Il est navrant de voir un si beau pays aux
atouts importants, qui a beaucoup apporté à l’humanité en général et à la
culture européenne en particulier, dans cette crise. J’ai toujours pensé que la Grèce devrait servir comme modèle pour
le Liban, plus que l’Italie et la Suisse, car elle représente un compromis de réussite entre le
Nord et le Sud. Je déchante aujourd’hui. Il est navrant aussi de s’apercevoir
encore une fois, que ce n’est ni la classe aisée, ni la classe dirigeante, qui paient
le prix des pots cassés, mais c’est bel et bien la classe moyenne qui trinque comme d’habitude. Savoir comment on est
arrivé là et qui en est responsable, n’a plus beaucoup d’importance à ce stade
de la crise. C’est comme un médecin qui s’intéresserait à l’alimentation d’un
patient qui fait un infarctus. L’essentiel
aujourd’hui, c’est de savoir comment sortir de là et qui est capable de le
faire.
Si la majorité des gens n’ont pas beaucoup
de sympathie pour les « financiers »,
ce n’est pas pour rien. Faire des bénéfices -surtout à tout prix, ce qui
constitue la vocation même de ces métiers- peut conduire à l’injustice sociale,
à des entorses éthiques, au sacrifice de principes moraux, à la violation des
droits de l’homme, j’en passe et des meilleures. Il n’empêche que les Grecs, comme les Libanais d’ailleurs,
ou les Syriens, les Irakiens et les Palestiniens aussi, qui ont un penchant pour le déni de la réalité et une fâcheuse tendance
à rejeter la faute sur les autres, tout en réclamant leur aide, font une double
preuve de leur immaturité politique. Certes, les financiers ont trop poussé les Grecs à s’endetter. Oui, on raconte aussi que des commerciaux ont
vendu des réfrigérateurs à des Esquimaux. Est-ce pour autant qu’il faut dégager
les Grecs et les Esquimaux de leurs responsabilités dans leur malheur ? Non. C’est une des racines du problème de la crise grecque aujourd’hui.
Que l’on reproche aux financiers leur
cupidité ne doit pas empêcher les descendants de Zeus, d’Aphrodite et de
Dionysos de regarder la réalité en face. Contrairement aux idées reçues, les Grecs sont ceux qui travaillent le plus en Europe. Ah si ! Contrairement à d’autres idées reçues, les Grecs ont fait énormément d’efforts
depuis cinq ans, notamment sous le gouvernement socialiste de Georgios Papandréou, qui découvre à son arrivée au pouvoir en 2009, des comptes publics trafiqués par le gouvernement sortant de droite. Donc, le problème n’est pas dans ces
clichés qui ont la vie dure, le Nord bosse pendant que le Sud se la coule douce.
Mais, il faut avouer que la Grèce vient de loin, de très loin. Par exemple, ce
n’est qu’en 2013, que les armateurs grecs ont été soumis à l’impôt, pour la 1re fois depuis 1953. Non mais sérieusement, il fallait 60 ans pour y penser ? Même
Poséidon n’en revient pas.
En matière de dettes économiques, comme lors de la
prise de poids, l’équation est simple : qui mange trop, grossit et qui
dépense trop, s’endette. Il y a aussi un autre théorème qui conduit au même
résultat : qui ne bouge pas assez, grossit et qui ne fait pas assez de
recettes, s’endette. Les Grecs ont doublement pêché depuis leur entrée dans l’Union
européenne en 1981 : ils ont trop
dépensé et ils n’ont pas fait suffisamment de recettes. Si la première
partie est une évidence, la seconde ne l’est pas moins pour autant. Ce n’est
qu’un secret de Polichinelle, le Trésor
grec a du mal à renflouer ses caisses puisque la fraude fiscale et les
exemptions d’impôts sont de grandes spécialités nationales dans ce pays méditerranéen,
autant que la moussaka et les souvlakia. D'ailleurs, Alexis Tsipras lui-même l'a reconnu devant le Parlement européen, après le référendum : « Si la Grèce est dans cette situation,
c'est parce que pendant des décennies, les gouvernements ont gouverné de
façon clientéliste, en soutenant la corruption, sans contrôler la
fraude fiscale des plus riches. Au plus fort de l'austérité, les 10%
les plus riches ont été épargnés. »
Le
déni du gouvernement grec l’a poussé dès sa prise de fonction au début de l’année,
à exhumer deux vieux contentieux avec l’Allemagne datant de l’occupation
de la Grèce par les nazis. Le premier concerne l’emprunt contracté par le régime
nazi en 1941 et qui n’a pas été remboursé. Le second porte sur
l’indemnisation allemande pour l’occupation du territoire grec pendant trois
ans. En théorie, ces réclamations étaient légitimes. Mais, l'ennui c’est
que le gouvernement d’Alexis Tsipras a laissé croire aux Grecs qu’ils pourront se
débarrasser de leur dette d’un coup de baguette magique de l’histoire. Le
Premier ministre grec n’a pas eu le courage de préciser à ses compatriotes,
qu’il les engageait dans une interminable bataille des chiffres, que l’emprunt
actualisé ne couvre pas grand-chose de la dette et que rien sur le plan
juridique ne permet de considérer que le dossier des indemnisations de la
Seconde guerre mondiale n’est pas définitivement clos.
