C'est
un secret de Polichinelle. De magouille en fuite, de révélation en
gaffe et d'erreur en scandale, l'aventure présidentielle de
François Fillon risque de prendre fin rapidement. A ce stade, il va falloir détourner les eaux bénites de Notre-Dame de Lourdes, de Fatima et de
Medugorje, pour espérer desceller le destin du candidat de la
primaire de la droite en France.
Qui
a suivi le feuilleton Fillon de près ne peut qu'être frappé par
l'amateurisme qui caractérise la gestion de cette crise politique,
alors que les faits sont accablants. Le 25 janvier puis le 1er
février, Le Canard Enchainé, le célèbre
hebdomadaire satirique français, révèle que la femme de
François Fillon et ses enfants, ont perçu près de 1 015 000 € de salaires
au cours des dernières années. Penelope Fillon aurait travaillé comme
« assistante parlementaire » pour son mari, député
et sénateur de la Sarthe, puis pour son suppléant, à la demande de François Fillon, ainsi que pour
un ami de l'ancien Premier ministre, propriétaire d'une revue
littéraire, en tant que conseillère stratégique et rédactrice, et tout cela sur quatre périodes, 1988-1990, 1998-2002, 2005-2007 et 2012-2013. Rien
d'illégal, seulement voilà, beaucoup d'éléments révélés
laissent penser que les emplois de Penelope Fillon étaient fictifs, à plein temps ou à temps partiel. Certes, dans ces conditions difficiles, la marge de manœuvre était étroite. Mais, justement, c'était une raison de plus
pour éviter cette désinvolture inouïe dans l'approche du
Penelope Gate.
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D'abord, de la part de François Fillon lui-même, qui s'est
comporté comme un éléphant dans un magasin de porcelaine.
Morceaux choisis.
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« Je vois que la séquence des boules puantes est ouverte.
Je ne ferai pas de commentaire parce qu'il n'y a rien à commenter.
Et je voudrai simplement dire que je suis scandalisé par le mépris
et par la misogynie de cet article », c'était la première
réaction de François Fillon sur les révélations du Canard
Enchainé sur les emplois présumés fictifs de sa femme. C'est c'là oui, il y a du mépris pour les femmes dans l'article du Canard ! Allons-y pour la fuite en avant.
. Passé le choc de l'émotion, le candidat de la droite tentera par la suite de balayer les soupçons en affirmant, « Ma femme travaille pour moi depuis toujours, depuis 1981, depuis ma première élection ». Nous ne demandons qu'à le croire. Le problème c'est que Penelope n'a cessé d'affirmer le contraire, au Sunday Telegraph en 2007, « Je n'ai jamais été son assistante, ou quoi que ce soit de ce genre-là (…) Je ne me suis pas occupée de sa communication non plus », comme au Bien Public en 2016, « Jusqu'à présent, je ne m'étais jamais impliquée dans la vie politique de mon mari ». D'ailleurs, comme l'a révélé Le Parisien, Penelope Fillon n'a jamais eu de badge et une adresse email à l'Assemblée nationale. Elle ne disposerait d'aucun email de travail de l'époque non plus.
. Passé le choc de l'émotion, le candidat de la droite tentera par la suite de balayer les soupçons en affirmant, « Ma femme travaille pour moi depuis toujours, depuis 1981, depuis ma première élection ». Nous ne demandons qu'à le croire. Le problème c'est que Penelope n'a cessé d'affirmer le contraire, au Sunday Telegraph en 2007, « Je n'ai jamais été son assistante, ou quoi que ce soit de ce genre-là (…) Je ne me suis pas occupée de sa communication non plus », comme au Bien Public en 2016, « Jusqu'à présent, je ne m'étais jamais impliquée dans la vie politique de mon mari ». D'ailleurs, comme l'a révélé Le Parisien, Penelope Fillon n'a jamais eu de badge et une adresse email à l'Assemblée nationale. Elle ne disposerait d'aucun email de travail de l'époque non plus.
