libyen, par des islamistes d’Ansar el-Charia, restera dans l’histoire comme un acte criminel quand tout le monde aura oublié le nom  du réalisateur de la niaiserie youtubienne. L’incendie du KFC au Liban aussi ; ainsi que l’appel au meurtre des acteurs du film par un imam sunnite de Saida et le relèvement de la rançon pour l’assassinat de Salman Rushdie, par une fondation intégriste chiite d’Iran à 3,3 millions de dollars. Au même moment, le hasard a voulu que l'écrivain britannique sorte sa biographie, Joseph Anton (son pseudonyme en tant que fugitif), dans laquelle il revient sur la fatwa moyenâgeuse iranienne de 1989.


Réactions au Liban

Profitant de l’aubaine, Hassan Nasrallah exigea des lois internationales pour protéger l’Islam. En réalité, le chef du « parti d’Allah » cherche à redorer son blason terni par la révolution syrienne en mettant à son avantage l’effacement des leaders sunnites pour se présenter comme le « défenseur de l’Islam », et à motiver ses troupes (d’où son apparition publique) dans la perspective des élections législatives dans quelques mois. Dans cette surenchère religieuse, Samir Geagea, l’homme qui se trouvent pourtant de l’autre côté de l’échiquier politique libanais, lui donna entièrement raison sur le fond mais pas sur la récupération politique. De son côté, le cheikh salafiste Ahmad el-Assir, chouchou du moment, a considéré de la place des Martyrs, que « les pays qui permettent à ces extrémistes de porter atteinte aux religions sont eux-mêmes extrémistes. » Et dans la foulée, tous les chefs spirituels du Liban qui se sont réunis à Bkerké, chrétiens, sunnite, chiite et druze, ont appelé les Nations unies à mettre en place des résolutions qui interdiraient la diffamation des religions au niveau international.

Si on suit ce raisonnement jusqu’au bout, tout ce beau monde réclame en réalité indirectement, ni plus ni moins, la modification du premier amendement de la Constitution des Etats-Unis. Eh bien, il ne faut pas avoir peur du ridicule ! Que dit ce fameux amendement que tout le monde a entendu parler au moins une fois dans sa vie. « Le Congrès ne fera aucune loi pour conférer un statut institutionnel à une religion, (aucune loi) qui interdise le libre exercice d'une religion, (aucune loi) qui restreigne la liberté d'expression, ni la liberté de la presse, ni le droit des citoyens de se réunir pacifiquement et d'adresser à l'État des pétitions pour obtenir réparation de torts subis. » Impressionnant pour un texte qui date pourtant de 1791 ! Vouloir le changer, prête à sourire, pour qui connait bien les Etats-Unis. Comment peuvent espérer les hommes en soutanes du Liban, modifier l’amendement fondateur du plus grand espace de liberté au monde, quand on n’est même pas capable d’obtenir le retrait de ce film nase de YouTube tout simplement ! Comme c’était prévisible, la justice américaine a rejeté une demande  dans ce sens il y a quelques jours.

Tous les adeptes de la répression du « blasphème » doivent savoir, que l’esprit du Premier amendement, constitue la meilleure protection qui soit pour les religions, la liberté de culte et la liberté d’expression. Et de ce fait, nous devrions au contraire militer pour faire adopter cet amendement par l’assemblée générale des Nations-Unis, qui est actuellement en réunion à New York, et le faire figurer dans toutes les constitutions des pays membres, notamment les pays arabes qui en ont grandement besoin. Signalons au passage, que la notion de « blasphème » n’existe dans aucune démocratie digne de ce nom et de ce monde. Un constat à méditer longuement par les « nouvelles démocraties arabes » et par toutes les « soutanes unies d'Orient ».


Quelques évidences démocratiques

Face à la confusion des genres et le brouhaha ambiant, il est toujours utile de rappeler quelques évidences et faits démocratiques.

1. L’islam n’est pas la religion mal-aimé de l’Occident et les musulmans ne sont pas persécutés sur les terres traditionnellement chrétiennes. Partout où ces derniers se trouvent, la liberté de culte est de mise. Au même moment, le hasard des événements a voulu que le musée du Louvre à Paris rende hommage aux Arts de l’Islam en rouvrant le département qui leurs est consacré. Par contre, la réciprocité ne l’est pas toujours pour les non-musulmans dans le monde arabo-musulman. C’est le grand défi des nouvelles démocraties arabes, instaurer la liberté de croyance et de culte, dans les textes et les esprits, et ceci dès le plus jeune âge et dans tous les pays du Moyen-Orient.

