lundi 6 avril 2015

La RATP et les « chrétiens d’Orient », c’est l’histoire de l’éléphant dans un magasin de porcelaine (Art.282)


Eh bien, on a eu droit à une sacrée Semaine sainte cette année ! Lundi 30 mars, on apprend par un évêque des Hautes-Alpes, ancien porte-parole de l’Eglise catholique, que « la RATP refuse les affiches avec : ‘pour les chrétiens d’Orient’, qui annonçaient le concert des Prêtres à l’Olympia ». Monseigneur Jean-Michel di Falco Léandri, qui est à l'origine de l'événement, évoquait dans ce tweet la campagne d’affichage en cours depuis le 24 mars, dans le métro à Paris, à propos d'un concert organisé par le groupe de chant religieux, Les Prêtres, le 14 juin à l’Olympia et dont la recette sera reversée à L’Œuvre d’Orient. Autant j’ai défendu avec fermeté le retrait des crèches des établissements publics en France, en dénonçant l’attitude infantile et irresponsable de certains « défenseurs zélés de la France, dont la République se passerait bien », autant je trouve la décision de la RATP et de Métrobus, sa régie publicitaire, de refuser les affiches publicitaires portant la mention « chrétiens d’Orient », hypocrite et crétine.

Disons d’emblée pour cadrer le débat que la Régie autonomie des transports parisiens interdit « tout message publicitaire présentant un caractère politique, confessionnel ou dont le texte ou l’illustration serait contraires aux bonnes mœurs ou préjudiciable à l’ordre public ». C’est assez justifié d’ailleurs. La régie parisienne interdit également toute publicité pouvant choquer les convictions religieuses d’autrui. Là aussi, ça se comprend. Il faut dire que les publicités de la RATP sont caractérisées par l’exiguïté de l’espace, des couloirs et des quais, où il est difficile pour les yeux d’échapper au matraquage, contrairement aux panneaux d’affichage de plein air, dans la rue ou sur une route.

Donc, se fixer comme règle d’interdire ce qui choque ou provoque dans un espace exigu, peut être certes subjectif, mais disons pour simplifier, que le principe est pleinement justifié. C’est dans ce cadre par exemple, que la RATP a déjà refusé en mars 2013 de diffuser une pub pour Miami, le nouvel album de Damien Saez, où l’on voyait le « joli fessier » d’une femme caché par la « Sainte Bible ». Là franchement, il faut remercier la régie parisienne de nous épargner parfois de telles niaiseries artistiques. En 2012, la régie publicitaire a rejeté une campagne controversée sur l’islamophobie qui aurait selon les responsables du réseau de transports un caractère religieux. Plus loin encore, c’est l’affiche du film de Milos Forman, Larry Flynt, sur l’histoire du roi du porno américain, qui a été rejetée car on voyait l’acteur Woody Harrelson, dont le sexe est caché par le drapeau américain, bras écartés, genou en flexion, pour rappeler la crucifixion de Jésus-Christ, sur le pubis géant d’une femme en string.

Passons maintenant au sujet du jour. Il faut savoir que la RATP a déjà un passif avec Les Prêtres, puisqu’en octobre 2014, elle a refusé un affichage pour un concert du groupe au Palais des congrès où l’on voyait les religieux portés une croix. Elle n'a pas eu gain de cause par la suite. Pour la polémique en cours, les choses se sont déroulées en quatre temps au cours de la Semaine sainte.

Dans un premier temps, on apprend que la RATP a agi pour « des raisons religieuses », au nom d'une application des règles strictes de laïcité dans ses espaces. C’est évidemment hypocrite. On parle bien de Noël et de Ramadan, de halal et de casher, dans le métro parisien. Toutefois, l’argument était défendable. Ils auraient dû s’en tenir là. Mais non, après deux jours de polémique et des réunions de crise à haut niveau, la suite va ressembler plutôt à l’histoire d’un éléphant lâché dans un magasin de porcelaine.

