Et
c'est un, pas une! Aucune chance qu'il en soit autrement. Toujours
est-il qu'avec des dizaines de débats, des centaines d'articles et
des milliers de propositions, il est difficile de s'y retrouver. Et
pourtant, ce dimanche 23 avril, derrière le rideau de l'isoloir,
il ne restera dans l'esprit des électeurs, que des impressions,
quelques détails et un slogan. Au top départ dans les bureaux
de vote, les Français trouveront les bulletins des 11 candidats à
la présidence de la République dans un ordre déterminé par le
tirage au sort. Que et qui choisir? Telles sont les questions à 48
heures d'une élection présidentielle pleine de suspense. Pour le
savoir, je vous propose de survoler les programmes de tous les
candidats. J'ai classé les propositions en cinq catégories
: les mesures de bons sens (avec lesquelles je suis d'accord), les
mesures ambitieuses (d'envergure), les mesures contestées
(clivantes), les mesures farfelues (inutiles) et les lignes rouges
(que je rejette catégoriquement). L'existence de milliers de
propositions rend tout travail exhaustif difficile et la lecture
fastidieuse. J'étais donc contraint d'effectuer un tri. J'ai
sélectionné les propositions les plus représentatives de chaque
candidat et j'ai mis en gras les mesures clés. A part ça, bonne lecture.
1.
« DEBOUT LA FRANCE », NICOLAS DUPONT-AIGNAN
Nicolas
Dupont-Aignan part sans doute du principe que la France est avachie
dans le canapé de l'Europe. Député depuis 20 ans, son objectif est
aujourd'hui triple, battre son propre record de 2012 (1,79%
des suffrages exprimés), arriver en tête parmi les petits candidats
et se faire rembourser ses frais de campagne par l'Etat. Dans cette
ambition démesurée, il considère que le tirage au sort qui le
place en premier est un signe du destin.
.
Au niveau national, NDA veut recruter 70 000 militaires et construire
40 000 places de prisons. Sa mesure phare, supprimer les droits de
successions jusqu’à 500 000 € par enfant. Il faut dire que
c'est un candidat en or, enfin, bien nanti.
.
Au niveau international, il est déterminé à dénoncer les traités
européens, rétablir les contrôles aux frontières, supprimer les
accords de Schengen et sortir de l'OTAN. Il souhaite aussi lever les
sanctions contre la Russie. Contre l'Etat islamique, NDA exige qu'on
arrête de combattre Bachar el-Assad car il est le seul président
légitime de la Syrie. Quel stratège incompris!
Enfin,
certains observateurs trouvent que NDA mérite bien le surnom que
Philippe de Villiers lui a attribué, « Ducon gnangnan ».
2.
« REMETTRE LA FRANCE EN ORDRE », MARINE LE PEN
Certes,
elle est assurée de faire partie du quinté de la course
présidentielle. Dans le désordre, bien entendu. Mais, elle
voudrait être qualifiée pour le 2e tour, ce qui est loin d'être
gagné, n'en déplaise à ses partisans, cela va de soi, et à ceux de Fillon, qui prient pour l'avoir en face de leur champion, plutôt que Macron. L'attaque terroriste des Champs-Elysées ne changera rien au cours des événements car l'instrumentalisation de telles tragédies ne fonctionne pas avec un peuple qui a une vocation universelle et qui a marqué l'histoire de humanité avec la Révolution française.
En tout cas, il faut commencer par reconnaître que tout n'est pas forcément mauvais dans le programme de la candidate du Front national, comme en témoignent certaines propositions de bon sens : soutenir le « Fabriqué en France » par un étiquetage obligatoire (facultatif plutôt) ; interdire l’importation et la vente de produits provenant de l’étranger qui ne respectent pas les normes imposées aux producteurs français (les taxer plus serait préférable) ; lutter efficacement contre l’évasion fiscale pour préserver notre modèle social en s’attaquant aux paradis fiscaux (qui abusent d'emplois fictifs et de détournements de fonds publics européens, a du mal à être convaincant sur ce genre de point).
En tout cas, il faut commencer par reconnaître que tout n'est pas forcément mauvais dans le programme de la candidate du Front national, comme en témoignent certaines propositions de bon sens : soutenir le « Fabriqué en France » par un étiquetage obligatoire (facultatif plutôt) ; interdire l’importation et la vente de produits provenant de l’étranger qui ne respectent pas les normes imposées aux producteurs français (les taxer plus serait préférable) ; lutter efficacement contre l’évasion fiscale pour préserver notre modèle social en s’attaquant aux paradis fiscaux (qui abusent d'emplois fictifs et de détournements de fonds publics européens, a du mal à être convaincant sur ce genre de point).
Parallèlement,
il y a beaucoup de mesures contestées : maintenir la durée
légale hebdomadaire du travail à 35 heures ; fixer l’âge légal
de la retraite à 60 ans ; retirer la loi Travail ; rétablir
l’universalité des allocations familiales ; abolir le mariage
pour tous ; instaurer un service militaire ; etc. Une de ses mesures
phares c'est de permettre à chaque parent de transmettre sans
taxation, 100 000 euros à chaque enfant tous les cinq ans (au
lieu de quinze ans actuellement) et d'augmenter le plafond des
donations sans taxation aux petits-enfants à 50 000 euros tous
les cinq ans. Bon, on devine bien à qui profitera le plus, ce
laxisme financier.
Le
problème majeur quand on plonge dans le programme de la candidate
d'extrême droite, c'est de découvrir la large place occupée par
les formulations et les mesures populistes : réarmer
massivement les forces de l’ordre avec recrutement de 15 000
policiers et gendarmes ; augmenter le budget de la défense à 3%
du PIB ; mettre en place un plan de désarmement des banlieues
concernées et de reprise en main par l’État des zones de
non-droit ; appliquer la tolérance zéro et en finir avec le
laxisme judiciaire (et pourquoi pas en ce qui concerne les
magouilles financières d'une députée qui s'autorise grâce à
son immunité parlementaire de ne pas répondre à la convocation du
juge?) ; créer 40 000 places de prison ; supprimer l’École
Nationale de la Magistrature afin de rompre avec la culture du
laxisme ; interdire le financement étranger des lieux de culte et
fermer toutes les mosquées extrémistes recensées (on n'a pas
attendu MLP pour le faire) ; etc.
