mercredi 28 février 2018

Israël vs. les Eglises de la Terre sainte et d'Orient (Art.513)


Pour que les Eglises en Orient décident de fermer le Saint-Sépulcre pendant plusieurs jours, c'est que les projets d'Israël sont inquiétants. 


1. Le tombeau de Jésus, un lieu saint pour la moitié de l'humanité  


Si l'endroit était un lieu comme les autres, nous déclarerions que l'affaire ne concerne que les autorités locales. Mais ce n'est pas le cas, le site est tout simplement exceptionnel. Le Saint-Sépulcre est un sanctuaire. Il possède un caractère sacré qui concerne la communauté internationale dans son ensemble. C'est le lieu de crucifixion de Jésus de Nazareth (le Golgotha) et le lieu où son corps fut déposé après sa mort (le Saint-Sépulcre).

Rappelons à tout hasard que pour les Chrétiens, Jésus est le fils de Dieu incarné, mort et ressuscité trois jours après sa mort. Pour les Musulmans, c'est un prophète d'Allah, dont le sort est incertain. Pour les uns et les autres, le fils de Marie, immaculée et vierge, est un messie conçu par Dieu, qui reviendra sur Terre à la fin des temps. De ce fait, le tombeau présumé de Jésus de Nazareth, autour duquel est bâtie la basilique de la Résurrection, kanissat el-qiyamat, est le site de pèlerinage le plus important au monde pour les 2,419 milliards de personnes de confession chrétienne sur Terre. Pour que les Eglises de la Terre sainte décident à l'unanimité de fermer ce lieu saint aux fidèles et aux touristes, pendant plusieurs jours, c'est que l'heure est grave.

قبر يسوع المسيح في كنيسة القيامة في القدس
Le tombeau de Jésus dans la basilique du Saint-Sépulcre à Jérusalem-Est lors de la fête de Pâques en 2016. Crédit photo: Thomas Coex / AFP

2. Les raisons de la fermeture du Saint-Sépulcre par les Eglises de la Terre sainte et d'Orient


Dans une déclaration commune, le patriarche grec orthodoxe de Jérusalem Theophilos III, le custode de Terre Sainte de l'ordre catholique des Franciscains, frère Francesco Patton, et un représentant du patriarche arménien apostolique, Nourhan Manougian, font état de leur « grande préoccupation », à cause de la « campagne systématique et agressive » des autorités locales et nationales israéliennes, qui visent à « affaiblir la présence chrétienne à Jérusalem ». Ce qui préoccupe les chefs des Eglises en charge du Statu quo ce sont deux choses distinctes.

D'une part, la décision de la municipalité de Jérusalem d'imposer des taxes sur les biens fonciers non cultuels des Eglises. On pourrait donner raison au maire de la ville, Nir Barkat, s'il n'avait pas de visées politico-idéologiques derrière la tête et si cette mesure n'était pas une « violation flagrante du Statu quo » existant depuis des siècles avec les autorités civiles qui se sont succédées dans la ville sainte, ottomanes, britanniques et même israéliennes. Cette exemption n'est pas un privilège tombé du ciel, elle a été accordé eu égard des actions sociales de ces Eglises en Terre sainte en général et à Jérusalem en particulier.

Une telle imposition menacerait donc les différentes missions des Eglises chrétiennes dans la ville sainte (accueil des pèlerins, construction et gestion des écoles et hôpitaux, mise à la disposition des familles les plus démunies de logements, etc.). Dans tous les cas, il est évident qu'on ne peut pas changer un statu quo centenaire d'une manière unilatérale et brutale, encore moins pour des raisons polico-idéologiques, comme on le verra plus loin.

D'autre part, il y a le projet de loi qui devrait être déposé au Parlement israélien concernant les terres des Eglises. Là aussi, on pourrait donner raison à la Knesset si les parlementaires israéliens avaient la légitimité pour statuer sur cette question, s'ils n'avaient pas de visées politico-idéologiques derrière la tête et si cette mesure ne constituait pas une « loi discriminatoire et raciste qui vise uniquement les propriétés de la communauté chrétienne en Terre Sainte ».

Une telle loi accorderait à l'Etat hébreux le droit d'expropriation des biens fonciers ecclésiastiques vendus à des sociétés privées après l'année 2010. Les chefs des Eglises vont jusqu'à déclarer que « cela nous rappelle toutes les lois de même nature qui ont été adoptées contre les Juifs pendant les périodes sombres en Europe. » Et si c'est si fort, c'est parce qu'Israël fait fi du droit international comme on le verra plus loin.

3. Les motivations de la municipalité de Jérusalem et de l'Etat d'Israël


Le projet de loi est retiré temporairement et rien ne dit qu'il sera adopté par la Knesset le moment venu. Mais rien ne dit non plus, qu'il sera rejeté ou remis aux calendes grecques. Tout ce que l'on sait pour l'instant, c'est que son examen a été reporté dimanche dernier à une date ultérieure. Certes, Israël a annoncé aussi la suspension des décisions municipales de Nir Barkat mardi. Mais là aussi, aucune solution du problème de fond n'est en vue pour le moment, même si les portes du Saint-Sépulcre sont de nouveaux ouvertes aux fidèles et aux touristes.

L'enjeu du projet de loi israélien est facile à comprendre. Il est et il restera la colonisation israélienne des Territoires palestiniens occupés en général et de Jérusalem-Est en particulier. En contrôlant la vente des biens fonciers des Eglises chrétiennes, l'Etat israélien veut contrôler en réalité, l'identité des nouveaux propriétaires qui s'installe dans la ville sainte, et plus grave encore, trouver de nouveaux biens fonciers pour construire de nouvelles colonies juives ou élargir celles existantes. C'est pour cette raison que les Eglises en Orient ont haussé le ton, afin d'amener la communauté internationale à prendre conscience de ce que trame l'Etat hébreux et à dénoncer son projet abjecte.

Pour les motivations de la municipalité de Jérusalem, les choses sont un peu plus compliqué. Celle-ci cherche avant tout à combler son grave déficit budgétaire et sa gestion calamiteuse de la ville, des dépenses de plus en plus croissantes et des recettes qui ne suivent pas. Une grande partie des habitants n'est pas imposable. Une partie des Hiérosolymitains arabes, mais surtout des Hiérosolymitains juifs orthodoxes et leurs familles nombreuses ne travaillent pas et vivent largement des aides sociales. La municipalité espère récupérer l'équivalent de plus de 150 millions d'euros. Dans une année électorale, où Nir Barkat voudra briguer un 3e mandat, ce pactole est précieux. Le timing ne doit donc rien au hasard. En automne, les Israéliens sont appelés aux urnes. C'est d'autant plus précieux que le bilan du second mandat n'est pas à l'avantage du maire sortant. Il est marqué par le licenciement récent de 2 150 employés municipaux. A défaut de réussir à modifier le Statu Quo avec les Eglises chrétiennes, Nir Barkat veut faire pression sur le gouvernement de Netanyahu pour obtenir plus de subventions.

