I.
A QUELQUES JOURS DU DENOUEMENT DE CE CHAMPIONNAT POLITIQUE,
SOUVENONS-NOUS
Sacrée
France! Elle nous fait vivre une de ces campagnes présidentielles,
épique pour certains, dramatique pour d'autres. A quelques jours du
dénouement de ce championnat politique, souvenons-nous. Chassé par
la porte de l'élection de 2012, Nicolas Sarkozy s'est
accroché au bord de la fenêtre de la primaire de 2016, espérant
revenir dans l'arène et prendre sa revanche. Privé de sa poupée
vaudou, qui lui avait permis d'éliminer Dominique Strauss-Kahn le
favori de 2012, François Hollande ne pouvait plus jeter des
sorts que sur lui-même. Pendant de très longs mois, Alain Juppé
a porté les pantoufles du grand favori, jusqu'à l'usure totale.
François Fillon ne s'est pas rendu compte que si l'habit ne
faisait pas le moine, le costume ne fait pas le président non plus.
Connaissant l'adresse des lieux, Manuel Valls a cru que pour
passer du palais de l'Elysée à l'hôtel Matignon, il n'avait qu'à
traverser la Seine, s'essuyer les pieds et entrer. Benoît Hamon
a pensé un instant qu'il était né sous une bonne étoile. Jean-Luc
Mélenchon s'est vraiment pris pour le líder máximo de la
revolución francesa. Nicolas Dupont-Aignan a eu de grands
espoirs de faire oublier son surnom vendéen, Ducon Gnangnan. Enfin
bref, on aura tout vu et tout connu, ri et pleuré, sur le sort des
uns et des autres. Et encore, ce n'est pas fini.
Qui seront les alliés de la France le Jour d'après? Berlin. Emmanuel Macron avec Angela Merkel (16 mars 2017) Moscou. Marine Le Pen avec Vladimir Poutine (24 mars 2017) |
II.
L'ENJEU DE CETTE ELECTION PRÉSIDENTIELLE N'EST PLUS DE SAVOIR QUI VA
LA GAGNER
Il
ne reste que peu de suspense à ce niveau, l'édition 2017 est
pratiquement bouclée. La comparaison des propositions et des
positions des deux finalistes prouvent qu'Emmanuel Macron a tout ce qu'il faut pour ratisser large et gagner, Marine Le Pen ne peut que rapetisser et perdre. Inconnu du grand public il y a 5
ans, Macron s'impose aujourd'hui comme le gage d'un sang neuf et du
renouveau. La dynastie Le Pen, père-fille-nièce, est dans le
paysage politique français depuis 1956. Le parcours professionnel
de Macron, ministre de l'Economie, inspecteur des Finances et
banquier d'affaires chez Rothschild & Cie, plaident en faveur
d'une bonne connaissance à la fois du secteur public, où il laisse
de bonnes impressions, et du secteur privé, où il a connu un grand
succès. Le parcours de Marine est réduit à une très brève
carrière d'avocate. Sans clients, sans dossiers et sans revenus, on
finit par la placer dans le service juridique du parti de papa, le
Front national, il y a 20 ans de cela. Le positionnement de
Macron au centre prouve aux yeux d'une majorité de Français qu'il
est ouvert aux opinions les plus variées et il a la capacité de
rassembler. Tel père telle fille telle nièce, les Le Pen n'ont
jamais réussi à briser leur isolement à l'extrême droite de
l'échiquier politique français.
Lisez,
comparez, méditer, non mais, il n'y a pas photo! Si le climat
politique à notre époque favorise le pessimisme, l'extrémisme,
l'isolationnisme, le populisme et l'intolérance, comme on peut
le voir tristement avec la candidature de Marine Le Pen en France et
l'élection de Donald Trump aux Etats-Unis, il est aussi propice à
l'optimisme, la modération, l'ouverture, la politique autrement et
la tolérance, comme on peut le constater magistralement dans la
candidature d'Emmanuel Macron en France et la nomination de Justin
Trudeau au Canada. Le candidat d'En Marche l'a très bien compris, il
a très bien su l'exprimer dans son programme présidentiel et ça
c'est très bien traduit dans les urnes. Aujourd'hui, Emmanuel
Macron a non seulement une avance d'un million de voix sur sa rivale
(24,01% des suffrages contre 21,3%), mais en plus, il dispose d'une
réserve de voix importante, à la fois chez Les Républicains, le
Parti socialiste et la France insoumise, qui représentent près de
50% de l'électorat. Par contre, la marge électorale de Marine Le
Pen est très réduite, elle est désespérément seule contre
tous, malgré l'alliance opportuniste avec Dupont-Aignan, qui ne
représente que 5% de l'électorat. Macron sort triomphant de sa
première confrontation au suffrage universel.