« Une mention indiquant que ce concert était organisé au bénéfice des chrétiens d’Orient et de L’Œuvre d’Orient » n’a pas pu être ajoutée. Ah bon ! Et pourquoi donc ? La RATP et Métrobus nous explique que « cette information se situant dans le contexte d’un conflit armé à l’étranger (...) le principe de neutralité d’un service public... s’applique ». Elles concluent un peu plus loin : « La RATP et sa régie publicitaire ne peuvent prendre parti dans un conflit de quelque nature qu'il soit ». Là, on sort de l’hypocrisie pour entrer dans le crétinisme et ceci pour diverses raisons. 

D’abord, parce que la RATP et sa régie publicitaire ont oublié la nature de leur métier, qu’il s’agit ici d’une publicité et que les annonceurs ne leurs demandent pas de prendre parti pour qui que ce soit, ils leur demandent de coller 250 affiches sur des murs du métro contre une rémunération. Ensuite, parce que les « chrétiens d’Orient » ne sont pas une partie de ce « conflit armé à l’étranger (Moyen-Orient) ». Laisser s’afficher dans les couloirs du métro la mention « Pour les chrétiens d’Orient » dans un cadre publicitaire ne viole pas « la neutralité du service public ». Cela n’équivaut pas à « prendre parti » et à soutenir ces communautés contre « leurs adversaires ». Tout indique que les connaissances géopolitiques de la RATP et de Métrobus semblent très primaires dans ce domaine et qu’il valait mieux ne pas en parler que de mal en parler. Enfin, parce que la menace qui pèse sur les minorités religieuses en Orient, notamment de la part des terroristes de « l’Etat islamique / Daech », n’est pas un conflit comme les autres. Là où la RATP et sa régie aggravent leur cas c’est quand elles expliquent qu’elles appliquent cette règle « malgré les atteintes dont sont victimes un certain nombre de minorités dans les pays concernés (...) même si elles ne sous-estiment pas l'émotion que suscite la situation dramatique des chrétiens d'Orient ». Des paroles creuses qui n’effacent pas la stupidité de ce communiqué. Si la RATP et Métrobus jugent que la « situation des chrétiens d’Orient est dramatique » et « qu’il y a des atteintes dont sont victimes un certain nombre de minorités », alors qu’elles ne font pas partie des conflits dans la région, c’est qu’elle reconnait qu’il s’agit bel et bien d’une cause humanitaire qui a un droit de cité ne serait-ce qu’au même titre que d’autres causes, comme celles des chiens abandonnés, des lépreux et des pestiférés, des affamés dans le monde, des célibataires à la recherche de l’âme sœur, des mariés à la recherche d’une aventure sexuelle, des collectionneurs de capsules de bière, des Secours catholique, islamique, juif ou bouddhiste, j’en passe et des meilleures. 

L'affaire prend de l'ampleur quand Mgr di Falco déclare : « Dire que l’on ne prend pas parti face à un génocide, c’est de la lâcheté. Quand une population est massacrée de manière systématique, on prend parti. Et c’est parce qu’on n’a pas pris parti qu’il y a eu la Shoah ». « Nettoyage éthique » sans l'ombre d'un doute. « Génocide », un terme utilisé par pas mal de monde, est certainement inapproprié. Là, c'est ce haut dignitaire de l'Eglise catholique en France et d'autres défenseurs de la cause des chrétiens d'Orient, qui semblent avoir des connaissances géopolitiques approximatives. Ce qui s'est passé à Mossoul, au moment de l'entrée des djihadistes de Daech dans la ville, le prouve. Eh oui, les mots ont leur importance.

Comme le vent de cette polémique était défavorable pour ses initiateurs, la RATP décide trois jours plus tard, samedi, « compte tenu de la situation humanitaire dramatique vécue par les minorités chrétiennes d'Orient (...) d'offrir la possibilité de procéder à une nouvelle campagne d'affichage en mentionnant qu'elle est faite au profit de l'association L'Œuvre d'Orient ». Pas de doute, il valait mieux à notre éléphant de ne pas entrer dans le magasin de porcelaine ! Non seulement que peu de Français connaissent L’Œuvre d’Orient, « les chrétiens de France au service des chrétiens d’Orient », mais la régie publicitaire de la RATP est bien placée pour savoir, que le premier critère d’une bonne publicité c’est d’être claire. « Concert pour les chrétiens d’Orient » l’est, « Concert au profit de l'association L'Œuvre d'Orient » ne l’est pas. Elémentaire mon cher Watson. 