2. Il est intéressant de rappeler aux croyants musulmans ce que la liberté d’expression a fait subir au christianisme en Occident. Je me limiterai à la France et à quelques cas médiatiques récents.
- Golgota Picnic, une pièce de théâtre de l’auteur argentin Rodrigo Garcia (2011). La pièce met en scène un Jésus fou, tyrannique, populiste, déconstruisant la personne et le message du « fils de Dieu ». Rassemblement et manifestations de fondamentalistes chrétiens pour interdire la pièce, en vain. La première parisienne s’est déroulée sous haute protection policière.
- Immersion (Piss Christ), est une photographie de l’artiste américain Andres Serrano (1987). Elle représente un crucifix immergé dans un liquide composé d’urine et de sang. Jugée blasphématoire à chaque exposition, elle fut endommagée en avril 2011 lors de sa présentation à Avignon, et les gardiens des lieux furent blessés par un groupe d’intégristes chrétiens.
- La Cène, une publicité de Marithé et François Girbaud (2005). L’affiche est un pastiche de La Cène de Léonard de Vinci. Jésus et les apôtres sont remplacés par des jeunes femmes et un homme dos nu. Une plainte est déposée par une association catholique contre les créateurs de vêtements. L’association gagne le procès en première instance et en appel. Mais la Cour de cassation finit par la débouter.
- La dernière tentation du Christ, un film du réalisateur américain Martin Scorcese (1988). Sur la croix, Jésus, « fils de Dieu » pour les chrétiens, hésite, rêve d’un destin ordinaire, se marier à Marie-Madeleine et fonder une famille, le temps d’une parenthèse, mais il finit tout de même par accomplir la mission que Dieu lui avait confiée, mourir sur la croix. Le scénario n’a pas plu aux communautés chrétiennes. Plusieurs cinémas furent incendiés par des fanatiques chrétiens. On dénombrera au total un mort et des dizaines de blessés.
Ce ne sont que quelques exemples, mais on voit bien qu’à chaque fois, il y a eu des protestations parfois avec violence, mais dans l’écrasante majorité des cas, au moins dans les exemples cités, la liberté d’expression a toujours triomphé.

3. Rien ne peut justifier la violence. Outre le fait que c’est un délit, voir un crime odieux comme c’est le cas pour l’ambassadeur américain et ses collègues, c’est un acte anti-démocratique par excellence. Ainsi aussi abjecte que cela puisse sembler pour certains, les provocateurs aussi minables qu’ils soient, sont démocratiques et dans la légalité, jusqu’à la preuve du contraire par la justice, les « offensés-violents » ne le sont jamais !

4. Tout différend, quel que soit sa nature, se règle dans les tribunaux et non devant le KFC, McDonald’s, Disney Land ou les ambassades américaines. Qui se sent offensé par un film ou des caricatures ou toute autre provocation, a parfaitement le droit de porter plainte et de demander réparation. Ceci étant, il doit comprendre, que le tribunal lui donne raison ou tort, le pouvoir judiciaire est souverain et ses décisions doivent être respectées. Cela porte un nom, l’Etat de droit.

5. Provoquer et caricaturer ne sont pas forcément des actes illégaux, même s’il s’agit de Dieu, d’Allah ou de Yahvé, c’est à la justice des hommes d’apprécier. Par contre, incendier, appeler aux meurtres et assassiner le sont dans tous les pays du monde. Il faut donc que justice soit faite. Certes, la Libye a présenté ses excuses aux Etats-Unis. Mais ce n’est pas suffisant. Les auteurs de l’attaque et l’incendie de l’ambassade américaine à Benghazi doivent être identifiés et jugés par les nouvelles autorités libyennes avec la plus grande sévérité. Idem pour les incendiaires du KFC de Tripoli au Liban.

6. S’attaquer aux représentations diplomatiques est un acte abominable qui n’a pas sa place dans un monde civilisé.


Le défi de l’islam ?

