LIBAN.
- Dimanche, frontière syro-libanaise. Bombardement du territoire libanais par l’Armée syrienne libre (ASL), un acte reconnu par l’ASL itself, puis démenti. L’ASL
et le régime syrien se renvoient la balle. Bilan : 2 morts. Quels que soient la
source et les motifs invo qués, ce bombardement est abject. Il intervient après
plusieurs menaces, non démenties, proférées par l’ASL dans les semaines et l es
mois écoulés, de bombarder le Liban si le Hezbollah ne se retirait pas de la Syrie.
C’est aussi un acte terroriste, puisqu’il prend pour cible la population civile
libanaise qui n’a absolument rien à voir avec l’intervention de la milice
chiite aux côtés du régime alaouite. Si l’ASL a un problème avec le Hezbollah,
ce n’est pas à la population libanaise d’en payer le prix.
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Ce bombardement intervient moins d’un mois seulement après l’aveu de Louay al-Mokdad himself, coordinateur politique et médiatique des rebelles syriens, un
aveu non démenti, que des combattants de l’opposition syrienne se trouvent
actuellement sur le sol libanais. Une déclaration grave qui n’a suscité aucune
réaction de la part des autorités libanaises, ainsi que des politiciens toutes
tendances confondues, notamment du 14 Mars. L’ASL doit se retirer immédiatement
du Liban et sans condition.
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Depuis des mois. L’armée de Bachar el-Assad, procède régulièrement à des
bombardements infâmes du territoire libanais. Des violations non condamnées par
toutes les composantes du 8 Mars.
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L’extension du conflit syrien au Liban menace non seulement la population
libanaise mais aussi les réfugiés syriens. Un conflit entre l’armée régulière syrienne
et l’Armée syrienne libre sur le territoire libanais, risque de transformer un million
de réfugiés syriens en « hôtes indésirables ».
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L’intervention de la milice du Hezbollah en Syrie met en danger le Liban tout
entier, notamment la communauté chiite. Cette dernière devrait en tirer les
conséquences qui s’imposent au plus vite, notamment à la veille des élections
législatives. Le Hezbollah a mis la communauté chiite en marge de son
environnement libanais, arabe et international.
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Le mutisme de certains, notamment du 14 Mars, quand ce sont les rebelles
syriens qui violent la souveraineté libanaise est inexcusable. En trouver des
justifications, l’est davantage.
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Il est urgent que l’Etat libanais contrôle sa frontière avec la Syrie, comme
celle avec Israël, comme tout pays souverain et comme tout pays responsable, en
déployant l’armée libanaise le long des frontières. Ce point doit s’imposer
comme un thème électoral aux prochaines élections législatives.
SYRIE
L’enlisement
de la situation en Syrie est dû en grande partie à la stratégie foireuse des rebelles syriens, qui est basée sur la guérilla, et non à la faute des pays
occidentaux, notamment des Etats-Unis, de refuser de livrer des armes aux
opposants syriens, malgré les déclarations impulsives de François Hollande. Non
seulement, les guérillas sont longues et coûteuses, humainement et
financièrement (celle de Syrie n’échappe pas à la règle), mais en plus, la
nébuleuse fondamentaliste de Syrie, et le précédent Libye-Mali, dissuade de le
faire. La solution en Syrie n’est pas militaire. Les armes ne feront que
prolonger le conflit et le drame syriens. La militarisation et la généralisation du conflit syrien sont responsables de l’amplification du
désastre syrien. 25 mois d’affrontements, une centaine de milliers de morts, des
centaines de milliers de blessés, plusieurs millions de déplacés à l’intérieur
des frontières et à l’étranger (dont un million au Liban !), des dizaines
de milliards de dollars de dégâts, et le dernier tyran des Assad réside toujours
à Damas. Etant donné les paramètres du conflit, notamment la constance de la
barbarie du régime syrien, il revient aux rebelles eux-mêmes de changer de
stratégie, pour se débarrasser de Bachar el-Assad et mettre en place la Syrie
de demain.
IRAK
Une
série d’attentats à la voiture piégée, 50 morts (plus de la moitié à Bagdad),
300 blessés. Attentats non revendiqués. Suspect numéro 1 : al-Qaeda. Le chaos
ordinaire depuis l’intervention américaine de W en Irak, en mars 2003. C'est pour le moins inquiétant, à un moment où un important groupe de rebelles syriens a fait allégeance à cette organisation terroriste.
ETATS-UNIS
Deux
explosions lors d’un marathon à Boston. 3 morts, plus de 100 blessés. Attentats
non revendiqués. Suspects multiples. Certains les relient à la situation en
Syrie. Absurde. En tout cas, Barack Obama, qui a courageusement mis fin aux
interventions américaines impulsives en Afghanistan (toujours dans le chaos) et
en Irak (plus que jamais sous l’emprise de l’Iran), ne s’enlisera pas dans le
bourbier syrien, surtout avec la montée en puissance des djihadistes, des salafistes
et des Frères musulmans. Non, ce ne sont pas les tergiversations de Barack
Obama qui ont conduit à la montée du fondamentalisme en Syrie et qui ont jeté
le Front al-Nosra dans les bras d’al-Qaeda. Désolé, mais depuis le début de la
Révolution syrienne, le 15 mars 2011, les importantes manifestations
anti-régimes se font sous l’ombrelle religieuse : elles étaient organisées
les vendredis, avec des départs qui se faisaient des mosquées, sous les cris d’« Allah wou akbar ».
Il
est grand temps de se débarrasser de deux affreuses habitudes orientales que
nous avons, qui consistent à faire l’autruche et à nous décharger des corvées sur
les autres ! Les révolutions arabes sont toutes, sans aucune exception à
présent, des révolutions contre les régimes totalitaires en place et non contre
les autorités religieuses, pour libérer l’individu arabe de l’aliénation des soutanes.
Quand je pense qu’un jour, un certain historien, Jean Tulard, auteur d’une
cinquantaine d’ouvrages, a écrit dans le prestigieux journal Le Monde, au lendemain des émeutes en
Tunisie, qu’il s’agissait de « L’an 1789 de la révolution tunisienne »,
j’ai la certitude que l’habit ne fait pas le moine ! Il revient aux
Syriens eux-mêmes de rejeter sans ambiguïté le fondamentalisme, pour mettre en
place une société laïque dans une Syrie multiconfessionnelle et
multicommunautaire.