Malgré
la démagogie qui se dégage de ce programme, Marine peine à élargir
sa base électorale. Elle ne cesse de chuter dans les sondages.
Elle a beau cherché à exploiter les tragédies qui ont affecté les
Français hier (rafle du Vél d'Hiv en 1942) et d'aujourd'hui
(l'attaque terroriste du Bataclan en 2015), la candidate du FN
reste inaudible à cause des nombreuses casseroles qu'elle traine
depuis un certain temps : les emplois fictifs des assistants
parlementaires européens du FN, le système frauduleux pour financer
les campagnes électorales, les fausses déclarations de patrimoine
et l'emprunt russe non remboursé. L'enquête préliminaire menée en
France a abouti à l'ouverture récente d'une information judiciaire
à l'encontre de Marine Le Pen, pour « escroquerie en
bande organisée ».
La
candidate du FN est d'autant moins fréquentable que son programme
comporte des points éliminatoires à tous les niveaux :
.
national : l'instauration de la proportionnelle intégrale aux
élections législatives (c'est la porte grande ouverture à
l'envahissement de l'Assemblée par les élus du FN, comme en 1986) ;
autoriser les crèches dans les mairies (annoncé lors du
débat à 11) ; maintenir, moderniser et sécuriser la filière
nucléaire française ;
.
européen : organiser un référendum sur notre appartenance à
l’Union européenne ; rétablir les frontières nationales
et sortir de l’espace Schengen ;
.
international : quitter l’OTAN ; fonder la politique
internationale sur le principe de réalisme (rapprochement avec
Vladimir Poutine et indulgence à l'égard de Bachar el-Assad).
Cerise
sur le gâteau, Marine Le Pen propose quelques mesures qui vont
toucher de plein fouet ses soutiens bi-nationaux : réduire
l’immigration légale à un solde annuel de 10 000 ; mettre fin
à l’automaticité du regroupement et du rapprochement familial,
ainsi qu’à l’acquisition automatique de la nationalité
française par mariage ; supprimer le droit du sol et surtout,
supprimer la double nationalité extra-européenne.
3.
« LA FRANCE DOIT ETRE UNE CHANCE POUR TOUS », EMMANUEL MACRON
Il
a tout ce qu'il faut pour plaire et déplaire, en même temps,
mais pas aux mêmes gens. A commencer par son jeune âge. Pour
les premiers, c'est du sang neuf, pour les seconds, c'est un homme
inexpérimenté. Il y a aussi son positionnement au centre sur
l'échiquier politique. Pour les uns, il est ouvert aux opinions les
plus variées et il a la capacité de rassembler les Français, pour
les autres, il est d'accord avec tout le monde et il ne sait pas
trancher. Il y a également son parcours professionnel,
banquier d'affaires chez Rothschild & Cie, inspecteur des
Finances et ministre de l'Economie. On lui reproche le fait qu'il n'a
jamais été confronté au suffrage universel, alors que son CV
plaide en faveur d'une bonne connaissance à la fois du secteur privé
et du secteur public.
Emmanuel Macron est un réformateur prudent comme le prouvent ses
propositions, d'une part, de maintenir la durée légale du temps de
travail à 35 heures, mais d'adapter les horaires effectifs ou
l'organisation du travail à chaque entreprise selon un référendum
interne, et d'autre part, d'ouvrir le droit aux allocations-chômages
aux professions libérales et aux salariés qui démissionnent, mais
de les suspendre pour tous, si la recherche d'emploi est
insuffisante.
Ses
mesures de bon sens concernent également les points suivants :
.
pouvoir d'achat : augmentation des revenus des smicards, du
minimum vieillesse et de l'allocation adulte handicapé (+100€/mois
pour les trois) ;
.
santé : 50% de produits bio-éco dans les cantines scolaires
et les restaurants d'entreprise ; lutter contre les perturbateurs
endocriniens et les pesticides (causes de cancers) ; remplacer les
véhicules polluants par des véhicules moins polluants ; rembourser
les lunettes et les prothèses auditives et dentaires ;
.
discrimination géographique : accorder une prime pour l'embauche en
CDI d'habitants de 200 quartiers prioritaires (15 000 €/3 ans) ;
.
éducation : accompagnement scolaire après la classe ; limitation
des effectifs en zones prioritaires ; modernisation du baccalauréat,
4 matières obligatoires, les autres validées par un contrôle
continu ; ouverture des bibliothèques le soir et le week-end ;
.
sécurité : exécution systématique des peines ; recrutement de 10
000 policiers et gendarmes ; création de 15 000 places de prisons ;
augmentation du budget de l'armée (2% du PIB) ; démantèlement des
associations qui s'attaquent à la République ;
.
institutions : réduire le nombre de députés et de sénateurs
d'un tiers ; suppression du régime spécial des retraites des
parlementaires ; interdiction du cumul de 3 mandats successifs et
d'embauche par un élu d'un membre de sa famille ;
.
international : la priorité de la France en Syrie, sera d'éradiquer
les terroristes de Daech, puis de construire une transition
politique et sortir Bachar el-Assad du jeu ; le candidat a
affirmé qu'il n'est pas un fasciné de Vladimir Poutine comme trop
de candidats dans cette élection ; il veut demander à la Russie,
alliée du régime de Bachar Al-Assad, de prendre ses
responsabilités.
Emmanuel
Macron est pro-européen et il le fait bien savoir en s'engageant
à créer un budget de la zone euro, voté par un Parlement de
la zone euro et exécuté par un ministre de l'Economie et des
Finances de la zone euro ; lutter contre les arrangements fiscaux
(ex. Apple avec l'Irlande) ; réserver les marchés publics européens
aux entreprises ayant la moitié de leur production en Europe ;
lutter contre l'optimisation fiscale ; créer 5 000
garde-frontaliers et un fonds européen de la défense (pour
financer des équipements) ; créer un fonds de capital-risque pour
financer des start-ups européennes ; créer un marché unique de
l'énergie ; généraliser Erasmus et l'étendre aux apprentis
(200 000 Français partiront chaque année dans l'Union européenne)
; contrôler les investissements étrangers en Europe pour préserver
les secteurs stratégiques.