Au-delà des petites polémiques inconsistantes et passagères, tout ceci nous amène à un constat fondamental. Les communautés musulmanes, d’Orient comme d’Occident, doivent veiller à ne pas déplacer les batailles, à ne pas ouvrir de fronts stériles, à ne pas se battre contre des moulins à vent et à ne pas se perdre dans les palabres. Le défi de l’islam aujourd’hui ne réside pas dans des interrogations victimaires superflues sur ce qu’il adviendra de cette religion en Occident -terre qui même si elle est traditionnellement chrétienne, lieux où même si la discrimination peut exister, offre aujourd’hui toutes les conditions nécessaires pour garantir l’épanouissement des individus quelle que soit leur religion- mais dans des interrogations progressistes profondes sur ce qu’il adviendra de cette religion en Orient, terre multireligieuse et multiethnique, dominée par l’islam.

Au Moyen-Orient, comme partout ailleurs dans le monde, musulmans, chrétiens, juifs, athées, bouddhistes, rastas et j'en passe, ont une vie commune. Cette composition hétéroclite impose aux pouvoirs politiques de trouver un cadre général pour permettre à toutes et à tous, l’épanouissement individuel. Le Premier amendement de la Constitution américaine garantit six droits fondamentaux : aucune religion d’Etat, liberté de culte, liberté d’expression, liberté de la presse, liberté de se réunir et liberté d’action. De ce fait, il constitue un excellent cadre pour l’épanouissement des individus, le plus humaniste qui soit, le plus moderne aussi et surtout le plus démocratique. Il est parfaitement adapté aux sociétés multiethniques, multiconfessionnelles, multiculturelles et multipartites du 21e siècle.


Bonus : Les topless de Paris

Pour terminer sur une note humoristique, sachez que les enfantillages de l’hebdomadaire satirique la semaine dernière ont relégué au second plan le débarquement folklorique à Paris des ukrainiennes de Femen. Ce groupe composé d’une dizaine de jeunes féministes, militent activement depuis quatre ans pour promouvoir en Ukraine et dans le reste du monde, la démocratie, la liberté de la presse, les droits de la femme, la protection de l’environnement, la lutte contre la prostitution, le tourisme sexuel et la violence conjugale, à sa manière, contrairement aux us et coutumes, les seins nus s’il vous plaît et en shorty s’il le faut. Vive les topless de Paris ! Wlak ya heik nidal ya bala. 


Inutile de vous dire que c’est la médiatisation garantie à moindre frais. Les topless n’en bavent pas, les journalistes si ! Elles ont manifesté dans le passé devant l’ambassade d’Iran, pour protester contre une lapidation, et devant celle d’Arabie saoudite pour dénoncer l’interdiction à la femme de conduire. Au printemps dernier elles se présentent voilées sur le parvis du Trocadéro, puis retirent leurs vêtements devant les journalistes et les touristes en criant « plutôt à poil qu’en burqa ». La veille des JO de Londres, elles arrivent vêtues en homme, avant de finir la poitrine à l’air comme d’habitude, sous les cris de « No Sharia ». Aujourd’hui elles s’installent à Paris, pour ouvrir un « centre international d'entraînement pour les féministes ». On ne sait pas encore s’il y aura une présélection des candidates par les mensurations et l’allure pour n’en retenir que les plus photogéniques afin de garantir un meilleur impact médiatique ! Deux semaines de training physique et psychologique, dans le but de faire des stagiaires intéressées des soldats du féminisme. La responsable française prophétise même, que « les femmes arabes feront bientôt partie de notre mouvement ». Les salafistes des Champs-Elysées peuvent donc se rhabiller et aller se rincer l’œil du côté du théâtre du Lavoir Moderne dans le quartier de la Goutte d’Or. Et si Joumana Haddad, notre féministe nationale, est séduite par l’idée d’ouvrir une antenne de Femen à Beyrouth, elle sait ce qu'il lui reste à faire...

lundi 17 septembre 2012

Dieu, Allah, Yahvé et Baal : What God(s) Want(s) ? (Art.76)



Ra7it el sakra wou éjit el fakra !

Benoît XVI, Hassan Nasrallah, Innocence of Muslims... Les béatitudes planent et les tfeh pleuvent, les indignations s’expriment et les colères éclatent, les insultent fusent et les commentaires se manifestent, la violence s’installe, la haine se déchaine et l’amour meurt.

