1.
La finale a eu lieu. Enfin, à la télé. Elle me conforte dans mon
opinion. Chirac avait parfaitement raison, on ne débat pas avec le
Front national car ses leaders emblématiques, les Le Pen
père-fille-nièce n'ont aucune décence politique. On a encore
eu la preuve hier, avec un débat à l'américaine, un combat de
catch houleux ou un match de rugby au mieux, loin d'un débat à la
française, un match de tennis ou de football au pire. Cela étant
dit et contrairement à ce qu'on peut lire ici et là, dans la presse nationale et internationale, ainsi que sur les réseaux
sociaux, ce fut un débat réussi, passionné et passionnant, car il a permis tout simplement de mettre en lumière la personnalité des deux candidats et les grandes lignes de leur projet pour la France. C'est exactement ce qu'on
attend d'un débat politique. Et quel match! On aurait dit la
rencontre qui a opposé l'Allemagne au Brésil au cours du Mondial de
football de 2014, l'inoubliable « 7-1 ».
2.
La stratégie globale. Marine Le Pen (MLP) n'avait manifestement qu'une idée
fixe en tête. Elle était tellement obsédée d'attaquer son
adversaire, qu'elle a très souvent oublié d'énumérer ses propres
propositions en la matière. C'était à peine croyable. Le Pen faisait de la peine! On sentait
qu'elle est venue battre son rival et repartir. Maigre pour aller plus loin. Elle est apparue
irresponsable, obtus, grossière et immature. De ce fait, Emmanuel Macron (EM)
n'a eu que le beau rôle tout au long du débat. Le comble, c'était
grâce à la candidate du FN. La stratégie du candidat d'En Marche était double :
souligner le manque de propositions de son adversaire, pour bien la
discréditer, puis rebondir afin de se concentrer sur ses propres
propositions, pour bien se mettre en valeur. Il ne pouvait pas mieux rêver
comme situation, surtout qu'il a dit, redit et démontré qu'il est
venu débattre avec sa rivale et convaincre les Français par son
projet. Il a donc brillamment réussi son pari. Il s'est imposé
comme un homme responsable, ouvert, fin et mature.
3.
La maitrise des dossiers. Elle a cru bien faire de venir avec
une pile de dossiers, de notes et d'anti-sèches. Quelle bonne idée sauf que le FN ne s'est pas
rendu compte que c'était un signe donné aux téléspectateurs que MLP ne maitrisait pas ses
sujets. Le débat l'a démontré, notamment sur l'emploi, la
sécurité, la justice, les médicaments ou l'Euro. EM était plutôt comme un maitre de conférence.
Incollable sur tous les sujets abordés. Sans jamais regarder une
fiche, il prenait du temps pour expliquer sereinement la complexité des
problèmes auxquels la France doit faire face et les solutions qu'il
envisage appliquer s'il est élu. Sûr de lui, il a d'ailleurs utilisé le futur et non le conditionnel.
4.
Les propositions. On savait que les deux finalistes
s'opposaient sur pratiquement tous les sujets. Et sur ce plan précis,
le débat n'a rien apporté de plus. Il n'a fait que le démontrer.
Sur l'emploi, la retraite, la sécurité, le terrorisme, l'école, l'Europe et le
monde, on avait deux visions de la France. On le savait. Toutefois, la
confrontation a été très utile. Celle-ci a démontré qu'Emmanuel Macron a un
réel projet pour la France, contesté par certains, mais il est
complet et cohérent. De l'autre côté, c'est la grande confusion et
l'incohérence. Marine Le Pen a mérité bien son qualificatif qu'EM lui a attribué, « parasite », du système depuis des dizaines d'années comme du débat pendant
2h30, une tactique indispensable pour embrouiller les électeurs. Elle l'a fait en
disant beaucoup de « bêtises » comme l'a souligné EM à plusieurs reprises, un terme qu'on réserve d'habitude aux enfants.