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Prenant les devants, Fillon croit même bien faire en révélant le
lendemain qu'il a déjà employé ses enfants « qui étaient
avocats, en raison de leurs compétences »,
entre 2005 et 2007, pour des missions précises rémunérées à
hauteur de 84 000 €, soit une moyenne de 4 441 €/mois pour l'un et 3 800 €/mois pour l'autre. En somme, pour Fillon l'affaire est banale. Le problème
c'est qu'à l'époque les enfants n'étaient pas avocats, rien ne
prouvait leur compétence et qu'ils étaient payés largement au-dessus de la moyenne nationale pour ce type d'activité. Pire encore, François Fillon reconnaitra qu'à l'époque son fils avait travaillé sur la rédaction du programme présidentiel de Nicolas Sarkozy et que sa fille l'avait aidé à rédiger un livre, deux activités incompatibles avec le statut d'assistant parlementaire et par conséquent.
. Bizarrement, il n'en dit pas un mot à propos des soupçons d'emploi fictif concernant la contribution discrète de sa femme à la Revue des deux mondes entre 2012 et 2013, deux articles en tout et pour tout, alors que sa rémunération était exorbitante, 100 000 €, et qu'il s'est avéré que le propriétaire de la revue littéraire, l'homme d'affaires Marc Ladreit de Lacharrière, est comme par hasard un ami milliardaire qui a reçu la Légion d'honneur alors que François Fillon était Premier ministre.
. Bizarrement, il n'en dit pas un mot à propos des soupçons d'emploi fictif concernant la contribution discrète de sa femme à la Revue des deux mondes entre 2012 et 2013, deux articles en tout et pour tout, alors que sa rémunération était exorbitante, 100 000 €, et qu'il s'est avéré que le propriétaire de la revue littéraire, l'homme d'affaires Marc Ladreit de Lacharrière, est comme par hasard un ami milliardaire qui a reçu la Légion d'honneur alors que François Fillon était Premier ministre.
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Dans ce cafouillage, il arguera aussi, « nous n'avons rien à
cacher, notre seul compte en banque est au Crédit agricole de
Sablé-sur-Sarthe ». Le hic c'est que l'Assemblée
nationale en exige deux.
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Aux dernières nouvelles, il
prétend que « Ce n'est pas la justice que l'on
cherche, mais à me casser et à casser la droite ». Et il ne reste plus aux enquêteurs qu'à passer l'éponge et à effacer l'ardoise.
. Et pour terminer le délire en apothéose, Fillon tente désormais de convaincre ses fidèles qu'il s'agit d'un « coup d'Etat institutionnel ». Non Sir François, le vote de novembre n'était qu'une primaire, l'élection présidentielle n'a pas encore eu lieu et elle est loin d'être gagnée, il est donc vraiment abusif de parler de coup d'Etat, surtout que les faits laissent peu de place au doute.
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Ensuite, de la part de l'équipe chargée d'assurer sa com'
On
y retrouve beaucoup de monde. La com' tentera dans un premier temps
des tours incroyables de prestidigitation. Penelope Fillon était
tantôt la femme de l'ombre, tantôt la collaboratrice de premier
plan. Elle était présentée comme une parisienne, et c'est pourquoi
on ne la voyait pas trop dans la Sarthe, mais aussi comme une Sarthoise, d'où
son absence au Palais Bourbon. Plus tard, une stratégie se met en
place. Hélas, elle était le moins qu'on puisse dire, inconsistante.
Parmi
les chargés de com', il y avait d'abord Thierry Solère,
porte-parole de la campagne de François Fillon. « De quoi
parle-t-on ? Est-ce qu'on a le droit en France de travailler avec ses
enfants, avec son conjoint ? (...) Il y a suffisamment de sujets
graves pour relayer des polémiques quand il n'y en a pas ».
Circulez il n'y a rien à voir. Il y avait aussi Valérie
Pécresse, présidente du parti Les Républicains de la région
Ile-de-France. « Non, je ne savais pas (que Penelope Fillon était attachée parlementaire) ». Ah la bourde ! Mais, elle se reprend très vite. « Le sujet d'aujourd'hui c'est celui du
redressement de la France. C'est un sujet majeur pour des millions de
Français ». Mais oui, sauf que cela ne les empêche pas
aussi de s'intéresser aux soupçons d'emplois fictifs de celui qui
réclame leur confiance. Il y avait également Gérard Larcher,
le président du Sénat, troisième personnage de l'Etat français.
Lui, il était original. Il avancera la parité chez les assistants
parlementaires comme argument bidon. « Ça doit être un des
rares cas où les femmes sont mieux traitées que les hommes ».
Il fallait y penser.
