dimanche 17 mars 2013

Un smartphone ou un briquet, il faut choisir ! (Art.127)


En haut, le 4 avril 2005, une foule assiste avec recueillement au transport de la dépouille de Jean-Paul II dans la basilique Saint-Pierre. En bas, le 13 mars 2013, une foule écoute religieusement François Ier devant la basilique Saint-Pierre. On se retrouve pratiquement sur les mêmes lieux, à huit petites années d’intervalle. Cliquez sur la photo pour l’agrandir et cherchez l’erreur ? Les smartphones! Bravo. Certes, il ne s’agit pas tout à fait du même type d’événement, recueillement au passage de la dépouille de l’ancien pape vs l’accueil du nouveau pape, mais enfin, la comparaison est impressionnante. Aujourd’hui, les smartphones ont largement démocratisés la photographie, permettant d’immortaliser le vécu avec une grande qualité, et l’application Instagram fait d’une prise de vue ordinaire, un cliché extraordinaire, comme c'est le cas pour la photo ci-dessous. Que demande le peuple de plus ! Il faut rappeler au passage, que Steve Jobs n’a introduit l’iPhone, le plus smart des smartphones, qu’en 2007 et l'iPad en 2010.

Il ne fait aucun doute, nous sommes devenus une génération dépendante des écrans en général, et des smartphones en particulier. Pas très intelligent pour l’espèce qui a inventé ces fichus appareils me diriez-vous ! Le téléphone portable reste tout de même une fabuleuse invention. Etre joignable tout le temps -minute, là franchement c’est une très mauvaise chose !- mais rien ne vaut la discrétion et la pertinence d’un SMS, surtout que les paroles s’envolent, mais les textes restent. Il n’empêche que ce qu’on en a fait et surtout ce qu’on en fera, soulève beaucoup de questions. Où est le seuil entre une utilisation normale et une utilisation abusive ? Sommes-nous des borderlines ? Le pire est-il à venir ou déjà derrière nous ?

Cela ne fait aucun doute, la génération qui nous succédera sera ultra-branchée diront les uns, carrément aliénée pour les autres! Il n’y a qu’à voir déjà les mômes qui nous entourent. Ils sont incapables de se concentrer plus de 3 minutes et 36 secondes sur une seule malheureuse chose à la fois. Toujours, à gérer 3 écrans simultanément : le baladeur, le téléphone et l’ordinateur. Si on les prive de ces appareils, ils feront une crise d'épilepystérie et se mettront à faire tourner leur stylo sur leur pouce. Mamma mia ! Et comme dans tous les domaines, il y a des malins, des smarts du phone, qui combinent les trois ensembles ! Ils ne sont pas mieux lotis pour autant. Et encore, si ça ne se limitait qu’à cela. Pour chaque appareil, plusieurs applications sont ouvertes. Pauvres processeurs ! Un pentium déplaçait des montagnes il y a quelques années. Aujourd’hui, c’est une tortue numérique de la préhistoire. Les core duos n’ont pas fait long feu, impuissants, ils sont morts d'épuisement. Même avec les i7, on rame. Bref, tout ado qui se respecte doit avoir en permanence et au minimum 7 applications ouvertes, 24h/24, 7j/7, 365j/365, la vie durant : Facebook, Twitter, Instagram, Gmail, WhatsApp, Viber, Skype, j’en passe et des meilleures ! On ne sait jamais, l’urgence peut tomber à tout moment, l'appel du large en quelque sorte; ils sont là, comme les surfeurs de Californie, attendant la vague du siècle.

Faut-il s’en réjouir ? Difficile de répondre d’une manière catégorique. Comme dit la philosophe finlandaise Nokia, la technologie aujourd’hui permet de réunir les gens ! Mais, est-ce pour autant qu’on communique mieux qu’avant ? Je ne suis pas si sûr. Par contre, ce qui sûr et certain, on (s’)expose plus qu’avant. Trop est incontestablement l’ennemi du bien.

En tout cas, il y a une chose que je regrette un peu dans cette évolution récente. C’était tout de même mieux avant. Plus romantique. Rien n’est irrémédiable. Il suffit d’en prendre conscience. Enfin, ça serait dommage que ça disparaisse complétement. Autrefois, sans remonter jusqu’à Woodstock, je n'étais pas né encore, foutaise BB!, lors des concerts, on secouait la main en allumant un briquet!  Bon d’accord, briquet veut dire fumeur, blablabla, mais bon, pas forcément dans un concert. En tout cas, avouez-le, une gracieuse flamme demeure quand même plus chaleureuse qu’un écran plat. Les pèlerins et les fidèles en sont encore conscients. Il n'y qu'à voir ce qui se passe dans les églises et les pèlerinages, comme par exemple à Fatima au Portugal (photo ci-dessus). C'est beau ! On n'est pas encore passé au bougie numérique dans les églises, Dieu merci. Non, allumer son smartphone et faire brûler un cierge ne se valent pas et tant mieux qu'il en soit ainsi. Tout ce que l'on peut faire avec la technologie est fascinant. Tenez, comme lors du concert de Coldplay le 2 septembre 2012 à Paris où grâce à des bracelets ayant des lampes LED et radio-contrôlés, le Stade de France a scintillé de milliers de couleurs (photo ci dessous). Un feu d'artifice d'une grande beauté. Mais j’aimerai bien qu’on y revienne à cette veille pratique primitive, une application inattendue du feu, pas complétement disons, mais d’introduire une dose nostalgique. Tenez, j’ai une meilleure idée, fixons des quotas : allez, au prochain live de With or without you de U2 au Stade de France, ou de This I Love de  Guns N' Roses au Forum de Beyrouth (30 mars), les fans entreprenants remueraient lentement au bout du bras des lueurs romantiques réparties ainsi : 40 % de lumière blanche, donc de smartphones, 40 % de lumière jaune, donc de briquets, « Fumer nuit gravement à la santé ! Ok les djeunes? », 20 % de flashs scintillants de partout, et des milliers de paires d’yeux émerveillés, les miens compris, pour faire de cette scène éphémère un tableau émotionnel inoubliable.


Post-scriptum: Je déteste au plus haut degré les touchphones & co (iPhone, Galaxy Ballout, etc.). Ils n'ont rien de smart, ce sont des stupidphones ! Wlak, c'est impossible de rédiger ne serait-ce qu'un petit malheureux SMS de 160 caractères sans proférer des jurons tous azimuts, wlé min allak énno tsalli7 el kélmé, wlé A mich Q, k... ékhtak 3a ékht yallé b..., yél3an b..., ya akhou el ch..., et j'en passe et des meilleurs !

Réf.