Bleu marine, listes du Front national Bleu clair, listes de l'Union de la Droite Fushia, listes de l'Union de la Gauche Rose, listes Divers Gauche |
1. Etant
donné le taux de participation, 49,91 %, on peut dire qu’il y a un désaveu
massif des Français pour toute la classe politique, toutes tendances politiques
confondues. Si on soustrait le vote blanc, 48,71 % des
électeurs seulement se sont exprimés hier. C’est la principale leçon de ce 1re
tour des élections régionales en France. Les politiques français ne répondent
pas à l’attente de la moitié des gens. Il
y a donc une véritable une « crise des politiciens » en France. Il
ne suffit pas de faire Sciences-Po ou l’ENA, pour devenir un bon politique car
les fabriques de politiciens donnent aujourd’hui des hommes politiques déconnectés du terrain et de ses besoins. Je
pense aux Républicains et aux Socialistes. En même temps, collé trop au terrain,
en caressant les gens dans le sens du poil, donne des hommes populistes déconnectés des sphères du pouvoir et de ses responsabilités.
Je pense aux Nationalistes. La moitié des Français ont fait savoir hier, entre
autres, que tout ce beau monde ne les séduit pas.
2. La bonne nouvelle du premier tour des
élections régionales, n’en déplaise au Front national (FN), c’est de constater
que le premier parti de France (qui
compte 45 298 641 électeurs au total) est
le parti des abstentionnistes et non celui d’extrême droite. Le « parti
des abstentionnistes » a recueilli l’adhésion de 50,09 % des électeurs Français, contre 27,73 pour les listes du Front
national (6 018 672 personnes), 26,65 % pour celles de l’Union de la Droite
(5 785 073 personnes) et 23,12 % pour celles de l’Union de la Gauche (5 019 723
personnes). Malgré tout le tintouin électoral, 22 689 039 de Français, soit plus de la moitié des électeurs, ont
boudé leur droit de vote. Ils sont restés
sourds à l’appel des urnes. Et pourtant, ce parti virtuel n’intéresse pas
les partis politiques établis qu’entre 20h et 20h59, le soir des élections.
Après les commentaires de circonstance, on passe au partage du gâteau entre
politiciens. Ce fait confirme un
théorème démocratique : ceux qui ne choisissent pas, peuvent être sûrs que
d’autres choisiront à leur place. Ce constat fait ressurgir l’éternelle
question : comment une démocratie peut-elle prendre en compte le vote
blanc et l’abstention ? Il existe des pistes de réflexions : imposer le
vote obligatoire ou fixer un seuil de participation pour valider une
élection. Il faut y réfléchir et en trouver d’autres.
3. L’autre mauvaise nouvelle pour le FN, c’est
de déduire à partir du taux élevé d’abstentionnistes que plus de la moitié des électeurs de France
considèrent que le FN ne vaut pas plus que le parti des Républicains (LR) ou le
Parti socialiste (PS). Ainsi, depuis le 6 décembre, on peut rajouter deux
lettres au sigle utilisé par l’extrême droite pour dénigrer les partis
républicains, LR (ex-UMP) et PS. L’UMPS est mort, vive l’UMPSFN. C’est l’histoire de l’arroseur arrosé.
4. Un
peu moins d’un électeur sur trois, fait confiance au Front national. C’est inquiétant
mais pas surprenant. Dire qu’une partie des Français est raciste et xénophobe, serait déplacé. En tout cas, le racisme et la xénophobie se retrouvent dans tous les
pays du monde, sans exception. Ils sont particulièrement répandus dans les pays
arabes, Liban en tête. Petit détail, 233 599 voix seulement séparent le
Front national de l’Union de la Droite. Eh oui, on ne dira jamais assez chaque voix compte.
5.
L’année 2015 a été un excellent
millésime pour le Front national. Les événements tragiques qui se sont
déroulés en France ont offert au parti d’extrême droite des occasions en or pour mieux
développer ses thèses contestées et se distinguer des autres partis. En commençant et en
se terminant par des attaques
terroristes odieuses, l’année 2015 a permis au FN de développer son idéologie sur la sécurité. L’afflux et l’accueil
massifs de migrants en Europe au cours de l’année, a permis au parti de
Marine Le Pen de développer son idéologie sur l’immigration. Savoir s’il a raison
ou s’il a tort sur ses thèses est un autre débat, ce qu’il faut retenir c’est
qu’il a bien profité de ces événements tragiques.
6. N’en
déplaise à la droite (notamment Les Républicains), le vote au 1er tour des élections régionales n’est pas
comme ils le répètent, essentiellement une sanction pour la gauche au pouvoir.
