1. Les deux candidats républicains, François Hollande (PS) et Nicolas Sarkozy (UMP), passent au 2e tour,
avec un taux de participation de plus de 80 %, c’est un beau doublé
pour la démocratie. Les scores sont assez proches. Qui est premier n’a
strictement aucune importance.
2. Pas de doute il y a un désaveu important de la politique menée par Nicolas Sarkozy depuis 5 ans, comme la symbolique et indécente mesure du bouclier fiscal votée la vieille de la crise économique, et une sévère sanction de cette équipe,
les Français ne pardonnent pas au président sortant d’avoir laissé
filer la dette de la France qui atteint aujourd’hui un record, 1800
milliards d’euros, soit 600 milliards d’euros de plus qu’en 2007,
c’est-à-dire 3800 euros de dette supplémentaire par seconde sous le mandat Sarkozy !
Certes tout ce que l’équipe Sarkozy a fait n’est pas mauvais, mais face
à ce chiffre même les dieux là-haut ne pourraient rien, alors que dire
des héritiers de Danton ici-bas! Les Français ont exprimé un désir de
changement. Ils ont décidé que le changement c’était pour maintenant et
il serait incarné par François Hollande.
3. Pas de candidat d’extrême droite ou d’extrême gauche au 2e tour,
c’est également une excellente chose. Le cauchemar de 2002 était dans
tous les esprits. Une démocratie mature n’a pas vocation à laisser
s’épanouir les partis extrémistes, encore moins de les porter au
pouvoir.
4. Le candidat du parti centriste (Modem), François Bayrou, à près de 9%, moins que prévu, c’est une mauvaise nouvelle, il méritait peut-être un peu plus.
5. Le candidat du parti d’extrême gauche (Front de gauche), Jean-Luc Mélenchon, à près de 11%, c’est plus faible que prévu et c’est une très bonne nouvelle car il ne pèsera pas sur la politique de François Hollande s’il est élu le 6 mai. En tout cas, son influence sera limitée.
6. Marine
Le Pen, la candidate du parti d’extrême droite, le Front national (FN),
est le « 3e homme » de cette élection avec ses 18 %. Nous
rentrons au cœur du réacteur France ! C’est la surprise de ce scrutin et
c’est une bien mauvaise nouvelle ! Présenté en pourcentage, le score
est moins effrayant que s'il l'est en chiffre absolu. Il faut savoir que
les 18 % représentent près de 6,5 millions de Français ! Cela signifie
que 1 électeur sur 5, a choisi ce parti dont l’idéologie fait
honte à la France, à son Histoire et à ce qu’elle représente,
contrairement à ce que pensent beaucoup de nos compatriotes libanais et
franco-libanais ! Non je ne comprendrais jamais ces français qui votent pour ce parti xénophobe et raciste sachant que 27 % de la population française a au moins un parent né à l’étranger, et surtout simpliste
avec des propositions populistes qui, si elles sont mises en œuvre,
elles réserveront à la France une belle descente aux enfers ! Tous les
partis français les épargnent depuis 30 ans dans l’espoir d’obtenir leur
voix, expliquant que ça ne serait pas de leur faute, qu’il faut blâmer
leur leader. Au vu du score d’hier, il faut bien croire que cette
stratégie a échoué. Jamais le FN ne s’est senti aussi puissant, aussi
décomplexé, aussi arrogant. Aujourd'hui, plus qu'hier, je ne comprends toujours pas ces français
qui « souffrent », propos de Rachida Dati prononcés lors de la soirée
électorale, et cette « souffrance sociale », selon Rama Yade ! Mais
jusqu’où diable la République doit-elle aller pour apaiser cette
souffrance ? Je me demande si la chasse aux voix du FN n’est pas bel et
bien ouverte !