Concernant
les propositions ambitieuses, la mesure phare du
programme Macron est un plan d'investissement de 50 milliards
d'euros pour la qualification des citoyens (2 millions de
personnes), la transition écologique, la révolution numérique, la
rénovation urbaine (1 million de logements), la santé (doubler le
nombre de maisons de santé et lutter contre les déserts
médicaux), le secteur agricole (modernisation des exploitations),
etc. Il propose aussi de créer un fonds pour l'industrie et
l'innovation de 10 milliards d'euros ; de baisser des
cotisations salariales et patronales (avec 2 000€/an). Emmanuel
Macron ne touchera pas ni à l'âge de départ à la retraite ni au
niveau des pensions. Il envisage d'exonérer de la taxe
d'habitation 80% des ménages, de taxer les revenus du capital
(30%), de baisser l'impôt sur les sociétés de 33,3 à 25%
et de lutter contre la fraude fiscale et sociale, et de construire 80
000 logements pour les jeunes.
La
lecture de ce programme permet de dégager quatre mesures simples,
mais d'une portée importante : le renouvellement de documents
officiels en ligne (carte d’identité, passeport, carte grise,
etc.) ; la transparence dans l'attribution des logements sociaux
(enfin, il était temps!) ; la sanction des incivilités
(harcèlement, insultes, dégradations, crachats...) ; l'application
strict de la laïcité et la formation universitaire à la laïcité
et aux valeurs de la République pour les ministres du culte.
Parmi
les mesures contestées, on retrouve : le maintien de l'ISF
(impôt de solidarité sur la fortune), mais sa limitation à
l'immobilier ; l'autonomie des universités qui pourront
recruter leurs enseignants (source d'inégalités) ; dans le conflit
israélo-palestinien, Macron se prononce pour la solution à deux
Etats, mais ne reconnaitra pas l'Etat palestinien
unilatéralement.
4.
« FAIRE BATTRE LE COEUR DE LA FRANCE », BENOIT HAMON
C'est
le grand gagnant de la primaire de la gauche et pourtant, il a
beaucoup de mal à décoller. Trop socialiste pour se démarquer
du président sortant, comme Jean-Luc Mélenchon, pas assez
non-socialiste pour se distinguer de François Hollande, comme
Emmanuel Macron. Et pourtant, le programme de Benoît Hamon
contient de nombreuses mesures de bon sens : j’accorderai la
priorité au Made in France ; les entreprises qui
délocalisent devront rembourser les aides publiques reçues ; je
créerai une Contribution sociale sur les robots (Bill Gates en
a parlé aussi!), elle alimentera un Fonds de Transition Travail,
dont la mission sera de créer autant d’emplois nouveaux que ceux
qui disparaîtront ; Je veillerai au bien-être animal ; Nous
ouvrirons le droit aux allocations familiales dès le premier enfant
; Je décréterai l’urgence contre les déserts médicaux, avec
comme objectif, la création de 1 500 maisons de santé, etc.
Ce
programme est aussi riche en mesures ambitieuses à plusieurs
niveaux :
.
pouvoir d'achat : je créerai un revenu universel d'existence,
de quelques centaines d'euros mensuels pour les revenus inférieurs
à 2 200 euros net (généralisation progressive à l'ensemble des
Français); Pour permettre le maintien à domicile, j’augmenterai
l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) à domicile de 30
% ;
.
logement : je lancerai un plan de 100 milliards d’euros sur cinq
ans pour la rénovation urbaine et thermique ; je construirai
150 000 logements sociaux par an ; je renforcerai l’encadrement des
loyers ;
.
énergie nucléaire : Je porterai à 50 % la part des énergies
renouvelables dans le mix électrique d’ici 2025 et 100 % en
2050 ; Pour sortir du nucléaire à l’horizon d’une
génération (objectif 25 ans), je fermerai les réacteurs en fin
de vie ;
.
crèche/garderie : je créerai 250 000 nouvelles places d’accueil
à horaires adaptés pour la petite enfance ;
.
santé : je programmerai la sortie maîtrisée du diesel à
horizon 2025 (pollution en particules fines) ; j’agirai pour la
prévention des maladies chroniques (cancer, diabète,
maladie cardiovasculaire et respiratoire), la prise en charge des
maladies neurodégénératives (Alzheimer, démence...) et des
handicaps ; Je proposerai une politique de prévention en luttant
contre le tabac, l’abus d’alcool, l’air pollué ; J’interdirai
les pesticides et les perturbateurs endocriniens dangereux, et je
renforcerai la vaccination et le dépistage ;
.
éducation : nos universités accueilleront 25 % d'étudiants
internationaux supplémentaires.
Benoît Hamon se distingue par un paquet de mesures de bons sens dans
deux domaines :
.
européen et écologique : Je prendrai l’initiative d’un
ambitieux programme pour la transition écologique et économique,
avec la mise en œuvre par un plan d’investissement de 1 000
milliards d’euros ; harmonisation fiscale et sociale au niveau
européen ; mutualisation d’une partie des dettes souveraines ; Je
refuserai la ratification du CETA et du TAFTA, et m’opposerai au
statut d’économie de marché de la Chine ; Je lutterai contre
l'optimisation fiscale en mettant en place une taxe sur les
multinationales ; Je proposerai une Taxe sur les Transactions
Financières ; Je proposerai aux Européens une initiative pour
renforcer leur sécurité grâce à une plus grande coopération
européenne dans le domaine de la défense ;
.
international : la France défendra une autre vision en Syrie,
en Ukraine, au Sahel et partout dans le monde ; je reconnaitrai
l'Etat palestinien aux côtés de l’État d’Israël ;
Pour un monde durable et vivant, je m’emploierai à garantir la
mise en œuvre de la COP21 et les objectifs de développement
durable ; Pour cultiver le sentiment d’appartenance à la
francophonie, je proposerai un visa francophone pour les étudiants,
les chercheurs, les chefs d’entreprise et les artistes.
