jeudi 4 mai 2017

Le résultat du débat-TV Macron-Le Pen est sans appel : il est prêt et digne d'être président de la République française, elle peut tourner des pubs de dentifrice ou être dans l'opposition (Art.431)


1. La finale a eu lieu. Enfin, à la télé. Elle me conforte dans mon opinion. Chirac avait parfaitement raison, on ne débat pas avec le Front national car ses leaders emblématiques, les Le Pen père-fille-nièce n'ont aucune décence politique. On a encore eu la preuve hier, avec un débat à l'américaine, un combat de catch houleux ou un match de rugby au mieux, loin d'un débat à la française, un match de tennis ou de football au pire. Cela étant dit et contrairement à ce qu'on peut lire ici et là, dans la presse nationale et internationale, ainsi que sur les réseaux sociaux, ce fut un débat réussi, passionné et passionnant, car il a permis tout simplement de mettre en lumière la personnalité des deux candidats et les grandes lignes de leur projet pour la France. C'est exactement ce qu'on attend d'un débat politique. Et quel match! On aurait dit la rencontre qui a opposé l'Allemagne au Brésil au cours du Mondial de football de 2014, l'inoubliable « 7-1 ».


2. La stratégie globale. Marine Le Pen (MLP) n'avait manifestement qu'une idée fixe en tête. Elle était tellement obsédée d'attaquer son adversaire, qu'elle a très souvent oublié d'énumérer ses propres propositions en la matière. C'était à peine croyable. Le Pen faisait de la peine! On sentait qu'elle est venue battre son rival et repartir. Maigre pour aller plus loin. Elle est apparue irresponsable, obtus, grossière et immature. De ce fait, Emmanuel Macron (EM) n'a eu que le beau rôle tout au long du débat. Le comble, c'était grâce à la candidate du FN. La stratégie du candidat d'En Marche était double : souligner le manque de propositions de son adversaire, pour bien la discréditer, puis rebondir afin de se concentrer sur ses propres propositions, pour bien se mettre en valeur. Il ne pouvait pas mieux rêver comme situation, surtout qu'il a dit, redit et démontré qu'il est venu débattre avec sa rivale et convaincre les Français par son projet. Il a donc brillamment réussi son pari. Il s'est imposé comme un homme responsable, ouvert, fin et mature.

3. La maitrise des dossiers. Elle a cru bien faire de venir avec une pile de dossiers, de notes et d'anti-sèches. Quelle bonne idée sauf que le FN ne s'est pas rendu compte que c'était un signe donné aux téléspectateurs que MLP ne maitrisait pas ses sujets. Le débat l'a démontré, notamment sur l'emploi, la sécurité, la justice, les médicaments ou l'Euro. EM était plutôt comme un maitre de conférence. Incollable sur tous les sujets abordés. Sans jamais regarder une fiche, il prenait du temps pour expliquer sereinement la complexité des problèmes auxquels la France doit faire face et les solutions qu'il envisage appliquer s'il est élu. Sûr de lui, il a d'ailleurs utilisé le futur et non le conditionnel.