Sans réelle surprise, sa deuxième le portera à l'Elysée,
sauf coup de théâtre, que personne ne peut exclure.
III.
L'ENJEU DE CETTE ELECTION PRÉSIDENTIELLE N'EST PAS NON PLUS LE SCORE
QUE DEVRA REALISER LE FAVORI, EMMANUEL MACRON
On
sait qu'il sera gonfler artificiellement par le contexte spécial de
ce 2e tour et ne reflétera pas fidèlement la réalité. Mais
encore, le score du candidat d'En Marche hante quand même tous les
esprits. Il faut le disséquer pour mieux comprendre la raison. Le
7 mai, on retrouvera trois catégories de bulletins « Emmanuel
Macron » dans les urnes :
.
ceux des adhérents de la 1re heure : 8 657 326 voix, les
24,01% des suffrages totaux exprimés au 1e tour, dont 1 432 voix
exprimées au Liban, 16,02% des suffrages locaux ; ce sont celles et
ceux qui trouvent que le programme de Macron est le meilleur de tous;
.
ceux des convaincus de la 2e heure : des abstentionnistes et
des adversaires du 1er tour, qui considèrent par défaut, que le
programme de Macron pour la France est préférable à celui de Le
Pen;
.
ceux du « front républicain » proprement dit :
qui ne veulent pas prendre le moindre risque de voir Marine Le Pen et
sa clique piétiner le gazon de l'Elysée et les valeurs de la
République française.
Ces
catégories sont aussi miscibles que peuvent être l'eau et l'huile.
Seule l'agitation provoquée par le 1er tour, avec la qualification
d'une candidate d'extrême droite pour la finale, permettra de les
mélanger dans un corps électoral homogène. Toutefois, tout le
monde sait que l'effet est temporaire.
Cela
étant dit, si la catégorie des adhérents de la 1re heure (les
24%), ne pose aucune difficulté d'interprétation, il s'agit d'une
adhésion claire et nette, ce n'est absolument pas le cas des deux
autres. Du côté d'En Marche, on peut être tenté de ne voir
dans les votants en faveur d'Emmanuel Macron le 7 mai que des
adhérents au programme de ce dernier et que des convaincus par ses
propositions. On parle déjà de plus en plus de « majorité
présidentielle ». Du côté des Républicains, des
Socialistes et des Insoumis, qu'elle soit avouée ou pas, on est
obsédé par cette idée que le candidat d'En Marche puisse tirer un
quelconque profit de son score, pour l'exploiter contre eux durant la
grande bataille des législatives. Ils ne se rendent pas compte de
part et d'autre, qu'ils sont en train de créer une confusion des
genres dans la tête des électeurs, qui peut affecter gravement le
taux de participation au 2e tour et la force du barrage anti-FN.
IV.
LE FRONT RÉPUBLICAIN AUJOURD'HUI, LA BATAILLE LÉGISLATIVE DEMAIN
La
situation est complexe, mais les choses doivent rester claires.
Emmanuel Macron doit être pleinement conscient du désarroi des
partisans de ses adversaires républicains, notamment ceux de
François Fillon, Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon. Il ne doit
pas considérer, comme il le fait parfois, que le vote en sa faveur est acquis d'avance et que
tout bulletin dans l'urne équivaut une adhésion à son programme.