Néanmoins,
le programme de Benoît Hamon contient un certain nombre de mesures
contestées : Nous remplacerons la loi Travail ; établir un
système électoral législatif à la proportionnelle (risque de
faire entrer le Front national à l'Assemblée) ; je recruterai
40 000 enseignants ; je ne repousserai pas l’âge de départ
à la retraite ; j’allongerai le congé paternité à 6 semaines ;
je légaliserai l'usage du cannabis pour les majeurs,
j’utiliserai les moyens dégagés pour mieux prévenir la
consommation de drogues ; j’ouvrirai l’accès à la procréation
médicalement assistée aux femmes seules et aux couples de femmes ;
Je garantirai le droit à mourir dans la dignité (euthanasie).
5.
« FAIRE ENTENDRE LE CAMP DES TRAVAILLEURS », NATHALIE ARTHAUD
La
candidate communiste de Lutte ouvrière ne se donne même pas la
peine de trouver un slogan original. Ca serait un pécher capitaliste
d'ailleurs. Elle a mis toute son énergie à rédiger une
dissertation anticapitaliste dans laquelle il est difficile d'isoler
des propositions construites.
.
Au niveau national, Nathalie Arthaud prône le contrôle des
travailleurs sur les entreprises. Ceci doit conduire à
l'interdiction des licenciements et la répartition du travail
entre tous, sans diminution de salaire. Mieux encore, pas un salaire
et pas une pension de retraite ne sera à moins de 1
800 euros par mois. Contre le gangstérisme de la finance, la
candidate communiste décrétera l'expropriation des banques
et des entreprises financières, sans indemnité ni rachat, et le
placement de leur activité sous le contrôle de la population.
Contre le terrorisme, il n'y a pas de mesures spécifiques à
prendre, comme c'est un produit de l’ordre capitaliste mondial, il
disparaitra quand les travailleurs auront terrassé le capitalisme.
.
Au niveau européen, elle est pour la liberté d’installation et
de circulation des migrants.
.
Au niveau international, elle appelle à la destruction du système
impérialiste dans son ensemble pour que les peuples opprimés
s’émancipent de l’emprise économique de l’impérialisme. A
vos marteaux, prêts, tapez de toutes vos forces ! A la lire, on
croirait que le mur de Berlin vient d'être reconstruit à
l'identique et qu'il a même été rehaussé.
Trêve
de plaisanteries. Nathalie Arthaud est sans doute, la candidate qui a
le mieux parlé de la problématique de l'environnement. Pour elle,
la véritable menace contre l’environnement et la planète, c'est
le capitalisme. Pour y remédier elle préconise d'organiser
l’économie mondiale d’une façon rationnelle et planifiée,
qui permettra de répondre aux besoins du plus grand nombre, tout en
préservant l’environnement. Elémentaire.
6.
« NOS VIES, PAS LEURS PROFITS », PHILIPPE POUTOU
Décontracté
et sans cravate, il a l'air super sympa. Le pot avec qui on boirait
bien quelques pintes de bière, en écoutant Bob Dylan et Joan Baez.
Mais en dépit de cet air gentil, le programme de Philippe Poutou est
très musclé. Normal, le bonhomme est officiellement le candidat
du NPA, Nouveau Parti Anticapitaliste.
.
Au niveau national, il envisage la hausse du SMIC à 1 700 euros
net tout de suite, une augmentation de tous les salaires de 300
euros, le passage aux 32 heures sur quatre jours sans perte de
salaire et aux 30 heures pour les travaux pénibles, et
l’interdiction pure et simple des licenciements. Et question théorie le candidat-ouvrier est très fort. Mais l'actualité est venue rappeler à quel point il est à côté de la plaque. Figurez-vous que le sympathique Poutou exige aussi le désarmement de la police française. Dans ce cadre, il a le soutien sans réserve de Daech et de tous les malfrats de France et de Navarre. Par
ailleurs, il compte créer un million d’emplois dans les services
publics avec une baguette magique, réquisitionner les logements et immeubles de bureaux
inoccupés, bloquer les loyers afin que le coût du logement ne
dépasse pas 20% du revenu des ménages, fusionner les banques
pour constituer un monopole public du crédit, briser le secret
industriel et bancaire, exproprier les cliniques privées et passer
les secteurs clés de l’économie sous le contrôle des
travailleurs et de la population. Il souhaite aussi introduire la
proportionnelle intégrale aux élections législatives, pour le grand bonheur du Front national, accorder le
droit de vote des étrangers résidant en France à toutes les
élections, arrêter les productions inutiles et dangereuses dont
l’armement, passer toute l’agriculture au bio et proposer
un plan pour aboutir à 100% d’énergies renouvelables en 2050.
.
Au niveau de l'Europe, il veut la liberté de circulation et
d’installation, ainsi qu'une citoyenneté de résidence,
c’est-à-dire une égalité complète des droits dès que quelqu’un
arrive sur le territoire européen.
.
Au niveau international, il souhaite créer un monde sans
frontières et débarrassé de la propriété privée, où la
production sera enfin organisée en fonction des besoins de toute
l’humanité.
Philippe
Poutou est un grand farfelu sans doute, mais n'y a-t-il pas un fond
de vérité dans la seconde partie de cette dernière proposition?
Ah, si.
7.
« SE LIBERER DE L'OCCUPATION FINANCIERE », JACQUES CHEMINADE
.
Depuis mon plus jeune âge, j'entends parler de lui. Il a encore eu
la signature de 500 élus de France, mais il a toujours beaucoup de
mal à convaincre les électeurs français de voter pour lui.
Beaucoup de littérature dans son programme, pardon, « projet ».
L'idée centrale étant de créer un million d’emplois par an grâce
à un investissement public annuel de 100 milliards d’euros,
en s'inspirant du New Deal de Roosevelt, pour lancer de grands
travaux d'infrastructures, mais aussi dans le nucléaire, la mer et
l'espace. Au passage, si vous êtes partisan de la colonisation de
la planète Mars, arrêtez la lecture tout de suite, faites vos
bagages, c'est votre candidat.
.