Diverses
installations utilisées lors des Jeux Olympiques d'Athènes de 2004, dix ans après Photos : Getty Images |
En réalité, par cette manœuvre national-populiste,
le gouvernement de Tsipras cherchait à fuir la réalité de la gestion calamiteuse des finances grecques depuis quatre décennies. Trois points illustrent merveilleusement bien ce désastre. Les JO de 2004, le
Parlement grec et la fonction publique.
Comme l’a titré le journal des Echos la
veille de l’ouverture des Jeux
Olympiques en août 2004, « JO d’Athènes, les plus coûteux de l’histoire »,
on sait que « ce caprice », pour un petit pays, a coûté près de 9
milliards d’euros selon les chiffres officiels, 13 à 20 milliards selon des sources indépendantes, pour financer des
projets divers tels que stades, infrastructures, métro, autoroutes, trains, plantation,
etc. Rien que pour la sécurité de l’événement, on a englouti 1,2 milliard
d’euros. La Grèce a été soupçonnée à l’époque d’avoir caché une partie de ses
dettes, afin de taire les protestations sur la mégalomanie autour de ces JO.
Les retombées financières ont été en deçà des prévisions. Après l’euphorie des Jeux, le pays s’est retrouvé avec des villages
olympiques à l’abandon et des bâtiments fantômes, des lieux désaffectés et
envahis par les herbes sauvages, des installations inutilisables et mal
entretenues, des plantations mortes, et cætera, etcétéra, etc. De l’avis
général, les sites n’ont pas été conçus avec l’obsession de la pérennité autant
qu’ils l’étaient pour en mettre plein la vue au monde entier à l’occasion de la
commémoration de plus d’un siècle d’Olympiades, depuis les Jeux d’Athènes en
1896. Certes, la dette grecque n’est pas due uniquement aux JO. Mais, la gestion de cet événement sportif révèle une
mentalité qui pousse certains à vivre au-dessus de leurs moyens, aux frais de la princesse, l'Etat. Tout un symbole, c’est
seulement l’été dernier, sur une initiative privée des responsables des JO, que
les Grecs ont enfin décidé de mener une mission d’évaluation de « l'empreinte laissée par les Jeux
olympiques de 2004 sur l'économie du pays... Jusqu’à présent, il n’y a pas eu
de recherche scientifique détaillée sur l’impact global de la manifestation ».
Mais oui, pourquoi se presser ?
L’autre indice de ce laxisme grec en
matière de dépenses, nous vient du Parlement
d’Athènes. Alors que la population grecque s’élève à 11 millions
d’habitants, le pays compte 300 parlementaires, soit 1 député pour 37 000 habitants. L’ironie de l’histoire c’est que
ce chiffre correspond à peu de chose près à la moyenne libanaise (128 députés pour 4,2
millions d’habitants, soit 1 député pour 33 000 habitants, alors que notre dette abyssale dépasse les 66 milliards de dollars !), ce qui
doit déjà vous donnez une idée sur la question. Par comparaison, le Royaume-Uni
et l’Italie fonctionnent avec 1 député pour 98 000 habitants, la France et les Pays-Bas marchent avec 1 député pour 114 000 habitants.
Mieux encore, l’Allemagne et
l’Espagne s’en sortent avec 1 député
pour 132 000 habitants, soit trois fois moins que la Grèce. Le record
mondial étant détenu par ce pays qui fascine le monde, le sujet de mon dernier
article, les Etats-Unis, qui n’ont
en tout et pour tout que 435 députés pour 320 millions d’habitants, soit 1 député pour 736 000 Américains.