4. Qui est vraiment Nir Barkat, le maire de Jérusalem-Ouest et des colons israéliens de Jérusalem-Est ?


Nir Barkat est d'abord un ex-officier de Tsahal. Il a pris part aux combats lors de l'invasion israélienne du Liban en 1982. Après six ans de bons et loyaux services, et le lot conséquent d'atrocités commises par l'armée israélienne au pays du Cèdre, l'officier entame sa seconde vie en tant qu'homme d'affaires dans le domaine informatique. Il fait rapidement fortune ce qui facilitera sa mue et son entrée dans l'arène politique. Il entame sa troisième vie dans le Likoud, un parti de droite nationaliste, conservatrice et libérale, partisan du Grand Israël et de la colonisation massive des Territoires palestiniens occupés. Les figures importantes du Likoud sont Benyamin Netanyahou (actuel Premier ministre), Menahem Begin et Ariel Sharon (responsables de l'invasion du Liban en 1982) et Ehud Olmert (le chef de la guerre sur le Liban de juillet 2006).

Nir Barkat doit ses minces victoires électorales municipales de 2008 et 2013 à ses idées nationalistes (c'est un fervent opposant au partage de la ville entre Israël et la Palestine), à ses idées colonialistes (c'est un fervent partisan de la colonisation de Jérusalem-Est), à l'abstention massive des électeurs israéliens (davantage chez les Israéliens arabes), et à la crainte des Israéliens laïcs de l'arrivée au conseil municipal des extrémistes juifs (orthodoxes). Dans tous les cas, aux dernières élections municipales, 74% des électeurs de Jérusalem n'ont pas voté, et sur les 36% qui se sont exprimés, seuls 51% ont voté pour Nir Barkat. Pas de quoi pavoiser, sachant en plus, que 99% des 300 000 Palestiniens de Jérusalem-Est ont boycotté le scrutin!

Son élection est tellement dépendante des partis religieux juifs et de l'extrême droite qu'en 2016 il a refusé de participer à la Gay Pride organisée dans la ville, à cause du « préjudice subi par le public haredi (les ultra-orthodoxes), le public religieux et les traditionalistes ». Et pour cerner sa personnalité davantage, il faut savoir qu'en 2015, il a appelé les citoyens Israéliens juifs à porter les armes pour faire face aux Palestiniens, un fusil automatique à la main, pour donner l'exemple sans doute, et dans les quartiers arabes occupés de la ville svp (voir photo). Il fallait bien faire comprendre à ses administrés palestiniens qui dicte la loi à Jérusalem-Est. Un grand esprit démocrate et humaniste le Barkat!

Un jour, il était interrogé sur sa politique abjecte de discrimination (10% du budget municipal de l'éducation et des infrastructures étant consacré à Jérusalem-Est et 90% à Jérusalem-Ouest) et de colonisation (il est interdit aux Palestiniens d'acheter des biens immobiliers et fonciers en Israël, alors que les Israéliens s'offrent le droit et le luxe de coloniser massivement les Territoires palestiniens occupés), il faut voir à quel point il était embarrassé, avalant sa langue et mangeant ses mots.

En un mot justement, on peut dire que Nir Barkat est maire de Jérusalem-Ouest et des colons israéliens-juifs de Jérusalem-Est. Ça fait long comme titre, mais c'est la triste réalité.

5. Alors sauriez-vous trouver le mot-clé, qui résume à lui seul le bras de fer entre les Eglises chrétiennes et l'Etat hébreux ?


Les principaux gardiens des lieux saints chrétiens à Jérusalem sont l’Église orthodoxe grecque, l’Église catholique romaine et l'Église orthodoxe arménienne. Les Eglises orthodoxes Coptes, Éthiopiens et Syriaques ont aussi des responsabilités, mais d'une moindre importance. D'autres Eglises catholiques et protestantes sont présentes en Terre sainte : maronite, catholique arménienne, melkite, syriaque, chaldéenne, anglicane et luthérienne.

Adib Jawad Joudeh Al-Husseini
"The Muslim man with the key
to the Holy Sepulchre Church"

BBC, 9 May 2017
La gestion des lieux, le partage des édifices et l'organisation des heures de prière constituent ce qu'on appelle le Statu Quo en Terre sainte. Celui-ci est garanti par le traité de Berlin (conclu en 1878 entre les grandes puissances européennes et l'empire ottoman) et les lois musulmanes du Waqf islamique de la ville sainte, mais aussi par le Royaume Uni (mandataire de la Palestine entre les deux guerres) et l'Etat d'Israël (après al-Nakba en 1948), ainsi que par des usages séculaires. Comme l'ont souhaité le calife Omar en 637 et Saladin en 1192, la porte du Saint-Sépulcre est gardée par une famille musulmane, les Nusseibeh, et la clé proprement dite, par une autre famille musulmane, les Joudeh. Matin et soir, c'est le même rituel au Saint-Sépulcre, depuis des siècles.

Et puis un beau jour du mois de février de l'an de grâce 2018, les autorités israéliennes ont ressorti un projet de loi, concocté sur mesure, qui traine pourtant dans les tiroirs depuis juillet 2017, et Nir Barkat, le maire-shérif comme on l'appelle, se réveilla à la 10e année de son règne et eut la brillantissime idée de renflouer les caisses vides de sa municipalité par le denier des Eglises chrétiennes en Terre sainte.

Que personne ne perde le nord, la question, la seule, est de savoir, comment ont-ils osé? Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans cette affaire! Effectivement, rien de tout cela n'aurait pu avoir lieu, au moins en ce moment, si le président américain, Donald Trump, n'avait pas décidé de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël et d'y transférer l'ambassade américaine de Tel-Aviv au mois de mai! Le bras de fer entre les 13 Eglises officielles de Jérusalem et les autorités israéliennes, locales et nationales, est l'une des conséquences indirectes du soutien inconditionnel américain en général, et de l'administration Trump en particulier, à Israël, ainsi que de l'indulgence de la communauté internationale, notamment de l'Union européenne, avec l'Etat hébreux.

Cette affaire fait couler beaucoup d'encre et pourtant c'est l'archevêque palestinien Atallah Hanna, du Patriarcat grec orthodoxe de Jérusalem, qui résume la situation le mieux. « Les autorités d'occupation (israéliennes) cherchent à changer cette réalité dans le but d'étendre leur contrôle sur Jérusalem et d'affaiblir et de marginaliser la présence des Arabes et des Musulmans en général, et des Chrétiens en particulier, dans la ville. Nous ne céderons pas à ces décisions suspectes et injustes. » Alors, sauriez-vous trouver dans ce paragraphe le mot-clé qui résume à lui seul le fond du problème ? C'est « occupation » et rien d'autre.

Le bras de fer entre les Eglises en Orient et l'Etat hébreux nous rappelle deux réalités incontestables.
. D'une part, Israël est une puissance occupante de Jérusalem-Est et de la Cisjordanie, territoires acquis durant la guerre des Six Jours en 1967 et conserver par la force, en violation d'une dizaine de résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU.
. D'autre part, la vie sous occupation israélienne est faite de violation de droit, d'arbitraire et d'injustice, mais aussi de répression, d'emprisonnement, de destruction, de blessés et de morts, ainsi que d'impositions nouvelles et d'expropriations de terres.

