lundi 24 avril 2017

Macron vs. Le Pen : la finale sans suspense de l'élection présidentielle en France ! 10 réflexions (Art.429)


1. Le taux de participation élevé, près de 78%, confirme le grand intérêt des Français pour l'élection présidentielle. Rien à voir avec les Américains par exemple. Toutefois, le taux 2017 est en baisse par rapport aux élections de 2012 et de 2007. Malgré une offre politique riche et variée, des centaines de milliers d'électeurs se sont désintéressés de l'élection de cette année. C'est sans doute en rapport avec une campagne électorale et médiatique parasitée pendant trop longtemps par le PenelopeGate.

2. Pour la première fois de l'histoire récente, les deux grands partis politiques français, de droite et de gauche, Les Républicains et le Parti socialiste, ne seront pas présents au 2e tour. Pire encore, ce n'est pas la première fois de l'histoire récente, l'extrême droite est présente au 2e tour, et l'extrême gauche était à deux doigts de l'être. Il est donc clair que les partis traditionnels ne répondent plus aux attentes des électeurs. Leur prestation depuis une quarantaine d'années y est pour beaucoup. Ce constat confirme par ailleurs que la planète traverse bel et bien une ère de glaciation populiste, en France comme aux Etats-Unis, au Royaume-Uni comme en Turquie.

3. Inconnu du grand public à l'investiture de François Hollande, Emmanuel Macron arrive en tête de la course présidentielle à la fin du quinquennat, récoltant 24,01% des voix exprimées, sans réelle surprise pour les uns et à l'étonnement général pour les autres. Il faut dire qu'on n'a pas voulu comprendre que son jeune âge était le gage d'un sang neuf et du renouveau pour beaucoup d'électeurs, que son parcours professionnel -banquier d'affaires chez Rothschild & Cie, inspecteur des Finances et ministre de l'Economie- et même le fait qu'il n'ait jamais été confronté au suffrage universel, plaidaient en faveur d'une bonne connaissance à la fois du secteur privé et du secteur public, et que son positionnement au centre sur l'échiquier politique prouvait aux yeux d'un grand nombre de Français qu'il est ouvert aux opinions les plus variées et il a la capacité de rassembler. Alors qu'il a séduit plus de 8,6 millions d'électeurs, on trouve toujours de mauvais perdants de mauvaise foi, des soutiens de Mélenchon comme de Fillon, pour répéter encore que le candidat d'En Marche a un programme creux. Avec des adversaires dans leur genre, souffrant gravement du déni de l'autruche, le triomphe de Macron n'a rien étonnant. Beaucoup n'ont pas compris que si le climat politique à notre époque favorise l'extrémisme, l'isolationnisme, le populisme et l'intolérance, il est aussi favorable à la modération, l'ouverture, la politique autrement et la tolérance. Emmanuel Macron l'a très bien compris, il a très bien su l'exprimer dans son programme présidentiel et ça c'est très bien traduit dans les urnes. Ses positions de principe clairement en faveur de l'Union européenne et de l'Euro ont été sans l'ombre d'un doute un autre élément déterminant dans le choix des électeurs français. 

4. Créditée de 28% des voix et placée en tête des sondages, Marine Le Pen ne récolte finalement que 21,3% et doit se contenter de la 2e place, avec une finale sans suspense. C'est une grande victoire des esprits démocrates contre les esprits populistes. Après l'Autriche et les Pays-Bas c'est au tour de la France, de circonscrire la trumpisation des esprits, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. La candidate du Front national n'a aucune chance d'aller plus loin. Comme son père Jean-Marie Le Pen en 2002, son aventure présidentielle est renvoyée à 2022. Pire encore, d'ici là, il est fort probable qu'elle soit déchue de ses droits civiques, enfin, inéligible, à cause de ses magouilles financières et des nombreuses casseroles qu'elle traine depuis un moment, que ce soit dans les emplois fictifs d'assistants parlementaires européens, dans le financement illégal de ses campagnes électorales ou dans les manquements lors de la déclaration légale de son patrimoine. La demande de la levée de son immunité parlementaire européenne est en cours, elle devrait comparaître prochainement devant les juges et elle est actuellement poursuivie par la justice française pour "escroquerie en bande organisée". Désolé pour ses fans, mais pour elle, c'est probablement fini. Enfin, pas avant 2027.

5. De nouveau un « front républicain », regroupant des élus de droite du parti Les Républicains et des élus de gauche du Parti socialiste, se constituera pour faire barrage au parti d'extrême droite, le Front national. Dans ce cadre, il faut donc saluer les positions nobles des deux partis républicains, notamment des candidats François Fillon et Benoît Hamon, mais aussi celles d'Alain Juppé et de François Baroin, et tous les socialistes sans exceptions, de Manuel Valls à Bernard Cazeneuve, qui ont appelé leurs sympathisants, clairement et sans hésitation, à voter pour Emmanuel Macron et contre Marine Le Pen. Dans ce cadre aussi, il faut dénoncer les positions honteuses des leaders d'extrême gauche, Jean-Luc Mélenchon, Nathalie Arthaud et Philippe Poutou, incapables d'appeler leurs partisans à voter pour Emmanuel Macron ou ne serait-ce que de s'engager à titre personnel à voter contre Marine Le Pen. En tout cas, si tous les Français suivaient ces trois candidats, le Front national camperait dans les jardins de l'Elysée pendant cinq ans. Et si le fanatisme et la rancune les aveuglent au point de les empêcher de voir la moindre différence entre les deux qualifiés pour le 2e tour, ceci prouve qu'ils étaient des candidats totalement irresponsables, leur élimination de la course n'est qu'une délivrance pour la nation.

6. Il est intéressant de constater que les candidats qui ont gagné haut la main les primaires de la droite et de la gauche, François Fillon et Benoît Hamon, n'ont pas réussi à se qualifier pour le 2e tour de l'élection présidentielle proprement dite. Ce constat me réconforte dans les vives critiques que j'ai formulées dans le passé contre le principe de la primaire. Celle-ci biaise l'expression démocratique puisqu'elle permet de verrouiller la bataille présidentielle avec un nom unique, lors d'une consultation privée qui ne mobilise qu'un faible pourcentage des électeurs, moins de 10%. Pour améliorer la vie démocratique en France et tenir compte de l'évolution de la société, il faudrait : primo, durcir les conditions de candidatures à l'élection présidentielle pour éviter les farfelus qui parasitent la campagne et ne présentent aucune valeur ajoutée au débat; secundo, accepter d'avoir deux candidats par parti, le choix final se fera le jour de l'élection qui mobilise 80% des électeurs (et non le jour de la primaire qui n'intéresse que 10% d'entre eux); tertio, faire des triangulaires au 2e tour de l'élection présidentielle, quand les candidats sont au coude-à-coude, en qualifiant le tiercé arrivé en tête du 1er tour, au lieu d'un duo actuellement.