Ne
soyez pas étonnés par tout cela, il faut dire que du côté d'Anne
Méaux, une vraie experte en com' et en matière de crise, on n'a même pas pu imaginer la moitié d'un quart de seconde qu'une « standing
ovation » aux cris de « Penelope, Penelope,
Penelope », avec un bouquet de fleurs et même l'affirmation du
principal concerné « si on veut m'attaquer, qu'on m'attaque
droit dans les yeux, mais qu'on laisse ma femme en dehors de ce débat
politique », dans un meeting politique rassemblant 13 500
personnes alors que les accusations contre le candidat à la
présidence de la République sont graves, pouvaient être si
grotesques.
Il faut dire que l'équipe
de com' doit non seulement gérer la communication de Fillon mais
aussi celle de l'avocat de Fillon, Antonin Levy, fils de BHL.
Et ça n'a pas l'air de marcher, là non plus ! Alors que
l'émission Envoyé spécial diffusée sur France 2 hier
a retrouvé une interview accordée par Penelope Fillon au Sunday
Telegraph où elle déclarait « Je n'ai jamais été son assistante, ou quoi que ce soit de ce genre-là (…) Je ne me suis pas occupée de sa communication non plus », le fils du philosophe n'a rien trouvé de mieux pour
défendre ses clients que de déclarer que « c'est ridicule
de faire une émission sur une phrase maladroite ». Elle fait absolument mal-à-droite.
.
Enfin, de la part de toute sa famille politique, la droite française. Le 2
février, 250 parlementaires et présidents de région des Républicains, dont Gérard
Larcher (président du Sénat), Bernard Accoyer (Secrétaire générale
des Républicains), Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Le Maire et
Jean-François Copé (anciens candidats), mais aussi Jean-Pierre
Raffarin, Brice Hortefeux, François Baroin, Laurent Wauquiez, Eric Ciotti, et même Serge Dassault et David Douillet, ont tenu à apporter un « soutien total »
à François Fillon. Disons qu'il n'y a rien d'inhabituel ni dans
la logique de la démarche des ténors de la droite, ni lorsque ces
derniers prétendent que « Tous les coups sont permis: on
jette aux loups un homme, sa femme, ses enfants, ses collaborateurs,
sans attendre leurs arguments ni entendre leur défense ».
Mettons tout cela sur l'ardoise du désespoir. Quand on lit et relit ce texte court, on comprend que le problème réside à la fois dans
l'aveuglement de cette famille politique et dans le mépris de ces
élus de droite pour la presse, les journalistes, et
surtout les électeurs : « Tous les jours sont déversées
sur la place publique rumeurs, approximations, calomnies ».
Ainsi, informer le public sur des soupçons de détournement d'argent
public par un candidat à la présidence de la République, serait de
la calomnie. Il faut avoir du culot pour écrire ça ! Et dans le
culot, les signataires sont allés même beaucoup plus loin.
« La manœuvre est grossière : empêcher par tous les moyens l’alternance que veulent les Français. » Et quid des soupçons de détournement de fonds publics de leur candidat ? « Dans cette affaire, un pays joue son avenir. » Ah bon ! Et quid des emplois fictifs de sa femme et de ses enfants ? « Dans cette affaire, un homme joue son honneur. C’est beaucoup. Mais, dans cette affaire, un pays joue son avenir. » Rien que ça ! Et quid de la probité de celui qui demande aux électeurs français de lui confier l'avenir de leur pays ? « Cette tentative de mise à mort vise à installer un face à face mortel : celui entre la gauche et le Front national, entre l'imposture et l'aventure ». Mais n'y a-t-il pas dans ce délire paranoïaque hors-sujet une tentative désespérée d'enterrer les soupçons des emplois fictifs de Penelope Fillon ? Et comme à l'accoutumée, le meilleur est pour la fin. « Que les comploteurs et les manipulateurs en soient avertis : jamais nous ne laisserons prendre en otage ni la démocratie ni le destin de notre pays ». Du grand n'importe quoi. Dire que ces signataires tentent désespérément de réduire Penelope Gate à une méprisable théorie du complot, alors que les déclarations contradictoires de la principale concernée renforcent les soupçons sur ses emplois fictifs : « Je n'ai jamais été son assistante, ou quoi que ce soit de ce genre-là » (interview accordée au Sunday Telegraph en 2007, diffusée par France 2 le 2 février) et « Jamais je n’ai officialisé ma qualité d’assistante parlementaire de Marc Joulaud (suppléant de François Fillon), pas plus que quand je faisais le même travail pour mon mari » (déclaration aux policiers, Le Monde du 6 février).
