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Lieu : La Haye
C'était
le dernier procès de cette haute juridiction internationale, le
Tribunal pénal pour l'ex-Yougoslavie (TPIY).
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Acteur : Slobodan Praljak
Il
était le chef des HVO, le Conseil croate de défense, l'organe
exécutif, administratif et militaire suprême de la communauté
croate de Bosnie-Herzégovine lors de la guerre civile qui a frappé
cette région des Balkans entre 1992 et 1995 et qui a fait près de
90 000 morts.
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Rôle : Criminel
Incarcéré
depuis 2004. Il comparaissait pour crimes de guerre et crimes contre
l'humanité, commis pendant la guerre contre les forces et les
populations musulmanes.
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Tournage: 29 novembre
On
vient de confirmer sa condamnation à 20 ans de prison.
Il
avait le look pour décrocher le rôle du père Noël! Mais non, il a
préféré celui de criminel. Et du coup, il se trouve là, dans le
box des accusés. Il écoute avec une sérénité incroyable le juge pendant six longues minutes parler en anglais. A
l'annonce du verdict, rappelant ses crimes et confirmant les 20 ans
d'emprisonnement, il prend la parole. On lui demande de s'assoir.
L'audience ne l'écoute que d'une oreille. «
Juges, Slobodan Praljak n’est pas un criminel de guerre. Je rejette
avec mépris votre verdict. » Oui bof, on connait la
chanson chantée par tous les coupables aux quatre coins de la Terre ! Le général lève la main jusqu'à la bouche. On fait à
peine l'effort de se retourner. On lui somme de nouveau de s'assoir.
Il prononce quelques paroles en croate. Et aussitôt c'est la panique dans la
salle, que s'est-il passé? Son avocate annonce, en français, que
son client lui a dit qu'il a avalé un poison. C'est alors qu'on
comprend que la fiole qu'il a portée à sa bouche contenait une
substance mortelle ! L'audience est suspendue. Trop tard. Transporté
à l'hôpital, il décédera peu de temps après. Dernier petit détail
curieux, beaucoup de médias, notamment francophones, ont
volontairement censuré le mot « mépris », mais traduit
le reste!
Certes,
par cet acte ultime, Slobodan Praljak se soustrait à la sentence.
C'est même un pied de nez à la justice internationale. Le criminel
s'est échappé de prison en se donnant la mort. Mais, force est de
constater qu'il a finalement répondu de ses actes devant la
communauté internationale. Ce procès se termine avec lâcheté
peut-être, tragique quand même, mais d'une façon indéniablement
théâtrale. Et dire que ce général bosniaque était par ailleurs,
diplômé de philosophie de la Faculté de sciences humaines et
sociales de Zagreb, ainsi que de l'Académie d'art dramatique. Une
fin sensationnelle, pour ne pas dire magistrale, pour un criminel ordinaire qui fut un temps, militaire, homme
d'affaires, écrivain, réalisateur et metteur en scène. Il ne
restera dans l'Histoire et toutes les mémoires, que ses crimes et la
mise en scène de sa mort. S'étant livré de lui-même en 2004, il avait déjà purgé 13 ans de prison. Il était libérable dès 2018. Un
exemple qui prouve que la réalité dépasse parfois la fiction.
La
question que tout le monde se pose aujourd'hui est de savoir comment
a-t-on pu introduire cette fiole dans l'un des endroits les plus
sécurisés au monde? Qu'importe, la faille sera facilement détectée
et comblée par la suite et pour l'avenir. Cet événement hors du
commun qui restera dans les annales judiciaires, nous renvoie
pourtant, nous autres citoyens du Moyen-Orient, à deux questions
essentielles.
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La première c'est celle de savoir que fera au niveau local, le
triumvirat de l'Etat libanais -Michel Aoun, président de la
République, Saad Hariri, Premier ministre, et Nabih Berri, président
de l'Assemblée nationale- pour arrêter et renvoyer à La Haye les quatre membres du Hezbollah encore en vie sur les cinq Libanais accusés par un autre tribunal international basé à La Haye, le Tribunal Spécial pour le Liban
(TSL), d'être à l'origine de l'attentat terroriste du 14 février
2005, ayant entrainé la mort de 22 personnes dont l'ancien Premier
ministre libanais, Rafic Hariri, et qui ont été élevés au rang de
« saints » par le chef de la milice chiite libanaise,
Hassan Nasrallah? Pour l'instant, ils n'ont rien fait. Attendre qu'ils se livrent
eux-mêmes ou qu'ils se suicident? Oh, même chez les criminels, il y
a des degrés de lâcheté!
Rappelons
aux descendants des autruches dans notre contrée d'Orient, que le
TPIY a été créé en 1993. Il a eu sa première audience en 1995.
En dépit de ses défauts, il a mis en accusation et jugé 161
personnes. Tous les accusés ont été arrêtés, ou se sont livrés
d'eux-mêmes, le dernier en 2011, soit 18 ans après la création du TPIY. Le
TSL lui, a été créé en 2007 et a commencé ses travaux en 2009. L'affaire est en cours. Les 18 ans cités précédemment, nous renvoient en 2025. On a donc encore de la marge ! Dans tous les cas de figure, les accusés sont jugés par contumace. Pour le
TPIY comme pour le TSL, la justice est lente, mais inéluctable.
L'affaire Bachir Gemayel l'a récemment prouvé, même dans un pays comme le Liban.
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La deuxième question réside aussi dans le fait de savoir quand les
crimes de guerre et les crimes contre l'humanité commis par le
régime de Bachar el-Assad, attestés dans l'album de César (55 000
photos de 11 000 Syriens, affamés, torturés et tués) et les
massacres chimiques d'al-Ghouta et de Khan Cheikhoun, entre autres (attaques
terroristes au gaz sarin, arme de destruction massive), seront-ils
jugés par la communauté internationale ? Attendre que Vladimir
Poutine lève l'immunité de son protégé, Bachar el-Assad, c'est
croire que les poules auront des dents un jour et que les autruches triompheront sur les primates à l'issue de la sixième extinction des espèces !