La bourde de la RATP et de Métrobus, sa régie publicitaire, sur les « chrétiens d’Orient » a été portée devant le Tribunal de grande instance de Paris (TGI), par un organisme privé créé en sept. 2013 par divers hommes religieux et civils du Moyen-Orient et connue sous l'acronyme CHREDO, Coordination des chrétiens d’Orient en Danger, qui n'a pourtant aucun liée ni de près ni de loin au groupe des Prêtres. Audience au TGI mercredi 8 avril. Décision sera rendue lundi 13 avril.

Ceci dit, on peut bien sûr reprocher aux Prêtres, et à ceux qui utilisent le terme comme la CHREDO, de parler de « chrétiens d’Orient », une notion linguistique ambiguë, voire contestée. Il est intéressant de souligner dans ce cadre que personne n’évoque les « chrétiens d’Occident » ou les « musulmans d’Orient », comme si on sous-entendait que l’Occident est forcément chrétien et l’Orient est forcément musulman, deux constats erronés d’ailleurs. Toutefois, comme il faut bien désigner ces populations chrétiennes en Orient, l’usage du terme est admis, du moment où l’on sait, et on ne sous-entend pas le contraire. Les chrétiens d’Orient sont en Orient depuis la nuit des temps et la naissance de Jésus de Nazareth il y a plus de 2 000 ans, n’en déplaise aux djihadistes de tout poil.

On peut aussi reprocher aux Prêtres, et à ceux comme la CHREDO qui luttent pour que « les chrétiens d'Orient restent sur leurs terres », de zapper la souffrance des autres minorités -chiite, alaouite, druze, yazédite, athée- et surtout de la majorité musulmane sunnite, l'environnement naturel des populations chrétiennes en Orient, victime à la fois de Daech, du Hezbollah, du régime syrien et du régime des mollahs. Le fait que ces communautés se trouvent impliquées dans les conflits armés qui ensanglantent le Moyen-Orient, notamment en Irak, au Yémen et en Syrie, ne change rien à l’abomination des exactions qui les touchent.

Toujours est-il que Les Prêtres et la CHREDO devraient savoir qu’une telle discrimination est contestable. Néanmoins, ce qui peut justifié de séparer le drame des populations chrétiennes en Orient, des drames qui frappent toutes les populations du Moyen-Orient, toutes communautés confondues, c’est le fait qu’on assiste depuis quelques décennies à trois évolutions inexorables et néfastes pour les chrétiens d’Orient.

Primo, les chrétiens d’Orient se sont trouvés incessamment face à un dilemme. Elles avaient le choix :
- d’être aux côtés de régimes dictatoriaux (Bachar el-Assad en Syrie, Saddam Hussein en Irak, Housni Moubarak en Egypte) et les alliés du régime syrien (Hezbollah et le régime des mollahs), qui les exploitaient et les vassalisaient, prenant le risque de s’attirer les foudres d’opposants extrémistes à ces régimes et à leurs alliés (sunnites, chiites, islamistes, salafistes, djihadistes) ;
- ou contre ces régimes répressifs et leurs alliés, prenant le risque d’être martyrisés à la fois par eux (c’est le cas des chrétiens du Liban notamment, persécutés par la tyrannie des Assad, père et fils, depuis 1976), ainsi que par les alliés de ces derniers, les hezbo-mollahis et par les islamo-salafo-djihadistes (qui de toute façon ne veulent pas d’eux). C’est compliqué, hein ? Bienvenue en Orient !

Secundo, les chrétiens d’Irak et de Syrie sont victimes de nettoyage ethnique et d’exactions, à cause de leur religion et non de leurs opinions politiques.