7. Naturellement, François Fillon restera dans les chroniques et les annales comme le grand perdant de la course présidentielle de 2017. Il y a seulement quatre mois, on pensait qu'il pouvait la gagner les mains dans les poches et le doigt dans le nez. Et puis il y a eu ces maudits mercredis à partir de la fin du mois de janvier. Après, ce n'était plus qu'une course d'obstacles. Eh bien non, la situation était plus compliquée. Les partisans de Fillon ont commis trois erreurs d'appréciation. Primo, aucune élection n'est gagnée d'avance. Ils sont les mieux placés pour le comprendre. Ils n'étaient pas censés gagner la primaire de la droite et pourtant, ce fut la première des grandes surprises de la présidentielle 2017. Secundo, expliquer ce mauvais score par le « cabinet noir » du manitou de l'Elysée, François Hollande, était ridicule. Ce qui a principalement fait perdre à François Fillon l'élection présidentielle, c'est exactement ce qui lui a fait gagné la primaire, son programme présidentiel pur et dur. Le peuple français n'est pas prêt pour cela. On peut spéculer à souhait sur ce point, mais une chose est sûre, le mandat de Fillon aurait connu des mouvements sociaux sans précédent. Tertio, certes les affaires ont été exploitées par ses adversaires politiques et une frange de laicards christianophobes n'a pas beaucoup apprécié qu'il ait trop mis en avant ses valeurs patriotes et chrétiennes. Mais d'une part, on ne lui a quand même pas créé un scandale sur mesure, comme le prouve sa mise en examen, et d'autre part, sa "mort politique", qu'il a lui-même annoncée, était parfaitement prévisible, comme le prouvent les réflexions de bon sens et les sondages effectués avant le 1er tour. A partir de là, il fallait réagir vite et bien, en passant rapidement à la candidature de l'ex-favoris de la primaire, Alain Juppé. Bonus supplémentaire, avant de s'en prendre à Hollande, celui qui a causé le plus de tort à Fillon, c'est Nicolas Dupont-Aignan évidemment. L'ironie de l'histoire, c'est que "Ducon gnangnan" est au-dessous de la barre des 5%, ses frais de campagne ne seront donc pas remboursés. Tant mieux, ça fera des économies pour l'Etat.

8. L'autre grand perdant de cette élection est Benoît Hamon. Il n'a jamais réussi à décoller. D'abord, parce qu'il y avait un désir d'alternance très fort. Or, Hamon était trop socialiste pour se démarquer du président sortant, comme Jean-Luc Mélenchon, pas assez non-socialiste pour se distinguer de François Hollande, comme Emmanuel Macron. Ensuite, parce qu'il n'a pas su convaincre malgré un programme ambitieux, sur les plans économique, humaniste et écologique. Les électeurs, ici et encore plus ailleurs, aux Etats-Unis comme au Liban, sont instinctivement portés vers les valeurs de droite, centrées sur l'individualisation, que vers les valeurs de gauche, centrées sur le partage. Voilà pourquoi une mesure aussi originale que le « revenu universel » n'a pas séduit grand monde, même au sein de la gauche. Enfin, comment pouvait-il en être autrement quand tous les grands lieutenants du Parti socialiste ont quitté le bateau du PS, pour rejoindre le paquebot d'En Marche, alors qu'ils s'étaient engagés à soutenir le vainqueur de la primaire de la gauche? C'était donc prévisible. En tout cas, il est difficile de dire du bien de tous les déserteurs. On en dénombre trois espèces à ce jour : les adhérants, ceux qui croient vraiment au programme de Macron; les sincères, ceux qui voulaient sincèrement barrer la route au Front national par un vote utile au 1er tour; et les opportunistes, ceux qui pour rien au monde, n'auraient manqué cette belle occasion pour éviter une longue traversée du désert et se faire une place à l'ombre.

9. La suite de l'histoire est écrite d'avance. Avec un million de voix acquises et plusieurs millions de reserve, Emmanuel Macron sera très probablement élu le 7 mai comme président de la République française. Aussitôt, on s'engagera dans une bataille bien plus importante. En dépit du prestige de l'élection présidentielle, seules les élections législatives détermineront le poids politique réel des différents protagonistes. Et sur ce point, Emmanuel Macron a un grand défi à relever. Il devra prouver qu'il est capable de faire cohabiter des gens d'horizons différents au sein d'une majorité présidentielle stable pour mener à bien son programme présidentiel. Le défi est immense. Il va falloir qu'il soit très habile. Il dispose de quelques semaines supplémentaires pour convaincre davantage de monde. Sinon, on se dirigera peut-être vers une cohabitation. Avant que je n'oublie, la fête à La Rotonde hier soir n'avait pas vraiment de raison d'être. C'était une bourde, à mettre sans doute sur le compte de l'euphorie du moment. Il fallait se montrer discret et humble. En tout cas, de grâce, pas de bling-bling, on en a eu plus qu'assez avec Nicolas Sarkozy.

10. Reste une question importante, au lendemain de ce 1e tour: est-ce qu'il y a aura un débat TV avant le 2e tour le 7 mai, entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen? Aucun intérêt. Les programmes sont connus et les positions diamétralement opposées, sur le pouvoir d'achat des Français comme sur les moyens de relance de l'economie française, sur la laïcité de la République comme sur la sécurité de la population, sur l'Union européenne comme sur Vladimir Poutine et Bachar el-Assad. Et si ça ne tenait qu'à moi, j'opposerais une fin de non-recevoir. Comme Jacques Chirac en 2002. On ne débat pas avec des personnes populistes et malhonnêtes qui n'ont aucune décence politique. 

vendredi 21 avril 2017

Election présidentielle en France : 11 prétendants, 5 favoris, 2 finalistes, 1 gagnant (Art.428)


Et c'est un, pas une! Aucune chance qu'il en soit autrement. Toujours est-il qu'avec des dizaines de débats, des centaines d'articles et des milliers de propositions, il est difficile de s'y retrouver. Et pourtant, ce dimanche 23 avril, derrière le rideau de l'isoloir, il ne restera dans l'esprit des électeurs, que des impressions, quelques détails et un slogan. Au top départ dans les bureaux de vote, les Français trouveront les bulletins des 11 candidats à la présidence de la République dans un ordre déterminé par le tirage au sort. Que et qui choisir? Telles sont les questions à 48 heures d'une élection présidentielle pleine de suspense. Pour le savoir, je vous propose de survoler les programmes de tous les candidats. J'ai classé les propositions en cinq catégories : les mesures de bons sens (avec lesquelles je suis d'accord), les mesures ambitieuses (d'envergure), les mesures contestées (clivantes), les mesures farfelues (inutiles) et les lignes rouges (que je rejette catégoriquement). L'existence de milliers de propositions rend tout travail exhaustif difficile et la lecture fastidieuse. J'étais donc contraint d'effectuer un tri. J'ai sélectionné les propositions les plus représentatives de chaque candidat et j'ai mis en gras les mesures clés. A part ça, bonne lecture.


1. « DEBOUT LA FRANCE », NICOLAS DUPONT-AIGNAN

Nicolas Dupont-Aignan part sans doute du principe que la France est avachie dans le canapé de l'Europe. Député depuis 20 ans, son objectif est aujourd'hui triple, battre son propre record de 2012 (1,79% des suffrages exprimés), arriver en tête parmi les petits candidats et se faire rembourser ses frais de campagne par l'Etat. Dans cette ambition démesurée, il considère que le tirage au sort qui le place en premier est un signe du destin.
. Au niveau national, NDA veut recruter 70 000 militaires et construire 40 000 places de prisons. Sa mesure phare, supprimer les droits de successions jusqu’à 500 000 € par enfant. Il faut dire que c'est un candidat en or, enfin, bien nanti.
. Au niveau international, il est déterminé à dénoncer les traités européens, rétablir les contrôles aux frontières, supprimer les accords de Schengen et sortir de l'OTAN. Il souhaite aussi lever les sanctions contre la Russie. Contre l'Etat islamique, NDA exige qu'on arrête de combattre Bachar el-Assad car il est le seul président légitime de la Syrie. Quel stratège incompris!
Enfin, certains observateurs trouvent que NDA mérite bien le surnom que Philippe de Villiers lui a attribué, « Ducon gnangnan ».