Par conséquent, les autorités d'Israël, que ce soit au niveau national, le gouvernement Netanyahou, comme au niveau local, la municipalité de Nir Barkat, n'ont aucune légitimité pour lever des impôts et des taxes dans une ville considérée comme occupée par le droit international. Les Eglises de la Terre sainte présentes à Jérusalem-Est n'ont donc pas à payer un shekel à l'occupant israélien. D'ailleurs, ça doit être le cas de tous les Palestiniens, musulmans et chrétiens, de tous les Territoires palestiniens occupés par Israël. La souveraineté israélienne s'arrête aux frontières de 1967. C'est le droit international qui le dit.

Alors, la question qui s'impose de nos jours est celle de savoir jusqu'à quand Israël bénéficiera d'une immunité diplomatique malgré sa violation des décisions du Conseil de sécurité de l'ONU, à savoir les résolutions 242 (votée le 22 novembre 1967), 252 (21 mai 1968), 267 (3 juillet 1969), 298 (25 septembre 1971), 338 (22 octobre 1973), 446 (22 mars 1979), 465 (1er mars 1980), 476 (30 juin 1980), 478 (20 août 1980) et 2334 (23 décembre 2016).

Dans cette dernière, votée à l'unanimité avec l'abstention historique des Etats-Unis (du temps d'Obama!), le Conseil de sécurité « réaffirme que la création par Israël de colonies de peuplement dans le Territoire palestinien occupé depuis 1967, y compris Jérusalem-Est, n’a aucun fondement en droit et constitue une violation flagrante du droit international et un obstacle majeur à la réalisation de la solution des deux États et à l’instauration d’une paix globale, juste et durable ». Voilà, la messe est dite.

6. L'enjeu pour Israël est encore et toujours le même, le contrôle géographique et démographique de Jérusalem-Est, un territoire palestinien occupé


Qui dit « occupation », dit « colonisation », deux mots-clés jumeaux qui résument bien l'enjeu du bras de fer entre les Eglises de la Terre sainte et l'Etat hébreux. Qui croit que Nir Barkat, membre du Likoud, a agit sans l'approbation de Benjamin Netanyahou, chef du Likoud, sur un sujet aussi grave, est un naïf qui a trop abusé de falafels depuis le début de la semaine. Non seulement les deux hommes se sont concertés, mais ils ont établi ensemble l'offensive actuelle contre les Eglises en Orient.

Netanyahou est chargé de trouver des terres pour établir de nouvelles colonies isaéliennes à Jérusalem-Est, à charge de Nir Barkat de trouver l'argent pour les construire et d'aider les nouveaux colons juifs à s'y installer. Non mais il faut être né de la dernière pluie pour ne pas saisir que le droit d'expropriation qu'Israël veut s'octroyer sur les ventes des biens ecclésiastiques visent triplement : à mettre la main sur de nouveaux biens fonciers, à empêcher les ventes à des non-Israéliens et des non-Juifs, et à obliger les Eglises de la Terre Sainte à ne vendre de facto qu'à l'Etat israélien. Le projet de loi israélien est tout simplement infâme.

Au fond, Israël prend les gens de par le monde pour des cons. Ce n'est pas nouveau. Libre à ceux qui se laissent faire. Mais l'Etat hébreux doit comprendre qu'il y a dans ce monde des gens qui ne le sont pas et qui ont de la mémoire. Le 29 octobre dernier, il y a quatre mois seulement, un autre projet de loi infâme devait être examiné au Parlement israélien. Son titre suffit à vous donner une idée de son contenu: le « Grand Jérusalem ». Il propose, tenez-vous bien, de placer des colonies juives en Cisjordanie, sous l'administration juridique de la municipalité de Jérusalem, contrôlée par Nir Barkat. C'est une annexion de facto des colonies israéliennes dans les Territoires palestiniens occupés. C'est pas génial comme idée? D'une part, Israël renvoie l'application des résolutions de l'ONU aux calendes grecques, et d'autre part, l'Etat hébreux, ramène 150 000 électeurs juifs de plus à Nir Barkat et ses amis.

Plus grave encore, deux jours après la prise de fonctions de Donald Trump, le 22 janvier 2017, les services municipaux du célèbre Nir Barkat ont estimé que « les règles du jeu ont changé » et ont annoncé l'expansion des colonisations israéliennes à Jérusalem-Est, précisant que « ces 566 (nouveaux) logements (à construire) ne sont qu'un coup d'envoi, nous avons des plans pour la construction de 11 000 logements qui attendent les autorisations ».  Le 8 novembre dernier, l'extension de la colonisation israélienne s'élevait à 240 logements, et le 25 octobre, le plan de colonisation juive concernait la construction de 176 logements dans la partie arabe de la ville sainte. Ça va aller ou il vous faut un dessin?

Plantu, 29 juillet 2015
Après l'annonce de la construction
de 500 logements à Jérusalem-Est
et 300 logements en Cisjordanie

Avec Israël -grande démocratie comme je l'ai écrit dans un article récent, soit dit au passage- tout suit la logique du fait accompli. Dès qu'il s'agit des Palestiniens, tout est violation du droit international et des droits de l'homme. Grâce à un effort constant et continu dans ce sens de la part d'Israël, plus de 500 000 Israéliens-Juifs sont implantés sur les territoires palestiniens conquis par la force des armes en 1967, dont la moitié dans la ville sainte. Le bras de fer actuel entre les Eglises de la Terre sainte et l'Etat hébreux, n'est qu'un nouveau chapitre ouvert de la judéisation de Jérusalem-Est.

Par conséquent, il est grand temps de ramener l'Etat hébreux à respecter les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU. Il est là le fond du problème. Tout le reste n'est que palabres. Israël n'a pas la légitimité nécessaire pour lever des impôts et imposer des taxes dans les Territoires palestiniens occupés, encore moins d'exproprier qui que ce soit, en violation flagrante du droit international. Ni à Jérusalem-Est ni en Cisjordanie. Ni avec les Eglises de la Terre sainte ni avec les Palestiniens de tous les Territoires palestiniens occupés.

La colonie israélienne d'Har'Homa / Homat Chmouel
Elle est construite illégalement sur le "Territoire palestinien occupé" de Jérusalem-Est. Commencée à partir de 1997, sous le gouvernement Netanyahou, après l'expropriation des Palestiniens de leurs terres. La colonie compte 10 000 colons israéliens juifs actuellement. Mais il est prévu qu'elle accueillera 30 000 colons à terme.
Crédit : Ahmad Gharabli / AFP

dimanche 18 février 2018

Que pensent les gens de la gouvernance de leur pays par l'armée, un leader fort, des experts, le peuple ou des élus ? (Art.511)


Enquête dans 38 pays du monde, dont le Liban, la France, l'Allemagne, la Suède, le Canada, le Royaume-Uni, l'Italie, la Tunisie, la Turquie, Israël, la Russie, l'Australie et les Etats-Unis.