La preuve, il n’y a pas eu de report massif des voix des Français vers la
droite, mais plutôt vers l’extrême droite. Nuance que la droite n'a pas envie de voir.
7. N’en
déplaise à la gauche, se présenter en rangs dispersés conduit toujours au
désastre électoral. Le souvenir de Lionel Jospin en 3e position,
semble s’estomper dans la mémoire de certains.
8. On peut disserter longuement sur la
nature des propositions du Front
national, sans parvenir à se mettre d’accord. Une chose est sûre, ce parti est légal et par conséquent, il a le
droit de gérer les affaires des Français et gouverner la France. Il n’empêche
qu’une partie des Français, pas uniquement
de gauche, considère que ce parti ne respecte pas les valeurs républicaines de
la France et par conséquent, n’a pas la légitimité de gérer les affaires
des Français et gouverner la France. Pour ces Français, il représente même un danger pour la
République et pour la France. Partant de ce fait, le Parti socialiste a décidé de retirer ses listes perdantes dans
les régions Nord-Pas-de-Calais et Provence-Alpes-Côte d’azur, et a même demandé à
ses électeurs de voter pour les candidats de droite, afin de barrer la route au
Front national. Les Républicains ont
décidé de maintenir leurs candidats dans toutes les régions où ils peuvent
le faire, même si cette option risque de porter l’extrême droite au pouvoir
régional. On ne peut pas reprocher aux uns et autres leur stratégie. Chacun ses
convictions politiques et chacune des deux options a ses avantages et ses
inconvénients. Une chose est sûre et certaine : la stratégie de la victimisation, mise en place par Jean-Marie Le Pen
il y a belle lurette, est une stratégie payante. « On est exclu, ils
se liguent contre nous, tous pareils, on a la solution, ils ne veulent pas prendre
en compte vos voix » et j’en passe et des meilleures, tout cela trouve des
oreilles réceptives. Je l’ai dit pour les islamistes d’Egypte, « La meilleure façon d’affaiblir les
islamistes reste la démocratie et non la dictature. L’illusion islamiste ».
Je l’ai redis pour les islamistes de Tunisie. Je le dis, redis et adapte ce
principe aujourd’hui au cas français : la meilleure façon d’affaiblir l’extrême droite reste (une application
pleine de la) démocratie et non le barrage (républicain). L’illusion front-nationaliste
est aujourd’hui brimée par ce dernier, qui est bien exploité par le parti concerné dans sa stratégie de victimisation.
9. Les
résultats de Paris et la région parisienne se singularisent encore et toujours,
par rapport au reste de la France. Le taux d’abstention est à peu près le
même : 50,09 % pour la France entière, 54,11 % pour l’Ile-de-France et
49,46 pour Paris. Le désaveu de la classe politique est donc le même. Et
pourtant, malgré une participation
comparable, les candidats d’extrême droite enregistrent un score nettement
inférieur au score national : le Front national décroche un 27,73
% pour la France entière, par contre, sa tête de liste Wallerand de Saint-Just ne
recueille que 18,41 % des voix en Ile-de-France et seulement 9,65 à Paris. Valérie
Pécresse, la tête de liste de la droite récolte 30,51 % des voix des
Franciliens et 32,92 % des voix des Parisiens, quand Claude Bartolone recueille
25,19 % des voix des Franciliens et 31,41 % des voix des Parisiens. Chiffres à
méditer.
10. Allons plus loin. Si on rapporte le nombre de voix obtenues par le Front national par
rapport au nombre d’électeurs inscrits, ceux qui se sont exprimées et ceux qui
se sont abstenues, et si on postule que les électeurs sont représentatifs de l’ensemble
des Français, on constate que le Front
national fait pschitt, pour
reprendre la célèbre onomatopée de l’ancien président de la République
française, Jacques Chirac. Ainsi, l’extrême
droite ne représente en réalité que 13,29 % des (électeurs) Français, 8,19 % des (électeurs) Franciliens et tenez-vous bien, seulement 4,76 % des (électeurs) Parisiens. Ah, on peut tout faire dire aux chiffres, même la vérité. Comme il
fait bon d’être Parisien de nos jours ! Si j’ai tenu à souligner ce
constat, c’est dans le but d’informer les Français en général, mais surtout les
doubles nationaux Franco-libanais en particulier, qu’un Parisien malgré tous ses défauts, a 95,24 % de chance de ne pas être
sympathisant du Front national. Avis aux amateurs. En tout cas, il serait intéressant de connaître d'où vient l'immunité parisienne contre le FN. Le niveau socio-culturel, la mixité sociale, le brassage ethnique et l'exposition touristique y sont sûrement pour beaucoup.