vendredi 22 décembre 2017

Les représentants de 86,5% de l'humanité ont condamné les Etats-Unis, qui n'ont été défendus que par les représentants de 0,5% de la population mondiale : le vote historique de l'Assemblée générale de l'ONU sur Jérusalem (Art.499)


Après le camouflet essuyé par les Américains lors du vote du projet de résolution sur Jérusalem lundi, approuvé par 14 membres du Conseil de sécurité de l'ONU, à l'exception des Etats-Unis (qui l'ont bloqué grâce à leur droit de veto), une nouvelle version de la résolution a été présentée au vote devant l'Assemblée générale de l'ONU jeudi, lors d'une « session extraordinaire d’urgence ». 

A cette occasion, le président américain Donald Trump et la représentante des Etats-Unis à l'ONU, Nikki Haley, se sont encore couverts de ridicule en menaçant une nouvelle fois le monde de représailles, affirmant que les Américains « se souviendront » de cette journée et « noteront » les noms des pays qui voteront en faveur de cette résolution, laissant entendre et sous-entendant que l'Amérique prendrait des sanctions financières à l'encontre des pays qui désapprouveront la démarche américaine, et baisserait leur contribution financière aux budgets de l'ONU et de ses organismes. Et alors que du côté de l'Assemblée générale de l'ONU on « déplore au plus haut point les récentes décisions (de Donald Trump) relatives au statut de Jérusalem », Nikki Haley a l'arrogance d'affirmer, « nous (Américains) avons l’obligation de demander un meilleur retour sur investissement »



Vote de la résolution A/ES-10/L.22 de l'Assemblée générale
de l'ONU sur Jérusalem (21 décembre 2017)
En vert, les pays "pour"; en rouge, les pays "contre;
en orange, les pays "abstentionnistes"; en gris, les pays "shopping de Noël" 

Source : Wikipedia (auteur carte Twofortnights)

Ce jeudi à New York, il n'y avait ni privilège ni veto, tous les pays de cette planète étaient sur un pied d'égalité, le Liban et la France, le Zimbabwe et les Etats-Unis, comme lors de n'importe quel scrutin où la voix d'un PDG ne vaut pas plus que celle d'un ouvrier. La résolution de l'Assemblée générale, comme celle du Conseil de sécurité, ne fait que rappeler trois évidences du droit international. 
. Primo, la dizaine de résolutions du Conseil de sécurité votées dans le passé, qui évoquent directement et indirectement le statut de Jérusalem-Est et les Territoires palestiniens occupés, s'imposent à tous les pays comme les lois pour les individus. 
. Secundo, l’acquisition de territoire par la force est illégale, toute décision unilatérale sur la partie est de la ville occupée lors de la guerre de 1967 est nulle et non avenue. 
. Tertio, le statut final de la ville sainte fera l'objet de négociations entre les Israéliens et les Palestiniens. 
En somme, « toutes décisions ou actions qui visent à modifier le caractère, le statut ou la composition démographique de la Ville sainte de Jérusalem n’ont aucun effet juridique, sont nulles et non avenues ». Voilà pourquoi, l'Assemblée générale de l'ONU « demande à tous les États de s’abstenir d’établir des missions diplomatiques dans la Ville sainte de Jérusalem, en application de la résolution 478 (1980) du Conseil (de sécurité) ».

Après de longues tractations en coulisse, le vote des représentants de la population mondiale à l'ONU s'est réparti de la manière suivante: 


128 pays sur 193, soit 66% des membres de l'ONU, ont voté « pour » : Liban, France, Allemagne, Italie, Espagne, Royaume Uni, Autriche, Belgique, Danemark, Irlande, Norvège, Suède, Pays-Bas, Portugal, Suisse, Grèce, Chypre, Egypte, Irak, Arabie saoudite, Tunisie, Algérie, Maroc, Arménie, Congo, Nigeria, Turquie, Iran, Indonésie, Japon, Inde, Chine, Russie, Brésil, etc. Dans cette catégorie, on retrouve évidemment les 21 pays arabes membres de l'ONU, ainsi que l'ensemble de l'Europe des quinze avant son élargissement à l'Est (2004). Les pays de l'Union européenne ont voté massivement la résolution, 22/28 pays, on n'a compté que 6 abstentions, émanant toutes des ex-pays d'Europe de l'Est. A ce propos, il est intéressant de noter aussi que sur les 24 pays qui formaient l'Europe de l'Ouest, 22 ont voté la résolution, 1 seul a préféré faire le shopping de Noël (Saint-Marin, le mini-Etat situé en Italie), 1 ne pouvait pas voter en tant que pays observateur, le Vatican. Par contre, sur les 20 pays qui constituaient l'Europe de l'Est, seulement 11 ont voté la résolution, 7 se sont abstenus (6 étant actuellement membres de l'Union européenne) et 2 ont opté pour le shopping de Noël, l'Ukraine et la Moldavie. 