2. « REMETTRE LA FRANCE EN ORDRE », MARINE LE PEN

Certes, elle est assurée de faire partie du quinté de la course présidentielle. Dans le désordre, bien entendu. Mais, elle voudrait être qualifiée pour le 2e tour, ce qui est loin d'être gagné, n'en déplaise à ses partisans, cela va de soi, et à ceux de Fillon, qui prient pour l'avoir en face de leur champion, plutôt que Macron. L'attaque terroriste des Champs-Elysées ne changera rien au cours des événements car l'instrumentalisation de telles tragédies ne fonctionne pas avec un peuple qui a une vocation universelle et qui a marqué l'histoire de humanité avec la Révolution française. 

En tout cas, il faut commencer par reconnaître que tout n'est pas forcément mauvais dans le programme de la candidate du Front national, comme en témoignent certaines propositions de bon sens : soutenir le « Fabriqué en France » par un étiquetage obligatoire (facultatif plutôt) ; interdire l’importation et la vente de produits provenant de l’étranger qui ne respectent pas les normes imposées aux producteurs français (les taxer plus serait préférable) ; lutter efficacement contre l’évasion fiscale pour préserver notre modèle social en s’attaquant aux paradis fiscaux (qui abusent d'emplois fictifs et de détournements de fonds publics européens, a du mal à être convaincant sur ce genre de point).

Parallèlement, il y a beaucoup de mesures contestées : maintenir la durée légale hebdomadaire du travail à 35 heures ; fixer l’âge légal de la retraite à 60 ans ; retirer la loi Travail ; rétablir l’universalité des allocations familiales ; abolir le mariage pour tous ; instaurer un service militaire ; etc. Une de ses mesures phares c'est de permettre à chaque parent de transmettre sans taxation, 100 000 euros à chaque enfant tous les cinq ans (au lieu de quinze ans actuellement) et d'augmenter le plafond des donations sans taxation aux petits-enfants à 50 000 euros tous les cinq ans. Bon, on devine bien à qui profitera le plus, ce laxisme financier.

Le problème majeur quand on plonge dans le programme de la candidate d'extrême droite, c'est de découvrir la large place occupée par les formulations et les mesures populistes : réarmer massivement les forces de l’ordre avec recrutement de 15 000 policiers et gendarmes ; augmenter le budget de la défense à 3% du PIB ; mettre en place un plan de désarmement des banlieues concernées et de reprise en main par l’État des zones de non-droit ; appliquer la tolérance zéro et en finir avec le laxisme judiciaire (et pourquoi pas en ce qui concerne les magouilles financières d'une députée qui s'autorise grâce à son immunité parlementaire de ne pas répondre à la convocation du juge?) ; créer 40 000 places de prison ; supprimer l’École Nationale de la Magistrature afin de rompre avec la culture du laxisme ; interdire le financement étranger des lieux de culte et fermer toutes les mosquées extrémistes recensées (on n'a pas attendu MLP pour le faire) ; etc.

Malgré la démagogie qui se dégage de ce programme, Marine peine à élargir sa base électorale. Elle ne cesse de chuter dans les sondages. Elle a beau cherché à exploiter les tragédies qui ont affecté les Français hier (rafle du Vél d'Hiv en 1942) et d'aujourd'hui (l'attaque terroriste du Bataclan en 2015), la candidate du FN reste inaudible à cause des nombreuses casseroles qu'elle traine depuis un certain temps : les emplois fictifs des assistants parlementaires européens du FN, le système frauduleux pour financer les campagnes électorales, les fausses déclarations de patrimoine et l'emprunt russe non remboursé. L'enquête préliminaire menée en France a abouti à l'ouverture récente d'une information judiciaire à l'encontre de Marine Le Pen, pour « escroquerie en bande organisée ».

La candidate du FN est d'autant moins fréquentable que son programme comporte des points éliminatoires à tous les niveaux :
. national : l'instauration de la proportionnelle intégrale aux élections législatives (c'est la porte grande ouverture à l'envahissement de l'Assemblée par les élus du FN, comme en 1986) ; autoriser les crèches dans les mairies (annoncé lors du débat à 11) ; maintenir, moderniser et sécuriser la filière nucléaire française ;
. européen : organiser un référendum sur notre appartenance à l’Union européenne ; rétablir les frontières nationales et sortir de l’espace Schengen ;
. international : quitter l’OTAN ; fonder la politique internationale sur le principe de réalisme (rapprochement avec Vladimir Poutine et indulgence à l'égard de Bachar el-Assad).

Cerise sur le gâteau, Marine Le Pen propose quelques mesures qui vont toucher de plein fouet ses soutiens bi-nationaux : réduire l’immigration légale à un solde annuel de 10 000 ; mettre fin à l’automaticité du regroupement et du rapprochement familial, ainsi qu’à l’acquisition automatique de la nationalité française par mariage ; supprimer le droit du sol et surtout, supprimer la double nationalité extra-européenne.


3. « LA FRANCE DOIT ETRE UNE CHANCE POUR TOUS », EMMANUEL MACRON 

Il a tout ce qu'il faut pour plaire et déplaire, en même temps, mais pas aux mêmes gens. A commencer par son jeune âge. Pour les premiers, c'est du sang neuf, pour les seconds, c'est un homme inexpérimenté. Il y a aussi son positionnement au centre sur l'échiquier politique. Pour les uns, il est ouvert aux opinions les plus variées et il a la capacité de rassembler les Français, pour les autres, il est d'accord avec tout le monde et il ne sait pas trancher. Il y a également son parcours professionnel, banquier d'affaires chez Rothschild & Cie, inspecteur des Finances et ministre de l'Economie. On lui reproche le fait qu'il n'a jamais été confronté au suffrage universel, alors que son CV plaide en faveur d'une bonne connaissance à la fois du secteur privé et du secteur public.

Emmanuel Macron est un réformateur prudent comme le prouvent ses propositions, d'une part, de maintenir la durée légale du temps de travail à 35 heures, mais d'adapter les horaires effectifs ou l'organisation du travail à chaque entreprise selon un référendum interne, et d'autre part, d'ouvrir le droit aux allocations-chômages aux professions libérales et aux salariés qui démissionnent, mais de les suspendre pour tous, si la recherche d'emploi est insuffisante.