Républicains, Socialistes et Insoumis doivent aussi être
pleinement conscients que l'exploitation du score de Macron aux
législatives par le mouvement En Marche est une peur démesurée et
irrationnelle. A cause de la gravité que représente la présence
de Marine Le Pen au 2e tour, Macron doit multiplier les signes pour
rassurer les composantes hétéroclites de la nouvelle coalition
politique temporaire du « front républicain ». Quand il
parle de son programme, il doit le faire pour prouver à tous les
électeurs français que ses propositions sont meilleures pour la
France que celles de Marine Le Pen, mais pas forcément mieux que
celles des Républicains (Fillon), des Socialistes (Hamon) et des
Insoumis (Mélenchon). Fillon (enfin, la droite), Hamon et Mélenchon,
doivent rassurer leurs partisans, ça n'a aucun sens de craindre
l'exploitation du score du candidat d'En Marche aux législatives,
ils ne se retrouvent « alliés de Macron » que pour un
laps de temps et dans le but de barrer la route à Le Pen.
Par
conséquent, personne ne doit perdre de vue, que la bataille
actuelle n'est ni pour assurer une majorité à Macron ni pour
constituer une majorité contre Macron. Elle est pour élire un
président digne de la République française. Ce n'est qu'à partir
du 8 mai que tout le monde peut s'engager vraiment dans la bataille
des législatives. Entre les deux tours de l'élection
présidentielle, la bataille est contre Marine Le Pen, point
barre.
V.
LE CAS PAS SI ÉNIGMATIQUE QUE ÇA DU LIDER MAXIMO DE LA REVOLUCION
FRANCESA, JEAN-LUC MÉLENCHON
Déçu,
soit. Vexé, soit. Furieux, soit. Mais de là à être mauvais
perdant, il n'y avait qu'un pas, que le chef de la France Insoumise a
franchi allègrement. Allez, récapitulons. La France de Mélenchon
dynamite la Ve République, prend le risque de quitter l'Union
européenne, abandonne l'Euro et sort de l'OMC-FMI-BM-OTAN, rejoint
l'Alliance bolivarienne et s'allie avec Poutine-Assad, et met 10
jours à réfléchir, sur une question qui peut être tranchée en
quelques heures sur Internet, que faire au 2e tour. Aux dernières
nouvelles, le chef des Insoumis a décidé d'aller voter au 2e tour,
mais de ne pas voter pour Le Pen, tout en ne donnant pas une consigne
de vote pour ses électeurs mais en mettant en garde ses partisans
contre un vote FN. Comprenne qui pourra. Si Mélenchon est
sincère, il votera donc blanc, ce qui boostera le score de Le
Pen comme on le verra plus loin. Il est navrant de constater que ce
transfuge du PS a tout fait pour apparaître comme un présidentiable
sérieux durant la campagne et le voilà dilapidant une partie de
son capital à cause d'un ego surdimensionné. « Le 5 mai, il
ne faut pas hésiter. Mettez des gants, des pinces, ce que vous
voulez, mais votez ! Abaissez le plus bas possible Le Pen ». Superbe, mais c'était en 2002, quand papa Jean-Marie s'était
qualifié pour le 2e tour. Pour la qualification de la fifille
Marine, Mélenchon est parvenu à la conclusion que « le front
républicain consiste à donner des brevets de pompier à des
pyromanes ». Chapeau!
Le
volte-face de Mélenchon sur une question de principe, n'est pas une
anecdote de campagne, c'est une stratégie délibérée, murement
réfléchie. Les raisons sont multiples. Pêle-mêle, on y trouve
:
.
l'amertume de la défaite alors qu'il était à deux doigts de
se qualifier pour le 2e tour : 19,58% des suffrages exprimés, soit 7
060 885 voix ; près de 600 000 voix seulement le séparent de Marine
Le Pen! ;
.
un manque du sens des responsabilités : hélas, et c'est encore plus flagrant
quand on pense à un Bernie Sanders, qui n'a pas hésité une seconde
pour se rallier à Hillary Clinton, contre Donald Trump ;
.
la rancune pour les adversaires de gauche et du centre :
Benoît Hamon, qui ne s'est pas retiré en sa faveur (c'est l'inverse
qui aurait dû se passer, à cause du sens des responsabilités et du
programme présidentielle du candidat du PS), et Emmanuel Macron,
jeune inconnu il y a 5 ans, grand vainqueur aujourd'hui ;
.
la dispute de la même frange de l'électorat entre l'extrême
gauche et l'extrême droite : notamment ouvrier et rural, c'est
très utile dans la perspective des législatives de juin ;
.