Cette tribune était au mieux une erreur de com' grave, au pire le coup de grâce pour François Fillon. Une grande partie de la famille politique de droite se comporte comme un fabricant qui non seulement tarde à rappeler un « produit défaillant » et s'enfonce dans le déni, mais s'obstine à vanter ses qualités et s'offre le luxe de se foutre de la gueule de ses clients. On croit rêver !
« La manœuvre est grossière : empêcher par tous les moyens l’alternance que veulent les Français. » Et quid des soupçons de détournement de fonds publics de leur candidat ? « Dans cette affaire, un pays joue son avenir. » Ah bon ! Et quid des emplois fictifs de sa femme et de ses enfants ? « Dans cette affaire, un homme joue son honneur. C’est beaucoup. Mais, dans cette affaire, un pays joue son avenir. » Rien que ça ! Et quid de la probité de celui qui demande aux électeurs français de lui confier l'avenir de leur pays ? « Cette tentative de mise à mort vise à installer un face à face mortel : celui entre la gauche et le Front national, entre l'imposture et l'aventure ». Mais n'y a-t-il pas dans ce délire paranoïaque hors-sujet une tentative désespérée d'enterrer les soupçons des emplois fictifs de Penelope Fillon ? Et comme à l'accoutumée, le meilleur est pour la fin. « Que les comploteurs et les manipulateurs en soient avertis : jamais nous ne laisserons prendre en otage ni la démocratie ni le destin de notre pays ». Du grand n'importe quoi. Dire que ces signataires tentent désespérément de réduire Penelope Gate à une méprisable théorie du complot, alors que les déclarations contradictoires de la principale concernée renforcent les soupçons sur ses emplois fictifs : « Je n'ai jamais été son assistante, ou quoi que ce soit de ce genre-là » (interview accordée au Sunday Telegraph en 2007, diffusée par France 2 le 2 février) et « Jamais je n’ai officialisé ma qualité d’assistante parlementaire de Marc Joulaud (suppléant de François Fillon), pas plus que quand je faisais le même travail pour mon mari » (déclaration aux policiers, Le Monde du 6 février).
Cette tribune était au mieux une erreur de com' grave, au pire le coup de grâce pour François Fillon. Une grande partie de la famille politique de droite se comporte comme un fabricant qui non seulement tarde à rappeler un « produit défaillant » et s'enfonce dans le déni, mais s'obstine à vanter ses qualités et s'offre le luxe de se foutre de la gueule de ses clients. On croit rêver !
On
peut s'étonner que cette affaire ait pris une telle ampleur.
Mais c'était prévisible. Ceci s'explique par trois raisons
capitales.
. Primo, parce que François Fillon n'a cessé de se présenter comme l'homme providentiel, monsieur probe. « Il ne sert à rien de parler d'autorité quand on n'est pas soi-même irréprochable. Qui imagine un seul instant le général de Gaulle mis en examen ? » (août 2016). En effet, tout le monde tombe des nues aujourd'hui, n'est pas de Gaulle qui veut.
. Secundo, parce qu'il y a un timing et un positionnement dans le Penelope Gate qui laissent perplexe. Penelope Fillon ne cesse ses activités lucratives « d'assistante parlementaire » que vers la fin de 2013, comme par hasard, quelques semaines avant l'entrée en vigueur de la loi sur la transparence de la vie publique adoptée par le duo Hollande-Valls. Il faut savoir que cette loi oblige tous les responsables politiques de premier plan (ministres, parlementaires, sénateurs, conseillers régionaux, etc.) à rendre leur déclarations d'activités publique et à déposer leur déclaration de patrimoine à la préfecture. Pire encore, François Fillon a voté contre l'adoption de ce texte par le Parlement, comme la majorité des députés de l'UMP. Il se disait « scandalisé » que le gouvernement parle de loi de moralisation de la vie politique. « Comme si la vie politique était immorale. Moi, je n’ai rien à cacher. Je ne voterai pas ce texte parce qu’il n’a aucun intérêt. » Apparemment, il en avait au moins un, celui de mettre fin aux activités douteuses de Penelope Fillon.