Ses mesures de bon sens concernent également les points suivants :
. pouvoir d'achat : augmentation des revenus des smicards, du minimum vieillesse et de l'allocation adulte handicapé (+100€/mois pour les trois) ;
. santé : 50% de produits bio-éco dans les cantines scolaires et les restaurants d'entreprise ; lutter contre les perturbateurs endocriniens et les pesticides (causes de cancers) ; remplacer les véhicules polluants par des véhicules moins polluants ; rembourser les lunettes et les prothèses auditives et dentaires ;
. discrimination géographique : accorder une prime pour l'embauche en CDI d'habitants de 200 quartiers prioritaires (15 000 €/3 ans) ;
. éducation : accompagnement scolaire après la classe ; limitation des effectifs en zones prioritaires ; modernisation du baccalauréat, 4 matières obligatoires, les autres validées par un contrôle continu ; ouverture des bibliothèques le soir et le week-end ;
. sécurité : exécution systématique des peines ; recrutement de 10 000 policiers et gendarmes ; création de 15 000 places de prisons ; augmentation du budget de l'armée (2% du PIB) ; démantèlement des associations qui s'attaquent à la République ;
. institutions : réduire le nombre de députés et de sénateurs d'un tiers ; suppression du régime spécial des retraites des parlementaires ; interdiction du cumul de 3 mandats successifs et d'embauche par un élu d'un membre de sa famille ;
. international : la priorité de la France en Syrie, sera d'éradiquer les terroristes de Daech, puis de construire une transition politique et sortir Bachar el-Assad du jeu ; le candidat a affirmé qu'il n'est pas un fasciné de Vladimir Poutine comme trop de candidats dans cette élection ; il veut demander à la Russie, alliée du régime de Bachar Al-Assad, de prendre ses responsabilités.

Emmanuel Macron est pro-européen et il le fait bien savoir en s'engageant à créer un budget de la zone euro, voté par un Parlement de la zone euro et exécuté par un ministre de l'Economie et des Finances de la zone euro ; lutter contre les arrangements fiscaux (ex. Apple avec l'Irlande) ; réserver les marchés publics européens aux entreprises ayant la moitié de leur production en Europe ; lutter contre l'optimisation fiscale ; créer 5 000 garde-frontaliers et un fonds européen de la défense (pour financer des équipements) ; créer un fonds de capital-risque pour financer des start-ups européennes ; créer un marché unique de l'énergie ; généraliser Erasmus et l'étendre aux apprentis (200 000 Français partiront chaque année dans l'Union européenne) ; contrôler les investissements étrangers en Europe pour préserver les secteurs stratégiques.

Concernant les propositions ambitieuses, la mesure phare du programme Macron est un plan d'investissement de 50 milliards d'euros pour la qualification des citoyens (2 millions de personnes), la transition écologique, la révolution numérique, la rénovation urbaine (1 million de logements), la santé (doubler le nombre de maisons de santé et lutter contre les déserts médicaux), le secteur agricole (modernisation des exploitations), etc. Il propose aussi de créer un fonds pour l'industrie et l'innovation de 10 milliards d'euros ; de baisser des cotisations salariales et patronales (avec 2 000€/an). Emmanuel Macron ne touchera pas ni à l'âge de départ à la retraite ni au niveau des pensions. Il envisage d'exonérer de la taxe d'habitation 80% des ménages, de taxer les revenus du capital (30%), de baisser l'impôt sur les sociétés de 33,3 à 25% et de lutter contre la fraude fiscale et sociale, et de construire 80 000 logements pour les jeunes.

La lecture de ce programme permet de dégager quatre mesures simples, mais d'une portée importante : le renouvellement de documents officiels en ligne (carte d’identité, passeport, carte grise, etc.) ; la transparence dans l'attribution des logements sociaux (enfin, il était temps!) ; la sanction des incivilités (harcèlement, insultes, dégradations, crachats...) ; l'application strict de la laïcité et la formation universitaire à la laïcité et aux valeurs de la République pour les ministres du culte.

Parmi les mesures contestées, on retrouve : le maintien de l'ISF (impôt de solidarité sur la fortune), mais sa limitation à l'immobilier ; l'autonomie des universités qui pourront recruter leurs enseignants (source d'inégalités) ; dans le conflit israélo-palestinien, Macron se prononce pour la solution à deux Etats, mais ne reconnaitra pas l'Etat palestinien unilatéralement.


4. « FAIRE BATTRE LE COEUR DE LA FRANCE », BENOIT HAMON

C'est le grand gagnant de la primaire de la gauche et pourtant, il a beaucoup de mal à décoller. Trop socialiste pour se démarquer du président sortant, comme Jean-Luc Mélenchon, pas assez non-socialiste pour se distinguer de François Hollande, comme Emmanuel Macron. Et pourtant, le programme de Benoît Hamon contient de nombreuses mesures de bon sens : j’accorderai la priorité au Made in France ; les entreprises qui délocalisent devront rembourser les aides publiques reçues ; je créerai une Contribution sociale sur les robots (Bill Gates en a parlé aussi!), elle alimentera un Fonds de Transition Travail, dont la mission sera de créer autant d’emplois nouveaux que ceux qui disparaîtront ; Je veillerai au bien-être animal ; Nous ouvrirons le droit aux allocations familiales dès le premier enfant ; Je décréterai l’urgence contre les déserts médicaux, avec comme objectif, la création de 1 500 maisons de santé, etc.

Ce programme est aussi riche en mesures ambitieuses à plusieurs niveaux :
. pouvoir d'achat : je créerai un revenu universel d'existence, de quelques centaines d'euros mensuels pour les revenus inférieurs à 2 200 euros net (généralisation progressive à l'ensemble des Français); Pour permettre le maintien à domicile, j’augmenterai l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) à domicile de 30 % ;
. logement : je lancerai un plan de 100 milliards d’euros sur cinq ans pour la rénovation urbaine et thermique ; je construirai 150 000 logements sociaux par an ; je renforcerai l’encadrement des loyers ;
. énergie nucléaire : Je porterai à 50 % la part des énergies renouvelables dans le mix électrique d’ici 2025 et 100 % en 2050 ; Pour sortir du nucléaire à l’horizon d’une génération (objectif 25 ans), je fermerai les réacteurs en fin de vie ;
. crèche/garderie : je créerai 250 000 nouvelles places d’accueil à horaires adaptés pour la petite enfance ;
. santé : je programmerai la sortie maîtrisée du diesel à horizon 2025 (pollution en particules fines) ; j’agirai pour la prévention des maladies chroniques (cancer, diabète, maladie cardiovasculaire et respiratoire), la prise en charge des maladies neurodégénératives (Alzheimer, démence...) et des handicaps ; Je proposerai une politique de prévention en luttant contre le tabac, l’abus d’alcool, l’air pollué ; J’interdirai les pesticides et les perturbateurs endocriniens dangereux, et je renforcerai la vaccination et le dépistage ;
. éducation : nos universités accueilleront 25 % d'étudiants internationaux supplémentaires.

Benoît Hamon se distingue par un paquet de mesures de bons sens dans deux domaines :
. européen et écologique : Je prendrai l’initiative d’un ambitieux programme pour la transition écologique et économique, avec la mise en œuvre par un plan d’investissement de 1 000 milliards d’euros ; harmonisation fiscale et sociale au niveau européen ; mutualisation d’une partie des dettes souveraines ; Je refuserai la ratification du CETA et du TAFTA, et m’opposerai au statut d’économie de marché de la Chine ; Je lutterai contre l'optimisation fiscale en mettant en place une taxe sur les multinationales ; Je proposerai une Taxe sur les Transactions Financières ; Je proposerai aux Européens une initiative pour renforcer leur sécurité grâce à une plus grande coopération européenne dans le domaine de la défense ;
. international : la France défendra une autre vision en Syrie, en Ukraine, au Sahel et partout dans le monde ; je reconnaitrai l'Etat palestinien aux côtés de l’État d’Israël ; Pour un monde durable et vivant, je m’emploierai à garantir la mise en œuvre de la COP21 et les objectifs de développement durable ; Pour cultiver le sentiment d’appartenance à la francophonie, je proposerai un visa francophone pour les étudiants, les chercheurs, les chefs d’entreprise et les artistes.