Le Pew Research Center


Elles peuvent susciter la polémique, surtout quand elles abordent des sujets sensibles comme la religion, jamais l'indifférence ou le désintérêt. Les études du Pew Research Center sont toujours attendues. Ce think tank américain basé à Washington est devenu en moins d'une quinzaine d'années une référence internationale. Ses publications concernent la politique et la législation américaines, mais aussi les tendances politiques, sociales et démographiques dans le monde. Celle du mois d'octobre s'intéresse à l'évaluation des systèmes de gouvernance par les populations de 38 pays. Au total, 41 953 personnes ont été interrogées. Comme nous sommes la veille de nouvelles élections législatives au Liban, il serait utile de revenir sur les chiffres.

Dans chaque pays, on a demandé aux gens si les systèmes de gouvernement suivants seraient pour eux une « très mauvaise / plutôt mauvaise / plutôt bonne / très bonne » manière de gouverner leur pays : la démocratie représentative, la démocratie directe, un régime d'experts, un régime de dirigeant fort et un régime militaire. Deux questions supplémentaires ont été posées aux gens pour savoir s'ils font confiance au gouvernement national et s'ils sont satisfaits de leur démocratie.


Démocratie représentative : « un régime démocratique dans lequel des représentants élus par les citoyens décident des lois »


- Dans tous les pays interrogés, sans exception, la majorité des gens pensent que la démocratie représentative est une bonne manière de gouverner leur pays. C'est plutôt très rassurant! Dans 31 pays sur 38, on est plus de 2/3 à le croire. Et même dans 26 pays, 3/4 des gens le pensent.

- On retrouve les populations les plus enthousiastes pour la démocratie représentative dans les pays occidentaux (74-92%), sans surprise. Le record est détenu par les Suédois (92%), suivis de près par les Allemands (90%). C'est dans ces pays qu'on trouve le taux le plus faible de mauvaise opinion pour cette gestion politique de la vie collective (moins de 10%).

- A l'inverse, on retrouve les populations les moins enthousiastes pour la démocratie représentative dans les pays en développement. Le triste record est détenu par les Tunisiens, ex aequo avec les Colombiens. Ils ne sont que 53% à penser que la démocratie représentative est un bon système de gouvernement, 39% d'entre eux pensent même que c'est un mauvais système.

- En Europe du Nord (Suède, Allemagne), ainsi que dans les pays anglosaxons (Royaume Uni, Etats-Unis, Canada, Australie), on croit un peu plus que dans les pays d'Europe du Sud (Italie, Grèce, Espagne) à la démocratie représentative, respectivement, 90-92%, 84-88% et 74-79%.

- Avec 81% de bonnes opinions, la France se situe entre les deux groupes. Toutefois, jusqu'à 18% des Français pensent que la démocratie représentative est un mauvais système. C'est presque le même profil que les voisins-ennemis, les Grecs (78% et 20%) et les Turcs (80% et 16%). Ce n'est pas très glorieux ni pour cette grande démocratie, ni pour le berceau de la démocratie, ni pour ces candidats pour entrer dans le bastion démocratique européen ! Les chiffres français s'expliquent aisément par la présence ancrée dans l'échiquier politique des tendances extrêmes, droite et gauche. De Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon, nombreux sont ceux qui s'estiment mal représenter par la démocratie représentative.

- Les Libanais s'en sortent avec des scores très honorables : ils sont à 85% à croire que la démocratie représentative est un bon système de gouvernement et seulement 14% à penser le contraire. On fait mieux que les Français pardi! Les Libanais pensent comme les Anglosaxons (Anglais, Américains, Canadiens et Australiens) plutôt que comme les Méditerranéens des deux rives (Italiens, Espagnols, Grecs, Tunisiens). Les Libanais ont exactement le même profil que les Ghanéens sur ce point, et surprise, pratiquement la même façon de penser de la « démocratie représentative » que les Israéliens (87% la considèrent « bonne » et 11% « mauvaise »). No offense!

Démocratie directe : « un régime démocratique où les citoyens, et non des représentants élus, votent directement sur les principales questions nationales afin de décider des lois »


- L'adhésion de l'écrasante majorité des peuples interrogés à la « démocratie directe » est certaine. Dans 36 pays sur 38, plus de la moitié de la population trouve que ce système aussi constitue une bonne manière de gouverner.

- Seuls les Tunisiens et les Jordaniens pensent que c'est une mauvaise manière (57 et 55%).

- En tête des populations les plus enthousiastes se trouvent les Turcs et les Libanais figurez-vous (84 et 83%). Déçus par nos représentants, déçus par nos leaders, déçus par nos lois électorales, nous autres Libanais croyons que la planche de salut serait de retourner à la source de tout pouvoir politique, le peuple. Sauf que ce qui marche pour la Suisse de l'Occident, ne fonctionnera pas forcément dans la Suisse de l'Orient, pour deux raisons très simples: le raisonnement communautaire et l'élan de domination présents dans toutes les communautés et les partis politiques libanais.

- Les Français et les Allemands manifestent beaucoup plus d'intérêt pour la « démocratie directe » (tous deux à 74%), que les Suédois et les Néerlandais (57 et 55%), qui la trouvent « mauvaise » à hauteur de 41 et de 44%.

- Dans tous les cas de figure, cette adhésion mondiale est nettement moins importante que pour la « démocratie représentative », à quelques exceptions (Russie, Turquie, Mexique, Colombie, Chili). « Le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple », ah, tout le monde voudrait mettre en œuvre la formule d'Abraham Lincoln, le 16e président des Etats-Unis, sauf que ce n'est pas si simple, il faut que le régime démocratique qui en découle fonctionne et ne soit pas paralysé. Et c'est bien cela qui explique en grande partie la différence d'adhésion des populations aux deux types de démocratie.

Pays dirigé par des experts : « des experts, et non des représentants élus, décident en fonction de ce qu'ils pensent être le mieux pour le pays »


- L'idée a de quoi séduire en théorie, sauf qu'à partir de là, le temps se gâtent et les résultats surprennent. Mais enfin, qui peut douter un instant que des technocrates, pardon, des experts, feront des miracles et des merveilles? Eh bien, la majorité des gens, au moins dans les démocraties occidentales! Si le monde est dans un sale état, c'est justement à cause de tous ces experts qui succèdent à la cour des politiciens depuis des décennies.

- En France, Allemagne, Suède, Royaume Uni, Etats-Unis, Canada et Australie, plus de la moitié de la population pense qu'un pays dirigé par des experts constituent une mauvaise manière de gouverner (53-63%).

- Devinez maintenant quel est le peuple qui pense exactement le contraire? Eh bien, nous autres Libanais et à 70% svp, le record mondial, au moins parmi les 38 pays interrogés! Bon, il faut reconnaître que les politiciens libanais laissent tellement à désirer, que les pauvres citoyens croient forcément à la panacée des experts !

- Les Hongrois, les Vietnamiens, les Nigériens et les Russes eux aussi, croient dans l'expertise des experts.

- Dans les pays occidentaux, le soutien à la technocratie est plus grande chez les moins de 30 ans que parmi les plus de 50 ans.

Pays dirigé par un dirigeant fort : « un régime dans lequel un dirigeant fort peut prendre des décisions sans interférence du Parlement ou du pouvoir judiciaire »


- Tout le monde voudrait avoir un dirigeant fort. Mais là il est question d'un régime où le dirigeant du pays aurait le pouvoir absolu de prendre des décisions importantes indépendamment des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaires. Bienvenue dans l'autocratie.

