mardi 10 juin 2014

Lettres de Walid Joumblatt à Uri Avnery et de Bakhos Baalbaki à Walid Joumblatt. La culture en trompe-l’œil du Beik (Art.234)


Ce qui frappe en premier en lisant l’article d’Uri Avnery, « Rêves de Patagonie », et la réaction qu’il a suscité chez Walid Joumblatt, « Et si... ? Lettre à Uri Avnery », c’est le décalage entre les deux textes. La richesse du premier accentue la pauvreté du second. Rien de plus étonnant, les deux hommes ont des personnalités diamétralement opposées.

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Uri Avnery est un écrivain israélien engagé, âgé de 91 ans, fils de juifs allemands immigrés en Palestine à l'âge de 10 ans (1933), éditorialiste aux quotidiens Haaretz (1949-1950), Haolam Hazeh (jusqu’en 1993) et Maariv (actuellement). Il fut député à la Knesset un certain temps (années 60 et 70). Il dénonce les exactions israéliennes depuis les années 50. Ses écrits critiques lui ont valu d'être passé à tabac par des hommes d'Ariel Sharon (1953). Il crée en 1993 le mouvement Gush Shalom (Le bloc de la paix) et milite depuis avec beaucoup de courage, contre vents et marées, pour la création d’un État palestinien, le retour aux frontières de 1967, la partition de Jérusalem entre Israël et la Palestine et l’évacuation des colonies israéliennes. Rien ne le fait écarter de ses convictions profondes.

Walid Joumblatt est un politicien opportuniste libanais qui a commencé sa carrière politico-milicienne en 1977 en présentant ses lettres de créance à Hafez el-Assad, l’assassin de son père, Kamal Joumblatt, en moins de quarante jours. Zappons sa tranche de vie en tant que « seigneur de la guerre » -qui a exprimé sa grande joie à l’assassinat de son adversaire Bachir Gemayel en 1982 et qui a reconnu publiquement que sa milice a exécuté des adversaires libanais au cours de la guerre civile- c’est de l’histoire ancienne. Ses derniers faits d’armes, c’est d’avoir ôté le pouvoir des mains du camp du 14 Mars (Saad Hariri était le Premier ministre), pour le remettre entre les mains de la milice chiite du Hezbollah en janvier 2011, et d’avoir misé sur Bachar el-Assad de l'été 2008 à l’été 2011, en croyant pendant des mois que le dernier tyran des Assad avait la capacité d’écraser la révolte syrienne. Il n’a vraiment changé de camp que lorsque le compteur des morts est passé à cinq chiffres. Le 21 janvier 2011 par exemple, Walid Joumblatt avait déclaré texto : « Je confirme la position de mon parti de se tenir aux côtés de la Syrie et de la résistance (auto-désignation du Hezbollah) ».

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Pour enrichir son texte, Walid Joumblatt a eu recours aux fioritures rédactionnelles, la culture en trompe-l’œil. Il a parsemé sa lettre de quelques clichés bon marché et un peu d’humour et a cru sans doute que le tour était joué. D'entrée en matière, il nous explique que « (sa) préférence (à l'époque de ses études universitaires) allait à l'histoire, quand bien même nous étions obligés d'assister à des matières stupides comme la psychologie et l'économie, auxquelles je réussissais à peine ». Ya Walid ya 3einé, la bienséance recommande de ne pas dire « c’est dégueulasse » d’un plat dont la saveur nous est répugnante, mais d’exprimer son dégoût plutôt par un « je n’aime pas ». Le fait que tu étais un cancre en psychologie et en économie à l’AUB, ne t’autorise pas à qualifier ces deux matières de « stupides », surtout que des millions de personnes de par le monde ont fait de ces deux disciplines leurs métiers. Walao, ya Beik ! En tout cas, la psychologie m’a permis depuis longtemps de te cerner et de faire l’économie de bâtir mes plans sur tes sables mouvants.