Comme d'autres prétendants au trône de l'Elysée, souffrant d'un
dédoublement de la personnalité, JC veut sortir de l’Union
européenne -le cheval de Troie de la mondialisation financière,
de la City et de Wall Street- et de l'OTAN -son bras armé- et
abandonner l’Euro -son vice financier- mais il souhaite une
entente et une coopération avec les pays des Brics -Brésil,
Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud- car il serait suicidaire de ne
pas croire la Chine qui nous répète que sa nouvelle Route de la
soie est un projet gagnant-gagnant, et veut par dessus le marché,
inciter les Etats-Unis à se joindre à ce nouvel ordre
mondial. D'une cohérence impressionnante.
.
En tout cas, Jacques Cheminade a quand même quelques propositions de
bon sens : annuler la dette des Etats pour sa part illégitime,
rétablir la séparation entre les banques de dépôt et de crédit
et les banques d’affaires et surtout, en finir avec les paradis
fiscaux. Il est grand temps !
8.
« LE TEMPS EST VENU », JEAN LASSALLE
.
C'est un grand original et pourtant, il se prend pour De Gaulle. Il
vient d'une famille de bergers transhumants de la Vallée
d'Aspe. La hauteur ne l'empêche pas d'avoir un petit faible pour les
poitrines fortes. Une de ses fans en a fait les frais, en selfies
voyons. Il a aussi un grand faible pour le tyran de Damas, Bachar
el-Assad. De ce fait, il est donc exclu de la compétition pour
moi. Dommage car il a un programme assez étoffé pour une
candidature stérile. Alors, deux mots avant de passer à un autre
candidat plus sérieux.
.
Au niveau national, Jean Lassalle compte recruter 200 000
personnes, rétablir le service national et même, nationaliser
partiellement les entreprises du CAC40. Au niveau international, il
veut reprendre les marges de décision de la France tout en
restant dans l’Union européenne et sortir de l'OTAN. Il souhaite
aussi retirer les forces françaises impliquées dans des guerres en
Orient et au Mali.
.
Cela étant dit, une petite proposition m'a attiré l'attention :
sortir les classes de l’école et organiser des séjours à la
ferme. Excellent ! Comme j'ai déjà pensé à la question et
j'ai l'occasion d'en parler, un dernier petit mot. Eh oui, au lieu
d'emmener les mômes dans les grandes villes européennes (j'ai
croisé il y a quelques jours une classe d'enfants français à
l'aéroport de Berlin-Tegel!), on ferait bien de leur faire
découvrir des fermes et des exploitations agricoles en France,
des usines et des complexes sportifs dans l'Hexagone, des lieux de
travail et des musées nationaux français. Il faut même oser aller
beaucoup plus loin, en emmenant ces mômes dans des lieux de
culte, des églises, des mosquées et des synagogues, surtout à
l'occasion des fêtes religieuses. Ce sont ces visites, ces stages et
ces séjours qui enrichiront la tête des mômes de France, et
lutteront plus efficacement, contre l'islamophobie, l'antisémitisme
et la christianophobie.
9.
« LA FORCE DU PEUPLE », JEAN-LUC MELENCHON
Il
faut commencer par reconnaitre que le tribun est très doué
pour parler au peuple. Il a le sens de la formule qui lui permet
d'enrober les pilules amères d'une fine couche d'humour. Bien qu'il
s'en défende, il rejoint Marine Le Pen sur quelques points. Tous les
deux sont europhobes et propoutiniens. Il l'a même applaudi quand
elle a fait son cirque à Beyrouth, devant Dar el-Fatwa, en voulant
obliger le mufti libanais à se prendre en selfie et en plein courant
d'air, pour lui foutre ses cheveux dans la figure.
Le programme de Jean-Luc Mélenchon déborde de mesures de bons sens
: constitutionnaliser la règle verte de ne pas prélever sur la
nature davantage que ce qu'elle peut reconstituer, ni produire
plus que ce qu'elle peut supporter ; imposer le respect de normes
sociales et écologiques pour la commercialisation des produits
importés en France ; limiter l'écart de 1 à 20 entre le salaire
le plus bas et le salaire le plus haut dans une entreprise ; tout
le monde doit payer un impôt sur le revenu mais chacun selon ses
moyens réels ; combattre l'obsolescence programmée des biens de
consommation par un allongement des durées de garanties légales des
produits ; promouvoir les arbres fruitiers dans les espaces
publics (eh oui, il y a des orangers dans les rues d'Athènes!) ;
etc.
Jean-Luc
Mélenchon présente par ailleurs diverses mesures ambitieuses
: injecter 100 milliards d'euros supplémentaires dans l'économie
pour des investissements écologiquement et socialement utiles ;
augmenter immédiatement le smic net mensuel de 16 % pour le porter
à 1 326 euros net pour 35 heures ; restaurer le droit à la retraite
à 60 ans ; assurer l'isolation d'au moins 700 000 logements
par an ; etc.
Toutefois,
le candidat d'extrême gauche s'engage sur beaucoup de mesures
contestées : charger une assemblée constituante de
rédiger une nouvelle Constitution sous le contrôle des citoyens ;
mettre fin à la cotation continue des entreprises en bourse ; créer
un service citoyen obligatoire de 9 mois, pour les femmes et les
hommes ; revenir sur les programmes de privatisation ; stopper
l'ubérisation des activités ; abroger la loi Travail ; réaffirmer
le CDI comme norme du contrat de travail ; en cas de chômage de
longue durée, l'État doit proposer un emploi au chômeur ; octroyer
une 6e semaine de congés payés ; passer à la semaine de 4 jours et
aux 32 heures ; interdire les expulsions locatives sans
relogement ; renforcer l'ISF ; renationaliser les autoroutes ;
dévaluer l'euro pour revenir à la parité initiale avec le
dollar ; arrêter les politiques de libre-échange ; légaliser le
cannabis ; recruter au moins 60 000 enseignants ; 100 %
d'impôt au dessus de 400 000 euros de revenus annuels, etc.
Il
faut rajouter à cela, les nombreuses mesures farfelues de son
programme : fixer le droit de vote à 16 ans ; interdire les
licenciements boursiers ; accorder un droit de veto suspensif aux
comités d'entreprise sur les plans de licenciements ; favoriser des
congés parentaux de durée identique entre les parents ; etc.