- Sans surprise, ce sont les Allemands qui rejettent le plus massivement une telle configuration politique. A 93%, ils trouvent qu'elle constitue une mauvaise manière de gouverner. Ils sont rejoints par les Suédois, les Néerlandais, les Français et les Grecs.

- Et qui arrive en 6e position svp? Nous autres Libanais! Pavoisez, il y a de quoi. Nous pensons à 84% que le régime d'un leader fort incontrôlable, constitue une « mauvaise » gouvernance, comme les Espagnols. Et si on ne s'intéresse qu'à ceux qui pensent que c'est une « très mauvaise » gouvernance, les Libanais remportent la médaille de bronze, ex-aequo avec les Sénégalais (68%), l'argent va aux Suédois (70%) et l'or aux Néerlandais (73%). Par comparaison, les Allemands et les Grecs sont à 63% à penser que c'est une très mauvaise gouvernance, les Américains sont à 55%, Canadiens 54%, Français 52%, Australiens 50%, Anglais 45%, Israéliens 36%, Japonais 29% et les Russes seulement à 13%.

- Les plus enthousiastes pour le régime autocratique sont les Indiens, les Indonésiens et les Philippins, trois populations qui ont un profil comparable sur tous les paramètres, à quelques exceptions près. Dans ces trois pays, plus de la moitié de la population (50-55%) pense qu'un « pays dirigé par un dirigeant fort » est une bonne manière de gouverner. Au pays de Rodrigo Duterte, rien d'étonnant. Au diapason, mais dans une moindre mesure, les Russes et les Turcs (48% et 40%). Rien d'étonnant non plus aux pays de Vladimir Poutine et de Recep Tayyip Erdogan ! Par comparaison, c'est 25% pour les Israéliens, 22% pour les Américains, 14% pour les Libanais, 12% pour les Français et seulement 6% pour les Allemands, record mondial.

- Sur ce point, on observe un certain clivage dans les pays occidentaux entre les démocraties européennes et les démocraties anglosaxonnes. Alors qu'en Espagne, Grèce, France, Pays-Bas, Suède et Allemagne, on pense à hauteur de 84-93% de la population qu'un « pays dirigé par un dirigeant fort » est une mauvaise manière de gouverner, ils ne sont qu'entre 71-81% à le penser au Royaume Uni, Etats-Unis, Australie et Canada.

- Autre résultat intéressant, c'est le cas de l'Italie et du Japon, deux pays qui ont pourtant connu les dérives d'un régime autoritaire, comme l'Allemagne et l'Espagne. La majorité des deux populations rejette le régime du dirigeant fort, mais seulement à hauteur de 66 et 61%, deux exceptions parmi les grandes démocraties. Jusqu'à 29% des Italiens et 31% des Japonais trouvent que ce régime constitue une bonne manière de gouverner.

- Dans quatre pays seulement, une majorité de la population ou presque, pense que ce type de régime constitue une bonne gouvernance: Russie, Philippines, Indonésie et Inde (48-55%), la population est pratiquement partagée dans les deux premiers.

Pays dirigé par l'armée : « un régime où l'armée dirige le pays »


- La majorité des populations du monde, de l'étude, rejette ce type de régime mais à des degrés différents (52-95%).

- C'est en Europe du Nord, qu'on trouve les scores les plus élevés contre ce type de régime. Les Allemands, les Suédois et les Néerlandais pensent massivement que ce régime constitue une mauvaise manière de gouverner (91-95%). En Allemagne, on ne trouve que 4% des gens prêts à confier la gestion du pays à l'armée. Même profil en Grèce, et pour cause, l'histoire, dans les deux cas !

- Le régime militaire ne séduit pas les Turcs et les Israéliens qu'à hauteur de 9 et 10%.

- Quatre pays occidentaux sortent du lot et ce n'est guère flatteur : les Etats-Unis, la France, le Royaume Uni et l'Italie. Dans ces pays, entre 15 et 17% de la population pense que le régime militaire constitue une bonne manière de gouverner leur pays, comme au Japon.

- Au Liban, tout le monde sait que l'armée libanaise occupe une place importante au sein de la population, comme en témoignent les messages de sympathie et de soutien à chaque turbulence sécuritaire. Cependant, défendre le pays est une chose, le gérer, c'est tout autre. Ainsi, seuls 27% des Libanais pensent que le régime militaire serait une bonne manière de gouverner le Liban. C'est beaucoup, pour un pays démocratique, sauf que 73% des Libanais pensent le contraire, c'est une « mauvaise » gouvernance, et 51% de la population que ça serait même une « très mauvaise » gouvernance pour le Liban, comme en France et en Israël (48% et 56%).

- Dans cinq pays seulement, il y a au contraire, une adhésion massive pour le régime militaire (48-70%) : Nigeria, Afrique du Sud, Inde, Indonésie et Vietnam.

« Dans quelle mesure faites-vous confiance au gouvernement national pour faire ce qui est bon pour le pays ? »


- C'est parmi les pays en développement qu'on trouve les populations les plus confiantes de l'étude. Aux Philippines, Vietnam, Indonésie, Inde et Tanzanie, 80 à 89% des personnes font confiance à leur gouvernement.

- Parmi les pays occidentaux, il existe un clivage Nord/Sud. En Europe du Nord (Allemagne, Pays-Bas, Suède), en Amérique du Nord (Etats-Unis, Canada) et dans les pays anglosaxons (Royaume Uni, Australie), plus de la moitié de la population ou presque, fait confiance au gouvernement pour faire ce qui convient pour le pays (48-71%). A l'opposé, en Europe du Sud (Grèce, Italie, Espagne), seuls 13 à 26% font confiance.

- Deux pays détonnent, la France et la Russie. Les Français ne font confiance qu'à hauteur de 20%. Bon, pas d'effet Macron encore au moment de l'étude (début 2017). Par contre, les Russes eux, ils sont à 67% à avoir confiance. C'est l'effet Poutine, une constante.

- Au Liban, le résultat est sans aucune surprise, seul 15% de la population fait confiance au gouvernement pour entreprendre ce qui est bon pour le pays du Cèdre. Les Libanais sont donc à la 3e place de la défiance (85%), après les Colombiens et les Péruviens (88%), ex-aequo avec les Chiliens, voisins de palier des Mexicains (83%), riverains des Argentins, des Brésiliens et des Vénézuéliens (71-78%). Ce n'est pas du tout comme ça dans les pays africains de l'étude (Ghana, Sénégal, Kenya, Tanzanie), où la majorité de la population a confiance. Je ne sais pas si c'est à cause de la culture de l'olivier et de l'immigration massive de nos ancêtres vers le nouveau continent au siècle dernier, mais alors pour les Libanais, question confiance dans les gouvernements, c'est direction Amérique du Sud via la Méditerranée.

« Dans quelle mesure êtes-vous satisfait de la façon dont la démocratie fonctionne dans votre pays ? »


- Les plus satisfaits du fonctionnement de leur démocratie dans le monde sont les Indiens et les Tanzaniens. Ils le sont à 79%, autant que les Suédois d'ailleurs.