Tiens au passage, ne t’étonne point que je laisse tomber le vouvoiement d’usage. Étant socialiste, progressiste de surcroît, je suis sûr que le contraire t’aurait offensé. Et puis n’oublions pas, tu gâches le paysage politique libanais depuis que j’ai ouvert les yeux au monde, alors cette familiarité s’impose d’elle-même.

Donc, il semble que l’un des « cours (universitaires)  les plus mémorables porta un jour sur la prise de Constantinople par Mehmet II le Conquérant, racontée avec une émotion et un sensationnalisme dignes d'Apocalypse Now de Coppola ». Ça alors ! Dans « Apocalypse Now », le film de Coppola, il n’y a pas de sensationnalisme, qui désigne la recherche d'un effet spectaculaire immédiat dommageable au sérieux de l'information ou à la réflexion ». Non, mais franchement, est-ce que Francis Ford Coppola a cherché un effet spectaculaire dommageable au sérieux d’Apocalypse Now et à la réflexion autour de ce film ? C’est à se demander si tu as vraiment vu le film ! Par contre, dans ton article, toi, tu sembles bien chercher le sensationnalisme. Ah, si !

Tiens, justement. « Roxelane (...) avait convaincu Soliman le Magnifique (...) de se débarrasser de son fils aîné. Mustafa avait été étranglé sous les yeux de son père. Agatha Christie en aurait fait un superbe roman. Mais il n'y avait pas d'Orient-Express à cette époque. » Là aussi, tu nous sors une blague qui tombe illico presto dans les eaux du Bosphore. N’importe quel quidam de ce monde sait que dans les romans d’Agatha Christie, l’identité de l’assassin n’est révélée que grâce au travail méticuleux et à l’ingéniosité du personnage belge, Hercule Poirot, contrairement au meurtre de Mustafa, où il n’y avait rien à révéler. Ce genre de pratique renvoie plutôt à la tragédie et à la mythologie gréco-romaines. 

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Poursuivons notre lecture. « Le cours en vint malheureusement à finir, et avec lui l'empire au bout de 500 ans de domination, Zeine (le professeur de Walid Joumblatt) évoquant tristement l'ultimatum de Lloyd George : L'Empire ottoman doit cesser d'exister. » Encore une référence bâclée à l’histoire. Personne n’est dupe, tu veux insinuer que ce sont les grandes puissances occidentales, l’Angleterre et la France en l’occurrence, qui ont dépecé sauvagement un Empire ottoman en parfaite bonne santé et qui ne faisait de mal à personne. 

Mais cher Walid, cet Empire -que tu sembles regretter par ce « tristement », dont la présence dans cette phrase ne doit rien au hasard, sans doute par gratitude envers des pachas qui ont octroyé à ta famille le titre ottoman de « beik »- était un « homme malade » depuis le 19e siècle déjà ! Pire encore, l'homme malade avait misé sur le mauvais cheval durant la Première Guerre mondiale, l'Allemagne. Et le pire de tout, c'est que l'Empire ottoman était vraiment un homme complètement malade au sens propre du terme.

La famine qui a frappé les populations libanaises durant la guerre de 1914, notamment les communautés chrétiennes, et qui étaient provoquées par les autorités ottomanes qui confisquaient les récoltes des paysans autant que par les saletés de sauterelles, n’est peut-être pas une raison suffisante à tes yeux pour empêcher l’Empire ottoman d’exister. L’écrasement des soulèvements arabes contre leur colonisateur non plus (comme en témoignent les exécutions de la place des Canons à Beyrouth en 1916, la place des Martyrs d’aujourd’hui). Mais enfin, tu ne penses pas qu'un « Empire » qui s’autorise à déporter et à exterminer 1,2 million de ses sujets, les chrétiens arméniens entre 1915-1916 (2/3 des Arméniens de l’actuel Turquie), bien avant la prise de fonction de David Lloyd George comme Premier ministre du Royaume-Uni à la fin de 1916, n’a plus de légitimité d’exister ? Et c’est sans trop de regret, puisque cela a permis au Liban et à d'autres pays, de s’affranchir du joug ottoman, et à la Turquie d’Atatürk de naître des cendres d'un Empire en déclin qui n'en finissait pas d'agoniser.