35 pays n'ont pas été capables de trancher et ont choisi finalement « l'abstention », soit 18% de l'ONU : Canada, Mexique, Argentine, Haïti, Australie, Philippines, Pologne, Hongrie, Roumanie, République Tchèque, Croatie, Bosnie, Cameroun, Ouganda, Rwanda, Soudan du Sud, et un tas d'autres petits pays (Jamaïque, Lettonie, Lesotho, Fidji, Kiribati, îles Salomon, Trinité-et-Tobago, Tuvalu, Vanuatu), etc. 

21 pays ont zappé leurs obligations diplomatiques et ont préféré faire le « shopping de Noël », soit 11% de l'ONU : Salvador, Géorgie, Ukraine, Birmanie (pays trop occupé avec les Rohingya!), RD Congo, Kenya, Mongolie et d'autres petits pays (Samoa, Saint-Marin, Sao Tomé-et-Principe, Saint-Christophe-et-Niévès, Sainte-Lucie, Tonga, Swaziland, Timor oriental), etc. 

9 pays ont voté « contre », soit seulement 5% de l'ONU : ils méritent une escale. 

Parmi les 9 protestataires, on retrouve évidemment, les Etats-Unis et Israël, les fauteurs de trouble. En renfort, ils sont rejoints par le Guatemala (dont les échanges avec les Etats-Unis s'élèvent à 41% des exportations et 34% des importations!), le Honduras (dont le principal partenaire commercial n'est autre que les Etats-Unis, 35% des exportations et 41% des importations!), le Togo (dont le président Faure Gnassingbé, 12 ans de règne et 8 femmes connues, qui a succédé à un père qui affichait au compteur 38 ans de mandat, a eu droit au déroulement du tapis rouge par Benjamin Netanyahu, lors de sa visite privée à Jérusalem, en août 2017), Nauru (Océanie, 21 km2, 10 000 habitants, pays considéré comme un micro-Etat voyou, pratiquant entre autres le blanchiment d'argent et la vente de passeport au plus offrant, un pays prêt à tout pour renflouer ses caisses !), la Micronésie (Océanie, 702 km2, 102 000 habitants), les Palaos (Océanie, 459 km2, 21 000 habitants) et les îles Marshall (Océanie, 181 km2, 71 000 habitants). Il faut savoir que ces trois derniers pays étaient sous mandat des Etats-Unis (respectivement jusqu'en 1990, 1994 et 1986) et possèdent toujours comme devise, le dollar américain. Et ce n'est pas tout, les trois archipels sont officiellement des Etats associés aux Etats-Unis via le Compact of Free Association, un accord international conclu entre les intéressés qui permet aux Américains d'utiliser ces îles comme des bases militaires, en échange de leur défense, des subventions et de l'accès de leurs citoyens aux services sociaux américains, sans oublier bien entendu un petit vote à l'ONU selon le bon vouloir de l'oncle Sam. Enfin, c'est pour vous dire, le poids des contestataires et la profondeur de leur contestation. Ce qui n'a pas empêché le bouffon de Jérusalem, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, de déclarer : « Nous rejetons cette décision de l'ONU et réagissons avec satisfaction face au nombre important de pays qui n'ont pas voté en faveur de cette décision... Nous remercions les pays qui ont voté ensemble avec Israël, ensemble avec la vérité ». Le « nombre important », c'est c'là oui ! Voyons ça de plus près. 


Si on se limite aux voix exprimées, comme lors de n'importe quel scrutin dans n'importe quelle démocratie, l'abstention et le shopping n'étant pas pris en compte, nous avons 128 voix en faveur de la résolution et 9 voix contre la résolution, soit respectivement, 93,5% en faveur de la condamnation des Etats-Unis et 6,5% contre leur condamnation


Passons maintenant au poids démographique et prenons en compte l'abstention et le shopping.

. Les 128 pays qui ont voté « pour » la résolution et la condamnation des Etats-Unis, représentent 6,163 milliards de personnes, soit 83% de l'humanité
. Les 9 pays qui ont voté « contre » la résolution et la condamnation des Etats-Unis, représentent 365 millions de personnes seulement, soit à peine 5% de l'humanité
. Les 35 pays abstentionnistes et les 21 pays obsédés par le shopping de Noël, représentent respectivement 633 et 281 millions de personnes, soit ensemble, seulement 12% de l'humanité. 

Au total, si on exclut oncle Sam du calcul, qui ne peut pas être juge et partie, le verdict est sans appel : les représentants de 86,5% de la population mondiale est contre la décision des Etats-Unis de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël et de transférer l'ambassade américaine de Tel-Aviv, alors que les représentants de seulement 0,5% de la population mondiale est pour cette double démarche, Israël compris, les représentants de 13% de la population mondiale n'ayant pas d'avis tranché sur la question. C'est ça, Trump, Haley et Netanyahu, causez toujours, vous nous intéressez beaucoup ! 