- Sans la moindre surprise, il faut mettre le cap vers le Nord pour d'autres scores élevés de satisfaction. Les Allemands et les Néerlandais sont entièrement satisfaits (73-77%). Dans les pays anglosaxons, la majorité des gens est très satisfaite aussi. Les moins satisfaits de ce groupe sont les Américains (46%) et les plus satisfaits sont les Canadiens (70%), Anglais et Australiens sont entre les deux.

- En Europe du Sud, les Grecs, les Espagnols et les Italiens ne sont pas du tout satisfaits (seulement 21-31% le sont).

- Maintenant à votre avis qui sont les gens les moins satisfaits du fonctionnement de leur démocratie ? Un indice : ils bouillonnent de rage car malgré leur attachement à la démocratie, ils ne parviennent pas à obtenir ce qu'ils souhaitent. Autre indice : ils ont des élections prochainement et une occasion en or pour le faire. Oui, absolument, c'est nous autres Libanais.  Nous ne sommes qu'à peine 8% à trouver que notre démocratie fonctionne bien. Tiens, comme c'est étrange. Bienvenue au pays des merveilles, où un Parlement peut être fermé et boycotté pendant des années ! Et qu'est-ce qu'on fait pour améliorer la situation svp? On réélit ceux qui l'ont fait fonctionné mal, les belles gueules et les beaux parleurs! Maigre consolation, les Mexicains sont dans un piètre état, ils ne sont satisfaits de leur démocratie qu'à hauteur de 6%.

L'appréciation des différents régimes de gouvernance par différentes populations dans le monde, synthèse complémentaire


- Dans les pays riches où la démocratie est ancrée depuis longtemps et qui fonctionne correctement, les pays occidentaux, les gens sont plus attachés à la démocratie représentative.

- La démocratie directe est évidemment plébiscitée par les partisans des partis populistes.

- Que l'on soit dans les pays riches ou moins riches, au niveau individuel, pour les personnes ayant des niveaux d'éducation et économique plus bas, chez qui les frustrations économique, sociale et politique se cumulent et sont importantes, on a plus tendance à être ouverts à des formes de gouvernance non-démocratiques (experts, dirigeant fort, armée).

- Des scores plus élevés pour les régimes non-démocratiques (technocratie, autocratie, régime militaire), sont plus observés chez les partisans de droite que chez les partisans de gauche.

- La confiance dans le gouvernement et la satisfaction de la démocratie, sont étroitement liées à la situation économique et à la politique intérieure.

- De bons résultats économiques se répercutent sur la confiance dans le gouvernement national, mais aussi sur l'opinion que certains ont de la démocratie.

- Le pays qui détient le plus de records, ou n'en est pas loin, c'est la Suède. Sur les 12 paramètres, les Suédois sont toujours dans le top le plus haut ou le plus bas, selon les cas et toujours du bon côté. Il n'y a pas de doute, la démocratie se porte à merveille en Suède. C'est le seul pays au monde, de l'étude, où il y a une majorité nette de 52% de « démocrates engagés », qui appuient un système dans lequel les représentants élus gouvernent mais ne soutiennent pas un régime guidé par les experts, un chef fort ou l'armée.

- Il fait bon de vivre et de s'épanouir aussi dans tous les pays occidentaux, hors ex-pays de l'Est. Ils restent fortement attacher à la démocratie représentative et très ouverts à la démocratie directe à des degrés différents. Dans tous les pays occidentaux sans exception, la majorité des gens ne confieraient pas leur pays aux experts. Ils rejettent tous sans exception, et massivement, l'idée de l'homme fort qui peut se passer du Parlement et le régime militaire. Au total, entre 34-52% des Occidentaux sont des « démocrates engagés » (ils appuient un système dans lequel les représentants élus gouvernent mais ne soutiennent pas la technocratie, l'autocratie ou le régime militaire), 34-47% des « démocrates moins engagés » (qui disent qu'une démocratie représentative est bonne mais qui soutiennent aussi au moins une forme non démocratique de gouvernement) et 6-17% des « non-démocrates » (qui ne soutiennent pas la démocratie représentative et soutiennent au moins une forme non démocratique, comme celle des experts, d'un chef fort ou de l'armée). Par comparaison le profil des Russes est à l'opposé : respectivement 7% - 61% - 22%. Il n'y a que 7% de « démocrates engagés » en Russie, c'est le taux le plus faible du monde.

- La différence notable entre les pays occidentaux, se situe sur le degré de rejet des régimes non-démocratiques. Pour le régime du dirigeant fort, les pays d'Europe (France, Allemagne, Pays-Bas, Suède, Espagne, Grèce) s'y opposent bien davantage que les pays anglosaxons (Royaume Uni, Etats-Unis, Canada, Australie), respectivement 84-93% et 71-81% trouvent que c'est mauvais. Seule l'Italie fait bande à part (66%). Les plus favorables du camp occidental au régime du dirigeant fort qui se passerait du Parlement sont les Américains, les Anglais et les Italiens (22%, 26% et 29%).

- Pour le régime militaire, les cartes sont mélangées en Occident. 8-11% des Canadiens, Australiens, Néerlandais, Grecs et Espagnols estiment que c'est une bonne gouvernance. Des pourcentages qui passent à 15-17% chez les Français, Américains, Anglais et Italiens. Il n'y a que chez les Allemands et les Suédois que le régime militaire n'est pas légion (4%).

- Sur la confiance dans le gouvernement et la satisfaction de la démocratie, il y a trois camps occidentaux. Allemands, Néerlandais, Suédois et Canadiens ont des scores très élevés (entre 67-71%). Français, Italiens, Espagnols et Grecs, des scores très bas (13-26%). Américains, Anglais et Australiens sont très partagés (48-51%).

- Curieusement, les Américains et les Israéliens ont à peu de choses près, le même profil, sur les 12 paramètres! Je l'ai vérifié à trois reprises! Alliés sur le terrain et dans les chiffres, aussi incroyable que cela puisse paraître : démocrates engagés 40% vs. 36% ; démocrates moins engagés 46% vs. 51% ; non-démocrates 7% vs. 7%, pas plus de 5% de différence. Cela confirme une chose, Israël peut cumuler tous les défauts du monde, violer une quinzaine de résolutions de l'ONU et piétiner le droit des Palestiniens ad vitam aeternam, et c'est pour cela que je reste favorable à son boycott, il n'empêche que l'Etat hébreux demeure une grande démocratie.

- Il y avait trois pays arabes dans l'étude, le Liban, la Jordanie et la Tunisie, fleuron du Printemps arabe. Le profil des trois populations est très différent. C'est en Jordanie qu'on trouve le plus de « démocrates engagés » (33%), presque deux fois plus qu'au Liban et trois fois plus qu'en Tunisie. C'est au Liban, qu'on trouve le plus de « démocrates moins engagés » (68%), plus de deux fois plus qu'en Jordanie et une fois et demie de plus qu'en Tunisie. Toutefois, l'état d'esprit de ces deux derniers laisse un peu perplexe. Les Tunisiens et les Jordaniens sont les seules populations au monde de l'étude, à douter sérieusement de tous les systèmes de gouvernance proposés. Pire encore, un tiers des deux populations peuvent être considérées comme « non-démocrates » (32% en Tunisie et 36% en Jordanie), c'est trois plus qu'au Liban (13%). Mais il ne faut pas oublier que la démocratie n'est pas vraiment bien installée dans ces deux pays. Non loin de là en Turquie, démocratie bien ancrée en dépit de tous les couacs, une petite minorité de la population soutient un régime non-démocratique (12%).