Certes, ce n’est pas la rétribution des députés qui creusent le déficit de
l’Etat grec, mais là aussi, cette inflation parlementaire, pour un petit pays
en grande difficulté économique de surcroit, est un autre indice qui reflète un état d’esprit peu soucieux de rigueur budgétaire. Et encore, si cette « inflation » se
limitait aux parlementaires ! Le
troisième indicateur qui prouvent que les Grecs prennent l’Etat pour une vache à lait, étant
la part de l’emploi public dans ce pays. Alors qu’en Allemagne cette part ne représente que
14% de l’emploi total, celle-ci dépasse les 40% en Grèce, le record en Europe, soit trois
plus chez Tsipras que chez Merkel. On est à près de 20% en France, deux fois moins qu'en Grèce, la moyenne des pays de l’OCDE, et seulement à 8% au
Japon, un taux qui n'est même pas envisageable pour ce pays méditerranéen.
La veille de ce référendum crucial pour son
pays, le Narcisse de Paris Match, Yanis Varoufakis, a eu le culot de déclarer, à propos des créanciers de son pays :
« ce
qu'ils font avec la Grèce a un nom : terrorisme ». Admettons. Alors que les Grecs, qui ont peur
pour leur avenir, ont retiré en quelques jours plus de 2 milliards d’euros des établissements
bancaires, ce soi-disant ministre des Finances, ne savait pas
« pourquoi
est-ce qu'ils nous ont forcés à fermer les banques ? » Non mais,
je rêve. Faut-il vraiment lui expliquer que c'était pour éviter la
fuite des capitaux, l’asséchement des banques et que tout le système bancaire
de la Grèce ne s’écroute ? De toute façon, c’est son
gouvernement qui l’a fait. Et comme s’il n’a pas assez dit de niaiseries dans
une seule interview, ce « marxiste libertaire », comme il se définit lui-même, rajoute, « (c’est) pour insuffler la peur aux
gens, et quand il s'agit de répandre la peur, on appelle ce phénomène, le
terrorisme ». Et quand il
s’agit de répandre le populisme, on appelle ce phénomène la stupidité,
l’immaturité ou l’irresponsabilité, au choix. Et comme s’il n’a pas été assez
populiste, le spécialiste de la théorie des jeux conclut : « aujourd'hui ce que veulent Bruxelles
et la troïka, c'est que le ‘oui’ gagne (au référendum) pour pouvoir ainsi
humilier les Grecs ». Il faudra que quelqu’un rappelle à ce bobo, que
la Grèce est en défaut de paiement depuis le 1er juillet 2015. Enfin,
ce n’est plus la peine de s’étendre sur le bonhomme, le fusible Yanis Varoufakis
a sauté aujourd'hui, en démissionnant à la demande du Premier ministre, et on ne va pas le regretter. Ainsi, seul Alexis Tsipras est aujourd’hui aux
commandes.
La
dette de la Grèce s’élève à près de 320 milliards d’euros, ce qui représente 175% du PIB. Elle était détenue
il y a quelques années par des institutions privées. Une affaire très
fructueuse au départ, mais les banques ont vite compris que la Grèce n’est pas
l’Eldorado à long terme. Alors, elles ont tout fait par la suite pour s’en
débarrasser. Aujourd’hui, la dette grecque est essentiellement détenue par des organisations publiques et étatiques
et non des institutions privées et individuelles. Le grand créancier d’Athènes est
le Fonds européen de stabilité
financière (FESF), qui détient 42% de la dette grecque. Cette institution créée
par l'Union européenne en 2010 et dotée de 780
milliards d’euros de garantie, a comme mission de préserver
la stabilité économique en Europe en fournissant une assistance financière aux
États de la zone euro qui sont en difficulté, la Grèce en tête, bien
évidemment, avec un taux d’intérêt défiant toute concurrence : 1,5%. Les
grands contributeurs du FESF sont l’Allemagne (à hauteur de 27%), la France
(20%), l’Italie (18%) et l’Espagne (12%). Les autres grands créanciers de la
Grèce sont la Banque centrale européenne (BCE), le Fonds monétaire
international (FMI) et des pays de l’Union européenne de la zone euro. Il existe aussi des créanciers privés. Ainsi,
divers Etats européens se retrouvent enliser dans le marécage de la dette
grecque directement, à cause des prêts bilatéraux signés avec la Grèce, et
indirectement, par le biais du FESF. En cas de défaut de paiement de la part des Grecs, ou d'effacement de leurs dettes comme le souhaite Alexis Tsipras, ce sont donc les Européens qui devront rembourser ou supporter ces charges financières. Bilan des courses, on peut dire que la Grèce doit en théorie, prêts direct et indirect, l'équivalent de 56,6 milliards d’euros à l’Allemagne ; 42,4
milliards à la France ; 37,3 milliards à l’Italie et 24,8 milliards à
l’Espagne, des pays qui empruntent pour garantir les sommes prêtées par le
FESF à la Grèce. Disons pour être précis, que si la Grèce décide de ne plus honorer sa dette, ou si elle est dans l'incapacité de le faire, la mésaventure hellénique coutera aux Allemands, aux Français, aux Italiens et aux Espagnols, près de 161 milliards d'euros. Ces quatre pays européens, à qui la Grèce doit la moitié de sa dette indirectement, sont dépeints
donc comme les méchants loups de l’Europe, alors que c’est grâce à eux que l’agneau grec
n’a pas encore été sacrifié sur l’autel des dieux de la finance. Comme on dit
dans nos contrées d’Orient, on ne boit pas du puits pour cracher dedans
ensuite.