Cela
étant dit, ce qui frappe dans le programme de Jean-Luc Mélenchon
ce sont les innombrables lignes rouges qu'il franchit et qui
devraient en toute logique, l'exclure de la compétition : s'exonérer
du pacte de stabilité et des règles européennes encadrant les
déficits publics ; en cas d'accord, le résultat des négociations
avec l'Union européenne sera soumis à référendum au peuple
français qui décidera souverainement de sa participation à l'UE
refondée ou de la sortie ; en cas d'échec des négociations,
stopper la contribution de la France au budget de l'Union européenne,
réquisitionner la Banque de France, mettre en place un
contrôle des capitaux et des marchandises aux frontières nationales
pour éviter l'évasion fiscale des plus riches et des grands groupes
(comme au bon vieux temps de l'Union soviétique!); sortir de
l'Otan ; sortir du FMI et de la Banque mondiale ; refuser
toute intervention militaire sans mandat de l'ONU (avec cette
logique, on ne peut pas combattre Daech en Syrie et en Irak!) ;
sortir de l'Organisation mondiale du commerce ; mettre en
place une coalition universelle sous mandat de l'ONU pour éradiquer
Daech et rétablir la paix et la stabilité en Syrie et en Irak
(il faudra expliquer à Mélenchon que la Russie de Poutine, a bloqué
7 résolutions sur la Syrie depuis octobre 2011, donc « sa
coalition universelle » verra le jour quand les poules auront
des dents) ; le peuple syrien décidera souverainement et
démocratiquement de ses dirigeants (càd de Bachar el-Assad!) ; bâtir une nouvelle alliance altermondialiste avec les BRICS (Russie
et Chine) ; soutenir le projet chinois d'une monnaie commune mondiale
pour libérer l'économie mondiale de la domination du dollar ;
instaurer une politique de codéveloppement avec l'Amérique latine
et les Caraïbes en adhérant à l'ALBA (« Alliance
bolivarienne » fondée par Fidel Castro et Hugo Chavez).
Alors,
récapitulons. La France de Mélenchon prend le risque de quitter
l'Union européenne, abandonner l'Euro et sortir de
l'OMC / FMI / OTAN / Banque mondiale, afin de courir rejoindre une
rachitique organisation politique et économique, ALBA, dont les pays
membres sont Cuba, le Venezuela et le Nicaragua, dont les pays
observateurs étaient la Russie, l'Iran et la Syrie et dont la
monnaie virtuelle est le Sucre! Le Venezuela par exemple, est déjà l'une des pires économies au monde. Et ça ne va pas s'arranger! Selon les estimations du FMI, le taux d'inflation de ce pays atteindrait cette année le chiffre astronomique de 43 000 %. Alors, qu'est-ce que vous en pensez?
C'est incontestablement la proposition la plus stupide du
millésime 2017 de l'élection présidentielle française. Et ce
n'est pas tout. Le 5 février 2012, à l'occasion du XIe sommet de
l'ALBA, l'Alliance bolivarienne avait dénoncé la politique
systématique d'ingérence et de déstabilisation menée par
l'Occident en Syrie. Elle a même applaudi le veto opposé par la Russie et la Chine à la résolution de l'ONU contre le
gouvernement de Bachar Al-Assad. Quelle mascarade! Enfin, la comparaison de Jean-Luc Mélenchon à Bernie Sanders est le moins qu'on puisse dire biaisée. Certes, les deux hommes se rejoignent sur divers points. Mais l'ancien candidat démocrate américain ne prône absolument pas de créer de nouvelles alliances, bolivarienne, chinoise et russe, comme le candidat français d'extrême gauche. En plus, il a soutenu les frappes américaines contre Daech et s'est prononcé clairement pour le départ de "l'horrible dictateur".
10.
« UN CHOIX HISTORIQUE », FRANÇOIS ASSELINEAU
Comme
les deux candidats d'extrême droite et de gauche, François
Asselineau prône d'une part, la sortie de l’Union européenne,
de l’euro et de l'OTAN, et d'autre part, le grand retour d’une
politique d’amitié et de coopération avec la Russie. Vous vous
dites et pourquoi pas, surtout que c'est un major de l'ENA qui
le dit. Enfin, 2e quand même. Le problème c'est que notre surdoué
national est le chef de file incontesté et intemporel des
conspirationnistes, d'hier, d'aujourd'hui et de demain. Eh oui,
voter pour lui, serait vraiment un choix historique. Il est passé
maitre en théories du complot. L'antiaméricanisme primaire chez
lui relève de l'obsession. Jean Monnet, l'un des principaux
fondateur de l'Union européenne? Très probablement agent de la CIA.
Daech et Boko Haram? Des complots de la CIA. Remarquez beaucoup
d'Arabes, sont atteints par cette pathologie aussi. La suite, le
11-Septembre? C'est très louche. Le Front national? Une
invention de François Mitterrand. L'institut de sondage Harris
Interactive? Contrôlé par le FBI. Wikipédia? Des censeurs, sans
doute à la solde des Américains. Enfin bref, François Asselineau
est de loin le plus farfelue des petits candidats et nous avons perdu
assez de temps sur lui.
11.
« UNE VOLONTE POUR LA FRANCE », FRANÇOIS FILLON
Qu'on
l'aime ou qu'on ne l'aime pas, il faut reconnaître que le candidat
de la droite et du centre a une « volonté » incroyable
pour la France sans doute, mais aussi « pour se maintenir dans
la course présidentielle », malgré tous les scandales qui
ont perturbé sa campagne, PenelopeGate, l'embauche de ses enfants,
les costumes, etc. Je n'aborderai pas ce point dans cet article. Il revient à la justice française de juger l'aspect légal de ces affaires et au peuple français de se prononcer sur l'aspect moral de ces scandales. Dans tous les cas, le candidat de la droite et du centre est parti en campagne avec difficulté. Pas uniquement à
cause des affaires, mais aussi à cause d'un programme pur et dur.
