1. LIBAN. Le weekend s’envole et deux images restent de l’actualité libanaise de samedi dernier. La première étant celle de la commémoration
de l’assassinat de l’ancien chef des renseignements libanais,
Wissam el-Hassan. La deuxième est celle du retour des neufs otages chiites
de Syrie, qui étaient tenus en captivité par un groupe
de rebelles syriens pendant près d'un an et demi. Dans l’apparence, cette dernière image domine.
Temporairement ! Le Hezbollah avait de
quoi pavoiser ce weekend, pas seulement à l’aéroport international Rafic
Hariri, même si cette libération est passée par des violations graves des lois libanaises,
allant des coupures du trafic routier à plusieurs reprises au cours de cette longue
absence forcée, au kidnapping de deux pilotes turcs l'été dernier. Samedi au Biel, l’ambiance
du côté du 14 Mars était loin d’être euphorique. Non seulement, la mort de Wissam
el-Hassan est une lourde perte, mais en plus, la commémoration de ce crime odieux, ainsi que les attentats qui ont eu lieu au cours de l'année écoulée aussi bien à Beyrouth qu'à Tripoli, rappellent aux Libanais la sauvagerie qui règne encore dans leur
pays, 38 ans après le début de la guerre civile libanaise, toujours en cours et
régulièrement mise à jour.
Le Hezbollah, peu concerné par ce qui se passait au Biel, et vice versa, pouvait se targuer devant son public d’avoir réussi à libérer les siens, ces « chiites » victimes de la barbarie des rebelles. Mais, hélas pour lui, il n’a pas pu faire oublier aux Libanais que la « milice chiite d’Allah » est experte en kidnapping, comme le confirme le CV du Hezb des années 80. C’est sans parler aussi du fait que plusieurs éléments indiquent que le Hezbollah serait au moins complice du kidnapping des pilotes turcs le 9 août 2013, dont la libération était concomitante avec celle des otages libanais chiites, de par le témoignage des pilotes eux-mêmes, qui ont indiqué qu’ils étaient détenus pendant un moment dans un lieu où « nous pouvions entendre le vrombissement des avions », la banlieue sud de Beyrouth en toute vraisemblance, le fief du Hezbollah. Par contre, le 14 Mars ne pouvait présenter à son public il y a trois jours, pour des raisons évidentes de confidentialité, aucun élément sur la mort d’un des siens, celui qui a fait progresser l’enquête sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais, Rafic Hariri, celui qui a permis le démantèlement de plusieurs réseaux libanais d’espionnage au profit d’Israël et celui qui a dévoilé au grand jour le réseau terroriste de Michel Samaha (ancien ministre pro-syrien du 8 Mars, actuellement emprisonné, qui projetait à la demande de Bachar el-Assad en personne, selon ses propres aveux, de mener plusieurs attentats au Liban).
Ce weekend, les premiers se sont réjouis, les seconds n’avaient plus que les yeux pour pleurer. Le match n’est pas terminé. Si l’adage populaire, « rira bien qui rira le dernier » est vrai, la maxime d’el-Baalbaki, « pleura bien qui pleura le dernier », est encore plus vraie !
Le Hezbollah, peu concerné par ce qui se passait au Biel, et vice versa, pouvait se targuer devant son public d’avoir réussi à libérer les siens, ces « chiites » victimes de la barbarie des rebelles. Mais, hélas pour lui, il n’a pas pu faire oublier aux Libanais que la « milice chiite d’Allah » est experte en kidnapping, comme le confirme le CV du Hezb des années 80. C’est sans parler aussi du fait que plusieurs éléments indiquent que le Hezbollah serait au moins complice du kidnapping des pilotes turcs le 9 août 2013, dont la libération était concomitante avec celle des otages libanais chiites, de par le témoignage des pilotes eux-mêmes, qui ont indiqué qu’ils étaient détenus pendant un moment dans un lieu où « nous pouvions entendre le vrombissement des avions », la banlieue sud de Beyrouth en toute vraisemblance, le fief du Hezbollah. Par contre, le 14 Mars ne pouvait présenter à son public il y a trois jours, pour des raisons évidentes de confidentialité, aucun élément sur la mort d’un des siens, celui qui a fait progresser l’enquête sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais, Rafic Hariri, celui qui a permis le démantèlement de plusieurs réseaux libanais d’espionnage au profit d’Israël et celui qui a dévoilé au grand jour le réseau terroriste de Michel Samaha (ancien ministre pro-syrien du 8 Mars, actuellement emprisonné, qui projetait à la demande de Bachar el-Assad en personne, selon ses propres aveux, de mener plusieurs attentats au Liban).