En tout cas, il semble que le report des voix du FN sur Nicolas Sarkozy tournerait autour de 60%. Ce qui inquiète maintenant que le 1er tour est derrière nous, c’est l’attitude de la droite pour le 2e tour,
qui serait tentée de récupérer les 40% restant, en rabâchant les
oreilles des Français avec les thèmes favoris de ce parti (immigration,
insécurité, islamisme, fraudes, protectionnisme, fermeture des
frontières, etc.) ! Et encore plus inquiétant c’est leur stratégie pour les élections législatives en juin. L’UMP se trompera magistralement s’il espère récupérer les voix du FN, le compte n’y sera pas, jamais. Marine
Le Pen, ne négociera pas entre les 2 tours, d’ailleurs elle n’a aucun
intérêt à le faire. Elle essayera tout pour faire tomber Nicolas
Sarkozy, afin de le remplacer sur l’échiquier politique. Elle pourrait
même donner des consignes de vote secrètes en faveur du candidat
socialiste pour couler le navire Sarkozy. Et pour cause, Marine Le Pen
se place d’ores et déjà en « chef de l’opposition », elle veut
recomposer la droite selon « ses conditions » ! Gilbert Collard, un
proche du leader du FN, a rajouté même sur le plateau de France 2 hier
soir, « Nous sommes la nouvelle droite » ! Une perspective bien
terrifiante, surtout la veille de ces élections législatives. Les
candidats de la droite pourraient ne pas résister bien longtemps à la
tentation de s’allier avec le FN dans l’espoir d’être élus ou réélus.
Les discours et les mesures « front-nationalistes » de la droite,
comme par exemple les propos de Claude Guéant sur l’inégalité des
civilisations, "Pour nous toutes les civilisations ne se valent pas", et
le débat avec d’arrière-pensées politiques sur « l’identité
nationale », ou les nombreuses réformes sur l’immigration, ne portent ni chance ni leurs fruits, surtout à long terme, car les gens préféreront toujours l’original à la copie !
La droite française ne l’a encore et toujours pas compris, dommage.
Quand comprendra-t-elle qu’il est possible d’affirmer ses convictions et
d’exposer ses valeurs sans forniquer avec l’extrême droite et sa
démagogie à trois francs six sous ? Aujourd’hui la droite française a
rendez-vous avec deux élections, présidentielle (2e tour le 6 mai) et
législatives (10 et 17 juin). Elle est face à des choix historiques,
surtout pour la première car les dés sont jetés : soit de perdre la tête
haute, soit de perdre la tête basse ! Tout dépendra de son attitude
vis-à-vis du FN et de la teneur de son discours entre les deux tours.
Fera-t-elle les yeux doux et des appels du pied aux électeurs de
l’extrême droite ? Les Français la regardent et sont toute ouïe !
Les médias aussi portent une lourde responsabilité dans le score exceptionnel réalisé par Marine Le Pen. Tout le monde s’est senti obligé la veille du dépôt des 500 parrainages
nécessaires pour se porter candidat à la présidence de la République,
de défendre la nécessité démocratique que Marine Le Pen ait ses
signatures et s’offusquait à l’idée qu’elle n’y soit pas, alors que la
règle des parrainages était la même pour tous, de Nicolas Sarkozy à
Philippe Poutou, et qu’on n’allait pas adapter la loi pour faire plaisir
à Madame Le Pen. Il faut reconnaître que le feuilleton quinquennal de
la mascarade du « suspens », « elle les a ou elle ne
les a pas », avec la variante « elle les aura ou elle ne les aura pas »,
orchestrée très habilement par la candidate d’extrême droite pendant
des semaines durant, a été bien relayée dans les médias français qui
sont tous tombés dans son piège. Toutes mes félicitations ! Il ne faut
peut-être pas s’étonner après, que les électeurs se sentent à l’aise
avec cette idéologie extrémiste. Certes, il est préférable de ne pas
diaboliser le parti d’extrême droite, mais ce « new look » incarné par
Marine Le Pen, ne doit pas nous faire oublier que la banalisation du FN dans les médias conduit inexorablement à cette banalisation dans les esprits.
7. Vive la démocratie. Le peuple est souverain.
Post-Scriptum 1
Le vote parisien est très intéressant… FRANCE vs PARIS
François Hollande : 28,63 % vs 34,83 %
Nicolas Sarkozy : 27,18 % vs 32,19 %
Marine Le Pen : 17,9 % vs 6,2 %
Jean-Luc Mélenchon : 11,11 % - 11,09 %
François Bayrou : 9,13% - 9,34 %
Eva Joly : 2,31 % vs 4,18 %
Abstentions : 19,84 % vs 19,85 %
Post-Scriptum 2
La dette de la France a augmenté de 2 millions d’euros pendant votre lecture ! Vous comprenez mieux maintenant la colère des Français ?