Néanmoins, le programme de Benoît Hamon contient un certain nombre de mesures contestées : Nous remplacerons la loi Travail ; établir un système électoral législatif à la proportionnelle (risque de faire entrer le Front national à l'Assemblée) ; je recruterai 40 000 enseignants ; je ne repousserai pas l’âge de départ à la retraite ; j’allongerai le congé paternité à 6 semaines ; je légaliserai l'usage du cannabis pour les majeurs, j’utiliserai les moyens dégagés pour mieux prévenir la consommation de drogues ; j’ouvrirai l’accès à la procréation médicalement assistée aux femmes seules et aux couples de femmes ; Je garantirai le droit à mourir dans la dignité (euthanasie).


5. « FAIRE ENTENDRE LE CAMP DES TRAVAILLEURS », NATHALIE ARTHAUD 

La candidate communiste de Lutte ouvrière ne se donne même pas la peine de trouver un slogan original. Ca serait un pécher capitaliste d'ailleurs. Elle a mis toute son énergie à rédiger une dissertation anticapitaliste dans laquelle il est difficile d'isoler des propositions construites.
. Au niveau national, Nathalie Arthaud prône le contrôle des travailleurs sur les entreprises. Ceci doit conduire à l'interdiction des licenciements et la répartition du travail entre tous, sans diminution de salaire. Mieux encore, pas un salaire et pas une pension de retraite ne sera à moins de 1 800 euros par mois. Contre le gangstérisme de la finance, la candidate communiste décrétera l'expropriation des banques et des entreprises financières, sans indemnité ni rachat, et le placement de leur activité sous le contrôle de la population. Contre le terrorisme, il n'y a pas de mesures spécifiques à prendre, comme c'est un produit de l’ordre capitaliste mondial, il disparaitra quand les travailleurs auront terrassé le capitalisme.
. Au niveau européen, elle est pour la liberté d’installation et de circulation des migrants.
. Au niveau international, elle appelle à la destruction du système impérialiste dans son ensemble pour que les peuples opprimés s’émancipent de l’emprise économique de l’impérialisme. A vos marteaux, prêts, tapez de toutes vos forces ! A la lire, on croirait que le mur de Berlin vient d'être reconstruit à l'identique et qu'il a même été rehaussé.
Trêve de plaisanteries. Nathalie Arthaud est sans doute, la candidate qui a le mieux parlé de la problématique de l'environnement. Pour elle, la véritable menace contre l’environnement et la planète, c'est le capitalisme. Pour y remédier elle préconise d'organiser l’économie mondiale d’une façon rationnelle et planifiée, qui permettra de répondre aux besoins du plus grand nombre, tout en préservant l’environnement. Elémentaire.


6. « NOS VIES, PAS LEURS PROFITS », PHILIPPE POUTOU

Décontracté et sans cravate, il a l'air super sympa. Le pot avec qui on boirait bien quelques pintes de bière, en écoutant Bob Dylan et Joan Baez. Mais en dépit de cet air gentil, le programme de Philippe Poutou est très musclé. Normal, le bonhomme est officiellement le candidat du NPA, Nouveau Parti Anticapitaliste.
. Au niveau national, il envisage la hausse du SMIC à 1 700 euros net tout de suite, une augmentation de tous les salaires de 300 euros, le passage aux 32 heures sur quatre jours sans perte de salaire et aux 30 heures pour les travaux pénibles, et l’interdiction pure et simple des licenciements. Et question théorie le candidat-ouvrier est très fort. Mais l'actualité est venue rappeler à quel point il est à côté de la plaque. Figurez-vous que le sympathique Poutou exige aussi le désarmement de la police française. Dans ce cadre, il a le soutien sans réserve de Daech et de tous les malfrats de France et de Navarre. Par ailleurs, il compte créer un million d’emplois dans les services publics avec une baguette magique, réquisitionner les logements et immeubles de bureaux inoccupés, bloquer les loyers afin que le coût du logement ne dépasse pas 20% du revenu des ménages, fusionner les banques pour constituer un monopole public du crédit, briser le secret industriel et bancaire, exproprier les cliniques privées et passer les secteurs clés de l’économie sous le contrôle des travailleurs et de la population. Il souhaite aussi introduire la proportionnelle intégrale aux élections législatives, pour le grand bonheur du Front national, accorder le droit de vote des étrangers résidant en France à toutes les élections, arrêter les productions inutiles et dangereuses dont l’armement, passer toute l’agriculture au bio et proposer un plan pour aboutir à 100% d’énergies renouvelables en 2050.
. Au niveau de l'Europe, il veut la liberté de circulation et d’installation, ainsi qu'une citoyenneté de résidence, c’est-à-dire une égalité complète des droits dès que quelqu’un arrive sur le territoire européen.
. Au niveau international, il souhaite créer un monde sans frontières et débarrassé de la propriété privée, où la production sera enfin organisée en fonction des besoins de toute l’humanité.
Philippe Poutou est un grand farfelu sans doute, mais n'y a-t-il pas un fond de vérité dans la seconde partie de cette dernière proposition? Ah, si.


7. « SE LIBERER DE L'OCCUPATION FINANCIERE », JACQUES CHEMINADE

. Depuis mon plus jeune âge, j'entends parler de lui. Il a encore eu la signature de 500 élus de France, mais il a toujours beaucoup de mal à convaincre les électeurs français de voter pour lui. Beaucoup de littérature dans son programme, pardon, « projet ». L'idée centrale étant de créer un million d’emplois par an grâce à un investissement public annuel de 100 milliards d’euros, en s'inspirant du New Deal de Roosevelt, pour lancer de grands travaux d'infrastructures, mais aussi dans le nucléaire, la mer et l'espace. Au passage, si vous êtes partisan de la colonisation de la planète Mars, arrêtez la lecture tout de suite, faites vos bagages, c'est votre candidat.
. Comme d'autres prétendants au trône de l'Elysée, souffrant d'un dédoublement de la personnalité, JC veut sortir de l’Union européenne -le cheval de Troie de la mondialisation financière, de la City et de Wall Street- et de l'OTAN -son bras armé- et abandonner l’Euro -son vice financier- mais il souhaite une entente et une coopération avec les pays des Brics -Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud- car il serait suicidaire de ne pas croire la Chine qui nous répète que sa nouvelle Route de la soie est un projet gagnant-gagnant, et veut par dessus le marché, inciter les Etats-Unis à se joindre à ce nouvel ordre mondial. D'une cohérence impressionnante.
. En tout cas, Jacques Cheminade a quand même quelques propositions de bon sens : annuler la dette des Etats pour sa part illégitime, rétablir la séparation entre les banques de dépôt et de crédit et les banques d’affaires et surtout, en finir avec les paradis fiscaux. Il est grand temps !