Comme
tout le monde, François Fillon propose des mesures de bon sens
: mettre en place une politique active de vente des logements HLM
à leurs locataires ; poursuivre la lutte contre le bruit ;
instituer la transparence totale par la publication
obligatoire des liens de parenté entre les parlementaires et les
collaborateurs ; respect absolu
de la sécurité d’Israël et droit des Palestiniens à vivre
dans un état reconnu ; faire de l’euro une monnaie de réserve
et de règlement comparable au dollar américain; mettre en place
de nouvelles règles internationales de réciprocité ;
développer la conscience d’appartenir à cette civilisation
singulière et brillante qu’est la civilisation européenne ;
etc.
Il
présente aussi des mesures ambitieuses : allègement des
charges sociales et d’impôts de production ; le taux de l’impôt sur les sociétés sera diminué à 25% ; généraliser la télémédecine
et les téléconsultations ; renforcer fortement les
mécanismes d’orientation de l’épargne vers le financement des
PME innovantes ; Garantir le retour à l’équilibre des
finances publiques d’ici 5 ans par un programme de réformes ;
réaliser 100 Mds€ d’économies de dépenses publiques
sur 5 ans ; accroître l’efficacité des forces de l’ordre avec
1Md€, recruter 5 000 agents des forces de l’ordre, Construire 16
000 places de prison ; etc.
Toutefois,
force est de constater que François Fillon possède le programme
qui contient le plus de mesures contestées, pas forcément mauvaises, mais contestées : mettre fin à
la durée légale du travail à 35 heures et laisser chaque
entreprise décider de son temps de travail ; faire passer l’âge
légal de départ à la retraite à 65 ans ; plafonner les
indemnités prud’homales ; refonder le code du travail ; instaurer
la dégressivité dans l’attribution des allocations de chômage,
et sanctionner un deuxième refus d'emploi insuffisamment motivé ;
augmenter progressivement le temps de travail dans la fonction
publique à 39 heures hebdomadaires ; réduire de 500 000 le
nombre d’emplois publics en 5 ans ; réduire de 15 à 10
ans le délai entre deux donations ; ramener de 30 à 22 ans le
délai d’exonération des plus-values immobilières ; supprimer
l’ISF ; augmenter la TVA de 2 points ; abroger la
réforme du collège et revoir les programmes scolaires ; supprimer
l’encadrement des loyers et créer un bail homologué qui
accordera des avantages fiscaux supplémentaires au propriétaire ; mettre en place une procédure accélérée pour réduire les délais d’expulsion
; abaisser la majorité pénale à 16 ans ; inscrire dans la
Constitution le principe de quotas d'immigrés fixés par la
loi ; durcir les exigences du regroupement familial ; Faire
financer la politique d’immigration et d’intégration par les
ressortissants étrangers plutôt que par le contribuable français
(mesure étonnante qui sous-entend que les étrangers ne sont pas des contribuables, un pas de plus dans
la lepénisation des esprits) ; porter la durée maximale de
rétention administrative (des étrangers) de 45 jours à 6 mois ;
renégocier le code frontières Schengen ; porter à 5 ans la
durée minimale de vie commune avant l’acquisition de la
nationalité par les conjoints de Français et à 8 ans la durée
minimale de résidence en France pour être naturalisé ; etc.
Le
programme Fillon contient aussi des mesures farfelues :
mettre en place un abattement des cotisations sociales salariées,
ce qui permettra une augmentation des salaires nets de 350€ par an
par salarié (soit +29€/mois!) ; augmenter les pensions de base de
plus de 300€ annuels pour les petites retraites (soit +25€/mois!)
; instituer une tenue vestimentaire spécifique à l’établissement
pour les élèves de l’école et du collège; etc.
Il
contient également d'innombrables lignes rouges : réécrire
le principe de précaution pour favoriser l’innovation
responsable (philosophie trumpiste selon laquelle l'économie
justifie tous les moyens) ; confier aux chefs d’établissement du
second degré la possibilité de recruter les professeurs (source
d'inégalités) ; assouplir les règles de plancher du nombre de
logements HLM afin de produire un plus grand nombre de logements
sociaux là où sont les besoins (un formidable pas vers la
ghettoïsation, afin de dispenser les quartiers et les villes aisés
de la construction de logements sociaux) ; simplifier et lever les
contraintes administratives auxquelles sont confrontés les
chasseurs ; moderniser le parc nucléaire pour en prolonger
la durée d’exploitation ; évaluer l’impact sur notre droit
de la Convention européenne des Droits de l’homme,
renégocier si nécessaire ; la France se doit de dialoguer avec
tout le monde (Bachar el-Assad n'est pas exclu); rétablir des
relations de confiance avec la Russie, lever les sanctions contre
la Russie ; l’Iran est une puissance régionale
incontournable, à condition qu’elle respecte l’accord
nucléaire et joue son rôle de stabilisateur régional (ce n'est
pas le cas, ni en Irak, ni en Syrie, ni au Liban, ni au Yémen!); la France doit reprendre sa place dans la crise syrienne,
je développerai des contacts avec tous ceux qui luttent contre
la menace terroriste (cela devrait exclure Assad, le principal
terroriste du Moyen-Orient), y compris si nécessaire avec les
autorités en place (le régime syrien, le principal responsable de
la guerre en Syrie).
Parlons peu, parlons bien. C'est très
joli tout ça, mais que choisir et pour qui voter? On voit bien à la
lecture des programmes que les candidatures de Nicolas Dupont-Aignan,
Nathalie Arthaud, Philippe Poutou, Jacques Cheminade, Jean Lassalle
et François Asselineau, ne peuvent pas être prises au sérieux. En
réalité, il n'y a que cinq candidats en lice. Une grande sélection
des propositions est exposée dans cet article. Des liens renvoient
vers les textes intégraux. Chacun a la possibilité de choisir en son
âme et conscience et en bonne connaissance de cause. Il ne me reste qu'à vous livrer trois réflexions en sus.
Primo. Des
cinq favoris, seule Marine Le Pen envisage de s'attaquer à la
laïcité de la République française, en prévoyant
d'installer des crèches de Noël dans les mairies de France. Il
ne faut pas être dans le secret des dieux pour imaginer que cet acte irréfléchi et irresponsable conduira à l'installation d'autres symboles religieux,
musulmans, juifs et bouddhistes, dans les édifices de la République.