Tertio, parce que ce qui est reproché à François Fillon, touche chaque Français qui travaille dur pour gagner sa vie. Il faut peut-être rappeler à ceux qui minimisent ce scandale, en France comme au Liban où François Fillon devait se rendre encore une fois auprès de ses admirateurs (visite annulée à cause du scandale), que Penelope Gate concerne au final le détournement de près d'un million d'euros, dont 90% d'argent public. Pour un salarié français gagnant près de 2 000 €/mois brut (1,35 fois le SMIC), cette somme représente une vie entière de travail, soit 42 ans de dur labeur, pour obtenir une retraite à taux plein. Si pour certains Français et Libanais l'argent tombe du ciel, pour l'écrasante majorité d'entre eux il est gagné à la sueur de leur front. Et ce qui choque davantage les Français et les fait douter de la sincérité de François Fillon, c'est aussi la rémunération mensuelle très généreuse de l'intéressée. Certes, la loi prévoit une enveloppe de près de 9 500 €/mois par député afin de rémunérer plusieurs assistants parlementaires. Sauf qu'en pratique la fourchette de salaire va de 2 000 à 3 000 €/mois par collaborateur, avec un salaire moyen brut de 2 650 €/mois. Alors, comment se fait-il que Penelope Fillon ait été rémunérée pour son travail discret à hauteur de 4 600 €/mois (2002), 5 050 €/mois (2012), 6 900 €/mois (2005), 7 900 €/mois (2006) et même 10 100 €/mois (2007), soit beaucoup plus que le député qu'elle était censée assister, qui a actuellement un salaire de base de 7 100 €/mois ? Mystère et boule de gomme. Enfin, chacun a sa petite idée aujourd'hui.
L'ampleur du scandale s'explique aussi par deux autres raisons essentielles.
. D'un côté, parce qu'il s'agit de la magistrature suprême, la présidence de la République française. Fillon se serait contenté de rester député de Paris ou de revenir dans la Sarthe, François et Penelope auraient continué à couler des jours heureux dans leur manoir.
. D'un autre côté, parce que le candidat de la droite et du centre défend un projet politique qui demande beaucoup de sacrifices financiers aux Français : hausse de la TVA, baisse des indemnisations chômage, facilitation des modalités de licenciement, hausse de l'âge de départ à la retraite de 62 à 65 ans, suppression de 500 000 postes de fonctionnaires, suppression des 35 heures, baisse de la couverture de l'assurance maladie, suppression de l'encadrement des loyers à Paris, suppression du principe de précaution, etc.
« Avoir
une haute idée de la politique signifie que ceux qui briguent la
confiance des Français doivent en être digne. Ceux qui
ne respectent pas les lois de la République ne devraient pas pouvoir
se présenter devant les électeurs ». C'est François
Fillon svp, mais c'était en août 2016. Le parquet national
financier a ouvert une enquête concernant Penelope Gate pour
« détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et
recel ». Tôt ou tard, l’Office central de
lutte contre les infractions financières et fiscales donnera donc
son verdict.
Toutefois,
vu tout ce qui précède, il faut être profondément aveugle, comme les ténors de la droite dans Le Figaro, ou
avoir des tendances suicidaires, comme les journalistes de droite de Valeurs Actuelles, l'un n'empêchant pas l'autre, pour considérer Penelope Gate comme « L'honneur d'un homme et l'avenir de la France » et présenter ce scandale comme une « épreuve du feu », une « mise à mort » et faire croire qu'il y a des « officines » derrière cette affaire, ET ne pas voir deux
évidences. D'une part, à quel point ce scandale touche les
Français, et d'autre part, que la descente aux enfers de François
Fillon peut entrainer celle de la droite aux prochaines élections
présidentielles et même législatives. Le problème de tout ce beau monde qui s'est engagé corps et âme dans la bataille pour
sauver le soldat Fillon, c'est qu'il a oublié une équation simple :
plus on tarde à rappeler le produit défaillant, François Fillon en
l'occurrence, plus on prend le risque de ternir l'image de la marque,
la droite française précisément. Même si l'affaire est classée
sans suite demain à l'aube après une nuit sans lune, le candidat actuel des Républicains
n'est plus crédible. Désormais, il est inaudible pour une
grande partie des Français.