8. « LE TEMPS EST VENU », JEAN LASSALLE 

. C'est un grand original et pourtant, il se prend pour De Gaulle. Il vient d'une famille de bergers transhumants de la Vallée d'Aspe. La hauteur ne l'empêche pas d'avoir un petit faible pour les poitrines fortes. Une de ses fans en a fait les frais, en selfies voyons. Il a aussi un grand faible pour le tyran de Damas, Bachar el-Assad. De ce fait, il est donc exclu de la compétition pour moi. Dommage car il a un programme assez étoffé pour une candidature stérile. Alors, deux mots avant de passer à un autre candidat plus sérieux.
. Au niveau national, Jean Lassalle compte recruter 200 000 personnes, rétablir le service national et même, nationaliser partiellement les entreprises du CAC40. Au niveau international, il veut reprendre les marges de décision de la France tout en restant dans l’Union européenne et sortir de l'OTAN. Il souhaite aussi retirer les forces françaises impliquées dans des guerres en Orient et au Mali.
. Cela étant dit, une petite proposition m'a attiré l'attention : sortir les classes de l’école et organiser des séjours à la ferme. Excellent ! Comme j'ai déjà pensé à la question et j'ai l'occasion d'en parler, un dernier petit mot. Eh oui, au lieu d'emmener les mômes dans les grandes villes européennes (j'ai croisé il y a quelques jours une classe d'enfants français à l'aéroport de Berlin-Tegel!), on ferait bien de leur faire découvrir des fermes et des exploitations agricoles en France, des usines et des complexes sportifs dans l'Hexagone, des lieux de travail et des musées nationaux français. Il faut même oser aller beaucoup plus loin, en emmenant ces mômes dans des lieux de culte, des églises, des mosquées et des synagogues, surtout à l'occasion des fêtes religieuses. Ce sont ces visites, ces stages et ces séjours qui enrichiront la tête des mômes de France, et lutteront plus efficacement, contre l'islamophobie, l'antisémitisme et la christianophobie.


9. « LA FORCE DU PEUPLE », JEAN-LUC MELENCHON

Il faut commencer par reconnaitre que le tribun est très doué pour parler au peuple. Il a le sens de la formule qui lui permet d'enrober les pilules amères d'une fine couche d'humour. Bien qu'il s'en défende, il rejoint Marine Le Pen sur quelques points. Tous les deux sont europhobes et propoutiniens. Il l'a même applaudi quand elle a fait son cirque à Beyrouth, devant Dar el-Fatwa, en voulant obliger le mufti libanais à se prendre en selfie et en plein courant d'air, pour lui foutre ses cheveux dans la figure.

Le programme de Jean-Luc Mélenchon déborde de mesures de bons sens : constitutionnaliser la règle verte de ne pas prélever sur la nature davantage que ce qu'elle peut reconstituer, ni produire plus que ce qu'elle peut supporter ; imposer le respect de normes sociales et écologiques pour la commercialisation des produits importés en France ; limiter l'écart de 1 à 20 entre le salaire le plus bas et le salaire le plus haut dans une entreprise ; tout le monde doit payer un impôt sur le revenu mais chacun selon ses moyens réels ; combattre l'obsolescence programmée des biens de consommation par un allongement des durées de garanties légales des produits ; promouvoir les arbres fruitiers dans les espaces publics (eh oui, il y a des orangers dans les rues d'Athènes!) ; etc.

Jean-Luc Mélenchon présente par ailleurs diverses mesures ambitieuses : injecter 100 milliards d'euros supplémentaires dans l'économie pour des investissements écologiquement et socialement utiles ; augmenter immédiatement le smic net mensuel de 16 % pour le porter à 1 326 euros net pour 35 heures ; restaurer le droit à la retraite à 60 ans ; assurer l'isolation d'au moins 700 000 logements par an ; etc.

Toutefois, le candidat d'extrême gauche s'engage sur beaucoup de mesures contestées : charger une assemblée constituante de rédiger une nouvelle Constitution sous le contrôle des citoyens ; mettre fin à la cotation continue des entreprises en bourse ; créer un service citoyen obligatoire de 9 mois, pour les femmes et les hommes ; revenir sur les programmes de privatisation ; stopper l'ubérisation des activités ; abroger la loi Travail ; réaffirmer le CDI comme norme du contrat de travail ; en cas de chômage de longue durée, l'État doit proposer un emploi au chômeur ; octroyer une 6e semaine de congés payés ; passer à la semaine de 4 jours et aux 32 heures ; interdire les expulsions locatives sans relogement ; renforcer l'ISF ; renationaliser les autoroutes ; dévaluer l'euro pour revenir à la parité initiale avec le dollar ; arrêter les politiques de libre-échange ; légaliser le cannabis ; recruter au moins 60 000 enseignants ; 100 % d'impôt au dessus de 400 000 euros de revenus annuels, etc.

Il faut rajouter à cela, les nombreuses mesures farfelues de son programme : fixer le droit de vote à 16 ans ; interdire les licenciements boursiers ; accorder un droit de veto suspensif aux comités d'entreprise sur les plans de licenciements ; favoriser des congés parentaux de durée identique entre les parents ; etc.

Cela étant dit, ce qui frappe dans le programme de Jean-Luc Mélenchon ce sont les innombrables lignes rouges qu'il franchit et qui devraient en toute logique, l'exclure de la compétition : s'exonérer du pacte de stabilité et des règles européennes encadrant les déficits publics ; en cas d'accord, le résultat des négociations avec l'Union européenne sera soumis à référendum au peuple français qui décidera souverainement de sa participation à l'UE refondée ou de la sortie ; en cas d'échec des négociations, stopper la contribution de la France au budget de l'Union européenne, réquisitionner la Banque de France, mettre en place un contrôle des capitaux et des marchandises aux frontières nationales pour éviter l'évasion fiscale des plus riches et des grands groupes (comme au bon vieux temps de l'Union soviétique!); sortir de l'Otan ; sortir du FMI et de la Banque mondiale ; refuser toute intervention militaire sans mandat de l'ONU (avec cette logique, on ne peut pas combattre Daech en Syrie et en Irak!) ; sortir de l'Organisation mondiale du commerce ; mettre en place une coalition universelle sous mandat de l'ONU pour éradiquer Daech et rétablir la paix et la stabilité en Syrie et en Irak (il faudra expliquer à Mélenchon que la Russie de Poutine, a bloqué 7 résolutions sur la Syrie depuis octobre 2011, donc « sa coalition universelle » verra le jour quand les poules auront des dents) ; le peuple syrien décidera souverainement et démocratiquement de ses dirigeants (càd de Bachar el-Assad!) ; bâtir une nouvelle alliance altermondialiste avec les BRICS (Russie et Chine) ; soutenir le projet chinois d'une monnaie commune mondiale pour libérer l'économie mondiale de la domination du dollar ; instaurer une politique de codéveloppement avec l'Amérique latine et les Caraïbes en adhérant à l'ALBA (« Alliance bolivarienne » fondée par Fidel Castro et Hugo Chavez).