la proximité des programmes entre la France insoumise et le Front
national sur certains points importants : à des nuances près, les deux
souhaitent abroger la loi Travail, maintenir l'âge de départ à la
retraite à 60 ans, dénoncer les accords de libre-échange,
instaurer un certain protectionnisme, adopter le référendum
d'initiative populaire, sortir des traités de l'Union européenne,
quitter l'OTAN et s'allier avec Poutine-Assad en Ukraine-Syrie ;
.
des objectifs tactiques comparables : éliminer les partis
traditionnelles et prendre leur place, le Parti socialiste pour l'un,
le parti Les Républicains pour l'autre, notamment par la mise en
place de la proportionnelle, intégrale pour l'un, partielle et
majorée pour l'autre, qui ouvra dans les deux cas grand les portes
de l'Assemblée nationale à ces deux partis extrêmes de l'échiquier
politique.
Cela
étant dit, les deux formations sont diamétralement opposées sur de
nombreuses propositions. Le projet de Mélenchon est globalement
humaniste et écologique. Ce n'est pas le cas de celui de Marine
Le Pen. S'il s'était qualifié pour le 2e tour face à Le Pen, je
n'aurai pas hésité une seconde, j'aurai voté pour Mélenchon. Idem si c'était Fillon ou Hamon. C'est justement ce qui rend la retenue du chef des Insoumis pour appeler à voter Macron, injustifiable et impardonnable, surtout quand on apprend que l'ancien ministre des finances grec, Yanis Varoufakis, une figure importante de la gauche radicale européenne, a clairement apporté son soutien au candidat d'En Marche face à celle du Front national, "le seul ministre d'Etat en Europe à avoir fait tout son possible pour nous aider" lors de la crise de la dette qui a opposé Athènes à Bruxelles.
VI.
L'ENJEU DE CETTE ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE, C'EST LE SCORE DE MARINE
LE PEN
Elle
a récolté 21,3% des suffrages exprimés au 1er tour, soit 7 679 493
voix (12,29% au Liban). Elle s'est alliée à Nicolas Dupont-Aignan,
un gaulliste en toc qui n'a obtenu que 4,7% des suffrages, soit 1 695
186 voix (dont 47 au Liban). J'ai eu l'occasion de m'exprimer sur les propositions d'Emmanuel Macron et de Marine Le Pen. Inutile d'y
revenir en détails. Limitons-nous à quelques uns des points qui
me motivent à infliger une lourde défaite à la candidate du Front
national.
Ce
n'est évidemment pas tout. Elevée au château de Saint-Cloud,
Marine Le Pen a réussi à se faire passer pour la candidate du
peuple. Et pourtant, ceci ne se traduit pas trop dans son
programme. Alors qu'elle ne promet que d'accorder une prime pour les
bas revenus et les petites retraites, sans en préciser le montant
svp, et qu'une faible baisse de l’impôt sur le revenu, de 10%
seulement, elle s'engage tenez-vous bien, à permettre à chaque
parent, càd tout doit être multiplié par deux, de transmettre sans
aucune taxation, 100 000 euros à chaque enfant tous les cinq ans et
d'augmenter le plafond des donations sans taxation aux petits-enfants
à 50 000 euros tous les cinq ans. Ainsi, les couples aisés
pourraient transmettre toutes leurs fortunes à leurs enfants et
petits-enfants, sans payer un euro de taxes à l'Etat. Candidate du
peuple, la mascarade! Tenez, prenons maintenant ses propositions
sur l'immigration. La candidate du FN veut réduire
l’immigration légale à un solde annuel de 10 000 personnes par
an. Non seulement aucun pays occidental n'est aussi fermé sur
lui-même, mais en plus, si on applique une telle politique, on
claquera la porte au nez de tous ceux qui souhaiteraient étudier en
France (alors que le pays a délivré près de 70 000 cartes de
séjour « étudiant » en 2016, faisant de l'Hexagone la
3e destination universitaire au monde), et de tous ceux qui
voudraient se former et travailler dans le pays (qui concernent
près de 22 000 personnes, dont des artistes, des scientifiques et
des médecins libanais et étrangers, qui complètent leur formation
dans les centres hospitaliers français). Le Pen souhaite
également mettre fin à l’acquisition de la nationalité
française par mariage et au droit du sol, et surtout, supprimer
la double nationalité extra-européenne. Et dire que les 1
099 Franco-Libanais qui ont voté pour elle au Liban, ignorent que la
déchéance de la nationalité les frappera sans distinction.