Et il est là le nœud du problème. Comme la dette grecque est détenue essentiellement
par des Etats européens et non des institutions privées, pour le Premier ministre
grec, la solution est simple : il suffit d’effacer d’un coup de crayon magique
une partie de cette dette et de se débarrasser dans la foulée d’un nouveau
plan d’austérité pour continuer le travail d'assainissement des finances publiques. C’est dans ce but
que le jeune dirigeant populiste a claqué la porte des négociations avec les Européens le
27 juin et a décidé précipitamment de soumettre les propositions de réforme à
sa population le 5 juillet. Alexis
Tsipras a aussitôt appelé ses concitoyens à voter « NON » aux mesures
économiques demandées par les créanciers européens et a réclamé, comme si de rien n’était, « une baisse de 30 % du montant
de la dette grecque » et « un délai de grâce de 20 ans pour son
remboursement ». Il est malin "Belle gueule", sauf qu’il oublie trois
détails.
Primo, il
faudra expliquer à cet opportuniste que les 30% de la dette grecque, qu’il veut
éliminer d’un coup de crayon, soit la bagatelle de 96 milliards d’euros, et le
délai de grâce de 20 ans qu’il exige, représentent en fin de compte l’argent et
les intérêts de 255 millions d’Allemands, de Français, d’Italiens et d’Espagnols.
C’est de l’argent public et non de l’argent privé, nuance. Et si les dirigeants européens voulaient se montrer aussi populistes que les dirigeants grecs, il faudrait soumettre sa demande au référendum dans ces quatre pays européens. Ah si ! Pathétique.
Secundo, il faudra rappeler à cet amnésique que la Grèce a déjà bénéficié d’un
traitement de faveur comme aucun autre pays au monde et dans l’histoire. En
2010, on a commencé avec un premier plan d’aide international sous forme de crédits de 110 milliards d’euros. En 2012, on a continué avec un deuxième plan d’aide sous forme de prêts de 130 milliards d’euros. Ce plan comportait aussi un volet qui prévoyait, tenez-vous bien, un effacement d’un coup de crayon
de 107 milliards d’euros de ce que la Grèce devait à ses créanciers, soit un peu moins
du tiers de la dette grecque qui s’élevait à l’époque à 350 milliards d’euros. Notre jeune populiste veut encore un autre rabais de 30%, alors que d’autres Européens aimeraient bien voir leur fardeau alléger pour beaucoup moins que cela. En tout cas, le troisième plan d'aide de 2015, en cours de négociation, s'élève lui à près de 74 milliards d'euros. Si ce dernier plan est validé, on pourra dire que la Grèce a eu à terme 421 milliards d'euros d'aide financière au total, dont l'écrasante majorité est d'origine européenne.
Tertio, il faudra faire comprendre à ce dirigeant irresponsable que rien ne
garantit aux Européens que les erreurs du passé et le chantage présent des
Grecs ne seront pas reconduits à l’avenir, surtout avec la mentalité
actuelle des gouvernants d’Athènes. D’ailleurs, l’idée
du référendum voulu contre vents et marées par les Grecs prouve magistralement
que les craintes des Allemands et des Français sont
parfaitement justifiées. Et c’est bien pour toutes ces raisons, que la
rigoureuse chancelière allemande, Angela Merkel, s’est montrée intransigeante face à la stratégie national-populiste du Premier ministre grec, Alexis Tsipras : « Je le dis clairement : un bon Européen n’est pas celui qui
recherche l’unité à tout prix. Un bon Européen est celui qui respecte
les traités européens ainsi que le droit national et qui, de cette
façon, contribue à ce que la stabilité de la zone euro ne se détériore
pas. » Tout le reste n’est
que palabres.