Alors que le candidat d'En Marche a fait un sans-faute pratiquement,
on a relevé une vingtaine d'intox et fakes news, mensonges et faits alternatifs, pour MLP. Sur la relance de l'économie, la retraite à
60 ans, le rachat de SFR, la contribution de la France au budget de
l'Union européenne, la hausse des prix à cause de l'Euro, la bonne santé du Royaume-Uni malgré le Brexit, la filière GPA, etc. Elle a beau essayé, elle n'a pas réussi à
être « crédible ». C'était surtout flagrant lors de
son cafouillage sur la sortie de l'Euro, mesure phare de son programme, où elle a dit vraiment
« n'importe quoi ». Et à chaque fois, qu'elle s'est retrouvée coincée par les répliques cinglantes et les propositions
précises de son adversaire, elle s'est réfugiée dans l'insulte, la
caricature et les enfantillages, quitte à apparaître grotesque. On pouvait bien le sentir tout au long du débat à ses rires et sourires hystériques, qui étaient proportionnels à l'intensité de son malaise. Ce
fut notamment le cas avec son cirque sur la prétendue crainte d'EM
des « envahisseurs », les sympathisants du FN, un moment
d'anthologie qui a démontré à quel point MLP avait perdu la main
et les pédales lors de ce débat. Elle a laissé l'impression d'une
bouffonne de la trempe de Trump. On aurait dit un éléphant dans un
magasin de porcelaine. Elle a été au mieux assez maladroite, au pire, très mauvaise.
5.
L'attitude. Marine Le Pen est apparue agressive, grossière, instinctive
et ringarde. On aurait dit un vieux disque rayé qui tournait en
boucle. Elle a passé beaucoup de son temps de parole, les yeux
plongés dans ses anti-sèches, cherchant désespérément de quoi
attaquer son rival au lieu de développer ses idées pour la France.
Après chaque intervention, elle laissait une impression de malaise
et d'oppression. En un mot, elle inquiétait. Au contraire, Emmanuel Macron semblait d'un calme
olympien, courtois, réfléchi et moderne. Il avait une maitrise de
ses émotions, comme de ses dossiers, impressionnante. Il laissait
une impression de bien-être et de sérénité. En un mot, il
rassurait. Non mais, il n'y a pas photo!
6.
Comme je l'avais souhaitais dans mon dernier article, les
magouilles financières du Front national et de sa présidente
ont été abordées au cours du débat, surtout que l'enquête
préliminaire menée en France a abouti à la mise en examen d'une
quinzaine de dirigeants du FN et à l'ouverture récente d'une
information judiciaire pour « escroquerie en bande organisée ». Il était temps de mettre en garde les Français. Elire Marine Le Pen c'est mettre
une justiciable soupçonnée d'escroquerie, qui prétend être la
candidate du peuple français, à l'abri de la justice de la République, qui
est justement rendue « au nom du peuple français ».
Impensable.
7.
Ce qui frappe le plus dans ce débat du 2e tour c'est finalement le
contraste entre les deux finalistes. Jamais il n'a été aussi
net et marqué. Et à cause de ce point, il faut plutôt reconnaitre que le débat est
historique, il restera dans les annales. Aujourd'hui, il n'y a plus aucun doute, tout oppose les deux candidats, rendant
le choix politique entre ces deux personnalités de l'échiquier politique, pour quiconque supposé et disposé à choisir, donc qui n'est pas mauvais perdant et de
mauvaise foi ou les deux à la fois, on ne peut plus aisé. Le grand
mérite de ce débat c'est d'avoir démontré que le ni-ni, c'est nunuche et pipi de chat. Les électeurs français auront le choix dimanche entre
une candidate d'extrême droite dans toute sa splendeur, terme
sarcastique pour désigner la décadence que représente ce mouvement
et la répugnance suscitée par son idéologie, et un présidentiable
qui est prêt pour les hautes fonctions de l'Etat et digne d'être président de la République
française.
8.
Je dois vous avouer que Marine Le Pen a marqué un but. Je pourrais rajouter, contre son camp. Elle a parfaitement démontré à la
majorité des téléspectateurs d'hier et des électeurs de demain,
qu'elle est ni prête ni à la hauteur pour briguer la
magistrature suprême. Au pire, elle peut continuer son cirque et
ses invectives dans l'opposition, au mieux, elle peut jouer dans des
pubs de dentifrice ou dans une série télévisée. On le savait déjà. C'est CQFD. Et je peux vous dire, ça fait du bien.
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