Remarquez, ils ont raison sur un point, on donne la nationalité
française à n'importe qui! Eh oui, la France de Le Pen est un pays
au ban des nations dont le rayonnement n'éblouit personne.
Marine
Le Pen prévoit par ailleurs l'abandon de l'Euro et la sortie de la
France de l'Union européenne, le souhait le plus profond du quatuor
Trump-Erdogan-XiJinping-Poutine. Et pourtant, comme l'ont rappelé
25 Prix Nobel d'économie, « la construction européenne est
capitale non seulement pour maintenir la paix sur le continent mais
également pour le progrès économique des Etats membres et leur
pouvoir politique dans le monde ». Selon eux « les
politiques isolationnistes et protectionnistes et les dévaluations
compétitives (…) entraînent des mesures de représailles et des
guerres commerciales (…) elles se révéleront préjudiciables à
la France ainsi qu’à ses partenaires commerciaux. » La
chef du FN ne sait plus quoi inventer, entre le retour au Franc et la
création d'une monnaie commune, l'Ecu, pour cacher au peuple les
mises en garde de la majorité des experts en économie : le
programme de Marine Le Pen plombera le pouvoir d'achat des Français,
mettra en difficulté les entreprises françaises et explosera la
dette publique de la France. Sur le plan international, la
candidate d'extrême droite souhaite fonder la politique de la France
sur « le principe du réalisme » en envisageant
un rapprochement avec Vladimir Poutine et de bonnes relations avec
Bachar el-Assad, les principaux responsables de la tragédie
de la guerre en Syrie, de l'épanouissement de l'Etat islamique
en Irak et au Levant (Daech) et du drame des réfugiés syriens, au
Liban comme en Europe.
VII. L'ABSTENTION ET LE VOTE BLANC PERMETTRAIENT A MARINE LE PEN DE
GAGNER, AH SI !
Pour
mieux comprendre le danger de l'abstention et du vote
Premier
scénario. Imaginons une forte mobilisation des
abstentionistes-blancs-nuls du 1er tour, motivée par le danger
Le Pen (le taux tombe de 24 à 20%, avec une mobilisation en faveur
de Macron dans ¾ des cas). Supposons aussi que le report de voix sera tel qu'il s'est manifesté lors des sondages pré et
post-1er tour : fillonistes (48% pour Macron, 33% pour Le Pen, 19%
abstention), mélenchonistes (62% pour Macron, et beaucoup moins
selon la consultation de la base sur internet, 9% pour Le Pen, 29%
abstention), hamonistes (79% pour Macron, 4% pour Le Pen, 17%
abstention) et aignanistes (34% pour Macron, 46% pour Le Pen, 20%
abstention). Considérons également que les partisans des petits
candidats s'abstiendront. Dans ce cas de figure, l'abstention globale
sera de 32% (incluant les votes blancs et nuls). Macron sera élu
avec 63% des voix exprimées. Le Pen se contentera de 37% seulement.
Deuxième
scénario. Imaginons maintenant un 2e tour qui ne mobilise pas les
abstentionnistes du 1er tour. Supposons aussi que les partisans
de Dupont-Aignan se portent massivement sur Le Pen, après l'alliance
des deux candidats. Supposons également que les partisans de tous
les recalés, Fillon, Mélenchon, Hamon et tous les autres petits
candidats, décident de ne pas voter Macron et de s'abstenir ou
de voter blanc et nul. Dans ce cas de figure, eh bien, figurez-vous
que le compteur de la catégorie « abstentions-blanc-nul »
explosera, on aura 62% des inscrits. Avec 48% des voix exprimées,
Emmanuel Macron sera battu. Marine Le Pen sera élue avec 52% des
voix exprimées.
L'heure
est grave, alors pour la suite, pas de pudeur de gazelle, comme l'a
si bien dit le lider maximo. Qui feigne de ne pas voir de
différences entre les deux finalistes, pour justifier une abstention
et un vote blanc bidon par des prétextes grotesques aux conséquences
désastreuses, est soit un mauvais perdant, soit de mauvaise foi,
voire les deux à la fois. Si tout le monde suivait la logique de
Jean-Luc Mélenchon et de certains Fillonistes, contrairement à
la consigne de vote de François Fillon lui-même, dans une stratégie
de fuite en avant, d'autruche, d'aveuglement, de vengeance, de rancune, de terre
brûlée, d'après moi le déluge, du ni-ni-jusqu'au-boutiste,
de la peste et du choléra, enfin, appelez cela comme vous voulez,
qu'importe, le résultat sera le même, la candidate d'extrême
droite sera élue présidente de la République française.