Tertio, les populations chrétiennes en Orient connaissent une chute de leur démographie due à la baisse de la natalité et à une émigration massive qui découlent des évolutions précédentes.

Pas de chance pour la RATP et Métrobus, le timing de cette polémique tombe très mal. Ce n’est évidemment pas à cause de Pâques, mais à cause de deux actualités qui viennent ressortir le caractère insensé des arguments de la RATP et de Métrobus, détaillés dans leurs communiqués du 1er et du 4 avril. La première c’est le massacre odieux de 142 étudiants au Kenya le 2 avril, commis par les Chabeb, un groupe d’islamistes affilié à al-Qaeda. Certes, ce ne sont pas des « chrétiens d’Orient » au sens classique du terme, d'autant plus qu'il y a des musulmans parmi les victimes, mais ils peuvent y être rattachés puisque la majorité des étudiants a été exécutée avec une perversité et une cruauté dignes des psychopathes de Daech, tout simplement parce qu’ils étaient chrétiens, comme pour les 21 coptes égyptiens égorgés par les djihadistes en Libye il y a 2 mois.

Et ce n’est pas tout. Au même moment où la RATP censurait l’affiche d’un concert « pour les chrétiens d’Orient », l’ironie de l’histoire a voulu que la France préside le Conseil de sécurité sur la question des « chrétiens d’Orient » justement. Le 27 mars 2015, Laurent Fabius a prononcé un discours à ce sujet au siège de l’ONU à New York, dont voici les principaux extraits : « Au Moyen-Orient, nous faisons face à une entreprise barbare et systématique d’éradication ethnique et religieuse. Les musulmans sont par leur nombre les premières victimes des djihado-terroristes mais les communautés non musulmanes constituent des cibles privilégiées... C’est pourquoi aujourd’hui, je propose et je demande au nom de mon pays que le secrétaire général des Nations unies puisse, s’il le veut bien, présenter au Conseil de sécurité une charte d’action pour faire face à la situation des minorités au Moyen-Orient ». Pour éviter de pédaler dans le bourgoul de l’Orient et nous sortir des inepties à 5 piastres, les responsables de la com’ de la RATP devraient bien méditée cette leçon d’histoire: « La France a hérité de son histoire des liens profonds avec l’Orient et singulièrement, les chrétiens d’Orient, ainsi qu’une longue tradition de protection des minorités. Et cette tradition est même constitutive de la France. Et nous voulons y rester fidèles ». Certes, c’est la vision propre de Laurent Fabius. Il n’empêche que ce dernier est actuellement le ministre des Affaires étrangères de la France.

Coup de théâtre ce dimanche de Pâques, le PDG de la RATP, Pierre Mongin -ancien chef de cabinet d’Edouard Balladur (1993) et de Dominique de Villepin (2004), nommé à la tête de la RATP par ce dernier (2006), qui est par ailleurs, vice-président de la Fondation Agir contre l'exclusion (FACE) et membre du conseil d'orientation du domaine de Chambord- annonce que de nouvelles affiches seront placardées dans le métro à Paris portant la mention « En faveur des chrétiens d’Orient »

Tout est bien qui finit bien, reste quand même à savoir pourquoi le PDG de Métrobus, la régie publicitaire de la RATP, Gérard Unger - franc-maçon et militant de longue date du Parti socialiste, membre du bureau exécutif du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), vice-président de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA) et président de l'European Jewish Call for Reason (JCall France) - a tellement tenu à lâcher cet éléphant dans le magasin de porcelaine, en insistant sur ce refus de placarder des affiches dans le métro parisien portant la mention « Pour les chrétiens d’Orient » ?