Certes, les résolutions de l'Assemblée générale de l'ONU, contrairement à celles du Conseil de sécurité, ne sont pas contraignantes. Cependant, l'adoption d'une résolution sur Jérusalem par une écrasante majorité des pays du monde, condamnant l'initiative irresponsable américaine, une condamnation désapprouvée par une toute petite minorité de pays, est un camouflet sans précédent pour les Etats-Unis. 


La question ne porte pas comme le laissent croire avec une grande malhonnêteté Trump & Haley, sur « la souveraineté des Etats-Unis » de décider où installer leur ambassade, mais plutôt sur le respect absolu des résolutions du Conseil de sécurité par un pays membre fondateur de l'ONU, la première puissance au monde, qui détient le droit de veto, qui en use et en abuse, se permettant de donner des leçons au monde entier et de déclencher des guerres sans l'accord de l'ONU. Sont concernées notamment les résolutions suivantes : 242 (votée le 22 novembre 1967), 252 (21 mai 1968), 267 (3 juillet 1969), 298 (25 septembre 1971), 338 (22 octobre 1973), 446 (22 mars 1979), 465 (1er mars 1980), 476 (30 juin 1980), 478 (20 août 1980) et 2334 (23 décembre 2016). Elles font toutes partie intégrante du droit international. Cela concerne aussi les résolutions de l'Assemblée générale de l'ONU sur la question, notamment la résolution 72/15 sur Jérusalem (votée le 30 novembre 2017). 


L'adoption massive de cette résolution démontre à quel point les Etats-Unis sont isolés sur cette question et que leur dernier veto au Conseil de sécurité résulte d'un droit accordé par l'ONU à des pays qui ne l'ont jamais bien mérité du fait de l'abus qu'ils en ont fait, d'une part, les Etats-Unis, qui défendent Israël dans toutes circonstances, et d'autre part, la Russie et la Chine, qui protègent le tyran de Damas, Bachar el-Assad, contre vents et marées. Cette écrasante majorité obtenue lors du vote de ces deux résolutions sur Jérusalem, au Conseil de sécurité (résolution non adoptée) comme à l'Assemblée générale de l'ONU (résolution adoptée), montre à toute la planète qu'aussi puissants soient-ils, les Etats-Unis sous la présidence d'un bouffon, ne sont qu'une farce, la risée du monde, un pays au ban des nations. 



Nikki Haley avant le vote de la résolution: "Jeudi, il y aura un vote critiquant notre choix. Les Etats-Unis noteront les noms". Nikki Haley après le vote de la résolution : "Nous apprécions ces pays (la liste comprend ceux qui ont voté contre, se sont abstenus ou ont préféré faire le shopping de Noël), de ne pas avoir suivi les voies irresponsables de l'ONU". C'est monde à l'envers! On dirait que la diplomate marche sur la tête.

« L'Assemblée générale (de l'ONU) exige que tous les États respectent les résolutions du Conseil de sécurité concernant la Ville sainte de Jérusalem (qui font partie du droit international) et s’abstiennent de reconnaître les actions et les mesures qui y sont contraires (celles prises par Israël et les Etats-Unis) ». Si Nikki Haley avait une once de dignité, elle démissionnerait. Mais l'autruche en est dépourvue. Elle a conclu son intervention devant l'Assemblée générale de l'ONU par « l’Amérique installera son ambassade à Jérusalem », parce que « c’est ce que le peuple américain veut et c’est la bonne chose à faire. » Ainsi, les Etats-Unis n'en ont cure de violer eux-mêmes le droit international et de bénir les violations de ce dernier par Israël. Si « c'est ce que veut le peuple américain », Trump & Haley devraient comprendre que plus de 86,5% de l'humanité pense le contraire. « L'Assemblée générale (de l'ONU) appelle... à intensifier les efforts... en vue de parvenir sans tarder à une paix globale, juste et durable au Moyen-Orient... et de mettre fin à l’occupation israélienne qui a commencé en 1967 ». Décidément, Donald Trump, est comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. En moins d'un an, il s'est révélé être un désastre national et international. Le forcing du Muslim Ban, le retrait de l'accord de Paris sur le climat, l'apathie concernant la guerre en Syrie, les cadeaux fiscaux aux plus riches, la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël, etc. Enfin, à la première fenêtre de tir, les Américains devraient envoyer ce bouffon de président en orbite. Et soyez-en sûrs, comme Jean Gabin l'a dit dans Le Pacha, « le jour où on mettra les cons sur orbite, Trump n'a pas fini de tourner ».