Marine Le Pen programme donc une violation préméditée et grave de la
loi de 1905, portant sur la séparation des Eglises et de l'Etat. La
candidate du FN envisage par ailleurs déchoir tous les binationaux
de France de la nationalité française, une mesure qu'on ne peut
évidemment pas accepter en tant que Franco-Libanais.
Secundo. De
toutes les propositions, la sortie de l'Union européenne
constitue sans l'ombre d'un doute la décision la plus grave des
programmes de Marine Le Pen, de Jean-Luc Mélenchon, et de tous
les grands eurosceptiques et petits europhobes. Elle a été dénoncée par 25 Prix Nobel d'économie dans une tribune publiée
par le journal Le Monde il y a trois jours.
« La
construction européenne est capitale non seulement pour maintenir la
paix sur le continent mais également pour le progrès économique
des Etats membres et leur pouvoir politique dans le monde...
Les politiques isolationnistes et protectionnistes et les
dévaluations compétitives, toutes menées au détriment des autres
pays, sont de dangereux moyens d’essayer de générer de la
croissance. Elles entraînent des mesures de représailles et des
guerres commerciales. Au final, elles se révéleront préjudiciables
à la France ainsi qu’à ses partenaires commerciaux... Il faut
renouveler les engagements de justice sociale, et ainsi garantir et
développer l’équité et la protection sociale, en accord avec les
valeurs traditionnelles de la France, de liberté, d’égalité et
de fraternité... Alors que l’Europe et le monde font
face à des épreuves sans précédent, il faut plus de solidarité,
pas moins. Les problèmes sont trop sérieux pour être
confiés à des politiciens clivants. »
Tertio. Si cette élection passionne les gens d'ici
et d'ailleurs, c'est parce que la France est une grande puissance
historique, démocratique, économique et militaire. Elle est le
bastion des droits de l'homme et l'étoile du monde francophone,
membre permanent du Conseil de sécurité et moteur de l'Europe. Elle
est donc attendue sur le plan international. De toutes les
mesures présentées dans les programmes et les positions prises par
les candidats au cours de la campagne, celles sur la Syrie doivent
être examinées à la loupe pour diverses raisons. L'enjeu est à
la fois moral et sécuritaire. Sur ce point, les candidats se
divisent en deux catégories. D'une part, on a François Fillon,
Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. Tous les trois sont
clairement pro-Poutine, envisageant de mettre fin aux
sanctions qui visent la Russie sans contrepartie (malgré l'annexion illégale de la Crimée et son implication militaire en Syrie aux côtés du régime syrien), et pro-Assad,
affirmant sous diverses tournures bidon que le tyran de Damas peut ou doit faire partie de l'avenir
de la Syrie, en tout cas, n'excluant pas Assad de l'avenir de la Syrie, même à long terme. D'autre part, on a Benoît Hamon et Emmanuel Macron,
dont les positions sont à l'opposé. Qu'importe les excuses, dans
les deux cas et dans les deux catégories, le clivage est net et
clair.
Là aussi, je l'ai dit, je le redis, je persiste et je signe. Si Vladimir Poutine et Hu Jintao n'avaient pas opposé leurs vétos à des résolutions du Conseil de sécurité sur la Syrie entre 2011 et 2017 (sept pour la Russie, cinq pour la Chine), Bachar el-Assad, un homme aussi criminel que pragmatique, aurait été contraint de lâcher du lest, la révolution syrienne serait restée pacifique, Daech ne serait pas née, la Syrie ne serait pas dévastée, des centaines de Français n'auraient pas pris la route du jihad, on n'aurait pas eu 465 000 morts en Syrie et deux millions de réfugiés au Liban, les Syriens ne prendraient pas tous les risques pour traverser la Méditerranée, il n'y aurait pas eu d'attaques terroristes de l'Etat islamique en Europe et le monde n'aurait pas connu l'une des pires organisations terroristes de son histoire. La responsabilité de la Russie et de la Chine dans le drame syrien et l'émergence de Daech est immense. Et dire, qu'on n'en a pas encore fini, comme le prouve l'attaque terroriste des Champs-Elysées. Avec un bouffon à la Maison Blanche, il ne peut pas être question d'installer à la tête de la République française quiconque a Vladimir Poutine en odeur de sainteté.
Là aussi, je l'ai dit, je le redis, je persiste et je signe. Si Vladimir Poutine et Hu Jintao n'avaient pas opposé leurs vétos à des résolutions du Conseil de sécurité sur la Syrie entre 2011 et 2017 (sept pour la Russie, cinq pour la Chine), Bachar el-Assad, un homme aussi criminel que pragmatique, aurait été contraint de lâcher du lest, la révolution syrienne serait restée pacifique, Daech ne serait pas née, la Syrie ne serait pas dévastée, des centaines de Français n'auraient pas pris la route du jihad, on n'aurait pas eu 465 000 morts en Syrie et deux millions de réfugiés au Liban, les Syriens ne prendraient pas tous les risques pour traverser la Méditerranée, il n'y aurait pas eu d'attaques terroristes de l'Etat islamique en Europe et le monde n'aurait pas connu l'une des pires organisations terroristes de son histoire. La responsabilité de la Russie et de la Chine dans le drame syrien et l'émergence de Daech est immense. Et dire, qu'on n'en a pas encore fini, comme le prouve l'attaque terroriste des Champs-Elysées. Avec un bouffon à la Maison Blanche, il ne peut pas être question d'installer à la tête de la République française quiconque a Vladimir Poutine en odeur de sainteté.
A
ce stade de la course, une chose est sûre et certaine, l'élection
présidentielle de ce millésime exceptionnel prouve que la France se
porte comme un charme, n'en déplaise aux déclinistes aigris et aux exploitants rabougris de l'attaque terroriste des Champs-Elysées.
Jamais les Français n'ont eu une offre politique aussi variée.
Jamais nous avons été autant en sécurité en Europe. Jamais il n'a
fait aussi bon vivre dans ce pays et sur ce continent. Ces terroirs
de la démocratie constituent un impressionnant bouillon de
culture politique. C'est aussi ça la République française et
l'Union européenne. Rendez-vous dimanche pour les défendre. En
attendant, à votre santé !