Si le
« non » l’a emporté à plus de 61%, c’était prévisible. Il faut avouer qu’on était dans la situation
saugrenue du gouvernement d’un pays d’Europe, en défaut de paiement svp, à
la dette abyssale, qui soumet à un
référendum, un plan d’assainissement de ses
finances, issu de longues négociations avec ses créanciers, prévoyant diverses réformes structurelles pour lutter contre la
corruption, la fraude fiscale et pour augmenter les recettes de l’Etat (hausse de la TVA, notamment dans le secteur touristique, suppression de certaines
exemptions d’impôts, révision des retraites, etc.), tout en appelant ses
concitoyens à voter « non ». Le délire. C'était d'autant plus prévisible que le gouvernement grec actuel résulte d'une alliance bizarroïde entre SYRIZA, la "Coalition de la gauche radicale" d'Alexis Tsipras, un parti d'extrême gauche créé en 2004 et qui a obtenu 149 députés sur 300 aux dernières élections législatives, et ANEL, les "Grecs indépendants" de Panos Kammenos, actuellement ministre de la Défense, un parti d'extrême droite créé en 2012 et doté de 13 députés au Parlement. Les deux extrémistes se retrouvent sur le terrain démagogique, eurosceptique et hostile à la rigueur. D'ailleurs, le message de François Hollande, le président français, au Premier ministre grec, après l'annonce des résultats du référendum, résume bien la situation kafkaïenne : « Je suis prêt à t’aider, mais aide-moi à t’aider ». Même état d'esprit du côté de Christine Lagarde, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), qui a déclaré à la fin d'une réunion de travail avec Alexis Tsipras il y a deux semaines : « L’urgence est de rétablir le dialogue avec des adultes dans la pièce ». Cette déclaration résume bien la situation.
La
consultation du peuple grec ce dimanche relève du crétinisme, malgré son succès
apparent pour son initiateur. « Difficile
de ne pas voir dans le 'non' des électeurs grecs, une lourde défaite politique
pour Angela Merkel. Peut-être même la plus grave depuis son accession au
pouvoir en novembre 2005 », comme le précise Le Monde, est un constat à
côté de la plaque. Certes, le Premier ministre a gagné son référendum
officiel devant les 11 millions de Grecs. Mais, Alexis Tsipras ne sait pas
encore, qu’il a perdu un référendum officieux devant 496 millions d’Européens,
à qui on ne cesse de demander beaucoup d'efforts pour travailler plus et payer plus. Pire encore,
ce référendum se retournera forcément
contre Athènes, dès ce lundi. Le problème de liquidités s’aggravera, malgré la perfusion de la BCE. Les
rayons des supermarchés seront dévalisés. Aucun investisseur étranger ne mettra
un centime dans l’économie grecque. Mauvais payeur, les taux d’emprunt
augmenteront pour la Grèce. Le gouvernement grec pourrait se montrer plus populiste qu’il ne
l’était déjà. Les touristes européens éviteraient d’y aller. Une chose est sûre, l’Europe se montrera plus exigeante que jamais sur le principe du respect des traités et des engagements. Ce dernier point
est capital car céder au chantage de la
Grèce, c’est prendre le risque d’avoir à le faire de nouveau pour d’autres pays
européens en difficulté, comme l’Italie et l’Espagne, à qui la Grèce directement et indirectement, 62 milliards d’euros. Sinon, comment justifier aux yeux de 108 millions
d’Italiens et d’Espagnols, qu’au sein même de l’Europe, on pratique la
politique de deux poids, deux mesures ? Céder aux caprices des Grecs, c’est encourager les politiques
populistes dans toute l’Europe. On ne peut pas accepter le principe qu'à chaque fois que des règles ne conviennent plus à une des parties, celle-ci peut exiger et obtenir qu'on les change. La confiance entre la Grèce et l'Europe a été rompue par la faute de Tsipras. S’il est nécessaire de sortir la Grèce de la zone euro, pour
sauver l’Europe et l’Union monétaire, il ne faut pas hésiter une seconde à le
faire. Eh bien, Grexit et qu’Alexis Tsipras aille se faire voir chez les Grecs.
Eh oui, Greece exit, ils l’ont
bien cherché et c'est peut-être mieux pour tout le monde. Sinon, c'est de l'avenir même de l'Europe, au moins de la zone euro, qu'il sera question un jour. Quelle solution pour la Grèce ? Verdict dimanche lors du sommet extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement de l'Union européenne.