Hélas, l'affaire n'est pas close pour autant. Dans la soirée de dimanche, un communiqué de la CHREDO, qui, je le rappelle n'est pourtant pas liée aux Prêtres, tente d’une manière déplacée de s’approprier la « victoire ». « Le recul de la RATP: une victoire pour la CHREDO... Sous la pression de la plainte en référé de la CHREDO (...) Il a fallu une plainte de la CHREDO appuyée par une vague d’indignation... pour que le président de la RATP M. Mongin prenne ses responsabilités et fasse machine arrière ». Le moins qu’on puisse dire c’est que Patrick Karam, le président de la CHREDO, un Français de la Guadeloupe, qui est d'origine libanaise nous dit-on, conseiller régional UMP, un fidèle de Nicolas Sarkozy, est de très mauvaise foi. C’est bien du contraire dont il s’agit puisque la CHREDO n'a fait que rattraper le train en marche, et c'est plutôt l'ampleur de la mobilisation politico-médiatico-populaire, de croyants, d'athées et de laïcs, de Droite comme de Gauche (du Premier ministre, Manuel Valls, au ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, en passant par divers députés de Gauche comme Jean-Luc Mélenchon!), qui a fait fléchir la RATP. En tout cas, la décision de la CHREDO de maintenir la plainte du mercredi 8 avril, afin « d’obtenir un précédent judiciaire qui évitera d’autres dérapages dans le futur (...) de créer une jurisprudence qui tranche le débat une fois pour toutes (...) de dire que la RATP... était dans l’illégalité la plus totale (...) d’éviter qu’à l’avenir, des décisions arbitraires puissent intervenir dans d’autres régions de France et que l’on puisse invoquer la neutralité ou la laïcité pour prendre des décisions juridiquement illicites et moralement répréhensibles » est aussi incompréhensible qu'elle constitue une grosse erreur de la part de cet organisme privé fraichement constitué. Je dirai même qu'elle va à l'encontre des intérêts des « chrétiens d'Orient », ce qui constitue un comble pour qui prétend défendre les populations chrétiennes en Orient !

Non seulement que la CHREDO ne fait pas partie du conflit et qu'elle a toutes les chances de perdre cette « bataille juridique », contre la RATP et Métrobus, surtout après la décision de la RATP de remettre les affiches avec la mention contestée et à ses frais s'il vous plait, mais en plus, il est certain qu'elle perdra la « guerre médiatique » aussi, dont le but est, et il ne faut qu'elle l'oublie, de gagner la sympathie des Français de toutes tendances politiques et appartenances communautaires confondues, athées en tête, afin de défendre efficacement les « chrétiens d’Orient ». Cette mission aura plus de chances de réussir si Patrick Karam, dont les connaissances géopolitiques des contrées orientales de ses parents semblent simplistes, tient compte de ces quelques notions : la France est un pays laïc, trop est l'ennemi du bien et surtout, il vaut mieux militer pour que le sort des « chrétiens d'Orient » soit étroitement lié à celui des « musulmans d'Orient », non pour les dissocier, car il devrait savoir que c'est le seul moyen efficace de les protéger. De ce fait, et afin d'être plus crédible aux yeux des Français, et plus efficace aux yeux des chrétiens d'Orient, et bien avant de réclamer des résolutions tous azimuts, à la France, l'Europe et l'ONU, il faut que cette soi-disant Coordination des Chrétiens d’Orient en Danger, la CHREDO, commence par intégrer des personnalités religieuses et civiles musulmanes d'Orient et d'Occident en son sein. Mais c'est élémentaire mon cher Watson ! 

En tout cas, il y a un détail très révélateur de ce dérapage de la CHREDO et de son président. Il réside dans cette remarque de Mgr di Falco -créateur du trio et principal concerné dans l'affaire RATP (qui offre le support publicitaire) & Métrobus (la régie publicitaire)/Les Prêtres (le groupe musical)/TF1 Entreprises (l'annonceur du concert), et qui n'est pas lié à la CHREDO- sur cette liberté prise par cet organisme privé dans ce conflit : « A partir du moment où nous avons obtenu satisfaction, je ne vois aucune raison d'aller plus loin (...) Je ne crois pas que, dans un conflit, il faille humilier celui qui a rendu les armes ». Quant à l'étrange motivation de Patrick Karam, qui demande que « la RATP et Métrobus reconnaissent que les Chrétiens d’Orient ne sont pas partie au conflit » (du grand n'importe quoi!), il faudra que le président de la CHREDO médite aussi les déclarations du cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris : « Je n'accorde pas à cet événement plus d'importance qu'il n'en a, parce que je pense que c'est une bévue de la RATP (...) Je pense que nous avons obtenu ces derniers jours une publicité largement suffisante pour le concert, que nous n'aurions probablement pas eue si les choses s'étaient déroulées autrement (...) Il ne faut pas trop en rajouter ». Rideau.