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Le meilleur est toujours pour la fin. « C'est là que l'emplacement de ‘Der Judenstaat’ a fini en Palestine, au lieu d'être en Patagonie, contrairement, il semble, à la volonté de Theodor Herzl. » Faux et très approximatif. Certes, cette anecdote sur la volonté des premiers "sionistes" de créer une colonie plutôt qu'un État en Patagonie (Argentine) -sur laquelle s’est étalé Uri Avnery dans son article du 31 mai, et autour de laquelle Walid Joumblatt a construit le sien- est une information méconnue même du public israélien. Mais, le leader libanais comme le journaliste israélien se perdent en long et en large sur un petit détail insignifiant de l’Histoire, pour sous-entendre que les dirigeants israéliens ont tout fait pour cacher cette vérité au peuple israélien pendant plus de cent ans. Ça frôle la théorie du complot !

N'importe quel quidam féru d'histoire connaît le Projet Ouganda. Devant les difficultés de créer l’État des Juifs en Palestine, sur un territoire de l'Empire ottoman qui n'y était absolument pas favorable, Theodor Herzl a envisagé en 1903 sur une proposition britannique d'implanter un foyer juif "temporaire" dans la région d'Ouganda (8 000 km² appartenant au Kenya actuellement), alors sous mandat de sa majesté (l'idée fut de nouveau proposée par Winston Churchill himself!). Alors la question qui se pose serait de savoir pourquoi a-t-on caché le Projet Patagonie et pas le Projet Ouganda ? Et puis, pourquoi les Israéliens auraient-ils plus honte du Projet Patagonie que du Projet Ouganda ? Mais enfin, pourquoi le Projet Patagonie ternirait plus l'image de Theodor Herzl que le Projet Ouganda ?

Le délire israélo-libanais d'Avnery-Joumblatt ne colle vraiment pas. La piste patagonne, qui était une idée mort-née, comme la piste ougandaise et les pistes égyptienne et américaines -ah oui, vous ne dites pas qu’Israël a failli naître dans le désert du Sinaï ou en Amérique du Nord (idée évoquée par le grand-père du "sionisme", Léon Pinsker, dans l'Autoémancipation, publié à Berlin en 1882)!- devaient être toutes des solutions temporaires et qu'elles furent écartées aussitôt, au profit de la seule piste palestinienne.

A propos, il simpliste de présenter Theodor Herzl, le fondateur du mouvement sioniste, comme tu l'as fait toi et ton ami israélien, comme un Juif qui détestait la Terre Promise, afin d'expliquer pourquoi il était pour la création du Foyer national juif en Patagonie. Sachez tous les deux que l'idée de favoriser l'immigration juive en Argentine revient au baron Maurice de Hirsch et non à Theodor Herzl. Par l'entremise de la Jewish Colonization Association, ce riche bavarois a aidé à partir de 1891, à l’installation en Argentine des Juifs européens qui fuyaient les persécutions. Il n'a jamais été question d'en faire un État même si l'association possédait à la mort de son fondateur plus de 1 000 km² en Argentine où vivaient plusieurs milliers de nouveaux immigrés.

Après une entrevue avec le baron en 1895, Theodor Herzl aurait même exprimé son désaccord à ce projet. Et lorsqu'il publia son livre Der Judenstaat (L’État des Juifs) l'année suivante, le journaliste austro-hongrois précisa clairement ses préférences pour l'implantation géographique de cet État. Pour convaincre ses interlocuteurs, il n'y va pas de main morte: « Pour l'Europe, nous formerons là-bas un élément du mur contre l'Asie ainsi que l'avant-poste de la civilisation contre la barbarie ». Et lorsqu’il exposa le Projet Ouganda au 6e Congrès sioniste de Bâle en 1903, à cause des difficultés ottomanes, il a tenu à préciser que « l'Ouganda n'est pas Sion et elle ne sera jamais Sion... Si je t'oublie Jérusalem, que ma droite s'assèche ». Theodor Herzl a d'ailleurs exprimé le souhait d’être enterré "là-bas". Dans tous les cas, dire que Herzl détestait Jérusalem, comme l'a fait ton ami Avnery, est faux, et comme à l’accoutumée, Walid Joumblatt, tu esquives l’essentiel.