L'appréciation des différents régimes de gouvernance par les Libanais, synthèse complémentaire


- Les Libanais sont dépités par le fonctionnement de leur démocratie et la performance de leurs gouvernements. Mais comme le montre l'étude du Pew Research Center, ils restent très attachés aux formes démocratiques représentative et directe. Ils sont méfiants dans leur majorité des régimes militaire et du dirigeant fort. Une minorité y croit pourtant. Etant donné la qualité de la classe politique qu'ils ont, ils croient massivement qu'un régime d'experts ferait mieux.

- Au total, seuls 18% des Libanais sont des « démocrates engagés » (ils appuient un système dans lequel les représentants élus gouvernent mais ne soutiennent pas un régime guidé par des experts, un chef fort ou l'armée), 68% des « démocrates moins engagés » (qui disent qu'une démocratie représentative est bonne mais qui soutiennent aussi au moins une forme non démocratique de gouvernement) et 13% des « non-démocrates » (qui ne soutiennent pas la démocratie représentative et soutiennent au moins une forme non démocratique, technocratie, autocratie ou régime militaire). C'est un peu le profil des Hongrois, des Ghanéens et des Philippins. Le profil occidental est totalement différent, respectivement : 34-52% / 34-47% / 5-17%.

- Toutefois, il y a un chiffre qui poussera pas mal de Libanais à bien bomber leur thorax de fierté. Eh bien, figurez-vous, que nous sommes parmi les populations les plus attachées à la démocratie représentative au monde ! Certes, on ne donne pas l'air de l'être, mais tel est le cas en théorie. Si on ne s'intéresse qu'à ceux qui estiment que cette forme de gouvernance est « très bonne » (en excluant, les adhérents mous, ceux qui trouvent qu'elle est « plutôt » bonne), les Libanais se hissent à la 5e place, avec un score de 51%, juste après les Suédois (54%) et trois populations d'Afrique, les Sénégalais, les Tanzaniens et les Ghanéens (53-62%). Le Liban, la Suède, le Sénégal, la Tanzanie et le Ghana, sont les seuls pays au monde, de l'étude, où il existe une majorité absolue en faveur de la démocratie représentative, la gouvernance du pays par des élus. Il y a tellement peu de bonnes nouvelles que ce point mérite d'être souligné. Pour mesurer son importance, sachez que les Américains ne sont qu'à 48% ; les Allemands à 46% ; les Anglais, Canadiens, Australiens et Turcs à 43% ;  les Néerlandais à 42% et les Israéliens à 41%. Les autres populations encore loin derrière: les Italiens à 29% ; les Français c'est à peine à 23% ; les Japonais, Jordaniens et Tunisiens à 22% ; les Mexicains à 9% ; et les Brésiliens, record du monde, juste 8%.

- Peut mieux faire dirait le grec Solon, le père de la démocratie ! La façon de penser des Libanais est globalement rassurante, même s'il y a beaucoup à redire comme je l'ai expliqué dans l'article. Mais alors pourquoi diable le Liban est un pays nase à ce point? On pourrait même parler de « paradoxe libanais » en politique ! Ce qui fait cruellement défaut au Liban, c'est la présence de la pensée communautaire qui ravage les esprits et le manque d'esprit critique à l'égard de son propre camp, deux tares qui affectent gravement la cohésion nationale et toute notre démocratie. La morosité économique n'arrange pas les choses. Et pour achever tout espoir dans l'avenir, nous avons un paysage politique peuplé de dinosaures, les mêmes dirigeants depuis trop longtemps, qui ne sont vraiment pas à la hauteur et qui ne sont jamais sanctionnés dans les urnes.

- S'il y a deux paramètres qui doivent concentrer tous nos efforts, ce sont ceux portant sur l'amélioration du fonctionnement de notre démocratie et la qualité de l'offre démocratique. Ils se répercuteront forcément et positivement sur les onze autres paramètres. Les périodes électorales constituent d'excellentes occasions pour agir. Nous n'avons qu'une seule et unique voie. Soyons réalistes, exigeons l'impossible des candidat-e-s aux prochaines élections législatives, même de son propre camp : niveler les débats politiques par le haut, demander des comptes, présenter un programme électoral détaillé et s'engager sur des mesures concrètes et chiffrées. C'est le seul moyen d'améliorer les choses en envoyant au Parlement le moment venu, des représentants plus compétents que ceux que nous avons connus dans le passé. 

- A ce propos un exemple parmi tant d'autres, le Liban a vécu près de 900 jours de vacance du pouvoir présidentiel récemment, et pourtant, aucun parti et pas un seul candidat baveux, même indépendant ou de la haute société civile, journaliste reconverti en tête, et Dieu sait qu'il y a des vocations en ce moment, enfin, personne ne propose quoi que ce soit pour en finir avec ce grave dysfonctionnement de notre démocratie. Allons bon, pourquoi faire? C'est pour vous dire! Seul Bakhos Baalbaki a proposé d'introduire dans la démocratie libanaise le concept du "conclave présidentiel", l'enfermement des deputés libanais dans le Parlement place de l'Etoile jusqu'à l'élection du président de la République libanaise dans les délais, comme le fait le Vatican depuis des siècles. Allez pour finir avec une bonne dose de sarcasme, disons maintenant qu'on a du pétrole, il nous manque que les idées et des candidats pour les concrétiser !

vendredi 2 février 2018

La « guerre du gaz » entre Israël et le Liban est déclarée (Art.508)


Le Liban pays pétrolier, « #لبنان_بلد_نفطي », criaient à l'unisson les dirigeants libanais, à la mi-décembre. Finalement, le pays du Cèdre n'a eu droit qu'à un mois et demi de réjouissance. 



Et encore, même pas, si on tient compte des turbulences de ces derniers jours. La fête foraine Bassil-Berri a failli faire passer sous silence les propos abjectes d'un vrai « baltajé », tenus par Avigdor Lieberman mercredi.