Alors, récapitulons. La France de Mélenchon prend le risque de quitter l'Union européenne, abandonner l'Euro et sortir de l'OMC / FMI / OTAN / Banque mondiale, afin de courir rejoindre une rachitique organisation politique et économique, ALBA, dont les pays membres sont Cuba, le Venezuela et le Nicaragua, dont les pays observateurs étaient la Russie, l'Iran et la Syrie et dont la monnaie virtuelle est le Sucre! Le Venezuela par exemple, est déjà l'une des pires économies au monde. Et ça ne va pas s'arranger! Selon les estimations du FMI, le taux d'inflation de ce pays atteindrait cette année le chiffre astronomique de 43 000 %. Alors, qu'est-ce que vous en pensez? C'est incontestablement la proposition la plus stupide du millésime 2017 de l'élection présidentielle française. Et ce n'est pas tout. Le 5 février 2012, à l'occasion du XIe sommet de l'ALBA, l'Alliance bolivarienne avait dénoncé la politique systématique d'ingérence et de déstabilisation menée par l'Occident en Syrie. Elle a même applaudi le veto opposé par la Russie et la Chine à la résolution de l'ONU contre le gouvernement de Bachar Al-Assad. Quelle mascarade! Enfin, la comparaison de Jean-Luc Mélenchon à Bernie Sanders est le moins qu'on puisse dire biaisée. Certes, les deux hommes se rejoignent sur divers points. Mais l'ancien candidat démocrate américain ne prône absolument pas de créer de nouvelles alliances, bolivarienne, chinoise et russe, comme le candidat français d'extrême gauche. En plus, il a soutenu les frappes américaines contre Daech et s'est prononcé clairement pour le départ de "l'horrible dictateur".


10. « UN CHOIX HISTORIQUE », FRANÇOIS ASSELINEAU

Comme les deux candidats d'extrême droite et de gauche, François Asselineau prône d'une part, la sortie de l’Union européenne, de l’euro et de l'OTAN, et d'autre part, le grand retour d’une politique d’amitié et de coopération avec la Russie. Vous vous dites et pourquoi pas, surtout que c'est un major de l'ENA qui le dit. Enfin, 2e quand même. Le problème c'est que notre surdoué national est le chef de file incontesté et intemporel des conspirationnistes, d'hier, d'aujourd'hui et de demain. Eh oui, voter pour lui, serait vraiment un choix historique. Il est passé maitre en théories du complot. L'antiaméricanisme primaire chez lui relève de l'obsession. Jean Monnet, l'un des principaux fondateur de l'Union européenne? Très probablement agent de la CIA. Daech et Boko Haram? Des complots de la CIA. Remarquez beaucoup d'Arabes, sont atteints par cette pathologie aussi. La suite, le 11-Septembre? C'est très louche. Le Front national? Une invention de François Mitterrand. L'institut de sondage Harris Interactive? Contrôlé par le FBI. Wikipédia? Des censeurs, sans doute à la solde des Américains. Enfin bref, François Asselineau est de loin le plus farfelue des petits candidats et nous avons perdu assez de temps sur lui.


11. « UNE VOLONTE POUR LA FRANCE », FRANÇOIS FILLON

Qu'on l'aime ou qu'on ne l'aime pas, il faut reconnaître que le candidat de la droite et du centre a une « volonté » incroyable pour la France sans doute, mais aussi « pour se maintenir dans la course présidentielle », malgré tous les scandales qui ont perturbé sa campagne, PenelopeGate, l'embauche de ses enfants, les costumes, etc. Je n'aborderai pas ce point dans cet article. Il revient à la justice française de juger l'aspect légal de ces affaires et au peuple français de se prononcer sur l'aspect moral de ces scandales. Dans tous les cas, le candidat de la droite et du centre est parti en campagne avec difficulté. Pas uniquement à cause des affaires, mais aussi à cause d'un programme pur et dur.

Comme tout le monde, François Fillon propose des mesures de bon sens : mettre en place une politique active de vente des logements HLM à leurs locataires ; poursuivre la lutte contre le bruit ; instituer la transparence totale par la publication obligatoire des liens de parenté entre les parlementaires et les collaborateurs ; respect absolu de la sécurité d’Israël et droit des Palestiniens à vivre dans un état reconnu ; faire de l’euro une monnaie de réserve et de règlement comparable au dollar américain; mettre en place de nouvelles règles internationales de réciprocité ; développer la conscience d’appartenir à cette civilisation singulière et brillante qu’est la civilisation européenne ; etc.

Il présente aussi des mesures ambitieuses : allègement des charges sociales et d’impôts de production ; le taux de l’impôt sur les sociétés sera diminué à 25% ; généraliser la télémédecine et les téléconsultations ; renforcer fortement les mécanismes d’orientation de l’épargne vers le financement des PME innovantes ; Garantir le retour à l’équilibre des finances publiques d’ici 5 ans par un programme de réformes ; réaliser 100 Mds€ d’économies de dépenses publiques sur 5 ans ; accroître l’efficacité des forces de l’ordre avec 1Md€, recruter 5 000 agents des forces de l’ordre, Construire 16 000 places de prison ; etc.

Toutefois, force est de constater que François Fillon possède le programme qui contient le plus de mesures contestées, pas forcément mauvaises, mais contestées : mettre fin à la durée légale du travail à 35 heures et laisser chaque entreprise décider de son temps de travail ; faire passer l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans ; plafonner les indemnités prud’homales ; refonder le code du travail ; instaurer la dégressivité dans l’attribution des allocations de chômage, et sanctionner un deuxième refus d'emploi insuffisamment motivé ; augmenter progressivement le temps de travail dans la fonction publique à 39 heures hebdomadaires ; réduire de 500 000 le nombre d’emplois publics en 5 ans ; réduire de 15 à 10 ans le délai entre deux donations ; ramener de 30 à 22 ans le délai d’exonération des plus-values immobilières ; supprimer l’ISF ; augmenter la TVA de 2 points ; abroger la réforme du collège et revoir les programmes scolaires ; supprimer l’encadrement des loyers et créer un bail homologué qui accordera des avantages fiscaux supplémentaires au propriétaire ; mettre en place une procédure accélérée pour réduire les délais d’expulsion ; abaisser la majorité pénale à 16 ans ; inscrire dans la Constitution le principe de quotas d'immigrés fixés par la loi ; durcir les exigences du regroupement familial ; Faire financer la politique d’immigration et d’intégration par les ressortissants étrangers plutôt que par le contribuable français (mesure étonnante qui sous-entend que les étrangers ne sont pas des contribuables, un pas de plus dans la lepénisation des esprits) ; porter la durée maximale de rétention administrative (des étrangers) de 45 jours à 6 mois ; renégocier le code frontières Schengen ; porter à 5 ans la durée minimale de vie commune avant l’acquisition de la nationalité par les conjoints de Français et à 8 ans la durée minimale de résidence en France pour être naturalisé ; etc.

Le programme Fillon contient aussi des mesures farfelues : mettre en place un abattement des cotisations sociales salariées, ce qui permettra une augmentation des salaires nets de 350€ par an par salarié (soit +29€/mois!) ; augmenter les pensions de base de plus de 300€ annuels pour les petites retraites (soit +25€/mois!) ; instituer une tenue vestimentaire spécifique à l’établissement pour les élèves de l’école et du collège; etc.