Ce weekend, les premiers se sont réjouis, les seconds n’avaient plus que les yeux pour pleurer. Le match n’est pas terminé. Si l’adage populaire, « rira bien qui rira le dernier » est vrai, la maxime d’el-Baalbaki, « pleura bien qui pleura le dernier », est encore plus vraie !
2. ARABIE SAOUDITE. « Permettre au régime en place en
Syrie de tuer son peuple et de le brûler à l'arme chimique au vu et au su
du monde entier sans sanctions dissuasives est une preuve claire de
l'impuissance du Conseil de sécurité à accomplir son devoir et à assumer ses
responsabilités... La question
palestinienne demeure depuis 65 ans sans règlement... L'Arabie saoudite n'a pas d'autre option que de refuser de devenir
membre du Conseil de sécurité jusqu'à ce que ce dernier soit réformé et
qu'on lui donne les moyens d'accomplir son devoir et d'assumer ses
responsabilités pour préserver la paix et la sécurité dans le monde. » Ce sont les propos du ministre des Affaires étrangères du seul pays au
monde où les femmes n’ont pas le droit de conduire, encore en 2013 ! Bassita,
il n’est pas là le problème.
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Saoud ben Fayçal ben
Abdelaziz Al Saoud a en partie raison dans la formulation de ce
constat amer. Il n'empêche que le refus de l’Arabie saoudite de siéger au sein du
Conseil de sécurité de l’ONU après son élection pour deux ans, relève plus d'un amateurisme politique complètement stérile
que d’une stratégie diplomatique fertile. Mais enfin, si le fonctionnement du Conseil de sécurité laisse à
désirer, ce n’est surement pas en le boudant qu’on le fera évoluer. Et si les
causes arabes, syrienne et palestinienne, méritent un traitement plus juste de
la part du Conseil de sécurité, motifs légitimes du mécontentement saoudien,
ce n’est absolument pas en claquant la porte, qu’on les fera avancer ! Hélas pour ce ministre que j'ai toujours trouvé sympathique, le coup de gueule saoudien a toutes les chances de ne pas avoir plus d'effet qu'un coup d’épée dans l’eau.
Disons que si l’Arabie saoudite est aussi mécontente de l’impuissance
onusienne, dans les dossiers arabes, syrien et palestinien, rien n'empêche la 1re puissance pétrolière au monde (qui détient 22 % des réserves mondiales de
pétrole), d’agir seule ou avec ses amis
du Golfe, qui, soit dit au passage, dépensent des fortunes pour s'équiper des armes les plus sophistiquées. Allons donc, ce refus ne peut pas être pris au sérieux ! Et si l’Arabie saoudite est aussi
révoltée par la situation en Syrie et en Palestine, rien n'empêche les pays du Conseil de coopération du Golfe (Arabie
saoudite, Émirats arabes unis, Oman, Bahreïn, Koweït et Qatar), qui ont le pouvoir de faire trembler toutes
les économies du monde (en détenant 40 % des réserves mondiales de pétrole et 25% de celles de gaz), des pays
prospères (on estime les avoirs extérieurs nets des monarchies du Golfe à plus
de 2 150 milliards de dollars), d’entreprendre
des actions unilatérales, indépendamment de l’ONU et d’exercer des
pressions de lobbying, pour faire évoluer la situation au Moyen-Orient. Désolé encore,
mais ce refus n'est vraiment pas sérieux !
En tout cas, il est utile de rappeler dans ce contexte
que si le Moyen-Orient a la chance inouïe
aujourd’hui de se débarrasser d’un arsenal aussi dangereux que les armes
chimiques de la tyrannie des Assad (un million de litres) -qui je le rappelle sont considérées comme des armes de destruction massive, comme le prouve la tragédie du 21 août 2013 où près de 1 500 Syriens sont morts en quelques minutes- c’est grâce au Conseil de sécurité de l’ONU !
Et ce n’est pas parce que ce dernier ne peut pas débarrasser le Moyen-Orient de
l’arsenal nucléaire israélien (estimé à 200 têtes nucléaires), qu’il faut
ignorer l’avancée considérable sur le dossier chimique syrien pour toutes les
populations de la région. Rappelons aussi aux dirigeants du royaume, que si on
peut espérer un jour juger les assassins de leur défunt ami, Rafic Hariri, ancien Premier ministre du
Liban, c’est bel et
bien grâce au Conseil de sécurité de l’ONU ! Rappelons également, que l'invasion du Koweït par l'Irak de Saddam Hussein en août 1990 -et la menace de ce dernier d'envahir d'autres pays du Conseil de coopération du Golfe, notamment l'Arabie saoudite- a fait l'objet de 27 résolutions de la part du Conseil de sécurité de l'ONU. Rappelons enfin, que si les pays arabes, dont l'Arabie saoudite, avaient accepté la résolution 181 de l'Assemblée générale de l'ONU de 1947, qui partageait la Palestine en deux États (il y a donc 69 ans !), une erreur reconnue par le président palestinien Mahmoud Abbas, ils auraient épargné aux populations arabes, notamment palestinienne et libanaise, beaucoup de souffrances et de perte de temps ! Alors de grâce, dans l'intérêt de tous, soyons un tant soit peu, moins amnésiques et plus sérieux.