Le ministre de la Défense d'Israël a fait savoir au cours d'une réunion organisée par un think tank israélien, que « personne ne cherche des aventures, mais si nous n'avons pas le choix, le but (en cas de guerre) est de mettre fin aux combats aussi rapidement que possible et sans équivoque ». Non mais qu'est-ce qu'il mijote? « Ce que nous savons de tous les conflits au Moyen-Orient, c'est que les guerres ne prennent pas fin sans soldats sur le terrain (...) Toutes les options sont ouvertes. »

Ah ha, c'est déjà plus précis. Ainsi, les Libanais apprennent qu'une invasion israélienne du Liban est envisagée en permanence par Israël en cas de conflit. Et Yahvé sait à quel point un conflit part de rien, surtout qu'on est prédisposé ! Pour plus de précisions, le faucon soviétique d'origine moldave qui n'a retrouvé le chemin de la Terre promise qu'en 1978 svp, précise : « Nous ne verrons pas de photos comme celles de la Seconde guerre du Liban (Juillet 2006) au cours de laquelle les habitants de Beyrouth étaient à la plage, alors qu'à Tel Aviv les gens étaient dans des abris anti-aériens. »

L'énergumène doit déjà bien s'informer, il n'y a plus de plage à Beyrouth! La dernière et incontestablement la plus belle de toutes les plages de la côte orientale de la Méditerranée, Ramlet el-Baïda, a été défigurée par tenez vous bien, l'ex-gendre de l'Estèz (« soumouwto » comme l'a qualifié un conducteur de taxi originaire de Baalbek), pour y installer un méga complexe balnéaire laid qui se veut de luxe, avec la bénédiction de la municipalité de Beyrouth, qui s'était engagée dans la bataille des élections municipales il y a deux ans sous le slogan Lei7it el biyerté ("La liste des Beyrouthins", tu parles!). Toujours est-il que pour Avigdor Lieberman « si en Israël, ils (les gens) sont assis dans des abris, alors aux prochains combats (avec le Liban), tout Beyrouth sera dans les abris. » Ce bouffon de ministre ferait bien de s'informer également sur le droit international en vigueur, bombarder des civils est un « crime de guerre », quelque soit l'identité des agresseurs et leur prétexte, notamment quand ils agissent intentionnellement, comme il pense le faire. Ça serait même un « crime contre l'humanité » dans ce cas précis.

Source: Commerce du Levant
Certains seraient tentés de nous expliquer, encore une fois, que si le Hezbollah ne provoque pas Israël, l'Etat hébreux laisserait le Liban tranquille. C'est mal connaître les Israéliens. Que le Liban devienne un pays pétrolier, n'a pas du tout l'air de leur plaire. Pour Avigdor Lieberman, « quand ils (les Libanais) lancent un appel d'offres sur un gisement de gaz, incluant le bloc 9, qui selon toute norme est le nôtre, c'est une conduite très, très provocatrice ». Eh rou7 ballit el ba7er!

Tenez, on a comme une vague impression, que lui aussi est le genre de type qui cherche constamment la bagarre, 3am béfattich 3a machkal. Le faucon ne s'est pas contenté de menacer le Liban, il s'est adressé également aux sociétés intéressées par l'exploitation des hydrocarbures au large des côtes libanaises. « Les entreprises respectables qui répondent à l'appel d'offres font, à mon avis, une grave erreur, car cela est contraire à toutes les règles et à tous les protocoles dans des cas comme celui-ci. » Avis à Total, Eni et Novatek, le message est clair et la rime coule de source : oubliez vos forages et pliez bagages.

Pour Michel Aoun, le Président de la République libanaise, « les paroles de Lieberman à propos du bloc 9 constituent une menace pour le Liban et son droit à la souveraineté sur ses eaux territoriales ». Pour Nabih Berri, le chef du Parlement libanais, elles sont « dangereuses ». Quant à Saad Hariri, le Premier ministre libanais, ces propos sont « infondés et dénotent une politique expansionniste et colonialiste israélienne qui porte atteinte à la sécurité régionale ».

Le Liban a des problèmes frontaliers avec Israël, au niveau terrestre, les Fermes de Chebaa, comme au niveau maritime, où le différend concerne une zone de près de 900 km2. Le pays du Cèdre a aussi un problème de souveraineté avec l'Etat hébreux, ses avions sont maitres de l'espace aérien libanais, comme si de rien n'était et dans l'indifférence générale du Conseil de sécurité.


Les menaces de Lieberman sont graves. Elles émanent d'un extrémiste israélien, dont certaines déclarations rappellent celles des jihadistes de Daech: « Les Arabes Israéliens qui sont contre nous méritent de se faire décapiter à la hache », « Je propose de transporter les prisonniers palestiniens en autocars jusqu'à la mer Morte pour les noyer », « L'Europe suit une politique hostile aux Juifs, comme à la fin des années 1930 », et j'en passe et des meilleures.

Les contrats sur l'exploitation des hydrocarbures au Liban doivent être officiellement signés le 9 février, dans une semaine, jour pour jour. Le timing des déclarations de Lieberman ne doit rien au hasard. Elles visent deux objectifs. D'une part, empêcher le Liban, de profiter des blocs 8, 9 et 10, de ses eaux territoriales (ET) et de sa zone économique exclusive (ZEE) mitoyennes des ET et de la ZEE d'Israël. Et d'autre part, dissuader les trois grandes entreprises internationales (française, italienne et russe), gagnantes de l'appel d'offres, d'exploiter le bloc 9 dans un premier temps.

Israël menace alors qu'il ne s'est absolument pas gêné de redessiner la frontière maritime contestée à sa guise et à sa convenance en décembre 2016! Il est là le fond du problème et c'est bien cette « agression israélienne » qui a poussé le gouvernement libanais à choisir d'urgence de commencer par le « bloc 9 ». Rappelons aussi que l'Etat hébreux exploite depuis des années les ET et la ZEE israéliennes situées de l'autre côté des ET et de la ZEE libanaises, les gisements de Léviathan et de Tamar.


Un plan de partage de la zone contestée a été proposé par les Etats-Unis en 2012 (plan Hoff), attribuant 60% de la superficie en litige au Liban et 40% à Israël. Depuis, on multiplie les réunions et les palabres, et un bouffon s'est installé à la Maison Blanche. Après la reconnaissance par Donald Trump de Jérusalem comme capitale d'Israël, il est clair que les Américains sont hors-jeux sur ce dossier. Le litige pourrait se régler devant la Cour internationale de justice ou le Tribunal de la mer de Hambourg, sauf qu'Israël ne reconnaît ni l'un ni l'autre. Comme options, il ne reste donc que le Conseil de sécurité ou la guerre.

Israël est déterminé à retarder l'exploitation des hydrocarbures offshore par le Liban, pendant qu'il pompe et pompera, indirectement et en profondeur, les zones en commun et en litige. Cette attitude est inadmissible. Les déclarations israéliennes de Lieberman sont inacceptables. Elles relèvent de la « baltaja », pour reprendre ce terme qui met le Liban en effervescence. Ainsi, il ne reste plus que l'ONU pour éviter au Moyen-Orient une nouvelle guerre entre Israël et le Liban.

Une plainte doit donc être déposée au Conseil de sécurité. C'est fait. Celui-ci doit prendre ses responsabilités afin de baisser la tension entre les deux pays et rassurer les sociétés chargées officiellement par le Liban d'explorer le bloc 9. Le litige doit être rapidement tranché pour que ces sociétés puissent travailler en toute sécurité et dans la sérénité. La France, l'Italie et la Russie, qui seront directement concernés par cette première phase d'exploitation, doivent prendre le problème à bras le corps. Il faut mettre une limite à l'arrogance de l'Etat d'Israël. Qui se considère au-dessus du droit international est « hors-la-loi » et doit être traité en tant que tel.