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En te lisant, Libanais et Arabes ont dû se forger une très bonne opinion sur Uri Avnery, en grande partie méritée sans aucun doute. Certes, « ton » ami israélien est un fervent militant pour la paix entre les Israéliens et les Palestiniens, et il est de ce fait, digne de ton amitié. Il est pour la solution des deux États, comme toi d’ailleurs. Tu as même précisé l’été dernier « qu’il serait préférable de ne plus rattacher le conflit (israélo-arabe) jusqu'à l’éternité aux slogans caducs du type ‘‘la Palestine du Jourdain à la Méditerranée’’... semblables d’ailleurs aux théories fallacieuses de la Moumanaa. Laissons donc les Palestiniens décider eux-mêmes du sort de la Palestine. » Que des positions louables de part et d’autre, pourvu que tu restes sur cette idée ! Mais, là où toi tu joues l’autruche en ce qui concerne le problème des réfugiés palestiniens dans les pays arabes, notamment au Liban, ton ami Uri propose des solutions concrètes. Étant donné la gravité du sujet, au lieu de faire diversion et bonne figure avec ta lettre, tu aurais mieux fait de parler à tes compatriotes du « plus inextricable et explosif des problèmes laissés par les événements de 1948 », pour reprendre le constat de l’historien israélien, Benny Morris.

Gush Shalom, le mouvement créé par Uri Avnery, a présenté au public israélien en 2001 des idées pour établir une paix israélo-palestinienne basée sur le principe des « deux peuples, deux États ». Ces idées contrastes avec les opinions communément admises dans la société israélienne sauf au sujet des réfugiés palestiniens. 
« Les deux parties établiront une Commission vérité d’historiens - israéliens, palestiniens et internationaux - qui examinera les causes précises qui ont conduit à la création du problème (de réfugiés) dans tous ses aspects. » Ah bon, il faut une commission d’historiens pour comprendre les causes de la Nakba, le « désastre » de 1948 ?A-t-on vraiment besoin d’un comité d’historiens et de trois ans de recherches pour connaître les causes de l’exode de 750 000 des 900 000 Palestiniens de Palestine entre 1947 et 1950 (84 % de la population palestinienne !), pour évaluer les mesures discriminatoires qui ont été appliquées dès 1948 par les nouvelles autorités israéliennes (pour empêcher par tous les moyens le retour des habitants originaires de la Palestine dans le nouvel État d’Israël) et pour comprendre l’objectif des destructions massives de 90 % des villages palestiniens de la Palestine de l’époque ? Cette affirmation, décevante de la part d'un partisan de la paix comme Uri Avnery. Mais, pourquoi pas, c'est une excellente idée.

Continuons. « Israël reconnaît le principe du droit au retour comme un droit humain essentiel. Selon ce droit, tout réfugié se verra accordé le choix de choisir entre la compensation et l’installation permanente dans un autre pays, le retour dans l’État de Palestine ou le retour en territoire israélien ». C’est là où ça se corse ! Alors examinons ces choix. Quel réfugié palestinien, parmi les 5 millions qui ont ce statut officiel, vivant dans des conditions misérables dans les pays hôtes (1/3 des réfugiés palestiniens vivent dans 58 camps, au Liban, en Syrie, en Jordanie, en Cisjordanie et à Gaza), acceptera cette « compensation » pour solder son différend avec Israël ? Et puis dis-moi, toi qui es membre de l’Internationale Socialiste, quel pays du monde est aujourd’hui prêt à accueillir des milliers de vieux « réfugiés palestiniens » alors qu’ils rechignent tous à en prendre quelques « réfugiés syriens » tout frais ? À propos, beaucoup de descendants de réfugiés palestiniens, ne sont pas inscrits auprès de l’UNRWA et sont déjà installés loin de la terre de leurs ancêtres : 500 000 en Arabie saoudite, 400 000 au Koweït, 200 000 aux États-Unis, 100 000 en Égypte, etc. Alors, tu crois vraiment que ces pays vont encore ouvrir leurs frontières aux réfugiés palestiniens ? Enfin bref, on voit bien que les deux premières propositions d’Uri Avnery et de Gush Shalom sont une mascarade. Elles n’ont aucune chance d’aboutir. Encore des propositions en trompe-l’œil pour se donner bonne conscience.