Justement, cette affaire prouve une nouvelle fois que la censure demeurera toujours la meilleure des publicités. Nul n'ignore aujourd'hui que des prêtres chanteront pour les chrétiens en Orient, le 14 juin à Paris. Dans tous les cas, les Prêtres, la RATP, Métrobus et surtout la CHREDO, représentés respectivement par Mgr di Falco, Pierre Mongin, Gérard Unger et notamment Patrick Karam, devraient bien savoir, quoiqu’il arrive, les chrétiens d’Orient resteront solidaires des musulmans d’Orient, et vice versa, dans les moments pénibles de leur histoire d’aujourd’hui, comme dans les moments heureux de leur histoire de demain, le jour où le Moyen-Orient sera pacifié et débarrassé de ses extrémistes, qu’ils soient sunnites, chiites, alaouites, druzes, juifs et chrétiens aussi. Ce jour viendra, la racaille disparaitra car rien ni personne n’est éternel sur Terre. Nous sommes tous que des visiteurs.


POST-SCRIPTUM

Bon, place à la détente. Tenez, puisqu’on parle de la RATP, ouvrons le cahier des doléances.
- Chère RATP, vous faites un boulot formidable et votre récente campagne sur les incivilités était excellente, il n’empêche que votre message « ne tentez pas les pickpockets » est nase. Pourquoi ? Imaginez qu’on conseille aux femmes de « ne pas tenter les violeurs ». Hein, vous voyez bien, c’est débile.
- Autre chose, remettez ces putains de strapontins dans le RER bordel, qu’un décideur motorisé évidemment et qui ne prend jamais les transports en commun, a décidé de supprimer d’un trait de crayon. Ils rendent bien des services et ne gênent personne aux heures de pointe puisque par principe un strapontin se rabat, hein ! Et pour les abrutis qui ne se lèvent pas aux heures d’affluence, ne vous inquiétez pas, on s’arrange entre nous usagers pour les éjecter de leurs sièges.
- Et putain, on n’a pas besoin d’être maternisés pour nous dire à longueur de journée et d’année de « faire attention en descendant du train » et qu’il ne faut pas descendre sur les rails quand un train est à l’arrêt. Vos usagers ne sont pas des demeurés.
- Et bordel, on n’est pas sourds pour nous prévenir en rafale à deux reprises « qu’on arrive à la station Trou-du-cul ».
- Et puisque j’y suis, entre l’odeur de la pisse alcoolisée des clodos et l’odeur suffocante des détergents, il y a un juste milieu, pensez-y à notre mère Terre.
- Et puis merde, ce n’est pas la peine de vous fatiguer, et surtout de nous fatiguer, à nous rappeler en 13 langues, swahili compris, qu’il est interdit de fumer dans le métro. A moins de sortir tout droit de la grotte de Lascaux, tout le monde le sait maintenant. Sinon, quelques affiches suffisent largement pour prévenir les touristes Neandertal fraichement clonés, qu’on ne fait pas de feu dans le métro parisien.
- Une dernière chose qui me tient à cœur. Prenez toutes les mesures nécessaires pour protéger les grillons de certaines stations des lignes 3 et 9, ces « réfugiés d’Orient », des cigales installées à Paris depuis le Moyen-Age. Gardez les pierres des rails, leurs refuges, où il fait bon de vivre pour un grillon ou une cigale, 34° l’été aux heures de pointe, et ne bétonnez pas tout. Ils nous font évader en Méditerranée pour le prix d’un ticket de métro. Décidez ce que vous voulez pour les affiches des « chrétiens d'Orient », mais de grâce ne faites pas taire le chant des « cigales d’Orient » dans le métro à Paris.