Et pourtant, une question me taraude l’esprit : What God(s) Want(s) ? Au singulier ou au pluriel, autant d’avis que d’êtres humains, personnalités schizophréniques incluses et une tentative de réponse de Roger Waters (Pink Floyd) dans son album Amused to Death. A écouter sono à fond, avec un casque de bonne qualité SVP, plein les oreilles, paroles sous les yeux, neurones en alerte et un double expresso.

Pour moi, la réponse est claire : qu'importe ! Ce que les femmes et les hommes ont uni, Dieu, Allah, Yahvé et Baal, tout puissants qu'ils soient, ne peuvent pas le séparer. Pour ce qui est du « blasphème », sujet récurrent aussi bien dans le christianisme, se souvenir de la polémique sur la pièce de théâtre Golgota Picnic (en décembre dernier), que dans l'islam, avec l'affaire du film Innocence of Muslims (actuellement), de deux choses l'une: soit Dieu existe et il n’a pas besoin de la mobilisation zélée des mortels pour le défendre, il saura le faire comme un Grand ; soit Dieu n’existe pas, le blasphème devenant ainsi une interprétation délirante, au sens psychiatrique, de la sacro-sainte liberté d’expression par les esprits étroits des plus communs des mortels. En somme, on revient à la schizophrénie, qui guide le peuple... à la place de la liberté, de l’égalité et de la fraternité !

Bonne chance à toutes et à tous.


Réf.

Amused to Death - Roger Waters
Wikipédia

« Amused to Death est le troisième album studio de Roger Waters, sorti le 1er septembre 1992.

Roger Waters continue à exprimer sa désillusion de la société occidentale, en particulier l'influence de la télévision et des médias de masse. Le nom de l'album est inspiré du livre Amusing Ourselves to Death de Neil Postman, qui traite de ce même thème.

Amused to Death se présente comme un concept-album centré sur l'idée d'un singe installé devant une télévision et zappant au hasard. Il explore de nombreux thèmes politiques et sociaux et critique acerbement la religion (What God Wants), la guerre du Golfe (The Bravery of Being Out of Range), le personnage de Tchang Kaï-chek, la mondialisation ou la répression des manifestations de la place Tiananmen (Watching TV).

L'album s'ouvre et se termine sur le témoignage d'un vétéran de la Première Guerre mondiale, Alfred « Alf » Razzell, qui raconte comment il dut abandonner un camarade mourant, William « Bill » Hubbard (à qui l'album est dédié), au beau milieu du no-man's land qui séparait les tranchées des deux camps, et comment, soixante-dix ans plus tard, la vision du nom de Bill Hubbard sur un monument aux morts le libéra en partie de ce pénible souvenir. »


What God Wants, Part II - Roger Waters (lyrics)

What God want
What God want
What God want
What God want
What God want
What God want

Do you believe in a better day
Do you have faith in a golden way
If you do, then we must come together this day
Come together as one united television audience
Brought together by the sound of my voice

What God wants God Gets

United! United financially! United socially!
United spiritually and all possible ways!

What God wants God gets God help us all
What God wants God gets God help us all

Through the power of money
And the power of your prayers
I'm asking you to do changes
To say your prayers...

What God wants God gets

God wants dollars
God wants cents
God wants pounds shillings and pence
God wants guilders
God wants kroner
God wants Swiss francs
God wants French francs

Oui il veut des francs francais! Ha ha ha ha!

God wants escudos
God wants pesetas
Don't send lira
God don't want small potatoes
God wants small towns
God wants pain
God wants clean up rock campaigns
God wants widows
God wants solutions
God wants TV
God wants contributions

What God wants God gets God help us all
What God wants God gets
What God wants God gets God help us all
What God wants God gets

God wants silver
God wants gold
God wants his secret
Never to be told
God wants gigolos
God wants giraffes
God wants politics
God wants a good laugh

What God wants God gets God help us all
What God wants God gets

God wants friendship
God wants fame
God wants credit
God wants blame
God wants poverty
God wants wealth
God wants insurance
God want to cover himself

What God wants God gets God help us all
What God wants God gets
What God wants God gets God help us all
What God wants God gets
What God wants God gets God help us all
What God wants God gets
What God wants God gets God help us all
What God wants God gets
What God wants God gets God help us all
What God wants God gets


Vidéos YouTube : What God Wants (part II) - Roger Waters