Voyons maintenant les deux dernières. « Dans le but de cicatriser la blessure historique et en tant qu’acte de justice, Israël autorisera le retour sur son territoire d’un nombre donné de réfugiés, qui sera décidé par un accord. Ces retours seront autorisés selon un quota annuel dans une limite de temps de 10 ans. » Mais enfin, ce n’est pas de l’aumône dont il est question, mais de justice ! Un quota sur 10 ans ? Admettons. Combien au juste ? Mystère et boule de gomme. Ah si, soyons honnête le chiffre de 100 000 retours en tout et pour tout fut avancé par certains dirigeants israéliens. Je rappelle, il y a 5 millions de Palestiniens inscrits comme « réfugiés » auprès de l’UNRWA, l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient. Encore une couleuvre à avaler, ma heik ya Beik ?  

Enfin, essayons de résumer la situation pour un extraterrestre fraîchement débarqué sur Terre : les dirigeants sionistes s’autorisent depuis plus d’un siècle, jusqu’à nos jours, à faire immigrer en Israël des ressortissants juifs du monde entier, des gens qui n'ont aucun lien avec la Terre sainte depuis des siècles, mais refusent même à ceux qui ont été expulsés en 1948 et 1967 de retourner sur leurs terres et dans leurs maisons, ainsi qu'aux descendants, même de la première génération, de retourner sur les lieux de naissance de leurs parents ! 

Outre le problème moral de justice que pose une telle équation, mais au fait, que deviendront les réfugiés palestiniens qui ne rentreront pas dans ces quotas décennaux ? Il ne reste qu’une seule solution : leur implantation dans les pays d’accueil, el tawtinn, dans l’intérêt suprême de l’État d’Israël ! Ainsi, l’ami israélien de Walid Joumblatt, Uri Avnery, et son mouvement pacifiste, Gush Shalom, proposent indirectement l’implantation des Palestiniens dans les pays arabes. Il se trouve que nous avons 447 000 réfugiés palestiniens au Liban, auxquels il faut rajouter plus de 50 000 réfugiés palestiniens de Syrie et 1 000 000 de réfugiés syriens ! Aujourd'hui, un tiers des habitants du Liban sont réfugiés. Par ailleurs, on dénombre 2 071 000 de réfugiés palestiniens en Jordanie, 517 000 en Syrie, 754 000 en Cisjordanie et 1 240 000 dans la bande de Gaza.

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Walid Joumblatt a décidé de terminer sa lettre à Uri Avnery avec de l'humour. « Bien sûr, personne ne sait ce que le pape a bien pu dire à Dieu (...) Mais il a aussi dû Lui dire : Grâce à vous, Seigneur, et grâce aux "et si..." de l'histoire, Peres et Netanyahu ne sont pas en Patagonie. Sinon, ils auraient colonisé le reste de l'Argentine et j'aurais peut-être été aujourd'hui un réfugié, quelque part en Amazonie, au lieu d'être le Saint-Père. » Oh il y a de quoi sourire, mais le contexte grave rend cette blague moins drôle. Face à cette réalité désolante concernant l'approche d'Uri Avnery sur la question des réfugiés palestiniens, le beik ne trouve rien à dire, à part nous étaler une culture historique en trompe-l’œil et nous sortir une blague à cinq piastres. Encore un héritage ottoman désuet.