4. Les propositions. On savait que les deux finalistes s'opposaient sur pratiquement tous les sujets. Et sur ce plan précis, le débat n'a rien apporté de plus. Il n'a fait que le démontrer. Sur l'emploi, la retraite, la sécurité, le terrorisme, l'école, l'Europe et le monde, on avait deux visions de la France. On le savait. Toutefois, la confrontation a été très utile. Celle-ci a démontré qu'Emmanuel Macron a un réel projet pour la France, contesté par certains, mais il est complet et cohérent. De l'autre côté, c'est la grande confusion et l'incohérence. Marine Le Pen a mérité bien son qualificatif qu'EM lui a attribué, « parasite », du système depuis des dizaines d'années comme du débat pendant 2h30, une tactique indispensable pour embrouiller les électeurs. Elle l'a fait en disant beaucoup de « bêtises » comme l'a souligné EM à plusieurs reprises, un terme qu'on réserve d'habitude aux enfants. Alors que le candidat d'En Marche a fait un sans-faute pratiquement, on a relevé une vingtaine d'intox et fakes news, mensonges et faits alternatifs, pour MLP. Sur la relance de l'économie, la retraite à 60 ans, le rachat de SFR, la contribution de la France au budget de l'Union européenne, la hausse des prix à cause de l'Euro, la bonne santé du Royaume-Uni malgré le Brexit, la filière GPA, etc. Elle a beau essayé, elle n'a pas réussi à être « crédible ». C'était surtout flagrant lors de son cafouillage sur la sortie de l'Euro, mesure phare de son programme, où elle a dit vraiment « n'importe quoi ». Et à chaque fois, qu'elle s'est retrouvée coincée par les répliques cinglantes et les propositions précises de son adversaire, elle s'est réfugiée dans l'insulte, la caricature et les enfantillages, quitte à apparaître grotesque. On pouvait bien le sentir tout au long du débat à ses rires et sourires hystériques, qui étaient proportionnels à l'intensité de son malaise. Ce fut notamment le cas avec son cirque sur la prétendue crainte d'EM des « envahisseurs », les sympathisants du FN, un moment d'anthologie qui a démontré à quel point MLP avait perdu la main et les pédales lors de ce débat. Elle a laissé l'impression d'une bouffonne de la trempe de Trump. On aurait dit un éléphant dans un magasin de porcelaine. Elle a été au mieux assez maladroite, au pire, très mauvaise.

5. L'attitude. Marine Le Pen est apparue agressive, grossière, instinctive et ringarde. On aurait dit un vieux disque rayé qui tournait en boucle. Elle a passé beaucoup de son temps de parole, les yeux plongés dans ses anti-sèches, cherchant désespérément de quoi attaquer son rival au lieu de développer ses idées pour la France. Après chaque intervention, elle laissait une impression de malaise et d'oppression. En un mot, elle inquiétait. Au contraire, Emmanuel Macron semblait d'un calme olympien, courtois, réfléchi et moderne. Il avait une maitrise de ses émotions, comme de ses dossiers, impressionnante. Il laissait une impression de bien-être et de sérénité. En un mot, il rassurait. Non mais, il n'y a pas photo!

6. Comme je l'avais souhaitais dans mon dernier article, les magouilles financières du Front national et de sa présidente ont été abordées au cours du débat, surtout que l'enquête préliminaire menée en France a abouti à la mise en examen d'une quinzaine de dirigeants du FN et à l'ouverture récente d'une information judiciaire pour « escroquerie en bande organisée ». Il était temps de mettre en garde les Français. Elire Marine Le Pen c'est mettre une justiciable soupçonnée d'escroquerie, qui prétend être la candidate du peuple français, à l'abri de la justice de la République, qui est justement rendue « au nom du peuple français ». Impensable.

7. Ce qui frappe le plus dans ce débat du 2e tour c'est finalement le contraste entre les deux finalistes. Jamais il n'a été aussi net et marqué. Et à cause de ce point, il faut plutôt reconnaitre que le débat est historique, il restera dans les annales. Aujourd'hui, il n'y a plus aucun doute, tout oppose les deux candidats, rendant le choix politique entre ces deux personnalités de l'échiquier politique, pour quiconque supposé et disposé à choisir, donc qui n'est pas mauvais perdant et de mauvaise foi ou les deux à la fois, on ne peut plus aisé. Le grand mérite de ce débat c'est d'avoir démontré que le ni-ni, c'est nunuche et pipi de chat. Les électeurs français auront le choix dimanche entre une candidate d'extrême droite dans toute sa splendeur, terme sarcastique pour désigner la décadence que représente ce mouvement et la répugnance suscitée par son idéologie, et un présidentiable qui est prêt pour les hautes fonctions de l'Etat et digne d'être président de la République française.

8. Je dois vous avouer que Marine Le Pen a marqué un but. Je pourrais rajouter, contre son camp. Elle a parfaitement démontré à la majorité des téléspectateurs d'hier et des électeurs de demain, qu'elle est ni prête ni à la hauteur pour briguer la magistrature suprême. Au pire, elle peut continuer son cirque et ses invectives dans l'opposition, au mieux, elle peut jouer dans des pubs de dentifrice ou dans une série télévisée. On le savait déjà. C'est CQFD. Et je peux vous dire, ça fait du bien. 


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