VIII.
PEUT-ON ELIRE MARINE LE PEN COMME PRÉSIDENTE DE LA RÉPUBLIQUE,
ALORS QU'ELLE EST SOUPÇONNÉE PAR LA JUSTICE FRANÇAISE D'ESCROQUERIE EN BANDE
ORGANISÉE?
Si
je suis si engagé dans cette bataille présidentielle pour infliger
à Marine Le Pen une défaite cuisante, c'est également à cause de
ses magouilles financières. Je trouve ça hallucinant, qu'on
débatte à longueur de temps, de journée, d'antenne, de colonne et
de mur, sur le programme de la candidat du Front national, comme si
de rien n'était, alors que Marine Le Pen traine depuis un bon moment
déjà de nombreuses casseroles concernant les emplois fictifs
d'une vingtaine d'assistants parlementaires européens du FN, le vaste système frauduleux mis en place par son parti pour
financer ses campagnes électorales depuis des années, les fausses
déclarations de patrimoine et le grand emprunt russe dont
le non-remboursement dépendra du bon vouloir du maitre du Kremlin. On a
gavé les Français jusqu'à la nausée avec PenelopeGate et clouer au pilori un homme d'Etat après tout, François Fillon, et là bizarrement, on assiste à une
sorte d'amnésie générale, disons à quelque chose qui s'apparente à un traitement différencié concernant des affaires judiciaires beaucoup plus graves d'une politicienne infréquentable à la base, Marine Le Pen.
Et
pourtant, l'enquête préliminaire menée en France concernant les
nombreuses magouilles financières du Front national et de sa
candidate a abouti ni plus ni moins, à la mise en examen d'une
quinzaine de dirigeants du FN et à l'ouverture récente d'une
information judiciaire pour
« escroquerie en bande organisée ». La présidente de ce parti a été convoquée par la justice pour être entendue et probablement mise en examen il y a quelques semaines. Elle a tout simplement refusé de s'y rendre.
Rien
que pour ça, les Français devraient déclarer Marine Le Pen
inéligible. L'élire c'est mettre une femme politique soupçonnée d'escroquerie, à l'abri de la justice de la République, le
temps de son mandat. Pour moi, c'est un des enjeux primordiaux de
cette élection présidentielle. Nul n'est au-dessus de la loi,
Marine Le Pen doit être entendue et jugée au nom du peuple français comme tout
le monde. Je demande donc solennellement à Emmanuel Macron
d'aborder les magouilles financières de sa rivale au cours du débat
télévisé prévu ce soir, et les jours suivants, en ayant en tête la détermination de
Marine Le Pen de se servir de son immunité parlementaire ou
présidentielle, pour refuser de répondre aux convocations des
juges, et ses menaces proférées contre les policiers et les
juges qui enquêtent sur ses affaires, lors du meeting de Nantes
le 26 février : « Dans quelques semaines, ce pouvoir
politique... aura été balayé par l’élection. Mais ces
fonctionnaires, eux, devront assumer (...) Ils mettent en jeu leur
propre responsabilité ». Et dire que certains s'étonnent
encore du battage médiatique contre le FN! Il est là, le danger de
ce parti, résumé dans cette phrase. Alors, faisons un peu du
Mélenchon et disons, élisez qui vous voulez dimanche, mais ne
l'Elysée pas! Ma consigne est tout de même plus claire que
celle du líder máximo de la revolución francesa. Je réserve le
mot de la fin à Emmanuel Macron. Il l'a prononcé lors du
meeting du 1er mai à Paris. « Madame Le Pen a parfaitement
résumé la situation avec sa grossièreté bien connue : c'est en
marche ou crève. Elle a raison, En Marche! c'est nous ».
Là aussi, on ne peut pas être plus clair. La démocratie offre à
tout un chacun de voter en son âme et conscience, comme à ses
risques et périls. Protégeons la France du pire, le monde entier nous observe.
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