Photos de la page officielle de Marine Le Pen, présidente du Front national (FN) |
Le
problème est évidemment ailleurs. A part manger du tabboulé, du
hommos, des falafels, du kafta et du chawarma -et encore, allez savoir si la chef chauvine saura s'aventurer, déguster et apprécier nos délicieux mets nationaux !- il est prévu nous
dit-on qu'elle rencontre beaucoup de personnalités libanaises. Dès son arrivée hier, elle s'est déjà rendue à Byblos où elle a été accueillie à bras ouverts par le maire de la ville, Ziad Hawat, et elle a diné avec Roger Eddé, un homme d'affaires qui a réussi l'exploit de privatiser une des plus belles plages de la Méditerranée orientale à deux pas de la forteresse croisée et du plus vieux site de la Phénicie antique, Eddé Sands (Paradis Beach à mon époque et il portait bien son nom). Il faut dire que le voyage est organisé par un intime de longue date des Le Pen, Elie Hatem, un avocat franco-libanais qui n'a pas eu beaucoup de mal à piéger, pardon, à convaincre ses interlocuteurs de rencontrer cette hôte controversée. Bon, étant donné le peu d'estime qu'une frange de Libanais, à commencer par votre humble écrivain, accordent à une grande partie des classes politique et entrepreneuriale libanaises, qui s'entraident et se complètent pour défigurer et dénaturer mon Liban, celui de Gibran Khalil Gibran, nous sommes nombreux à être tentés de nous en foutre royalement.
Le problème n'est donc pas là non plus, il est vraiment ailleurs. Durant sa visite électorale de deux jours, où peut-être elle récoltera des fonds pour sa campagne présidentielle, Marine Le Pen rencontrera Michel Aoun, président de la République libanaise et Saad Hariri, Premier ministre et chef du Courant du Futur, c'est officiel ; Gebrane Bassil, ministre des Affaires étrangères et chef du Courant patriotique libre, Béchara Raï, patriarche maronite d'Antioche et de tout l'Orient, Abdel Latif Deriane, mufti de la République libanaise, Ziad Chbib, gouverneur de Beyrouth, Samy Gemayel, président du parti des Kataeb et Samir Geagea, chef du parti des Forces libanaises, c'est officieux ; Nabih Berri, président de l'Assemblée nationale, ce n'est pas confirmé ; Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah, sûrement pas ; pas Walid Joumblatt, chef du Parti socialiste progressiste, j'en suis sûr. Et là, ce n'est pas du tout normal.
Le problème n'est donc pas là non plus, il est vraiment ailleurs. Durant sa visite électorale de deux jours, où peut-être elle récoltera des fonds pour sa campagne présidentielle, Marine Le Pen rencontrera Michel Aoun, président de la République libanaise et Saad Hariri, Premier ministre et chef du Courant du Futur, c'est officiel ; Gebrane Bassil, ministre des Affaires étrangères et chef du Courant patriotique libre, Béchara Raï, patriarche maronite d'Antioche et de tout l'Orient, Abdel Latif Deriane, mufti de la République libanaise, Ziad Chbib, gouverneur de Beyrouth, Samy Gemayel, président du parti des Kataeb et Samir Geagea, chef du parti des Forces libanaises, c'est officieux ; Nabih Berri, président de l'Assemblée nationale, ce n'est pas confirmé ; Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah, sûrement pas ; pas Walid Joumblatt, chef du Parti socialiste progressiste, j'en suis sûr. Et là, ce n'est pas du tout normal.
Et aux dernières nouvelles... |
Ainsi,
avec 0,3 % d'élus à l'Assemblée nationale et au Sénat, le
parti de Marine Le Pen n'a donc pas d'influence au niveau des pouvoirs
décisionnels en France, sur le plan législatif et au niveau
exécutif en conséquence. Or, ce sont les seuls domaines qui
peuvent intéresser le Liban et les Libanais ! A quoi servirait
tout ce beau monde de rencontrer la chef d'un parti dont l'influence
sur les décisions internationales prises par la France est
infinitésimale jusqu'à nouvel ordre, qui n'est pas prêt de changer
? A rien, Messieurs-Dames !