Il contient également d'innombrables lignes rouges : réécrire le principe de précaution pour favoriser l’innovation responsable (philosophie trumpiste selon laquelle l'économie justifie tous les moyens) ; confier aux chefs d’établissement du second degré la possibilité de recruter les professeurs (source d'inégalités) ; assouplir les règles de plancher du nombre de logements HLM afin de produire un plus grand nombre de logements sociaux là où sont les besoins (un formidable pas vers la ghettoïsation, afin de dispenser les quartiers et les villes aisés de la construction de logements sociaux) ; simplifier et lever les contraintes administratives auxquelles sont confrontés les chasseurs ; moderniser le parc nucléaire pour en prolonger la durée d’exploitation ; évaluer l’impact sur notre droit de la Convention européenne des Droits de l’homme, renégocier si nécessaire ; la France se doit de dialoguer avec tout le monde (Bachar el-Assad n'est pas exclu); rétablir des relations de confiance avec la Russie, lever les sanctions contre la Russie ; l’Iran est une puissance régionale incontournable, à condition qu’elle respecte l’accord nucléaire et joue son rôle de stabilisateur régional (ce n'est pas le cas, ni en Irak, ni en Syrie, ni au Liban, ni au Yémen!); la France doit reprendre sa place dans la crise syrienne, je développerai des contacts avec tous ceux qui luttent contre la menace terroriste (cela devrait exclure Assad, le principal terroriste du Moyen-Orient), y compris si nécessaire avec les autorités en place (le régime syrien, le principal responsable de la guerre en Syrie).


Parlons peu, parlons bien. C'est très joli tout ça, mais que choisir et pour qui voter? On voit bien à la lecture des programmes que les candidatures de Nicolas Dupont-Aignan, Nathalie Arthaud, Philippe Poutou, Jacques Cheminade, Jean Lassalle et François Asselineau, ne peuvent pas être prises au sérieux. En réalité, il n'y a que cinq candidats en lice. Une grande sélection des propositions est exposée dans cet article. Des liens renvoient vers les textes intégraux. Chacun a la possibilité de choisir en son âme et conscience et en bonne connaissance de cause. Il ne me reste qu'à vous livrer trois réflexions en sus

Primo. Des cinq favoris, seule Marine Le Pen envisage de s'attaquer à la laïcité de la République française, en prévoyant d'installer des crèches de Noël dans les mairies de France. Il ne faut pas être dans le secret des dieux pour imaginer que cet acte irréfléchi et irresponsable conduira à l'installation d'autres symboles religieux, musulmans, juifs et bouddhistes, dans les édifices de la République. Marine Le Pen programme donc une violation préméditée et grave de la loi de 1905, portant sur la séparation des Eglises et de l'Etat. La candidate du FN envisage par ailleurs déchoir tous les binationaux de France de la nationalité française, une mesure qu'on ne peut évidemment pas accepter en tant que Franco-Libanais

Secundo. De toutes les propositions, la sortie de l'Union européenne constitue sans l'ombre d'un doute la décision la plus grave des programmes de Marine Le Pen, de Jean-Luc Mélenchon, et de tous les grands eurosceptiques et petits europhobes. Elle a été dénoncée par 25 Prix Nobel d'économie dans une tribune publiée par le journal Le Monde il y a trois jours. 

« La construction européenne est capitale non seulement pour maintenir la paix sur le continent mais également pour le progrès économique des Etats membres et leur pouvoir politique dans le monde... Les politiques isolationnistes et protectionnistes et les dévaluations compétitives, toutes menées au détriment des autres pays, sont de dangereux moyens d’essayer de générer de la croissance. Elles entraînent des mesures de représailles et des guerres commerciales. Au final, elles se révéleront préjudiciables à la France ainsi qu’à ses partenaires commerciaux... Il faut renouveler les engagements de justice sociale, et ainsi garantir et développer l’équité et la protection sociale, en accord avec les valeurs traditionnelles de la France, de liberté, d’égalité et de fraternité... Alors que l’Europe et le monde font face à des épreuves sans précédent, il faut plus de solidarité, pas moins. Les problèmes sont trop sérieux pour être confiés à des politiciens clivants. » 

Je l'ai dit, je le redis, je persiste et je signe, l'éclatement de cette merveilleuse aventure humaine qu'est l'Union européenne est actuellement le souhait le plus profond de la Russie de Vladimir Poutine, de la Turquie de Recep Tayyip Erdogan, de la Chine de Xi Jinping et des Etats-Unis de Donald Trump. Chacun est libre de jouer à l'idiot utile du haut de son trône, mais qu'on ne le fasse pas au nom du peuple. Le peuple français est souverain, il saura bien sanctionner les candidats qui hypothèquent son avenir et menacent ses intérêts.

Tertio. Si cette élection passionne les gens d'ici et d'ailleurs, c'est parce que la France est une grande puissance historique, démocratique, économique et militaire. Elle est le bastion des droits de l'homme et l'étoile du monde francophone, membre permanent du Conseil de sécurité et moteur de l'Europe. Elle est donc attendue sur le plan international. De toutes les mesures présentées dans les programmes et les positions prises par les candidats au cours de la campagne, celles sur la Syrie doivent être examinées à la loupe pour diverses raisons. L'enjeu est à la fois moral et sécuritaire. Sur ce point, les candidats se divisent en deux catégories. D'une part, on a François Fillon, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. Tous les trois sont clairement pro-Poutine, envisageant de mettre fin aux sanctions qui visent la Russie sans contrepartie (malgré l'annexion illégale de la Crimée et son implication militaire en Syrie aux côtés du régime syrien), et pro-Assad, affirmant sous diverses tournures bidon que le tyran de Damas peut ou doit faire partie de l'avenir de la Syrie, en tout cas, n'excluant pas Assad de l'avenir de la Syrie, même à long terme. D'autre part, on a Benoît Hamon et Emmanuel Macron, dont les positions sont à l'opposé. Qu'importe les excuses, dans les deux cas et dans les deux catégories, le clivage est net et clair. 

Là aussi, je l'ai dit, je le redis, je persiste et je signe. Si Vladimir Poutine et Hu Jintao n'avaient pas opposé leurs vétos à des résolutions du Conseil de sécurité sur la Syrie entre 2011 et 2017 (sept pour la Russie, cinq pour la Chine), Bachar el-Assad, un homme aussi criminel que pragmatique, aurait été contraint de lâcher du lest, la révolution syrienne serait restée pacifique, Daech ne serait pas née, la Syrie ne serait pas dévastée, des centaines de Français n'auraient pas pris la route du jihad, on n'aurait pas eu 465 000 morts en Syrie et deux millions de réfugiés au Liban, les Syriens ne prendraient pas tous les risques pour traverser la Méditerranée, il n'y aurait pas eu d'attaques terroristes de l'Etat islamique en Europe et le monde n'aurait pas connu l'une des pires organisations terroristes de son histoire. La responsabilité de la Russie et de la Chine dans le drame syrien et l'émergence de Daech est immense. Et dire, qu'on n'en a pas encore fini, comme le prouve l'attaque terroriste des Champs-Elysées. Avec un bouffon à la Maison Blanche, il ne peut pas être question d'installer à la tête de la République française quiconque a Vladimir Poutine en odeur de sainteté.

A ce stade de la course, une chose est sûre et certaine, l'élection présidentielle de ce millésime exceptionnel prouve que la France se porte comme un charme, n'en déplaise aux déclinistes aigris et aux exploitants rabougris de l'attaque terroriste des Champs-Elysées. Jamais les Français n'ont eu une offre politique aussi variée. Jamais nous avons été autant en sécurité en Europe. Jamais il n'a fait aussi bon vivre dans ce pays et sur ce continent. Ces terroirs de la démocratie constituent un impressionnant bouillon de culture politique. C'est aussi ça la République française et l'Union européenne. Rendez-vous dimanche pour les défendre. En attendant, à votre santé !