Et puisque les Saoudiens sont préoccupés par le sort des Syriens, au
lieu de boycotter le Conseil de sécurité, ils devraient :
- Arrêter de financer les rebelles islamistes syriens qui ont terni gravement l’image de la révolution syrienne. C’est tout
aussi valable, pour la Turquie islamiste de Recep Tayyip Erdogan, bien entendu.
- Convaincre l’opposition syrienne, réticente, de rejoindre la conférence de Genève II sur la Syrie, prévue en principe pour la fin du mois de novembre. La militarisation et la généralisation du conflit syrien par les rebelles furent des erreurs. Il est grand temps que ces derniers assument pleinement leur responsabilité en rectifiant le tir. Il en va non seulement de l'intérêt du peuple syrien mais aussi de celui du peuple libanais.
- Convaincre l’opposition syrienne, réticente, de rejoindre la conférence de Genève II sur la Syrie, prévue en principe pour la fin du mois de novembre. La militarisation et la généralisation du conflit syrien par les rebelles furent des erreurs. Il est grand temps que ces derniers assument pleinement leur responsabilité en rectifiant le tir. Il en va non seulement de l'intérêt du peuple syrien mais aussi de celui du peuple libanais.
- Œuvrer au sein du Conseil de sécurité à une solution politique en
Syrie car il est aussi grand temps, que les supporteurs des
rebelles -notamment l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie- comprennent qu’il
n’y aura pas de solution militaire au conflit syrien, sauf si on est prêt à allers vers les 300 000 morts et 4 millions de réfugiés, dont 2 millions au Liban !
- Ouvrir les vannes financières, et convaincre les autres monarchies du Golfe de faire de même, pour venir réellement en aide à la population
syrienne réfugiée au Liban car la guerre en
Syrie place ce pays au bord de la faillite. Mais bordel, le Liban ne saurait être le seul pays du monde à supporter jusqu'à l'épuisement économique, ce lourd fardeau humanitaire ! La Banque mondiale estime d’ores et
déjà le préjudice économique de la
guerre civile syrienne sur le Liban, notamment avec l’afflux massif de
réfugiés syriens et palestiniens (près de 1 250 000 personnes), à plus de 7,5
milliards de dollars, l’équivalent de plus de 50 % du budget de l’État
libanais ! Pour l’instant le pays du Cèdre n’a reçu que des promesses et que des miettes. C’est une honte.
3. FRANCE. Qu'importe qu'elle ait été la nature de cette affaire, j'étais étonné de constater avec quelle facilité ce fait
divers a pu dominer toutes les sphères du pouvoir d’un Etat pendant
plusieurs jours, à cause d’un emballement
hystérique de médias en mal de vente et d'audience, de politiciens en mal d’inspiration
et de population en mal de sensation. Pourtant, nous étions en France, 5e puissance du monde, où l’état de droit règne sans problème. L’affaire Leonarda, l’expulsion d’une collégienne rom-kosovare de
15 ans et de sa famille par la France pour irrégularité de séjour, aurait dû rester du ressort de
l’administration, du milieu associatif et de la justice française. Enfin, il
est temps quand même de revenir à des températures de saison !
4. ISRAEL-LIBAN.
Je termine ce tour d'horizon par l'actualité farfelue qui me tient beaucoup à cœur. C’est fou comme une banale histoire d'aigle -pas si banale que ça, j'y reviendrai un autre jour- peut donner
matière à réflexion. Certains médias, comme Lebanon Debate, ont insisté
pour induire les Libanais en erreur sur cette affaire. Ils avaient beau cherché des justifications à leur délire ornithologique,
allant même jusqu’à falsifier un article du quotidien anglais The Independent (lire PS4 de mon article sur le sujet), ils n’ont fait que s’enfoncer
davantage dans le ridicule. Il n’a pas fallu longtemps pour comprendre que l’aigle espion israélien du weekend en
huit, n’était en réalité qu’un des innombrables éléphants roses libanais
qui encombrent l’espace aérien du Liban. Alors franchement, je me demande qu’en est-il du
reste de l’actualité politique ?