Notre
hôte se sentira bien chez nous. J'en suis ravi. Elle sera comme chez elle d'ailleurs. Elle
y retrouvera un procédé qui lui est familier, « l'héritage
politique ». Eh oui, le Front national est un parti qui se
transmet de père en fille, et c'est ainsi que ça se passe au Liban en
général et dans la plupart des pays du tiers-monde en
particulier. Tenez, comme par hasard Gebrane Bassil est le gendre de
Michel Aoun, Saad Hariri est le fils de Rafic, Samy Gemayel est le
fils d'Amine, Teymour Joumblatt est le fils de Walid, Michel Mouawad
est le fils de Nayla qui est la femme de René, Nadim Gemayel est le
fils de Solange qui est la femme de Bachir, Faysal Karamé est le
fils d'Omar, et j'en passe et des meilleurs. Que ça soit clair, cela
n'enlève rien au mérite des héritiers, mais avouons quand même,
que ce n'est pas ainsi que fonctionnent les grandes démocraties
dans ce monde.
Marine
Le Pen se sentira même très bien au pays du Cèdre. Nous pouvons en être fiers. Personne ou
presque, ne tiendra compte de ses magouilles financières et
encore moins rigueur à la présidente du FN. Si on interroge les
Libanais, tout le monde dira que c'est monnaie courante au Liban.
Détourner plus de 336 000 € de fonds publics européens,
embaucher une assistante parlementaire à Bruxelles et la faire
travailler pour le parti dans la banlieue de Paris, embaucher son
compagnon à mi-temps pour 5 000 €/mois, violer la réglementation
du travail parlementaire, faire passer un garde du corps pour un
assistant parlementaire, le payer près de 10 000 €/mois, refuser
de rembourser l'argent public des contribuables européens détourné,
nier les faits alors que depuis le 1er février 2017 les sommes
indues sont ponctionnées par les services financiers de l'Union
européenne sur ses salaires, ses frais généraux et ses indemnités,
crier au complot de la justice, de la classe politique, de l'Europe,
etc. Rien d'inhabituel en Orient. Eh bien, si c'est comme ça qu'elle
compte gérer la France, ça promet ! Pire encore, messieurs Aoun,
Hariri, Bassil, Raï et Geagea ont prévu de recevoir le leader d'un parti politique français contre qui une information judiciaire a été
ouverte en France le 15 décembre 2016, pour « abus de confiance, recel d'abus de confiance, escroquerie en bande organisée, faux et usage de faux, et travail dissimulé ». C'est hallucinant quand on y pense. En tout cas, s'il
y a encore des Français pour prendre les mirages du Front national
pour des réalités, sommes-nous obligés au Liban de s'associer à ce délire et de donner à un personnage aussi contesté, la stature internationale qu'elle vient désespérément chercher ? Non, surement pas, encore moins en notre nom, au nom de tous les Libanais qui n'adhèrent pas à l'idéologie de l'extrême droite. Michel Aoun est le premier Président étranger en fonction qui serre la main de Marine Le Pen, Saad Hariri est le deuxième Premier ministre étranger en exercice qu'elle rencontre de sa vie (après l'Egyptien Ibrahim Mahlab). Chapeau Messieurs !
Il
faut savoir par ailleurs que la soi-disant rigueur financière affichée par
l'extrême droite, et qui sert d'appât avec les poissons
d'électeurs, ne semble pas s'appliquer au Front national.
Marine Le Pen est la troisième figure importante du FN dont les
magouilles financières sont portées à la connaissance des Français
récemment. Si on rajoute aux 336 000 € détournés par Marine
Le Pen, les 320 000 € détournés par Jean-Marie Le Pen
et les 270 000 € détournés par Bruno Gollnisch, alors
sachez que L’Office européen de lutte antifraude
(OLAF) réclame aux trois ténors du FN le remboursement d'un total
de 926 000 € d'argent public européen détourné ! Elle n'est
pas belle la probité du Front national, hein ? Non mais c'est quoi ces anti-Européens de pacotille qui profitent bien du système,
prennent les contribuables d'Europe pour des vaches à lait,
détournent l'argent public et viennent ensuite disserter en long, en
large et surtout de travers, sur le vice et la vertu dans le monde
politique ! En tout cas, vous comprenez maintenant pourquoi Marine
Le Pen n'a pas trop osé ouvrir sa grande gueule dans le Penelope
Gate ? Eh bien, parce que sa situation est bien pire que celle
de François Fillon !