Les
choses étant ce qu'elles sont, toute la question pour la droite
aujourd'hui étant de savoir quand remplacer François Fillon, par
qui le remplacer, ne pas perdre la face et surtout, continuer la
bataille électorale sans y laisser des plumes.
La
droite se trouve face à trois choix politiques.
1.
Poursuivre la bataille présidentielle avec un soutien de la première
heure de François Fillon, Gérard Larcher. Dans cette option, on
privilégiera la continuité idéologique, dans le but de garder le
même programme politique ultra-libéral et conservateur pour lequel
l'ex-Premier ministre a été élu par une frange des électeurs de
droite, au poids politique faible de l'actuel président
du Sénat.
2.
Passer le flambeau à celui qui est arrivé second à la primaire,
Alain Juppé. Dans cette option, on fera exactement l'inverse de
la première. On privilégiera la personnalité du candidat, un poids
lourd. Pour ce faire, on sera amené à ajuster le programme politique
austère de la droite et à adopter celui de l'ancien candidat. Détail intéressant, qui pourrait jouer en sa faveur, le nom d'Alain Juppé ne figure pas parmi les 250 signataires de la tribune des Républicains publiée dans Le Figaro pour apporter un soutien total et aveugle à François Fillon.
3.
Ouvrir la porte sur l'aventure où un conseil national décidera
d'engager la bataille derrière des personnalités qui ne feront ni
le poids ni l'unanimité comme Nicolas Sarkozy, Nathalie
Kosciusko-Morizet, Bruno Le Maire, François Baroin, etc.
Reste
l'option de la politique de l'autruche au résultat prévisible.
Faire comme si de rien n'était et continuer la course avec le
« tocard Fillon », au sens « cheval qui
semble n'avoir aucune chance de gagner » et non « personne
sans capacités ni compétence », nuance. Comme l'a si bien dit Edward Snowden, « Le favori de la présidentielle française fait face à une enquête de corruption. Il semble que sa comptabilité soit moins conservatrice que sa politique ».
Une
dernière chose quand même sur le problème de fond de Penelope Gate
que personne, ni de droite ni de gauche, n'a abordé, alors que
nous sommes en pleine période électorale et de propositions
politiques, et qu'il s'agit après tout d'argent public : en finir avec l'embauche de membres de la famille par des
élus de la République, comme c'est le cas en Allemagne, qui
interdit même les arrangements croisés, du genre « j'embauche
ta femme, tu embauches la mienne? ». Si la droite était
exclusivement occupée à défendre son poulain et le système,
comme on l'a vu précédemment, la gauche a brillé par ses
réflexions insipides sur cette affaire. Benoit Hamon, le
champion de la primaire et candidat du Parti socialiste, s'est
limité à « Les affaires de François Fillon, je les laisse
à François Fillon » et Jean-Luc Mélenchon, qui se
considère au-dessus des partis et candidat du mouvement La France
insoumise, s'est contenté de « Les gens sont
indignés ». Deux autres candidats étaient aux abonnés
absents ces derniers jours. Et pourtant, les sondages les placent au
2e tour de l'élection présidentielle. Emmanuel Macron et Marine
Le Pen. Le premier croit peaufiner sa stature présidentielle en évitant certaines questions qui fâchent et la seconde essaie de se faire oublier et faire oublier qu'elle est
également empêtrée dans une affaire d'emplois fictifs, avec le
Parlement européen. Mais chez cette grande figure de l'extrême
droite française et européenne, ce ne sont pas des soupçons dont il s'agit mais des certitudes concernant une veille amie et ex-belle soeur de la présidente du Front National. En tout cas, depuis le 1er février 2017, l'Union européenne se fait rembourser près de 300 000 €, en ponctionnant les sommes indues du salaire et des indemnités de la candidate à l'élection présidentielle. Il faut dire que la grande famille des Le Pen est passée maitre des emplois fictifs. L’Office européen de lutte antifraude réclame 320 000 € à Jean-Marie Le Pen et 270 000 € à Bruno Gollnisch, soit au total 890 000 € pour les trois ténors du FN. Non mais c'est quoi ces anti-Européens qui profitent bien du système, prennent l'Europe pour une vache à lait, détournent l'argent public et viennent ensuite disserter en long, en large et surtout de travers, sur le vice et la vertu dans le monde politique !