Dernier
détail, si au niveau national, on n'a pas de connaissance sur des
détournements de fonds publics par le FN dans le cadre de l'emploi
d'assistants parlementaires, c'est surtout parce que le parti
d'extrême droite n'a que 3 élus sur 925 parlementaires. Ce n'est
pas du tout le cas du parti au Parlement européenne où le Front
national dispose d'un groupe de 22 députés européens. Là
bas, comme par hasard et d'après l'OLAF, il y a des soupçons sur
l'emploi fictif d'une vingtaine d'assistants parlementaires les
concernant.
Les
vaillants responsables politiques et religieux libanais doivent donc
prendre pleinement conscience à quel point l'accueil officiel
réservé à cette figure de l'extrême droite française, qui a
un poids politique négligeable à l'Assemblée nationale et au
Sénat, qui est au fond plus contestée qu'elle ne leur semble
populaire et dont les magouilles financières et les propositions
politiques font honte à une majorité de Français qui n'adhèrent pas à ses thèses
extrémistes, est perçu comme déplacé par la plupart des
citoyens et des responsables politiques des pays occidentaux.
Une anecdote pour mesurer l'erreur d'appréciation des dirigeants libanais. La présidente du FN a effectué une visite de deux jours à New York, le 11 janvier dernier. L'entourage du nouveau président américain était prévenu par un des amis communs qui loge trois étages en-dessous du penthouse du locataire de la Maison Blanche. Elle se débrouilla pour manger du caviar russe, prendre son café et trainer à la Trump Tower. Elle espéra s'afficher triomphalement aux côtés du propriétaire des lieux, à huit jours de son entrée en fonction, faute d'avoir pu décrocher un rendez-vous officiel en bonne et due forme avec lui. Ne serait-ce qu'un selfie furtif sur Facebook, en vain. Et dire que même Donald Trump n'a pas dédaigné recevoir Marine Le Pen. A son retour bredouille de New York, elle dira à Paris Match : « S'il veut me rencontrer, qu'il m'appelle ». Ah mais il n'a cessé de t'appeler ma chérie, mais ça sonnait occupé ! Marine Le Pen est un peu comme le renard gascon de Jean de La Fontaine qui prétendit que les raisins au haut d'une treille n'étaient pas mûrs, parce qu'en réalité, il ne pouvait pas les atteindre.
Au point où nous en sommes, il serait inutile de perdre plus de temps sur le fond et de nous perdre davantage dans les détails. Les extrémistes de tout poil et de par le monde, comme ceux de Daech, l'organisation terroriste « Etat islamique », et de Breitbart News, le site d'information qui était dirigé par le nouveau conseiller stratégique de Donald Trump, Stephen Bannon, ne manqueront pas de fabriquer des fakes news autour de cette visite déplacée. Ce dernier était le premier à le faire: « Marine Le Pen arrive au Liban, (elle) rencontrera les Chrétiens persécutés ». Peu importe sa politique à ce stade, les casseroles que Marine Le Pen traine derrière elle génèrent de nos jours un vacarme qui la rend totalement inaudible, pas du tout crédible et encore moins fréquentable. Et avant que je n'oublie, parmi le cru 2017 de propositions populistes et xénophobes, il y a l'engagement numéro 27 qui prône la suppression de la double nationalité extra-européenne. Yi, la2 wlo, mich ma3'2oul, attendez, minute, mais bordel, je crois que nous sommes concernés nous autres Libanais ! Eh bien, cette visite aura donc le mérite de mettre la lumière sur cette mesure emblématique du FN et faire réfléchir les « persécutés » des Franco-Libanais, tentés par le mirage du Front national. A bon entendeur, salut.
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